Le principe de l’économiste américain – « trop d’impôt tue l’impôt » – est empiriquement vérifié, et pourtant, l’impôt n’est pas mort, loin s’en faut !
Par Vincent Bénard.
Le paradoxe popularisé par l’économiste américain Arthur Laffer, « trop d’impôt tue l’impôt », tient aujourd’hui du lieu commun. Il signifie que l’augmentation immodérée de certains taux d’imposition favorise les comportements d’évitement par les contribuables, diminuant ainsi la base fiscale associée tellement vite que, loin d’augmenter comme l’espère la puissance publique, le produit fiscal généré finit par diminuer.
Ce principe est exact, empiriquement vérifié, et pourtant, l’impôt n’est pas mort, loin s’en faut ! Alors, vraie ou fausse, la maxime de Laffer ?
Un paradoxe ancien et bien vérifié
Si Laffer a popularisé un slogan, il n’a rien inventé. En France, nous retrouvons des traces de la critique des hautes impositions chez un économiste conseiller de Sully et de Henri IV, Barthélémy de Laffemas, lequel, constatant que le rendement de certaines augmentations d’impôts est négatif, résume ainsi le phénomène : « Les hauts taux tuent les totaux ».
Le sens de la formule n’est donc pas une spécificité anglo-saxonne. En 1844, Jules-Émile Dupuit, économiste et ingénieur des ponts et chaussées, initiera, sur la base de constats empiriques, le corpus théorique validant la loi des rendements décroissants de l’impôt en fonction du taux appliqué, passé un certain seuil d’acceptabilité de l’impôt.
Au-delà de la théorie, des dizaines de vérifications empiriques du principe de Laffemas-Dupuit-Laffer existent.
Récemment, le trésor britannique a reconnu que l’augmentation du taux d’imposition marginal sur le revenu à 50 % (contre 40 puis 45 % à l’époque de Tony Blair) avait… diminué les recettes en provenance des contribuables aisés.
Dans le sens inverse, les baisses d’impôts marginaux promues par John F. Kennedy (de 93 % à 70 % en 1962), puis par Ronald Reagan (de 70 à 28 % en 1982) sont célèbres pour avoir augmenté les revenus du gouvernement fédéral. Des régimes qui auraient eu tout pour déplaire, tel que celui mis en place en Russie par Vladimir Poutine au tournant du millénaire, ont trouvé une improbable popularité en instaurant une flat tax à 13 % se substituant à un impôt progressif au taux marginal de 30 %, doublant les recettes de l’impôt sur le revenu en quatre ans, et sécurisant les recettes d’un État auparavant incapable de payer jusqu’aux retraites. Et la liste est très loin d’être exhaustive !
Les impôts sur la consommation ne sont pas épargnés par le phénomène.
En France comme ailleurs, l’hyperfiscalité sur les tabacs a favorisé l’explosion de la contrebande de cigarettes, et la puissance publique a dû se résoudre à adopter la TVA à taux réduit sur les travaux à domicile pour endiguer le travail clandestin.
Et que dire de l’ISF ? En 2007, l’institut Montaigne montrait que les fuites de contribuables aisés liées à cet impôt occasionnaient un manque à gagner minimal de 16 milliards d’euros pour le trésor public, alors qu’il n’en rapportait que trois. Les riches partis ont très fortement investi ailleurs, et la richesse ainsi délocalisée ne percole plus en France. Gageons que l’exode de déjà riches et de jeunes créateurs en devenir provoqué par la rage taxatoire de l’actuel gouvernement provoquera les mêmes effets.
Comment l’État contourne le paradoxe de Laffer
Et là réside le second paradoxe de l’hyper-fiscalité marginale.
Le besoin de pression fiscale est déterminé par le niveau des dépenses publiques, déduction faite du niveau d’endettement supportable par les marchés. Aussi, lorsque l’ISF hier, et la tranche à 75 % ou l’hypertaxation des plus-values d’investissements demain, assèchent l’assiette fiscale, les besoins de financement du Léviathan public ne disparaissent pas du jour au lendemain.
Et c’est ainsi que ce gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé, augmentera les taxes les moins susceptibles d’évitement : TVA à 20 % et 10 %, inventaire de taxes nouvelles à la Prévert (Nutella, bière…), et en 2014, réévaluation des assiettes fiscales des taxes locales, sans oublier de probables nouvelles flambées de CSG.
Ces impôts toucheront en priorité ceux qui n’auront pas la liberté de fuir ce déluge vers des cieux plus cléments, salariés, artisans, commerçants, et d’une façon générale, les classes moyennes qui subissent ainsi une double peine : moins de perspectives économiques car la richesse va se créer ailleurs, et moins de revenu disponible après impôt après le passage des percepteurs.
Alors, trop d’impôt tue l’impôt ? Si seulement ! Hélas, aux tactiques de contournement de l’impôt mises en place par les individus, l’État répond par une stratégie d’encerclement fiscal dont il devient de plus en plus difficile de sortir pour le plus grand nombre. Tel est le résultat du paradoxe de Laffer : des impôts trop gros multiplient les impôts…
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Sur le web.
Publié initialement sur Économie Matin.
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L’ELYSEE
et le
GOUVERNEMENT
sont les fossoyeurs de notre développement !!!
Vu ce qui se passe , il ne va rester que des pauvres dans cette France ;
ceci est NORMAL
puisque c’est notre président NORMAL qui le veut …..
donc …. SAUVE-QUI-PEUT !
C’est bien le but non ?
Si tout le monde en France est pauvre, l’égalité socialiste est atteinte. C’est prédit par la théorie et par toutes les expériences socialistes passée..
Il faut être bien stupide pour penser que les mêmes causes vont produire des effets différents parce qu’on est en France …
Trop d’impôt tue l’impôt, et des salaires trop bas tuent l’emploi. Mais la 2eme assertion est beaucoup moins connue.
Les salaires sont trop bas parce qu’ils sont trop taxés. La 2e assertion est inutile car elle équivaut à la première.
Trop d’impôt = moins de salaires = moins d’emplois = moins d’impôts
Bizarrement il n’y a aucune pression sur les très gros salaires, et pourtant ils sont taxés de la même façon.
« Bizarrement il n’y a aucune pression sur les très gros salaires, et pourtant ils sont taxés de la même façon. »
Vous êtes certain qu’il n’y a aucune pression ?
D’une manière ou d’une autre ce qui passe dans un impôt ne passe pas dans la consommation, ni dans l’investissement, ni dans l’épargne donc au bout du compte les taxes sur la consommation ou le capital baissent et les rentrées fiscales baissent aussi malgré les stratégies de contournement.
Très bonne article. Faisons la révolution libérale . Merci monsieur Benard.
Excellent article en défense de la courbe de Laffer, j’ignorais les chiffres pour le cas russe, bien que je savais qu’une flat tax y avait été mise en place. En somme, il ne reste plus qu’à s’extraire de cette prison à ciel ouvert qu’est devenue la France.
Oui, cela commence par être pire.
Mais un jour, peut-être, vient la révolte.