Affaire Depardieu : ce que la rhétorique de nos hommes politiques dévoile de leur vraie nature

Exégèse de la logomachie à l’œuvre dans la classe politique.

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Affaire Depardieu : ce que la rhétorique de nos hommes politiques dévoile de leur vraie nature

Publié le 8 janvier 2013
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La décision de Gérard Depardieu de s’exiler d’abord en Belgique puis finalement en Russie ne cesse d’attiser les commentaires. Exégèse de la logomachie à l’œuvre dans la classe politique.

Par Bertrand Lemennicier.
Publié en collaboration avec l’Institut Turgot.

Il est intéressant d’examiner la rhétorique et la symbolique des discours et invectives que les hommes politiques de gauche, mais aussi de droite, adressent à ces récalcitrants qui ne veulent plus payer leurs impôts en France, et qui désirent changer de nationalité.

Elles dévoilent la vraie nature de ceux qui nous gouvernent.

Ci-dessous, trois slogans de nos hommes politiques sur lesquels nous allons nous attarder.

Depardieu est un déserteur

Ce slogan est utilisé par Dupont-Aignan, Filippetti, Sapin, Hamon et consorts. Nombre d’artistes, comme Line Renaud et Sardou, ont approuvé ce terme qui évoque la tradition des émigrés aristocratiques de 1792 et celle des collabos de 1940 (dixit Dupont Aigan)

Depardieu est un ingrat

Il doit sa fortune aux subventions de l’État au cinéma français. Cet argument est souvent utilisé par les socialistes contre tous ceux qui critiquent l’Éducation nationale.

Depardieu crée une externalité négative au détriment des autres contribuables

Ceux-ci restent, et devront payer davantage d’impôts. Bien que cet argument reste implicite dans la dénonciation du manque de solidarité fiscale dont parlent les hommes politiques, il est très souvent utilisé.

Les solutions envisagées sont elles aussi significatives de ce climat, bien que ceux qui les avancent n’en comprennent pas toujours la portée.

  1. Taxer les émigrants (sous Nicolas Sarkozy, et mis en œuvre en URSS pour les Juifs émigrant en Israël)
  2. Déchéance de la nationalité (Yann Galut, député socialiste)
  3. Taxer les individus en fonction de leur nationalité et non de leur lieu de résidence, ce qui est la pratique actuelle en France (Sarkozy et Yann Galut).

 

Cette rhétorique dévoile le vrai visage de nos hommes politiques : celui d’esclavagistes qui s’ignorent.

Le mot est fort, mais c’est ainsi qu’ils se comportent. Ces hommes politiques agissent comme s’ils étaient propriétaires de nos corps et de nos vies. Ils ne perçoivent plus, tant leur cerveau est déstructuré, l’incongruité de ce qu’ils disent, ni les conséquences de leurs actes qui mènent à la tyrannie la plus pure. Comme ils ont été élus, cela signifie aussi qu’une fraction importante des électeurs approuve les mots qu’ils emploient, ainsi que leurs actes. Cela signifie que votre voisin risque fort d’être lui aussi un esclavagiste.

Revenons sur ces six points.

 

Désertion

Le mot est intéressant. En langage militaire, il signifie quitter son poste sans autorisation. En langage ordinaire, cela veut dire trahir, renier, abandonner.

Maintenant, pour employer ce terme, il faut accepter son antonyme : engager pour déserter, épouser pour renier, conserver pour abandonner.

Les contribuables ne sont pas des militaires, ils n’ont pas à obéir à des ordres. Ce sont les hommes politiques qui, normalement, ont à obéir aux contribuables. Ils n’ont pas non plus épousé, avec un contrat de « mariage pour tous », tous les Français ou tous les autres contribuables. Ceux qui sont nés sur le territoire n’ont pas non plus choisi d’être Français. On leur a donné quelque chose qu’ils n’ont pas demandé. Ce qui n’est pas le cas des immigrés qui ont obtenu la nationalité française. L’utilisation du mot est donc un contresens.

En revanche, elle révèle les conceptions philosophiques et morales implicites de ceux qui l’emploient : les contribuables sont des esclaves ou des animaux dont l’État serait propriétaire.

Un droit de propriété sur le corps humain des Français, c’est le droit d’en user (conscription – elle n’est toujours pas abolie, mais suspendue et ramenée à une journée), d’en abuser (réglementer l’usage de leur vie), de le céder (contre rémunération à un autre État, ou rachat par l’esclave lui-même de sa propre liberté), de le détruire (tuer) et d’en tirer des revenus (taxer) comme on peut le faire de certains animaux. Les mots sujet ou assujetti (à la sécurité sociale) expriment bien la même idée.

En utilisant ces termes, ceux qui les emploient révèlent qu’ils sont en fait partisans de l’exploitation des êtres humains par d’autres êtres humains au moyen de la violence politique.

 

Ingratitude

Cet argument est aussi un classique opposé, non seulement aux exilés fiscaux, mais également à ceux qui dénigrent l’État.

Il présuppose que les investissements faits par la collectivité, ou l’État, dans chaque individu, via l’Éducation nationale et tout autre service public (l’hôpital Foch, à Suresnes, pour les pontages de Depardieu), méritent considération de la part de chacun d’entre nous. Si nous quittons le pays, nous devrions rembourser ces investissements, comme on le fait pour un divorce vis-à-vis de la femme que l’on quitte pour une autre.

Cet argument n’est pas recevable.

D’abord, les investissements faits et incorporés dans chacun d’entre nous peuvent être nuisibles, et ne sont pas nécessairement utiles (éducation nationale ou défense nationale en sont deux exemples flagrants). Ensuite les individus n’ont pas le choix, ils sont contraints de les subir. Il n’y a pas d’exemption de la part d’impôt consacrée à l’éducation si on choisit une forme d’éducation privée (il en va de même avec la défense nationale).

Faire appel à l’ingratitude en dit long sur le cerveau de ceux qui avancent cet argument. Il faudrait démontrer une causalité entre les revenus de Depardieu et les subventions que l’État verse au cinéma. Peut-être que les subventions ont conduit à produire des films ayant nui à la réputation de l’acteur et non à sa gloire. Si on a la prétention de bénéficier d’un droit sur les profits des bons films, on devrait aussi avoir l’obligation de partager les pertes !

C’est là aussi un argument esclavagiste puisque cela revient à revendiquer un droit de propriété sur des investissements incorporés dans autrui. Ceux qui s’y réfèrent oublient que la réputation est le résultat d’un choix libre de ceux qui aiment le cinéma, et plus particulièrement cet acteur (qui a été adulé par la gauche bien-pensante et bobo au début de sa carrière), alors que les subventions sont le résultat d’une violence politique. Les amateurs de cinéma peuvent boycotter Depardieu s’ils réprouvent son attitude en refusant d’aller voir ses films. Ils peuvent également lancer une campagne d’opinion pour inciter les autres à faire comme eux.

 

Externalité négative

C’est implicitement l’argument de la solidarité. Il est plus sophistiqué et jette l’opprobre sur des comportements de cavalier seul ou d’égoïsme. On le résume par la métaphore de l’équipage d’un voilier dans la tempête. Dès que l’un des membres de l’équipage se désolidarise, il met en danger les autres. C’est une métaphore holiste, faite pour les esprits faibles.

Les Français ne sont pas membres d’un équipage et l’État français n’est pas un bateau dans lequel on serait embarqué, même malgré nous.

L’argument présuppose que si l’État français disparaissait, ce serait nécessairement une mauvaise chose.

D’une part, il a déjà disparu au profit d’un nouvel arrangement institutionnel que l’on nomme l’Europe, l’espace Schengen et l’euro. Ensuite, que le gouvernement français disparaisse, ou cesse de fonctionner ne serait pas nécessairement en soi un drame.

Les Belges se sont passés de gouvernement pendant quasiment une année, et ils sont toujours là. Les Alsaciens ont vécu de 1870 à 1918 (48 ans) sous juridiction allemande, ils sont toujours là avec des réglementations héritées des Allemands qui leur sont plus favorables que les lois françaises. Que l’État disparaisse est plutôt un bien et non un mal. Faut-il rappeler que la Normandie, la Sicile et l’Angleterre ne formaient qu’un seul État sous Guillaume le Conquérant. Les États meurent et disparaissent, mais les territoires sous leurs juridictions et leurs habitants restent. La métaphore du bateau est vraiment faite pour impressionner les ignorants.

Par ailleurs, le lien entre la hausse des impôts que devraient supporter les autres contribuables consécutivement à la baisse des revenus de l’impôt due à l’exil fiscal de certains, ne peut être démontré mécaniquement. C’est la volonté des élus de maintenir les dépenses publiques et leurs gaspillages au même niveau qui les contraint à augmenter les impôts sur les contribuables restants.

Si la chute des revenus fiscaux prive nos élus de ressources fiscales, ils ne pourront plus distribuer autant de subventions et acheter légalement nos votes pour se faire réélire. L’exil fiscal n’est-il pas alors un acte civique ? Moins de subventions signifie que nos élus devront renoncer à certains services publics et laisser le secteur privé s’en charger. Mais n’est-ce pas alors un bienfait que rendent les exilés fiscaux à ceux qui restent ? Au lieu de les vilipender, on devrait les remercier, ils nous évitent des actions collectives de révolte (fiscale) qui sont toujours coûteuses à mettre en œuvre.

Si les subventions comme les impôts étaient utilisés à faire le bien, le consentement de tous serait acquis facilement en exigeant simplement un acte volontaire de la part des citoyens par l’intermédiaire du secteur privé. Or, si les élus usent de la violence politique pour prélever les impôts et aussi distribuer les subventions, c’est que sans doute ils n’en sont pas convaincus.

En fait, ils le savent, puisque leur activité consiste à dépouiller Paul pour habiller Pierre. Si donc la subvention et l’impôt constituent un viol de droit de propriété individuel, il est parfaitement constitutionnel de résister à cette oppression (article II de la Déclaration des droits de l’Homme). Que les non-exilés fiscaux se laissent dévaliser naïvement par le premier élu venu ne justifie aucunement que les récalcitrants qui s’exilent doivent se laissent voler eux aussi. Cette « injustice » est imputable entièrement au voleur, non à celui qui résiste au vol.

 

Taxer les émigrants

Ceux qui désirent quitter le pays, en ayant déjà acquitté tout le tribut qu’ils doivent aux prédateurs locaux qui les gouvernent, devraient, en plus, payer le droit d’acheter leur liberté en passant la frontière (fiscale).

Ceux qui évoquent cette solution, paradoxalement, ne figurent pas parmi ceux qui proposent de taxer les immigrants pour les services publics dont ils vont profiter sans avoir contribué à leur production ! Or, il s’agit d’un problème de nature identique. La taxe sur les émigrants compenserait les Français de l’intérieur de la perte de services publics engendrée par la moins-value fiscale dont leur comportement est responsable.

De tels mécanismes existent dans le privé lorsque l’on investit dans le capital humain d’un étudiant, ou d’un joueur de football. En général la nouvelle firme, ou le nouveau club, qui bénéficie des services de cette personne rachète par un transfert monétaire le droit de bénéficier de ses services en dédommageant les précédents employeurs pour leur investissement dans le capital humain de l’employé.

Il est intéressant de constater que les partisans de la taxation des très riches qui ont révélé leur talents et qui ont quitté leur pays pour un autre (les Anglais et les Belges applaudissent à ces transferts) sont souvent les mêmes qui critiquent les transferts privés entre clubs de football et les dénoncent comme une forme d’esclavage privé ! Mais, dans le privé, contrairement à l’État, ces investissements dans le capital des êtres humains sont purement contractuels et volontaires.

 

Déchéance de la nationalité

Avec cet argument on atteint les sommets de la déstructuration du cerveau, non pas parce que, constitutionnellement, en France, c’est impossible, mais parce que l’introduction d’une telle proposition frappe au cœur même de l’État et de l’assujettissement de ses citoyens au pouvoir fiscal.

Pourquoi croyez-vous que l’on ne peut pas perdre sa nationalité ? Pourquoi croyez vous que le HCR lutte contre l’apatridie ? Le député socialiste Yann Galut a oublié de réfléchir à ce qu’il disait sous l’empire de la passion. En quoi la déchéance de la nationalité peut-elle effrayer quelqu’un ? Elle effraie surtout les hommes de l’État !

Imaginez un État où dix millions d’individus demandent la déchéance nationale et l’obtiennent.

Ils deviennent apatrides (des gens dont aucun État ne reconnaît qu’ils sont leurs citoyens). Ils n’ont pas de papiers d’identité. Ils vivent entre eux, sans aucune juridiction autre que celles qui émergent de leurs libres interactions individuelles. Ils n’ont aucun accès aux services publics, et ne paient pas d’impôts faute d’une résidence recensée par le pouvoir local (qui a été noyé dans cette population). Ils vivent et s’enrichissent dans le Massif central et sont tous armés. Ils achètent les terres adjacentes avec de l’argent liquide, et étendent petit à petit leurs communautés, jusqu’au jour où se produit une sécession de fait du territoire.

Les nationaux qui les visitent, les journalistes qui font des reportages sur ce trou noir découvrent leur richesse insolente ! Tout de suite les nationaux demandent à bénéficier également de la déchéance de leur nationalité et rejoignent les apatrides. Par imitation tous les nationaux deviennent apatrides. C’est intolérable pour le pouvoir local. Il va de soi que le HCR issu du cartel des États appelé ONU fait très attention à ce qu’il n’y ait pas d’apatrides, et que la déchéance nationale ne soit pas généralisable. L’identification nationale est à l’origine du pouvoir fiscal et réglementaires des États. Réclamer la déchéance de nationalité pour les plus riches est dangereux pour le pouvoir de taxation lui même car les riches ont les moyens de vivre sans État.

 

Taxer les individus en fonction de leur nationalité

Là aussi la réflexion des élus est bien faible. Une telle solution est impossible dans l’Europe des 27 sans l’unanimité de ses membres. Mais cette proposition recèle en germe une possibilité d’évasion de la nationalité encore plus forte que la déchéance nationale compte tenu de ce que, en France, la perception des impôts sur le revenu est concentrée sur les plus riches.

L’acquisition de la nationalité se fait par le sang ou par le lieu de naissance. Elle ne se fait pas par consentement. On n’a pas le choix de sa nationalité. À l’âge de raison, on n’a pas la liberté de choisir la nationalité que l’on préfère. Les seuls Français par choix sont les immigrés qui ont voté avec leurs pieds, et demandent la nationalité du pays où ils résident.

Imaginez deux secondes que l’on instaure cette proposition, et qu’un État peu gourmand en matière d’impôts propose de vendre son identité nationale aux plus offrants : le Luxembourg par exemple. Les contribuables français les plus taxés font leur calcul et achètent la nationalité luxembourgeoise si cela leur fait économiser revenu et fortune ! On aura un bon million de citoyens en moins et, cette fois, surtout des cadres.

Il y a au moins un argument qui est justifié : s’exiler n’est pas résister de l’intérieur.

Or, les révoltes et les révolutions fiscales se gagnent par la lutte à l’intérieur du pays, et par l’expulsion des hommes politiques prédateurs par la désobéissance fiscale ou par les armes. Il n’est pas interdit aux chefs d’entreprises (et à leurs syndicats) d’entamer une grève de la collecte de la TVA, et l’affaire est jouée, en attendant une nouvelle nuit du 4 août.


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  • EXCELLENT, bravo, votre intervention sort du politiquement correct, enfin ! car même sur ce site on en trouve à foison ; pas choquer surtout.

  • euh comment dire…trop fort comme diraient mes enfants. Excellent!!!

  • « Taxer les émigrants (sous Nicolas Sarkozy, et mis en œuvre en URSS pour les juifs émigrant en Israël) »

    Jusqu’en octobre 1941, la politique allemande encouragea officiellement l’émigration des Juifs. Progressivement, cependant, les nazis cherchèrent à dépouiller de leurs biens les Juifs quittant d’Allemagne, en percevant une taxe à l’émigration de plus en plus forte et en réduisant les montants qu’ils étaient autorisés à transférer à l’étranger à partir des banques allemandes.

    Voudrait-on en France s’inspirer de cette règle en la réservant à tout candidat à l’émigration un tant soit peu fortuné ? 🙁

  • « Faut-il rappeler que la Normandie, la Sicile et l’Angleterre ne formaient qu’un seul État sous Guillaume le Conquérant. »

    Il vaut mieux ne pas le rappeler, Guillaume n’a jamais mis les pieds en Sicile… Les Normands oui mais lui non.

  • Excellent! N’habitant pas la Frâonce, j’apprécie encore davantage!

  • Très bon article, très instructif et révélateur du courage de nos politiciens. Les deux piliers du totalitarisme sont la « peur » et la « foi », quand l’un des deux vacille le système s’écroule. Encore un effort de la part des français pour faire sombrer le navire « ETAT » ! Confucius disait : quand on perd le sens des mots, les gens perdent leur liberté » CQFD !

  • Lever l’impôt serait une  » violence politique » contre laquelle on peut prendre « les armes » ?

  • « Ils vivent entre eux, sans aucune juridiction autre que celles qui émergent de leurs libres interactions individuelles. Ils n’ont aucun accès aux services publics, et ne paient pas d’impôts faute d’une résidence recensée par le pouvoir local (qui a été noyé dans cette population). Ils vivent et s’enrichissent dans le Massif central et sont tous armés. Ils achètent les terres adjacentes avec de l’argent liquide et étendent petit à petit leurs communautés, jusqu’au jour où se produit une sécession de fait du territoire. »

    Vous venez à quelques petits détails clef de décrire les données de bases d’un petit paradis sur terre : le nord Kivu.

    Car dans la vie réelle et observée, la  » juridiction » qui émerge des « libres interactions individuelles » entre les membres d’une communauté qui « sont tous armés », c’est la loi du plus fort et la lutte à mort pour le pouvoir et les ressources, qui débouche spontanément sur un régime de petits chefs de bande ou de grands chefs de mafias.

  • « Taxer les individus en fonction de leur nationalité (…). Une telle solution est impossible dans l’Europe des 27 sans l’unanimité de ses membres ». Cette affirmation ne me semble pas techniquement exacte. Un Etat peut, à mon sens, taxer unilatéralement ses nationaux où qu’ils soient dans le monde, et cette question n’est pas du ressort de l’Union européenne. Il ne faut donc pas l’unanimité des 27 Etats-membres. Cette taxation dans le pays de la nationalité n’empêchera pas la taxation dans le pays de résidence. L’Etat de résidence n’aura pas de réelles objections à cette taxation et ne s’y opposera pas. C’est d’ailleurs ce que l’on constate pour les nationaux américains ou ceux qui disposent d’une carte verte américaine et qui résident dans un Etat européen : l’Etat de résidence ne se soucie pas d’une éventuelle double imposition pour ces Américains. Le pays de la nationalité prévoira alors un système de crédit d’impôt pour tenir compte de l’impôt déjà acquitté dans le pays de résidence. Un protocole aux conventions préventives de double imposition sera conclu avec les autres Etats, pays par pays, pour préciser que les dispositions conventionnelles n’empêchent pas de calculer l’impôt dû par les nationaux. Si l’autre Etat ne veut pas de ce protocole, la Convention elle-même sera dénoncée pour négocier une nouvelle convention prévoyant la taxation d’après la nationalité. Rien n’empêche dès lors une taxation suivant la nationalité (à laquelle je suis bien sûr opposé, mais je me place ici en Droit strict).

  • Superbe article! Le lire après celui sur Ayn Rand en double l’intérêt.

    Il existe déjà des pays qui vendent leur citoyenneté en l’attachant à un type de propriété que seuls les étrangers peuvent acheter.
    L’affaire Depardieu, comme l’affaire DSK, est un formidable révélateur de la bêtise humaine.

    • Que je sache, les dépenses faites par le Ministère des affaires étrangères pour ses services à l’étranger sont déjà payés par les contribuables et la majorité de ces contribuables ne vont pas à l’étranger. Quand on va dans des zones à risque le Ministère des affaires étrangères vous décourage d’y aller et vous engage vous ou votre entreprise à prendre des assurances privées. Quand vous êtes pris en otage, l’État affirme haut et clair qu’il ne paiera pas de rançon (même si c’est faux) et on connaît son efficacité dans ce domaine pour récupérer les otages…Il ne rendrait même pas le service que l’on attendrait de lui en payant un forfait comme le dit si bien Beigbeder. Les intérêts politiques priment sur la protection des citoyens à l’étranger. Demandez aux familles des otages actuels ce qu’ils en pensent, eux qui ont déjà payé par l’impôt tout le personnel en charge de s’occuper des négociations avec les preneurs d’otages. Ce n’est pas un forfait qu’il faut et qui a déjà été payé par l’impôt mais une prime d’assurance. On pourrait exiger de ceux qui voyagent à l’étranger ou qui y travaillent qu’ils prennent une assurance pour couvrir certains types de risques comme on le fait pour la pratique de certains sports dangereux. La prime variant avec le type de risque.

  • « – Taxer les émigrants (sous Nicolas Sarkozy, et mis en œuvre en URSS pour les juifs émigrant en Israël) »

    Assez malhonnête, les USA le font, ce n’est pas l’URSS. De plus comme l’a dit Beigbeder sur LCP, il est normal de payé un forfait quand on est à l’étranger car il y a les services des ambassades et l’Etat qui se met en marche quand on a un problème à l’autre bout du monde. (Ce qui ne veut pas dire payer la différence pour arriver à ce qu’on aurait dû payer si on était en France ! Un petit forfait, tout simplement).

  • « Les mots savent de nous, ce que nous ne savons pas d’eux » et ils viennent de nous dire ce qu’ils sont !….
    Les hommes ne sont pas heureux en démocratie ! dirent quelques auteurs célèbres ; grands démocrates ! L’égalité des conditions, fait que chacun devient concurrent de l’autre ! A égalité de droit et de devoir…en théorie. Il n’y a que deux modes principaux de régulation des échanges entre les hommes ; les droits et les devoirs, et l’échange marchand. L’échange marchand fonctionne essentiellement sur un mode contractuel de gré à gré. Le mode droit-devoir sur la menace, la sanction et la répression ! Le mode marchand se montre plus pacificateur que le mode droit-devoir qui développe un esprit de créancier de certaines catégories sociales fondées sur des thèses qui ignorent le gré à gré. Et engendre la prétention ! Même gentille…Le désert médical traduit bien cette logique dans son aspect le plus gentil mais aussi le plus pernicieux. L’assurance maladie fixe les indemnités de déplacement à un niveau très bas pour le médecin. L’assuré social prétend bénéficier d’un service médical à domicile y compris dans les campagnes reculées ! Sans le payer ! La SS s’en occupe (ménage à trois, au lieu de deux, caractéristique des sociétés droit-devoir)! Pour la contrainte du médecin (la moitié de son temps sur les routes au lieu d’être dans son cabinet, afin d’éviter au patient souvent inactif lui, de solliciter sa famille, ou son entourage, ou un taxi), le non respect d’une cohérence contractuelle conduit tout naturellement au désert ! Ajoutons qu’il n’existe juridiquement aucune limite du nombre maximum d’heures de travail pour un médecin libéral…Et une sanction immédiate en cas de non assistance !?! Un de nos ministres vient de s’indigner qu’une locataire avec un impayé de loyer de 40.000 euros (pourtant une transaction contractuelle de gré à gré : hébergement-loyer), soit reconduit par son logeur dans sa famille ! Devoir d’assurer un hébergement sans contrepartie sinon celle d’une procédure judiciaire ! « Un pays qui a 100.000 lois n’a pas de lois ». Cette phrase de Balzac traduit l’ultime développement de la société de droit-devoir.
    Bien sur l’autre terme « marchand », « libéral », présente des difficultés. Il y a une contrainte lié à la radicalité de la vie, à la nécessité conjoncturelle (tout le monde ne peut pas tout avoir). L’argent opère une ségrégation des prétentions humaines ! Cela étant il oblige à établir un lien de réciprocité entre les individus d’une société pour la fécondité de la société ! La société de droit-devoir devant inéluctablement conduire à un affrontement des créanciers (souvent les catégories sociales les plus passives- on ne peut donc rien leur reprocher-, aux cochons de payeurs –les catégories les plus actives qui n’en font jamais assez- !
    Le politicien français a choisi la société de droit-devoir au détriment de la société marchande. La plupart des citoyens préférant être « payé » dans la première catégorie, que dans la seconde plus humiliante pour la vanité et la prétention ! Ce à quoi nous sommes en train d’assister est le paroxysme hystérique de la prétention droit-devoir (fiscale).
    Beaucoup d’hommes se doivent tout ! Et doivent peu à leur semblable. Sélection scolaire, concurrences des confrères, défaut de capitaux, ineptie bureaucratique, la réussite se paye cher…et paradoxalement tous les jaloux, querelleurs rappliquent pour partager ce gâteau, auquel personne n’a participé ! L’histoire du savoir et des découvertes est du même tonneau ! Le langage sportif traduit ce gout exacerbé de l’appropriation : on a gagné, mais ils ont perdu ! Autre merveille contemporaine ; « les privilégiés » payent par l’impôt pour les « défavorisés » qui eux reçoivent les aides !? Voila l’ineptie de la terminologie droit- devoir ! En langage marchand les riches sans privilèges payent pour les pauvres qui reçoivent des faveurs. C’est déjà pas mal.

  • Hummm un grand bol d’air frais pour la pensée, qu’est-ce que cela fait du bien !

  • Depardieu a dit lui-même qu’il n’est pas parti en Russie pour échapper au fisc, sinon il l’aurait fait depuis longtemps. Alors, pourquoi cet exil?

  • « Imaginez un État où 10 millions d’individus demandent la déchéance nationale et l’obtiennent. »

    Au nom de l’égalité devant l’impôt, les socialistes de droite et de gauche devraient même proposer une EXIT TAX « intérieure » : on paye une dernière fois l’impôt au Léviathan puis… rien ! On reste sur place, on ne s’exile pas, on continue de vivre et de travailler comme avant, mais sans plus aucun impôt à payer.

    • @Cavaignac
      J’ai proposé cette façon de procéder pour rembourser la dette publique et évalué la somme qu’il faudrait payer. Il n’en demeure pas moins que cette proposition, racheter sa liberté, est du style la bourse ou la vie, l’État nous a volé notre vie et ils demandent une rançon pour que nous la reprenions. Moralement ce n’est pas acceptable, le droit de résister à l’oppression, est un droit constitutionnel. article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyens de 1789 qui au préambule de la constitution de 1958. Article qu’il faudra un jour mettre en œuvre sous une forme ou une autre. Et je ne parle pas que de l’impôt mais de toutes les réglementations qui nous considèrent comme des animaux.

  • Toute propriété individuelle pose un problème collectif. La propriété doit être comprise dans un sens large d’appropriation et non de produit final. Il ne s’agit pas de définir la propriété par un simple mécanisme de prédation mais par la construction de l’effort, de l’épargne, de la lucidité, de choix courageux contre l’avis des autres, par la persévérance, par l’énergie individuelle… Un problème de causalité donc, tant dans l’appropriation il peut y avoir l’histoire d’une vie, qui ne doit rien (c’est même souvent le contraire) à la collectivité. Le système éducatif payé par vos propres parents ne constitue pas un cadeau, tout au plus un pari de la collectivité à votre endroit ! l Il faut noter que le corollaire du « cadeau » fait par la société serait que le système sélectionne les individus les plus performants pour diminuer les coûts de formation. Il n’y a pas si longtemps nous étions 50 élèves par classe de terminale C, dans un lycée d’excellence préparant les grandes écoles. Traité de lycée à fascistes en 1968 (!), le proviseur avait répondu que la république lui avait confié la charge de former les gens les plus compétents au meilleur coût, donc sélection outrancière (pour notre époque) et excellence des notes (il y avait eu une expérience de notes négatives pour cerner les plus que zéro…(ou les moins). Dans un autre registre, il faut que celui qui laboure, sème, moissonne puisse vendre sa récolte…Donc…la propriété source « d’inégalité » entre les hommes. C’est acquis !
    A la misère de celui qui ne possède rien (sinon peut-être la liberté), s’oppose les soucis du possédant ! La nature humaine étant ainsi faite que ceux qui n’ont pas « étudient » le cas de celui qui possède. Dans l’espoir d’avoir « leurs parts », de quoi ? Le premier homme qui a découvert le feu a du avoir de sérieux ennuis, comme en ont presque tous les découvreurs. A titre d’exemple, la « copie » contemporaine des molécules pharmaceutiques sous brevet résume mon propos. Personne n’accepte de gaîté de cœur de ne pas avoir sa part ! De la découverte d’autres ! Quand aux frais de la recherche…
    De la propriété et de l’envie-jalousie des hommes nait fatalement la force du pouvoir ! (rassemblement des hommes qui par leur nombre intimide les individus, et limitent leur prétention). Le pouvoir est donc dans sa nature organique répression et limitation des prétentions et des prétentieux. Des notions de « bon sens » permettent au pouvoir d’arguer que le possédant à besoin de clients, et que de cette simple nécessité, il faudra trouver un moyen de partager avec les autres. Par le biais le plus moral qui soit : l’argent ou tout autre moyen de réciprocité (échanges, troc…).
    Malheureusement, la nature du pouvoir et de la force modifie cette perception. Le pouvoir ayant des raisons légitimes de s’appuyer sur le nombre d’individus, n’a pas de raisons légitimes à court terme de protéger la propriété sauf si celle-ci, lui procure son financement ! Mais au fil du temps, le pouvoir cherche son autofinancement par le développement de taxes (TVA), droits (taxe foncière), impôts divers et variés sur tout ce qui bouge ! Il en vient à penser tout naturellement qu’il est sa propre légitimité…
    La radicalité de la vie (au détriment des exigences des français au sein du vaste monde), met en péril ce pouvoir et ceci d’autant plus qu’il cache et se trompe sur l’origine de sa richesse (la prospérité des entreprises humaines).La taxe professionnelle constituant un impôt taxant le fait d’entreprendre est significatif. En habile discoureur, il prétend que c’est le nombre qui fait la richesse (notre époque est sans doute celle ou le « savoir » aura été le plus nécessaire pour la survie des hommes et pourtant très mal réparti !) et sa passivité du nombre vis-à-vis de lui (il appelle cela la confiance) ! Un monde de salarié lui semble plus intéressant qu’un monde d’indépendant d’où la quête permanente d’asservissement comptable, règlementaire des entreprises. A ce titre, si on applique la jurisprudence en matière de subordination d’activité : les médecins libéraux doivent tous être considérés comme des salaries de l’assurance maladie. Avec ce que cela suppose (35 heures et le reste). Le pouvoir prétend de même que c’est son ordre, qui s’avère plus profitable que les échanges commerciaux de gré à gré entre les citoyens. La fourberie consiste à faire croire au nombre qu’il ne paye pas (d’où les entreprises qui doivent payer en lieu et place de leurs salariés). Les entrepreneurs dans le système comptable deviennent de fait « des fermiers généraux », chargé de collecter des taxes et impôts en se rattrapant comme ils le peuvent sur la poste achats ou salaires et charges ! C’est-à-dire en « tondant » leurs salariés en lieu et place du pouvoir ! J’ai toujours été surpris par l’absence de réponse à 2 questions très simples posées à mes concitoyens et par l’absence de réponse ou par l’extravagance des réponses. Je vous encourage à faire le test dans votre entourage. Une comptabilité recettes –dépenses permet de transposer en terme compréhensible les différents ratios d’une entreprise ! Quand on règle 100 euros à la caisse d’Auchan, combien reste-t-il en bénéfice ? Combien vont aux salaires, aux impôts…L’intérêt de ce test est de montrer le degré d’ignorance du « peuple » mais aussi son degré d’affabulation par classe socio-syndicalo-économique. Les réponses vont de 70-80 euros (front de gauche) à 10-20 euros (UMP) !
    Seuls les experts comptables m’ont rassuré, mais ils sont peu nombreux.
    La deuxième question est : quand vous versez un loyer de 1000 euros à un riche (taux marginal à 45%+CSG-RDSG), que lui reste-t-il après impôts ? On peut mettre un bateau dans une bouteille, et une société dans 2 questions.
    Il n’est jamais assez tenu compte des mœurs ! La perversion de notre système culmine !
    Votre remarquable analyse qui détaille une prétention extraordinaire du « pouvoir » vis-à-vis de certains de ces concitoyens traduit le fait qu’il est plus facile de distribuer l’appropriation des uns que de pousser les autres à fabriquer de la propriété.
    A ce titre, il faudrait m’expliquer comment la progressivité de l’impôt sur le revenu (la justice et l’équité même !), pourra permettre à un pauvre salarié de s’enrichir ?
    Pour en finir avec les grands principes il me semble que deux « traits » dévoilent la véritable nature de l’ordre étatique : taxation des divorces et impôts sur les successions d’enfants mineurs

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