Si, plutôt que de verser des cotisations au système de retraite par répartition, un salarié moyen de 62 ans avait investi chaque année 20% de son salaire brut dans le CAC40, il disposerait aujourd’hui d’un capital de 800 000€.
Par Acrithène.
Je critique souvent le système de retraites par répartition. Mais je n’ai pas encore évoqué son alternative, la capitalisation. Ce premier billet est sans prétention, et cherche à répondre à une question finalement assez simpliste :
De quel capital disposerais-je si j’avais investi mes cotisations en bourse plutôt que dans le système par répartition ?
Cette question est simpliste car elle ignore 1) que le marché des actions françaises ne représente qu’une partie des investissements possibles dans un système par capitalisation, la plupart des autres étant moins risqués et 2) que l’adoption du système par capitalisation transforme le visage de l’économie, et pas seulement la manière dont sont financées les retraites. Mais même si cette question est sujette à toutes les critiques sur la réécriture de l’histoire ou sur la réduction du marché financier aux seules actions des grands groupes français, il me semble qu’elle est tout de même intéressante pour mesurer la capacité de la capitalisation à réellement financer les retraites. Je me propose donc d’y répondre.
J’ai pris le cas d’un citoyen prenant sa retraite à la fin de l’année, et ayant commencé à cotiser en 1970. Il a 62 ans, et a commencé à travailler à 20 ans. En termes de salaires, il est représentatif du salarié (privé) moyen.
Le premier graphique représente une reconstitution de son salaire brut, à euros courants (sans correction de l’inflation), depuis 1970. Cette évolution prend en compte l’élévation du salaire moyen, et son vieillissement en âge. Ainsi, en 1970 il touche 59% du salaire moyen de l’époque, et en a touché 115% cette année, soit environ 40 000€ brut en fin de carrière. Si le salaire de 1970 vous semble dérisoire, c’est à cause de l’inflation des quarante dernières années.
Pour sa retraite, ce personnage fictif avait mis chaque année 20% de son salaire brut sur le marché parisien des actions. À titre de comparaison, les cotisations retraites représentaient en 2007, 26% du salaire brut (source). Par ailleurs, il réinvestissait immédiatement chaque dividende reçu.
La question du dividende est très importante car les non-initiés pensent que les variations du CAC40 permettent de calculer les plus ou moins-values sur les placements en bourse. Or entre le moment où vous avez acheté une action, et celui où vous l’avez revendue, celle-ci vous a versé des dividendes qu’il faut réintégrer pour calculer votre vrai gain. L’indice CAC40 NR vous donne le vrai rendement de vos placements en supposant le réinvestissement des dividendes nets d’impôts. Il est aujourd’hui à 6 340, contre seulement 3 566 pour le CAC40. Cette différence reflète les milliards d’euros versés sous forme de dividendes aux actionnaires entre 1987 et aujourd’hui. Les variations du CAC40 cachent donc une immense partie du rendement des investissements en bourse.
Le graphique suivant résume le rendement, dividendes compris et net de leur imposition, du marché parisien depuis 1970.
Enfin, le dernier graphique représente, en rouge, l’évolution du pécule de notre nouveau retraité au gré des fluctuations boursières, et au fur-et-à -mesure que vous ajoutez à la fin de chaque année 20% de son salaire brut, plutôt que de le donner au système de retraite par répartition. En bleu est représenté le cumul de toutes vos cotisations, ajustées de l’inflation.
Donc d’après ce scénario, bien que nous soyons au milieu d’une crise financière, cette stratégie de capitalisation assez basique permet à notre personnage de disposer d’un capital de 804 000€, et surtout de n’être pas à la charge de la génération suivante, contrairement au système par répartition.
Ce capital de 804 000€, notre baby boomer va aller le convertir en rente viagère auprès d’un assureur. Si l’assureur estime son espérance de vie à 86 ans, il devra en moyenne lui verser cette rente pendant 24 années, peut-être plus, peut-être moins.
À supposer un taux d’intérêt réel sur l’épargne de 1%, l’annuité versée sera égale à A, telle que :
Soit :
Avec 38 000€ par an, on peut dire qu’il pourrait vivre pleinement sa retraite, et ce sans se soucier du système de retraites moribond qu’est la répartition et qu’il laisse à ses enfants ou aux enfants des autres.
Vous pouvez télécharger mon fichier Excel pour consulter les calculs ou les adapter : Capitalisation.xlsx
Les rendements du marché parisien avant 1987, sont issus de la thèse de doctorat de David Lebris : Les actions françaises depuis 1854 : analyses et découvertes.
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Sur le web.
RT @Contrepoints: Et si vous aviez pu investir vos cotisations retraite dans le CAC40 ? http://t.co/hkZnYjAF
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Votre idée est très juste et si en plus vous y ajoutez votre capacité d’épargne , à l’arrivée vous avez le jackpot surtout si vous savez sortir des plus-values aux bons moments ; d’ailleurs pour ceux qui ne seraient pas adeptes de la bourse imaginez de placer ces sommes uniquement sur l’équivalent du taux du Livret A et allez voir au résultat , c’est bluffant !!! SALUTATIONS
Intéressante analyse. Juste une erreur dans les conclusions. Les dividendes représentent une part de la valeur ajoutée par les entreprises, comme les cotisations sociales versées aux organismes sociaux. Avec un système par capitalisation, le paiement des retraites suit une autre voie, mais toujours en tranférant une partie de la valeur ajoutée, entre les actifs et les rentiers/retraités. Avec une différence quant aux effets du système sur le financemennt de l’économie, et sur la base internationale de la capitalisation (les cotisations sociales, elles, organisent le transfert sur le seul territoire national). Merci pour vos calculs.
Il est faux de croire que les retraités soient à la charge des actifs. Je n’ai pas le temps de m’exprimer ici, mais j’indique que je publierai prochainement un texte dans lequel j’indiquerai noatmment que ni dans un système par capitalisation, ni dans un système par répartition, les retraités ne sont à la charge des actifs.
Enfin j’invite chacun à se méfier de concepts abstraits et collectifs, comme celui de « valeur ajoutée ». Ces concepts, dont raffole la fausse science (mais vraie superstition) nommée « macroéconomie » n’ont en réalité guère de sens.
Heu, à la base, la valeur ajoutée n’a rien d’un concept abstrait et macroéconomique. C’est une notion comptable, tout ce qu’il y a de plus concret.
Ce que j’ai voulu dire, c’est que la valeur ajoutée des entreprises n’a pas la même origine dans un système de retraite par capitalisation et dans un système par répartition.
Dans un système par capitalisation, les retraités ou futurs retraités sont (directement ou indirectement) propriétaires des entreprises. De ce fait, les retraités et les futurs retraités ne peuvent pas être à proprement parler de inactifs car aucun propriétaire n’est jamais inactif quant à la gestion de ses biens. Et les retraités ne sont pas non plus à la charge des actifs puisqu’ils ne font que vivre de ce dont ils sont propriétaires. En fait les retraités ne sont à la charge de personne.
Dans un système par répartition, les entreprises appartiennent à la population active et non plus aux retraités. Cette valeur ajoutée créée par les entreprises (sous la seule supervision de la population active qui en est propriétaire) est d’abord confisquée par des organismes gouvernementaux. Puis ces fonds sont distribués par la générosité du gouvernement aux retraités, si bien que les retraités sont à la charge du gouvernement et non à la charge des actifs.
Car evidemment le gouvernement n’est pas a la charge des actifs.
Je suis un actif, et pourtant je la sens bien, la…
Bonjour Stéphane Lallement
« Dans un système par répartition, les entreprises appartiennent à la population active »
Bon j’avoue, j’ai eu la flegme (comme vous) j’ai arrêté la lecture là 🙂
Le calcul fait par l’auteur est un peu faux si l’on veut vraiment comparer le système par répartition et le système par capitalisation.
En effet, il existe plusieurs systèmes de retraite par capitalisation. Celui qui a été choisi par l’auteur présente des caractéristiques qui ne permettent pas de le comparer correctement à la répartition.
J’avoue être trop fainéant pour faire les calculs ici et maintenant mais je vais indiquer où se situe le problème.
L’auteur a choisi, pour illustrer la retraite par capitalisation, d’évoquer un système très courramment diffusé par les assureurs, à savoir la succession de deux contrats : dans un premier temps, un contrat d’épargne ordinaire, et, dans un deuxième temps, une rente viagère immédiate. Remarquons que dans ce système, dans l’hypothèse où l’épargnant mourrait avant l’âge prévu pour son départ à la retraite, le système d’épargne choisi permet à ses héritiers d’hériter de son épargne accumulée. C’est une très bonne nouvelle pour les héritiers, mais cela n’a rien à voir avec un système de retraite. Et, d’ailleurs, les systèmes de retraite par répartition ne promettent rien de tel.
C’est pourquoi le système de retraite par capitalisation que l’on peut réellement comparer au système de retraite par répartition est le contrat de rente viagère différée : C’est un système par lequel le client fait un ou plusieurs versements pendant sa vie active puis reçoit une rente à compter de la date de son choix. Ainsi, en cas de décès avant la date de départ à la retraite, il n’y a rien qui soit remis aux héritiers; mais en contreartie, le montant de la rente est plus élevé. L’auteur a donc dans son calcul sous-estimé le vrai montant de la rente.
Oui je suis d’accord avec cela. Après il y a un arbitrage entre faire simple et faire exact.
Cela dit, c’est avant tout l’absence de diversification qui pose problème à mon avis dans mon analyse.
J’attends votre démonstration avec impatience sur la pertinence du système Madoff…
Il ne vous faudra pas oublier la génération « gratuite » et les explications qui vont avec.
Le financement de la répartition vient essentiellement des cotisations des actifs et elles sont encore insuffisantes puisque les régimes complémentaires majorent la cotisation de solidarité entre les générations par une cotisation « d’équilibre » puisqu’il y a déséquilibre.
Donc 1) le salarié est pompé au titre de la solidarité et 2) l’employeur aussi et comme son coût salarial rentre dans SON budget, les cotisations globales augmentent au détriment du pouvoir d’achat ou sous la forme de réduction de postes.
Quand Baroin annonce que 15% des pensions sont financés par l’emprunt, il me semble que c’est la retraite sécu, salariée et surtout agricole.
L’explication du système Madoff est ici : http://theoreme-du-bien-etre.net/2012/11/16/explications-sur-le-desequilibre-des-retraites/
« Si le salaire de 1970 vous semble dérisoire, c’est à cause de l’inflation des quarante dernières années. »
Étude de mon premier salaire réalisée en 2010
1971, mon premier salaire : Salaire annuel de début de carrière 22.126 F, statut non cadre, le salaire plafond de la sécu s’élevait à 19.800 F
Ce salaire 71 était soumis à trois caisses :
• Urssaf, maladie et vieillesse;
• Arrco, Retraite complémentaire ;
• Chômage.
Il était supérieur au plafond de 11,75%
Actualisation 2010 du salaire de début de carrière…
En 2010, le faisant évoluer comme le plafond, il s’élèverait à : 253.770 F (227.092 + 11 ,75%)
Le faisant évoluer par rapport à la perte de pouvoir d’achat, il s’élèverait à : 172.135 F
Ce plafond évolue selon les circonstances et de manière autoritaire (fixé par décret), il est insensible à l’économie. Il est très important car il fixe les différentes assiettes des caisses maladie et vieillesse, plus il augmente et plus la sécu encaisse et plus la caisse cadre voit son assiette se réduire car les salaires n’augmentent pas d’autant. Le problème est si sensible que l’AGIRC a dû mettre en place une « garantie minimale de points » car bon nombre de cadres n’atteignaient plus le plancher de leur régime.
Le « dérapage » est de + 47,42% ce qui a permis, virtuellement d’augmenter la pression des cotisations sur le pouvoir d’achat.
Les taux « employé » de 1971 (je n’ai pas les taux « employeur » de l’époque).
Maladie 1% – Maladie 2.5% – Vieillesse 3% – Arrco 1.64% – Chômage 0.08%
La pression sociale 2010 serait de 53.405 F, 21.04% alors qu’elle était de 7.64% en 1971 (1.691F)
Pour estimer si ce salaire de 71 était confortable il faut faire appel à sa mémoire tout en relativisant car nous sommes tous plus ou moins affligés du syndrome du « paradis perdu ». Le passé est « mieux » que le présent et l’avenir fait peur surtout si des changements sont envisagés ou nécessaires.
Il me semble que je n’étais pas trop obligé de calculer pour satisfaire mes besoins. Quoi qu’il en soit nous n’avions pas trop de démarches à faire pour trouver un travail et les salaires proposés pour un premier emploi étaient en adéquation avec le coût de la vie. Il aurait été soumis à la tranche de 30% de l’impôt sur le revenu, ce paramètre étant plus significatif pour une comparaison actuelle.
Dérapages et complexité sont évidents sur cette période. Le pire est que ces augmentations exponentielles n’ont pas arrangé la situation qui continue à se dégrader. Une retraite sur dix est financée par l’emprunt.
Les cotisations « employeur » ont dû subir comparativement une pression encore plus forte ; il faudrait effectuer des recherches. (Voir avec le MEDEF, les archives sur ce point).
En 1971, je me souviens que pour s’acheter une voiture neuve (correspondant grosso modo à une Clio actuelle) il fallait débourser environ 12.000 fr.
il est probable que le visionage du pays merveilleux,ou du magicien d oz,vous a marquer a vie.vous ecriver un citoyen prend ça retraite !il sort de quelle chapeau!ouvrier,agricole ,artisan,proletaire,handicapes,etc,je comprend que la politique economique initiées par giscard vous shoot mais les rejets de grefs sont nombreux.
Votre calcul sous-estime énormément le niveau de vie de votre salarié modèle à la retraite, qui comme c’est courant aux Etats-Unis, n’aurait pas recours à la rente viagère mais retirerait directement autour de 7% du capital chaque année.
Masquer artificellement la volatilité a un coût.
À noter qu’actuellement le CAC 40 a un ratio prix / bénéfices de 11.
De manière surprenante il n’est pas nécessaire et même contre-productif de passer par les institutions financières.
Par ailleurs le « salaire brut » n’est pas le salaire complet…