L’État actionnaire, un actionnaire impitoyable

L’État est le pire des actionnaires, demandant quasiment 80 % des bénéfices en dividendes.

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Rapport de l'Agence des Participations de l'Etat

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L’État actionnaire, un actionnaire impitoyable

Publié le 8 décembre 2012
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L’État actionnaire est-il un meilleur actionnaire que les autres ? Le rapport de l’Agence des participations de l’État montre au contraire qu’il est le pire des actionnaires, demandant quasiment 80 % des bénéfices en dividendes.

Par Alexis Vintray.

Rapport de l’Agence des Participations de l’État

Courant octobre est sorti le rapport annuel de l’Agence des participations de l’État (APE), cette agence chargée de gérer les différentes participations financières de l’État dans des entreprises. Un rapport à peine commenté dans la presse, à part par Marie Visot ou Cyril Lachèvre du Figaro.

Pourtant, ses enseignements en sont riches : on imagine ainsi souvent que l’État est un meilleur actionnaire, demandant moins de dividendes, et s’inscrivant dans le long terme pour permettre une rentabilité de long terme. Le dixième rapport de l’APE, couvrant 2011, montre qu’il n’en est rien.

 

Une situation financière précaire

La situation financière des entreprises dont l’État est actionnaire s’est ainsi fortement détériorée en 2011 :

  • leurs bénéfices ont chuté à 5,8 milliards d’euros
  • leur capitalisation boursière s’est donc logiquement fortement contractée, passant de 69 milliards d’euros à 60 milliards. Dans le même temps le CAC 40 prenait 4,8 % de hausse.

 

Un taux de dividendes indécent

Surtout, le rapport souligne que l’État est un actionnaire qui demande pour lui la quasi totalité des bénéfices. En 2011, les dividendes versés à l’État par ces entreprises à l’État se sont élevés à 4,4 milliards, un niveau quasi identique à l’année précédente (4,5 milliards), alors même que les bénéfices s’effondraient. Alors que les résultats chutaient de plus d’un tiers, les dividendes ne bougeaient pas. Plus grave encore, ce niveau des dividendes est attendu au même niveau pour 2012, alors qu’ils seront alors établis sur la base des résultats de 2011 en baisse forte. Comme le souligne Cyril Lachèvre sur son blog :

L’État exsangue est obligé de ponctionner le plus de dividendes possibles à ses entreprises publiques, même si leur situation s’aggrave à elles aussi. Dès lors, le taux de distribution (rapport entre les dividendes et le résultat) va grimper cette année à 77,6 % contre 55,7 % l’an dernier. Un record absolu. Au milieu des années 2000 ce taux évoluait plutôt autour des 35 %.

La moyenne historique dans les grandes entreprises privées tourne autour de 40 %. L’État demande deux fois plus ! « Voilà donc une preuve supplémentaire qu’un État surendetté ne peut être un actionnaire avisé » note le journaliste à juste titre.

 

Des participations trop nombreuses et sans cohérence

Enfin, on peut voir dans ce rapport la longue liste à la Prévert de toutes les participations de l’État.

Ainsi, jusqu’en 2011, l’État ne trouvait rien de mieux à faire de votre argent que de l’utiliser pour être actionnaire des Thermes Nationaux d’Aix-les-Bains, heureusement vendus cette année. Rassurez-vous, l’État conserve toujours une participation dans le Casino d’Aix-les-Bains ou la Société des chemins de fer luxembourgeois, des sociétés hautement stratégiques pour la France… De la Sofirad, supposée gérer « les participations de l’État dans les stations de radiodiffusion et de télévision », on ne sait pas trop si elle existe encore toujours, mais elle reste détenue par l’État, pour payer des jetons de présence à certains peut-être ?

Pourquoi l’État devrait-il être aujourd’hui encore actionnaire d’Air France ? Quelles justifications à ce que l’État soit encore actionnaire de nombreux aéroports, gérés par le privé partout ailleurs ? La liste serait sans fin, nous laisserons nos lecteurs curieux la finir, avec le rapport disponible ici.

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