Dégradation par Moody’s : Moscovici se trompe

Ce qu’affirme Pierre Moscovici dans son communiqué sur la dégradation de la note de la France par Moody’s est à milles lieues de ce que dit l’agence de notation.

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Pierre Moscovici, ministre de l'économie (Photo Charles Hendelus, Creative Commons)

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Dégradation par Moody’s : Moscovici se trompe

Publié le 21 novembre 2012
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Ce qu’affirme Pierre Moscovici dans son communiqué sur la dégradation de la note de la France par Moody’s est à mille lieues de ce que dit l’agence de notation.

Par Baptiste Créteur.

 

Pierre Moscovici, ministre de l’économie (Photo Charles Hendelus, Creative Commons)

Lorsque les choses vont durablement mal pour un ministre, sortir un petit communiqué lui fait temporairement du bien. Ca lui permet de réaffirmer que ce n’est pas sa faute et qu’il ne peut rien y faire, mais que la situation va quand même s’améliorer grâce à lui. Suite à la dégradation de la note de la France par Moody’s, une belle leçon de communication gouvernementale nous est donnée par monsieur Moscovici.

Le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a déclaré lundi soir que la dégradation de la note de la France par Moody’s était une «sanction de la gestion du passé» qui incitait le gouvernement à «mettre en œuvre rapidement» ses réformes.

La dégradation n’est pas une « sanction de la gestion du passé » : elle qualifie les perspectives futures du pays. D’ailleurs, Moody’s est assez explicite sur le sujet. Pour faciliter la compréhension par notre ministre, en voici un extrait :

1.    Les perspectives de croissance économique française à long terme sont affectées négativement par de multiples défis structurels, notamment sa perte progressive et durable de compétitivité et la rigidité de ses marchés du travail et des biens et services.
2.    Les perspectives fiscales sont marquées par l’incertitude résultant de conditions économiques détériorées, aussi bien à court terme à cause d’une demande interne et externe restreinte qu’à long terme à cause des rigidités structurelles mentionnées plus haut.
3.    La résilience française face aux chocs futurs de la zone euro est de moins en moins prévisible au vie des risques croissants sur la croissance économique, les performances fiscales et le coût du financement. L’exposition de la France à l’Europe périphérique via ses échanges commerciaux et son système bancaire est disproportionnée, et les obligations de soutenir les autres membres de la zone euro auxquelles elle est astreinte ont  crû. De plus, contrairement à des pays souverains hors zone euro aux notations aussi bonnes, la France n’a pas accès à une banque centrale nationale pour financer sa dette en cas de disruption du marché.

Ce que sanctionne Moody’s, c’est le bilan de décennies de choix politiques français et d’une incapacité complète à redresser la barre. Heureusement, pour le ministre, «Moody’s met à notre actif les réformes que nous avons engagées : le pacte de compétitivité, notre agenda de réforme, le redressement des comptes publics». Le communiqué de Moody’s est loin d’être aussi explicite : « [L’économie diversifiée de la France et] un engagement fort à mener des réformes structurelles, reflété par de récentes déclarations gouvernementales, pourrait, à moyen terme, assouplir certaines rigidités structurelles et améliorer la dynamique française de l’endettement. »

C’est à se demander pourquoi les ministres prennent encore le temps de sortir des communiqués, puisqu’ils ne semblent pas lire ceux des autres. On le découvre assez vite ; il s’agit de justifier l’inaction :

« Selon lui, pour échapper à une dégradation, «il aurait fallu une inversion de la courbe» de la dette publique de la France, «ce qui était impossible». Le gouvernement socialiste au pouvoir depuis mai mise sur 2014 pour voir un début de reflux de la dette publique, qui devrait atteindre l’an prochain le niveau record de 91,3% du produit intérieur brut (PIB). »

Une toute petite dégradation de rien du tout, qui permet au ministre de rappeler « la qualité de la signature de l’Etat français ». La pratique amène à la perfection, et au vu du nombre de gros chèques signés, la signature de l’Etat français est même d’un excellent millésime. On aurait pu réduire les dépenses, par exemple en supprimant quelques échelons administratifs, en rendant notre système de soins compétitif et en cessant d’investir à tort et à travers. Mais tout cela est « impossible », ni plus ni moins. Impossible, rien de plus Français…

Notre dossier agences de notation

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  • « De plus, contrairement à des pays souverains hors zone euro aux notations aussi bonnes, la France n’a pas accès à une banque centrale nationale pour financer sa dette en cas de disruption du marché »: ce n’est pas Marine le Pen qui le dit, c’est Moody’s!

  • Je l’ai entendu dire ce matin sur Europe 1 : « je vous rappelle qu’il y a 21 crans de notation chez Moody’s, on en a perdu qu’un ».
    La médiocrité est décidement ce vers quoi tend le socialisme à tous les niveaux.

    • Moscovici a un peu raison de mettre en cause le gouvernement Sarkozy sous lequel pendant 5 années on a vu la dette s’amplifier très fortement.
      Pourquoi ?
      Non pas qu’il y ait eu davantage de dépenses publiques avec Sarkozy, mais parce qu’il y a eu une chute très forte des recettes fiscales suite à des exonérations d’impots et la multiplication des niches fiscales.

      • maxime: « mais parce qu’il y a eu une chute très forte des recettes fiscales suite à des exonérations d’impots et la multiplication des niches fiscales. »

        Sarkozy était une catastrophe mais en même temps la France est classée 165 pays pour le taux d’impôt des PME. C’est un enfer fiscal et on est loin dans la courbe de laffer.

        Il faut réduire drastiquement le train de vie de l’état pour alléger les charges qui sont un vrai boulet pour les entreprises et ensuite ça repartira.

        Faut quand même rappeler qu’en plus d’être champion des impôts ça fait 38 ans que la France n’a pas bouclé un budget positif.

        Un double record pareil ça laisse… je trouve pas le mot… !?

      • « chute très forte » ? Dans quel univers parallèle ?

        Les recettes fiscales françaises ont augmentées fortement pendant le quinquennat de Sarkozy: 267 milliards en 2007, 327 milliards en 2011. Ca fait +60 milliards de recettes, une augmentation relative de presque 20%. Si ça c’est une « chute très forte », que la Déesse nous préserve d’une hausse même légère !

        • Ah, correction: j’ai confondu deux chiffres. On est passé de 267 en 2007, à 277 en 2011. Donc c’est bien bien une hausse de 10 milliards, et pas 60 (hausse de 3%, et pas 20).

      • Tirer sur l’ancien locataire 7 mois après son départ, c’est vraiment se foutre de la gueule du monde. Et faire la même politique que l’ancien locataire puisque Moscovici avoue gérer l’héritage des mongaulliens socialistes honteux, c’est un double foutage de gueule.

    • « La médiocrité est décidement ce vers quoi tend le socialisme à tous les niveaux. »

      vous semblez ignorer que la France est tombée dans le SOCIALISME sous Giscard. Et depuis……on s’y enfonce de plus en plus !

      ça, ajouté à l’immigration invasion, c’est tout ça qui tue notre Pays !

      conseil: lire d’urgence le livre de PHILIPPE NEMO « La France aveuglée par le socialisme » parut fin 2011

    • être médiocre veut dire être moyen

  • Ce Monsieur n’est-il pas Ministre , donc très compétent ?

  • Info glanée sur http://www.abcbourse.com
    « Le Financial Times vient de publier son classement annuel des meilleurs ministres des finances européens. Chaque année il se livre a cet exercice en fin d’année et se base sur des critères comme l’aura, les performances économiques, la qualité de leurs décisions ou encore leur crédibilité par rapport aux marchés financiers.
    Le lauréat est cette année le ministre allemand des finances, Wolfgang Schaüble. Le podium est complété par Anders Borg (Suède) et Jacek Rostowski (Pologne).
    Et la France dans tout ça ? Et bien ce n’est pas très glorieux avec une 16ème place (sur 19) pour Pierre Moscovici. L’actuel locataire de Bercy ne devance que les ministres grec, espagnol et Hongrois. Il recule d’une place par rapport à son prédécesseur, François Baroin.
    La France n’a cependant pas toujours été aussi mal classée, Christine Lagarde avait en son temps décroché la première place dans le cÅ“ur du FT. »

    • votre référence est indigne. soyez sérieux

      • avi: « votre référence est indigne. soyez sérieux »

        +1 milliard de dépense au PLF 2013 et +20 milliards d’impôts pour un pays qui est déjà champion mondial de la taxe et des dépenses de l’état vous avez quelle source de votre coté pour le qualifier de plus crédible ?

        Mickey parade ?

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