Le déchirement de l’UMP a une dimension idéologique. François Fillon est d’autant plus sûr de sa légitimité qu’il avait été médiatiquement acclamé comme « gaulliste social ».
Par Marc Crapez.
S’il fut vaguement question de gaullisme social après la mort du principal intéressé (à l’occasion des projets avortés de Jacques Chaban-Delmas), la formule « gaulliste social » date seulement des années 80. Elle fut alors forgée par la gauche pour récompenser les membres du RPR qui prenaient position contre l’extrême-droite tout en fermant les yeux sur l’extrême-gauche.
Du temps du gaullisme, existaient quelques « gaullistes de gauche ». Ce terme technique, reposant sur un jugement de fait, désignait des personnalités de gauche ralliées au gaullisme. L’expression « gaulliste social » est un terme idéologique, reposant sur un jugement de valeur, pour se distinguer des autres gaullistes supposés sans cœur.
L’expression « gaulliste social » est une méprise qui confine à la captation d’héritage. En effet, revendiquée par de grands bourgeois conformistes (tel François Baroin), elle aurait pu s’appliquer à cette génération proche du catholicisme social qui a pris les armes pendant la seconde guerre mondiale (tel Georges Suffert que la gauche déteste).
Sonner le tocsin antifasciste
Certains à droite ne prononcent pas le mot « extrême-gauche ». Comme s’ils n’avaient même pas remarqué son existence. Une extrême-gauche, vous croyez ? N’est-ce pas plutôt un racontar d’extrême-droite ? La gauche boit du petit lait. Les gauches dures et extrêmes se frottent les mains. Elles leur renvoient l’ascenseur en leur accolant l’étiquette de « gaulliste social ».
Fort de cet échange de bons procédés, le gaulliste social est chouchouté par les médias. Il échappe au stigmate du mot « droite ». Il est admis dans la famille des « républicains ». À l’instar du centriste, lui-aussi toléré par la gauche, le gaulliste social s’affiche comme ayant des valeurs, un honneur et un supplément d’âme.
La figure christique du gaulliste social est l’antithèse du gaulliste tout court connoté comme fascisant dans l’imaginaire de gauche (selon les époques de Gaulle, Chirac, Pasqua). Ce héros rédempteur des souillures de la droite est investi d’une mission salvatrice. Il est chargé de sonner le tocsin antifasciste.
Le gaulliste social est une conscience. Détenteur d’une forme de moralité supérieure, il dispose d’un magistère moral qui lui permet la mise en accusation morale d’autrui. Ce nouveau résistant prend le maquis sur les plateaux télés. Il y dénonce ceux contre lesquels les médias de gauche se déchaînent déjà en dressant des listes de suspects de droitisation. Voilà du courage !
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Pour moi, le gaulliste social est une couille molle !
Finalement, l’appellation va comme un gant à Fillion…
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feu l’ UMP
30% bonapartiste
30% socialiste
mais 100% magouilles et copinage
bon débarras 😉
Subtile analyse, pleine d’humour !
Le dernier paragraphe est particulièrement bien vu.
A. de Jasay parlait de « fausse conscience qui permet d’ajuster les préférences aux exigences de la tranquilité d’esprit », cette dernière consistant, pour un homme de « droite », à passer inaperçu dans les médias.
Complément : Stuart Mill avait déjà analysé ce « mentir idéologico-sociable » et Timur Kuran en a fait un livre.
Merci pour cet article, je crois qu’aujourd’hui nous devons nous interroger sur l’ostracisme de la bienpensance. Comment l’opinion publique se forme? Vous faites référence à l’analyse du « mentir ideologico sociable » de Stuart Mill avez vous des références?
Merci, la formule est mienne, résumant un passage de « On Liberty » et la thèse de Kuran. Je signale en outre deux de mes publications : « Défense du bon sens », Rocher, 2004 ; « Faut-il se fier à l’opinion publique ? », 2050. La revue de la Fondation pour l’innovation politique, n° 1, avril 2006.
Je pense que ce qui exaspère les gens de droite, quand on leur parle de l’UMP (parti sensé les représenter) c’est l’ambiguité du discours.
Je l’attribue essentiellement à l’acquis culturel des gens qui viennent à l’UMP et Fillon en est l’exemple type.
Avoir été éduqué dans les écoles jésuites.
Dans toutes les petites villes de province si vous parcourez les CV des notables de l’UMP presque toujours on y constate un passage de ces gens par ces écoles religieuses où l’hypocrisie a toujours régné.
Que ne feraient pas les mongaulliens pour plaire à la gauche ?
le lien « déni du gauchisme » = « adoubement gaulliste social » est intéressant
Qu’on arrête de mettre De Gaulle à toutes les sauces et de le prendre comme témoin ou comme alibi. De Gaulle était lui, LE GRAND. Les autres n’ont été que de très pâles copies. Lui seul serait capable maintenant de nous sauver de la crise, des immigrés, de l’islam, de la connerie socialiste, de la connerie de droite. La Ve République c’était LUI et personne d’autre. La République actuelle depuis Mitterrand (et même Giscard) a été un clône de la Ve, éviscérée de toute sa substance et promise à toutes les turpitudes et les trahisons de modèles sociaux et économiques soi-disant modernes et évolués. J’ai honte pour toutes ces « élites » qui ne sont que des arrivistes, parvenus, et faisans de tous poils qui n’ont comme idéologie que de laisser une trace de leur passage. Laissez DE GAULLE dormir en paix !
Tès bon article de Marc Crapez. On est « Gaulliste » tout court, mais « en toutes choses. Le « politichien » de tout bord est un être servile ce qui est une attitude incompatible avec le gaullisme.
Réponse à Gyl30
Une « couille molle » Fillon courage, c’est trop d’honneur, une nouille molle lui va mieux.
La gaullisme de gauche est incarné par René Capitant. Il meurt avec De Gaulle. Pompidou, ex-fondé de pouvoir des Rothschilds, tranchera le noeud en limogeant Chaban-Delmas.
Les « qualifications » posthumes sont autant d’escroqueries puisqu’il n’y a plus de gaullisme.
Le test est de le définir aujourd’hui. Aucun des traits retenus ne colle avec la réalité du monde actuel. M. Fillon avait besoin d’une étiquette en rayon, il a pris ça au hasard, oubliant que ça n’a porté chance à personne avant lui.