Kyoto II, impossible mission

La “prolongation des accords de Kyoto jusqu’en 2020” est une entourloupe, car les accords ne concernent finalement pratiquement plus personne.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Kyoto II

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Kyoto II, impossible mission

Publié le 11 décembre 2012
- A +

La “prolongation des accords de Kyoto jusqu’en 2020” est une entourloupe, car les accords ne concernent finalement pratiquement plus personne.

Par Stéphane Montabert, depuis Renens, Suisse.

Réunis à Doha, les délégués de 190 pays se sont mis d’accord samedi pour prolonger jusqu’en 2020 la durée de vie du protocole de Kyoto, et poursuivre à travers lui la lutte contre le réchauffement climatique.

C’est en tous cas la façon dont la conclusion de la XVIIIe session de la Convention cadres des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été rapportée par les médias. La réalité est un peu plus compliquée. Dire que les discussions ont été difficiles relève de l’euphémisme ; il n’y avait pas le moindre début de commencement de consensus sur un texte final vendredi, alors même que la durée prévue des négociations touchait à sa fin. La nuit de vendredi à samedi, puis la matinée, n’y suffirent pas.

L’accord “final” fut en fait un coup de force du Qatar, pays organisateur, et de son vice-premier ministre Abdallah al-Attiya, lequel se contenta d’annoncer un compromis au nom de l’ensemble des délégués – bien qu’il n’ait eu l’assentiment que d’une partie d’entre eux. La déclaration abusive de M. al-Attiya sauvant in extremis la convention est d’autant plus surprenante que le Qatar est un des pays avec le pire bilan carbone mondial, loin devant les États-Unis, mais peut-être était-ce là un moyen d’éviter l’opprobre internationale…

La “prolongation des accords de Kyoto jusqu’en 2020” est donc une entourloupe, car les accords ne concernent finalement pratiquement plus personne, et certainement pas une population significative à l’échelle du globe. Outre les États-Unis qui ne les ont jamais ratifiés, la Chine et l’Inde qui n’y étaient pas soumis au nom de leur économie en “développement”, la Russie, le Japon et le Canada viennent de s’en retirer. De fait, les signataires concernés par cette fameuse prolongation ne représentent plus que 15% des émissions mondiales à effet de serre.

Parmi eux ne restent que l’Union européenne, l’Australie et une dizaine d’autres pays industrialisés, dont la Suisse, toujours aux premières loges lorsqu’il s’agit de pénaliser son économie pour des chimères…

Le Kyoto allégé issue de Doha n’est pas assorti de contraintes ni même de mesures chiffrées. Coquille vide de sens, son seul mérite est de promouvoir un sentiment de continuité avant un éventuel accord négocié en 2015 et entrant en vigueur en 2020. Il est vrai qu’il faut préparer soigneusement le terrain pour réussir à amener annuellement des milliers de délégués de la planète entière par avion dans les conventions de la CCNUCC et les loger dans des palaces, le tout pour évoquer le gaspillage des ressources… La machinerie bien huilée de ces cycles de rencontres diplomatiques n’aurait peut-être pas survécu à un échec.

La “prolongation” des accords de Kyoto sert donc avant tout à sauver la face et les intérêts du CCNUCC lui-même.

Alors que l’Europe s’enfonce dans la pauvreté et que le protocole de Kyoto se dissipe dans le folklore, la lutte contre un réchauffement climatique d’origine humaine très controversé semble plus que jamais un luxe inabordable.

—-
Sur le web.

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
8
Sauvegarder cet article
La question climatique a envahi tous les débats de société. Dans son livre Le Changement climatique n’est plus ce qu’il était (2024), la climatologue Judith Curry soutient que cette obsession n’est pas raisonnable et qu’elle est même nuisible.

Samedi 14 décembre, le cyclone Chido s’abat sur Mayotte, ravage l’île et cause de très nombreuses victimes humaines. Aussitôt, les experts et militants en tout genre se disputent pour savoir si le réchauffement climatique a une part de responsabilité dans cet événement tragique. La question n’a pourtant... Poursuivre la lecture

Consensus climatique : science ou idéologie
7
Sauvegarder cet article
Le point de vue d’un ingénieur

La responsabilité du CO2 anthropique dans le réchauffement climatique apparaît comme une vérité absolue au motif d’un consensus scientifique sur le sujet. La référence en la matière est une étude australienne[1] publiée en 2013 qui conclut que 97% des scientifiques compétents considèrent que le réchauffement climatique est bien d’origine anthropique.

La méthodologie est intéressante : 11944 publications dont les résumés contiennent les termes « global warming » et « global climate change » parues entre 19... Poursuivre la lecture

Par Alexander C. R. Hammond et Gale L. Pooley[1. Gale L. Pooley est économiste, professeur associé à la Brigham Young University de Hawaï.], depuis les États-Unis.

 

Avec les chaleurs de l'été, il peut être utile de nous intéresser à la climatisation, cette invention qui nous permet d’échapper à la chaleur estivale, d’habiter dans des endroits auparavant invivables, d’augmenter notre productivité au travail et d’éviter à des millions de gens d’être frappés mortellement par la canicule. Elle est utilisée par des centaines de... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles