Note : l’interview intégrale est également disponible sur Contrepoints (partie 1, partie 2)
Xavier Fontanet est l’ancien président d’Essilor et « dirigeant le plus réputé » parmi les patrons français selon un cabinet de mesure de la réputation. Auteur de Si on faisait confiance aux entrepreneurs, professeur de stratégie à HEC et ancien du Boston Consulting Group, c’est aussi un observateur attentif de notre monde et des changements qu’il traverse. Il nous donne sa vision de la mondialisation, des difficultés françaises et des chances qui s’offrent à nous.
Mondialisation : la France n’a pas à avoir peur
« Quand l’on essaie de nous dissuader de faire des produits mondiaux, c’est une régression car c’est au fond une démarche inspirée par la peur. Il ne faut pas avoir peur de la concurrence ! La pratique montre bien que les grands groupes français s’en sortent très bien à l’international. »
« Faire du protectionnisme pour un petit pays comme la France, cela n’a pas de sens, vous allez mettre en danger l’économie, abîmer les entreprises françaises à l’étranger »
« La délocalisation ou plutôt relocalisation a de grandes vertus. Elle déplace des jobs simples dans des pays en voie de développement qui leur permettent d’accéder au développement et le système éducatif des pays développés permet de transformer les enfants d’ouvriers en ingénieurs ou en chimistes. C’est un système très harmonieux, qui permet à tout le monde de grandir. »
« Avec la robot-relocalisation, des tas d’activités peuvent revenir en France ».
Le mal français : coût du travail et dépense publique
« Le véritable problème est que le « modèle  français » est lourd , avec trop d’impôts et de bureaucratie. Nos entrepreneurs ne sont pas mauvais, mais le terrain devient de plus en plus difficile pour une entreprise, en particulier quand on compare avec ce qui se passe dans d’autres pays. »
« Quand la sphère publique est trop développée et inefficace, les coûts de cette sphère publique se retrouvent toujours dans la sphère exposée, à l’exception de la TVA. Tout ce qui est charges sociales, impôts se retrouvent dans le coût des produits exportés. La fiscalité n’est rien d’autre que le prix mondial de la sphère publique. Les entreprises tiennent compte de ces éléments et, avec une fiscalité trop élevée, vous chassez les investissements ou vous détournez ailleurs ceux qui auraient pu être faits en France. Le problème, ce n’est pas la mondialisation, c’est l’excès de la dépense publique que l’on retrouve dans les impôts ; nous avons à la fois l’image et la réalité du record toutes catégories d’impôts »
« Le rapport Gallois va dans la bonne direction, mais les masses en cause sont très insuffisantes. L’ordre de grandeur nécessaire des économies, c’est 200 milliards € et pas 20 car il  ne s’agit pas de déplacer la facturation, mais de réduire la taille de la sphère publique. A 1050 milliards, elle est trop grosse de 20%. C’est la seule chose qui permettra de revenir à l’excédent et de réduire la dette. »
Réformes
« Si la commission Jospin parle du cumul entre mandats électifs, je pense que le problème est surtout celui du cumul entre un poste de fonctionnaire et un mandat de député. C’est un grave problème de conflit d’intérêts sur lequel on passe avec une décontraction qui m’étonne. Un fonctionnaire qui vote un budget, c’est quelqu’un qui vote les dépenses de l’organisation qui le réembauchera s’il est battu. Conflit d’intérêts total. Ce n’est plus l’intérêt général ici, c’est l’intérêt particulier des membres de la sphère publique. La sphère publique peut ainsi mettre la main sur les économies de la sphère privée et l’épuiser ce qui fera capoter le pays. Dans cette affaire, je ne vise pas les personnes dont la grande majorité est dévouée, je vise le système. »
« Il faut retarder l’âge de départ en retraite, trouver un nouveau contrat social, qui rende les contrats plus flexibles et moins coûteux, et remettre à plat l’organisation de l’État notamment les régions… »
Une fiscalité confiscatoire qui fait fuir les talents
« Quand vous revendez après dix ans une entreprise que vous avez achetée et développée en la faisant doubler de taille, les impôts que l’on vous prend, impôts sur la société (35% en France, vs 20% en Allemagne), dividendes (28%+15% vs 20%), ISF (1,5% du capital vs 0%) et impôts sur la plus-value (jusqu’à 60%, vs 26% voire 0% en Allemagne), l’État français aura pris 70% de la création de valeur et laissé 30% à l’entrepreneur. En Allemagne, l’État prend 30% et laisse 70% au créateur ! »
« Tout cela est vraiment extrêmement grave et sera lourd de conséquences. L’histoire nous montrera qu’on a refait la révocation de l’édit de Nantes. Les départs sont considérables, ceux qui partent ne préviennent pas. Il suffit de demander à n’importe quel gérant de fortune, les demandes ont décuplé. Regardez en Belgique, des quartiers entiers sont parisiens désormais. Discutez sinon avec des déménageurs suisses et vous aurez un autre recoupement. C’est alarmant pour la France. Très alarmant. »
Le monde, aujourd’hui et demain
« Le monde n’est pas en crise. On a un double phénomène plutôt. Les pays en voie de développement affichent des taux de croissance de 5 à 10% (Brésil, Inde, Chine). Une moitié de l’humanité croît à +10%, et l’autre moitié à zéro. Dans cette autre moitié il y a une gigantesque transformation schumpeterienne. Il n’y a pas de crise, au contraire, l’histoire montrera que c’est la période où l’humanité a cru et s’est transformée le plus vite de son histoire. »
« Pour moi le monde en 2050 sera un tiers Inde, un tiers Chine, un tiers Occident. Si l’Inde est aujourd’hui un peu en retard, elle le rattrapera facilement, avec une population plus grande. »
La France de demain
« Si l’on n’arrive pas à régler les systèmes sociaux en France, beaucoup de micro-entreprises vont se créer, les gens seront consultants. Tous vous créerez vos petites boites et vous travaillerez en consultants. Avec des taux horaires plus chers, chacun construisant sa propre retraite, avec de nombreux clients différents. Regardez l’intérim par exemple, il explose actuellement. Beaucoup de jeunes commencent par l’intérim, pour avoir de la variété. C’est ce vers quoi on va. »
« Les entrepreneurs sont les dignes héritiers de Tocqueville et Voltaire, les héritiers des idées de liberté et d’initiative ; l’explosion du nombre de jeunes entreprises montre qu’une partie de la jeunesse a compris ; mon espoir, au bout du bout, il est en eux ! »
Pour lire l’interview dans son intégralité :
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Entretien mené par Alexis Vintray et Geoffrey B.
RT @Contrepoints: Xavier Fontanet : on refait la révocation de l’édit de Nantes ! http://t.co/vhQGuBHe
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« Le véritable ennemi, j’allais dire le seul, parce que tout passe par chez lui, le véritable ennemi si l’on est bien sur le terrain de la rupture initiale, des structures économiques, c’est celui qui tient les clefs… c’est celui qui est installé sur ce terrain là , c’est celui qu’il faut déloger… c’est le Monopole ! terme extensif… pour signifier toutes les puissances de l’Etat, l’Etat qui corrompt, l’Etat qui achète, l’Etat qui écrase, l’Etat qui tue, l’Etat qui ruine, et l’Etat qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes ! » paraphrasé du discours de Mitterrand au Congrès d’Epinay de 1971, notez bien que le mot argent initial a été conjoncturellemnt et avec autant d’acuité et réalisme remplacé ici par le mot Etat. Mitterrand detestait l’argent, à tel point qu’il ne payait jamais quand il allait au restaurant. Il detestait aussi l’argent, sauf celui de l’Etat (ses innombrables valises de billet en liquide) qui lui a permis de vivre pendant 60 ans, lui et sa famille. Ses droits d’auteurs permettant quand à eux de payer l’immeuble de la Rue de Bièvre, rue privatisée durant ses mandats de président… Mais l’argent privé, quelle horreur, surtout celui des autres ! D’où le Mitterrand et les 40 voleurs… livre uniquement factuel.