Cécile Duflot veut crever la bulle immobilière

Cécile Duflot veut éviter les déséquilibres sur le marché de l’immobilier et faire baisser les prix. Il lui faudra ne pas commettre les mêmes erreurs que ses prédécesseurs en intervenant sans réfléchir.

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Cécile Duflot veut crever la bulle immobilière

Publié le 9 janvier 2013
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Cécile Duflot veut éviter les déséquilibres sur le marché de l’immobilier et faire baisser les prix. Il lui faudra ne pas commettre les mêmes erreurs que ses prédécesseurs en intervenant sans réfléchir.

Par Baptiste Créteur.

Logements neufs à Nancy

Afin d’éviter la formation de bulles spéculatives, Cécile Duflot ne veut pas commettre les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. Les mesures incitatives qu’ils avaient prises avaient conduit à des excès, et les distorsions induites par l’intervention de l’Etat étaient autant d’entraves au fonctionnement du marché. Mais là où un raisonnement logique voudrait qu’elle remette en question l’intervention étatique à l’origine des distorsions du marché, elle commet la même erreur fondamentale que ses prédécesseurs : penser que l’intervention de l’Etat sur le marché sera bénéfique et permettra que les mécanismes du marché soient corrigés au bénéfice de tous. Qu’importe ; son intervention à elle sera meilleure, mieux pensée, mieux ciblée, plus efficace. Pour cela, elle va rendre les mécanismes de soutien moins ouverts et plus contraignants :

«  »Je ne veux pas de nouvelle bulle spéculative sur l’immobilier », déclarait Cécile Duflot, dans Les Echos, le 3 janvier. La ministre chargée du logement et de l’égalité des territoires justifie ainsi la restriction des aides à l’achat d’un logement. En particulier, un meilleur ciblage du prêt à taux zéro (PTZ) – on anticipe 55 000 PTZ distribués en 2013, loin du record de 352 000 en 2011 – et un avantage fiscal à son nom, plus contraignant que le Scellier qu’il remplace. »

Apparemment, les gouvernements précédents avaient un objectif de hausse des prix de l’immobilier, perçue comme un indicateur de performance et de richesse dans l’économie.

« La crise de 2008 est passée par là et on est loin des théories en vigueur dans les années 2000, où nombre d’économistes voyaient, dans l’inflation immobilière, un « effet richesse » des ménages et un accélérateur de croissance. « Je ne souhaite pas prendre des mesures à l’emporte-pièce, non ciblées et sans contrepartie, comme l’ont fait mes prédécesseurs. Cela a provoqué, depuis 2008, en France, une hausse artificielle des prix de l’immobilier, unique en Europe », explique Mme Duflot. »

Son objectif à elle, c’est la baisse des prix de l’immobilier, signe de performance et de richesse dans l’économie. L’immobilier cher, c’est un frein à la compétitivité, et la compétitivité, c’est le combat actuel du gouvernement, qui refuse obstinément toute mesure permettant de l’améliorer.

« Le gouvernement souhaite une baisse des prix immobiliers, car la cherté des logements, en mobilisant l’épargne des particuliers et des entreprises, en obligeant les jeunes ménages d’aujourd’hui à s’endetter beaucoup plus que les générations précédentes, est un handicap pour l’économie et sa compétitivité. En comparaison, la modicité des prix des logements allemands contribue aux performances économiques comme à la modération des salaires. »

Cécile Duflot veut éviter de prendre des mesures à l’emporte-pièce. On connait toute la finesse de la Ministre, toujours mesurée dans ses propos – notamment envers l’Eglise – et nuancée dans son action au quotidien, comme lorsqu’elle n’hésite pas à appeler les Français à dénoncer d’autres Français. Avec toute la délicatesse qui la caractérise, elle souhaite œuvrer à une baisse des prix de l’immobilier. Elle supprime donc les mécanismes de soutien mis en place par ses prédécesseurs qui maintenaient les prix artificiellement élevés et les remplace par des mécanismes de soutien plus contraignants qui maintiendront les prix artificiellement un peu moins élevés. Mais comme ces mécanismes de soutien, toujours aussi nocifs, ne sont pas assez imposants, elle va s’offrir d’autres jouets un peu plus massifs.

« L’épargne encore abondante des Français (en moyenne 15 % du revenu disponible, un des plus hauts taux d’Europe) se réfugie volontiers dans l’immobilier, faute de placements plus séduisants. « Il faut drainer cette épargne vers l’acquisition ou la construction de logements destinés à être loués à des prix accessibles, dans les zones tendues comme Paris », suggère Jean-Yves Mano, adjoint au maire de Paris, chargé du logement. La proportion croissante de propriétaires occupants, passée de 51 %, en 1999 à plus de 58 % aujourd’hui, est aussi un frein à la baisse des prix dans la mesure où ils escomptent tous la meilleure plus-value au moment de la revente.« 

L’épargne des Français, voilà un joli jouet : il faut la drainer où on veut qu’elle aille, c’est-à-dire dans l’acquisition ou la construction de logements loués à des prix bas. Le raisonnement est on ne peut plus simple : si on mobilise l’argent de ceux qui en ont pour offrir des logements bon marché à ceux qui n’en ont pas, les prix des loyers sont plus bas, et ce sont les riches qui paient pour les pauvres donc c’est juste et bon. Espérons que tous les épargnants soient riches, pour que ce soit bien l’argent des riches qu’on draine, et d’accord, pour « qu’il n’y ait pas besoin de faire preuve d’autorité ».

Les propriétaires occupants sont un obstacle : ils veulent faire la meilleure plus-value au moment de la revente, non seulement parce que c’est rationnel mais aussi parce que la vente de leur logement leur permettra d’en acheter un autre. Ils ne seront donc pas prêts à participer à l’effort national pour la baisse des prix, et, comme ils occupent leur logement, on ne peut pas le réquisitionner.

La méthode la plus simple pour Cécile Duflot, qui ne veut pas laisser le marché commettre toutes les injustices qu’elle lui attribue, serait de supprimer le marché en interdisant la propriété immobilière. Après tout, chacun a droit à un logement, et on ne voit pas pourquoi des Français égaux n’auraient pas un égal droit aux logements de tout le monde. Fera-t-elle preuve d’assez de courage et d’audace pour le proposer ?

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  • C’est un réel plaisir de vous lire, quel que soit le sujet. Humour et clarté ! Votre article est limpide et montre bien l’absurdité, encore une fois, de la doctrine socialiste….. Merci de votre concours à une meilleure compréhension de l’Etat.

    • Je suis ravi que ça vous plaise et de concourir à cette compréhension. C’est sur le champ des idées que se joue l’avenir, et chacun d’entre nous peut jouer un rôle : écrire, faire un don, partager les idées…

  • Cet article est clairement orienté contre la politique de Madame Duflot.
    Il ressemble tous les derniers commentaires sur l’immobilier glanés sur internet. Et, cela ne constitue en rien une réflexion.

    Où sont vos chiffres pour étayer vos dires ? Ah, oui il n’y a pas réellement de réflexion donc pas besoin d’étayer quoique ce soit, donc vous vous en tirez bien jeune homme.

    Aussi, vous délivrez une contre-vérité sur le sujet des propriétaires occupants.
    En effet, si ils espèrent comme vous le dites : « que la vente de leur logement leur permettra d’en acheter un autre » donc si le prix de leur bien baisse, alors les autres aussi. On est dans une logique de marché!

    Enfin, vous occultez outrageusement le sujet des primo-accédants. Avec des prix aussi hauts, on les écarte du marché de l’immobilier et on les laisse face aux propriétaires plus riches, plus agés qui sont des rentiers et proposent la location de leur logement à des prix exorbitants avec le concours du puissant lobby de l’immobilier.

    Duflot a aussi raison lorsqu’elle dit que le logement cher est un frein pour la compétitivité,du pays. Cela n’encourage pas la mobilité.

    Même si le personnage de Duflot ne vous amène aucune sympathie, sachez qu’elle est entouré d’experts et de conseillers au sein du ministère du logement avec l’appui d’analystes de l’Insee.

    Et, quelque part, vu la crise et le solde laissé par l’ancien gouvernement, j’ai envie de lui accorder tout mon crédit.

    • et ce commentaire est clairement orienté contre l’auteur de cet article
      et ne constitue pas plus une réflexion

      pourquoi utiliser des arguments ad hominem, tel que le jeune homme ? Cela ne fait pas avancer le débat

      Ainsi pourriez vous plutôt donner les chiffres que vous attendez et développer votre idée sur le sujet des propriétaires occupants qui selon vous est une contre vérité ?

    • Lui accorder tout votre crédit, c’est votre choix, pas le mien.

      Où est la contre-vérité dans le fait que les propriétaires occupants veulent vendre aussi chez que possible, et au moins assez cher pour acheter un autre appartement ?
      La baisse des prix est-elle nécessairement simultanée pour tous les biens immobiliers ? On est assez loin d’une logique de marché en France, mais même dans une logique de marché, rien ne dit que l’immobilier soit un marché liquide. Beaucoup préféreront reporter la vente de leur bien que baisser leur prix.

      Vous trouverez un lien dans mon article vers un article, http://www.contrepoints.org/2012/12/08/107181-lachat-immobilier-de-plus-en-plus-inaccessible, qui évoque les primo-accédants. Que les logements soient détenus par des vieux rentiers riches, comme vous l’affirmez, ne rend pas plus pertinente l’intervention de l’Etat – si vous êtes dans une logique de marché comme vous l’affirmez – et ne la rend pas plus juste.
      Si vous voulez dénoncer un puissant lobby pour l’immobilier cher pour rendre justice aux primo-accédants, allez-y ; en dénonçant l’intervention étatique visant à contrôler les prix, tantôt à la hausse, tantôt à la baisse, je dénonce un puissant lobby pour l’immobilier tantôt cher, tantôt bon marché.

      Le logement cher est peut-être un frein pour la compétitivité du pays, mais s’il est cher, c’est notamment à cause des distorsions créées par l’intervention étatique – vous trouverez un lien à ce sujet dans mon article, ainsi que de nombreux autres articles sur Contrepoints. Plus d’intervention étatique ne fera qu’aggraver la situation.
      En ce qui concerne la mobilité, êtes-vous favorables à ce que les Français puissent être mobiles à l’international ?

      Vous pouvez avoir confiance, les experts, conseillers et analystes de l’INSEE n’étaient évidemment pas là sous le précédent gouvernement que vous dénoncez à juste titre et vont donc rendre l’action de ce nouveau gouvernement infiniment plus pertinente.

    • Bravo, belle démonstration M Romain Tourin.
      Et si vous laissiez le marché libre, il parait que cela marche, à vous lire, je dois considérer que c’est dans mes rêves.
      Faire moins cher pour que ce soit moins cher elle est douée la dadame, je n’y aurai pas penser.
      Faire investir son argent pour des clopinettes, si elle y arrive la dadame, je mange mon chapeau et les bébettes que j’y élève.
      Les propriétaire occupant, quel scandale, faire construire sa maison pour l’occuper, mais vous vous rendez compte de l’aberration, de la honte, du scandale. Je m’étouffe devant cet égoïsme. Le propriétaire occupant devrait raser le murs pour éviter la vindicte populaire. Vive le loyer négatif pour les propriétaires occupant. A vous lire, le droit de propriété n’aura pas plus de valeur qu’un tas de m…de.
      Au fait, je connais d’ancienne fermes à vendre pas cher du tout au centre Bretagne qui dépérit. Que vos primo accédants viennent y créer des emplois au lieu de pleurnicher dans les jupes de la dadame, ils pourront se loger sans problème. J’oubliais, les salauds de capitalistes ne veulent pas y créer d’usines, par contre les Chinois y créer des emplois, avis aux mal logés.

    • « Où sont vos chiffres pour étayer vos dires ? »
      Etayer quel fait? Que voulez-vous dire?

      « Aussi, vous délivrez une contre-vérité sur le sujet des propriétaires occupants.
      En effet, si ils espèrent comme vous le dites : « que la vente de leur logement leur permettra d’en acheter un autre » donc si le prix de leur bien baisse, alors les autres aussi. »
      Assez d’accord, cf mon commentaire plus bas.

      « Enfin, vous occultez outrageusement le sujet des primo-accédants. »
      Je ne pense pas que l’auteur visait à une analyse exhaustive du sujet de l’immobilier en France

      « Avec des prix aussi hauts, on les écarte du marché de l’immobilier et on les laisse face aux propriétaires plus riches, plus agés qui sont des rentiers et proposent la location de leur logement à des prix exorbitants avec le concours du puissant lobby de l’immobilier. »
      Et oui, une libéralisation du secteur immobilier profiterait surtout aux plus pauvres. Nous sommes bien d’accord.

      « Duflot a aussi raison lorsqu’elle dit que le logement cher est un frein pour la compétitivité,du pays. Cela n’encourage pas la mobilité. »
      OK

      « Même si le personnage de Duflot ne vous amène aucune sympathie, sachez qu’elle est entouré d’experts et de conseillers au sein du ministère du logement avec l’appui d’analystes de l’Insee. »
      Argument d’autorité (pas rassurant par ailleurs).

      « Et, quelque part, vu la crise et le solde laissé par l’ancien gouvernement, j’ai envie de lui accorder tout mon crédit. »
      Vous allez lui laisser beaucoup, ne vous inquiétez pas.

  • « Les propriétaires occupants sont un obstacle : ils veulent faire la meilleure plus-value au moment de la revente, non seulement parce que c’est rationnel mais aussi parce que la vente de leur logement leur permettra d’en acheter un autre. Ils ne seront donc pas prêts à participer à l’effort national pour la baisse des prix, »
    Pas tout à fait. Si je vends et que je veut racheter la même surface ou plus grand, il est plus « rationnel » de souhaiter une baisse des prix. Après, il y a certes l’effet psychologique d’une vente à perte.

    • Il peut être rationnel de souhaiter une baisse des prix ; de là à la souhaiter pour son propre bien, sans avoir la certitude qu’elle touchera également les autres…

  • Une baisse des prix de l’immobilier serait probablement une bonne chose pour le pays. Mais ce que le pays a besoin par dessus tout est de stabilité ! L’idéal serait donc probablement une stabilité ou une baisse faible et progressive le temps que l’inflation rattrape naturellement la bulle immobilière. J’ai malheureusement peur que Mme Duflot n’ait pas la finesse nécessaire pour arriver à une gestion aussi fine de l’état de l’immobilier français. Etant donné les mesures violente à l’emporte pièce décidés et la faible réactivité des administrations, il est peu probable que ces politiques aboutissent à la moindre stabilité. Le marché risque de passer violemment au nouvel équilibre correspondant aux nouvelles lois. L’effet pourrait même être différent suivant les marchés (Paris/province).

  • Je suis bien d’accord, je suis à 100% pour laisser le marché de l’immobilier libre et sans aucune intervention de l’état.

    Et, c’est là que l’on verra le début de la débâcle (cf le marché immobilier espagnol, irlandais, grec et même plus étonnant le marché néerlandais).

    Je pense que l’objectif du gouvernement, c’est un atterrissage en douceur. Est-ce que ce sera un atterrissage contrôlé ? J’en doute.

    Si la BCE décide de relever son taux directeur prochainement, ça va faire mal…

    • Les marchés grec, espagnole et autres pays en crise n’ont rien à voir. Ce n’est pas le seul libre marché qui effondre les prix. C’est au contraire des bulles spéculatives incitées par leur états respectifs. Rien de plus.

      • C’est exactement ce que je tente d’expliquer.
        Cette bulle a été créé et soutenue par un gouvernement (de droite) avec son intervensionnisme forcené.
        Si il n’y a plus d’incitations fiscales du tout, et donc plus d’intervention de l’état, le marché verra la bulle spéculative immobilière exploser.
        C’est pourquoi l’équation de Duflot est difficile et donc que le ministère tente d’intervenir moins fortement qu’auparavant pour que le marché atterrisse en douceur…
        Et, oui les exemples que j’ai cité ne sont pas équivalent à ce qui se passe en France, mais dans tous ces pays l’état n’est pas intervenu et a laissé délibérement la bulle éclatée, car ils n’ont plus les moyens d’aider ce secteur

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