Le 10 janvier dernier, la France a de nouveau été paralysée par une corporation qui – c’est le propre de toutes ces institutions – entendait bien préserver ses avantages indument acquis.
Un billet d’humeur de Marc Suivre.
Nous avons beau avoir libéré la Libye de son despote auto-éclairé, à grands coups de missiles, force est pourtant de constater qu’en matière économique en général et de transport de personne par véhicule avec chauffeur interposé en particulier, nous en sommes encore à l’âge de pierre. Ainsi, le 10 janvier dernier alors que la France médiatique était ramassée dans l’angoisse, à trois jours des rassemblements anti mariage gay, notre beau pays a de nouveau été paralysé par une corporation qui – c’est le propre de toutes ces institutions – entendait bien préserver ses avantages indument acquis.
Le taxi, symbole du soviétisme français
Il est de prime abord paradoxal, de faire référence aux prouesses économiques de « l’avant-garde du Prolétariat » pour décrire une profession exercée principalement par des artisans. Le paradoxe n’est cependant qu’apparent, lorsque l’on se plonge dans le détail (là où se niche le diable, c’est bien connu, même de la G7). Que constatons-nous ? En vérité ce secteur – que d’aucuns prétendent libre – est en réalité aussi administré que la production des petits pois en Corée du Nord… avec la même efficacité. La pénurie, c’est ce que les technocrates produisent le mieux dès que l’on laisse libre cour à leurs talents pour planifier l’économie. Bien sûr, chez ceux nés après la chute du mur de Berlin, cet adage n’est plus parlant que pour leurs aînés. Nous autres qui connûmes les longues files d’attente devant les vitrines vides des magasins administrés par les États progressistes savons ce que la planification apporte à l’édification de l’Homme : le manque. Bref, qui croit encore qu’un communiste est un défenseur de la liberté n’entendra rien à ce qui va suivre.
Passe encore que nos taxis soient – à de très rares exceptions près – parmi les plus sales et les moins normés de tous les pays développés. Admettons que leur sens de l’accueil et du service – qui n’a d’équivalent que chez les gardiens de prison – ne soit qu’une purge par laquelle il faut bien passer pour pouvoir être rapidement véhiculé. Tout le problème réside précisément dans ce rapidement. Quiconque a essayé, une fois dans sa vie, à Paris, d’attraper un de ces ambassadeurs du chic parisien en dehors du créneau 10h-11h30 et 15h-16h30 sait qu’impossible est aussi, hélas, souvent français. Cette impossibilité de trouver un véhicule est encore plus accentuée dans les communes de banlieues ou en province. Là , aucun taxi  en station (quand elles existent), tout juste propose-t-on, à ces emmerdeurs de voyageurs, de téléphoner à un « forçat de la route », pour qu’il consente à venir les chercher… moyennant les frais de déplacement, cela va sans dire.
La raison à cette quasi-absence permanente est à rechercher, comme toujours, dans notre génie administratif qui, cumulé à un sens de l’économie de marché moyenâgeux, produit toujours le plus beau des mondes possibles. Cette profession est comme beaucoup d’autres une profession réglementée. En conséquence de quoi on ne peut être taxi sans une licence matérialisée par une plaque. Vous connaissez bien ce système, il est appliqué à la médecine avec le succès que l’on connaît. Il porte le joli nom de numerus clausus. Là où la seule ville de Londres compte plus de 70 000 taxis, la France (j’ai bien écrit la France) n’en compte que 55 000. Encore un atout pour renforcer l’attractivité du territoire que le monde entier nous envie !
Va voir ailleurs si j’y suis !
Cette politique imbécile de raréfaction artificielle de l’offre pousse naturellement les titulaires des plaques de taxi à toutes les surenchères possibles. Il faut bien reconnaître à la décharge des individus concernés que, lorsque vous avez payé jusqu’à 300 000 euros le droit d’exercer ce beau métier, vous ne voyez pas d’un bon œil l’augmentation de leur nombre. La situation est inextricable. Toute tentative visant à multiplier le nombre de véhicules en circulation se heurte à l’opposition farouche des taxis en place. Une telle libéralité d’État aurait pour conséquence immédiate de faire baisser la valeur de votre « plaque ». Nous sommes donc condamnés à ne pas trouver de taxis quand nous en avons besoin, par la grâce de la vénalité des licences.
Afin de mettre un terme à cet archaïsme administratif, il conviendrait d’indemniser les actuels titulaires avant d’envisager de « multiplier les pains »… une paille dans l’état actuel de nos finances publiques ! Quoi qu’il en soit, les sans-culottes en Mercedes qui ont bloqué le pays pour montrer leur « ras-le-bol » ont agi avec un sens consommé du lieu commun syndical qui n’étonne plus personne chez nous. Au lieu de rester chez eux et de contraindre leurs clients à prendre les transports en commun, nos vaillants défenseurs de leurs intérêts bien compris ont préféré empêcher tout le monde de bosser en bloquant les routes. Comment leur en vouloir alors que le premier cheminot venu fait de même avec la bénédiction des Français – dit-on – sondages à l’appui ?
Vive l’État nounou
Ceci dit, la gauche est au pouvoir et nous savons tous, depuis le mariage gay que « la rue ne fait pas loi » dans ce pays (merci Madame Taubira, nous saurons nous en souvenir le moment venu). Pourtant au pays bénit de l’État omnipotent, les rentiers du système entendent jouir de leurs privilèges et somment toujours le gouvernement de les leur garantir. Nos braves artisans ne demandaient pas de revalorisation de leurs courses ou de meilleures conditions de travail pour leurs salariés (il y en a aussi). Non ! Ils entendaient que nos ministres restreignissent la concurrence que leur font les voitures avec chauffeur et les motos taxis. Et comme le ridicule ne tue plus (contrairement à la route on ne vous le répètera jamais assez), il fallait, en plus, que la Sécu continue à « sécuriser » l’activité des taxis ruraux pour lesquels, le transport de malades représente plus de 90% de leur chiffre d’affaires. À ce train-là (si l’on peut dire) on se demande si la sécu n’aurait pas plus vite fait de les titulariser ces « artisans fonctionnaires ».
Refuser le changement, favoriser la rente c’est bien pour cela que les socialistes sont au pouvoir non ? Vous croyiez qu’ils étaient là pour favoriser le changement ? Mais le changement c’était hier, aujourd’hui le ministre du Redressement national vous explique, sans rire que l’irruption de Free sur le marché de la téléphonie mobile est une catastrophe industrielle. Les trois opérateurs historiques qui se goinfraient comme des cochons ne vont plus pouvoir s’en mettre plein les poches sur notre dos. Xavier Niel n’a pourtant rien d’un philanthrope. Il a juste fait ses comptes et constaté qu’en ramenant les prix d’un forfait illimité de 65 à 20 € il gagnait encore très confortablement sa vie et pouvait satisfaire à ses obligations de déploiement de réseaux. Si les trois gorets préexistants s’étaient entendus pour nous plumer il conviendrait que le ministre à la machine à découper le jambon sus nommé se préoccupât de leur faire rendre des comptes. Je croyais que le copain de Trierweiler devait faire rendre gorge à la Finance mondialisée ? Oui, mais non,  ça, c’était avant ! Avant le changement qui a consisté à faire pareil qu’avant, mais avec un faux maigre qui est, depuis, redevenu un vrai gros…
Un proverbe allemand dit que Dieu a créé le pays parfait. Un pays tempéré, aux paysages variés et à la douceur de vivre inégalée : la France. Cependant afin de préserver les équilibres et de ménager les susceptibilités, le Créateur dans son infinie sagesse a peuplé ce pays de cocagne de Français. Si en plus ces derniers se donnent un mec normal pour les diriger…
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Sur le web.
J’ai eu beaucoup de plaisir à lire cet article. Le fond est très vrai, et la forme plaisante (dommage que a totalité des illustrations de la version du blog n’aie pas été reprise).
J’ai adoré en particulier « La pénurie, c’est ce que les technocrates produisent le mieux dès que l’on laisse libre cour à leurs talents pour planifier l’économie » (j’aurais mis un ‘s’ à cour).
J’ai par ailleurs appris que « Là où la seule ville de Londres compte plus de 70 000 taxis, la France (j’ai bien écrit la France) n’en compte que 55 000 ». Je ne connaissais pas les chiffres et j’aimerais en connaitre les sources. Merci d’avance.
Sait tu, bloggueur incompétent, que le rapport attali stipulait un rachat de toutes les licences pour liberer ensuite le marché du taxi. Fait tes comptes. Quelques milliards. Est tu pret à payer?
Autre chose, viens en province et mets toi à la station taxi. Tu attendras 5ou6 jours pour avoir une course à 9€.
Quand on ne connait pas le metier, on se renseigne ou bien, on peut, tout simplement, et efficacement, la boucler.
Je ne comprends pas du tout le ton agressif que vous adoptez d’autant plus que vos remarques concrètes ( couts de rachat des licences et rareté des taxis en province) sont abordés dans l’article. Il reste que le rapports entre 70000 taxis à Londres et 55000 pour la France entière pose un réel problème .
Très bon billet !
Mettez vous à la place de celui qui a payé sa licence 300.000 euros, pour laquelle il a emprunté, car les lois étaient ainsi faites qu’il devait passer par là .
Si on change les règles il ne pourra plus rembourser, la valeur de sa licence va chuter méchammet, il va tout perdre et cela à cause des politicards et précédents et actuels. Que l’état rachète les licences.
C’est toujours l’égalité dans la pauvreté, donc bien un programme socialo.
Sont-ils responsables, je parles des individuels, les compagnies ont leur lobbying, non, ils vont tout perdre après avoir investi et fait confiance aux politicards.
Ne pas confondre les taxis Parisiens et la province, je connais les 2, les Parisiens sont vraiment méprisables, en province je ne dirais pas la même chose.
Quant à attendre c’est normal vu le nombre de clients en province, pas difficile de passer un coup de fil aujourd’hui.
Je ne peux pas approuver à 100% cette attaque et je suis utilisateur non pro.
le problème de la pénurie de taxis à cause du coût trop élevé de la licence…
on pourrait on pas pour sortir de cette situation bloquée agir de façon progressive ? annoncer par exemple une politique sur 10 ans et s’y tenir, d’augmentation du nombre de licences. chaque taxi en exercice aurait le droit de recevoir par tirage au sort chaque année une licence gratuite supplémentaire. il pourrait au choix ou revendre immédiatement cette licence gratuite à un nouveau taxi qui veut s’installer et ainsi serait partiellement indemnisé de la perte prévisible de la valeur de la licence, ou embaucher un salarié et faire rouler un deuxième taxi et faire de la marge sur une licence qu’il n’aurait pas payé.
en annonçant 5 000 licences de plus chaque année ( ou 7 000 ou 10 000…), le problème pourrait se résorber sans trop de dommage.
oscar n
Dans cette histoire de taxis les libéraux ont encore tout faux.
Parce qu’ils critiquent l’Etat qui se mêle de tout, mais eux veulent s’immiscer dans la corporation des taxis. De quel droit ?
Les manifestations violentes des taxis (car à Orly ils se sont battus contre des taxis clandestins) avaient pour but justement de demander plus d’intervention de l’Etat pour faire respecter les règles de la profession.Donc on constate que le point de vue de ces professionnels est à mille lieux de celui des libéraux qui voudraient que n’importe qui puisse mettre « taxi » sur son vehicule personnel et fasse des courses en faisant payer comme bon lui semble.
Ces pratiques appliquées à Bamako ou Abidjan , les artisans taxis français n’en veulent pas chez nous.Ce sont eux qui doivent decider , pas à des gens qui n’ont rien à voir avec le metier de taxi
Très amusant. Qu’ils décident donc pour eux-même, pas pour les autres !
« Dans cette histoire de taxis les libéraux ont encore tout faux.
Parce qu’ils critiquent l’Etat qui se mêle de tout, mais eux veulent s’immiscer dans la corporation des taxis. De quel droit ? »
Tout faux une fois encore mon cher harrisburg.
Au contraire, dans cette affaire il s’agit d’individus couillés par l’Etat, a qui on a extorqué 100K+ euros pour avoir le droit d’exercer un métier, qui souhaite couiller à leur tour le reste de leurs concitoyens en leur interdisant l’accès à la profession sans subir le racket qu’ils ont subis. Eh ouai, meme si ca peut sembler contraire à votre vision du monde, l’Etat n’a morallement aucunement le droit de racketter les individus au titre qu’ils souhaitent exercer tel ou tel metier.
On pourrait debattre de l’idée de racheter toutes les plaques afin de mettre fin à ce systeme bidon… ca serait surement plus intelligent.
« Les manifestations violentes des taxis (car à Orly ils se sont battus contre des taxis clandestins) avaient pour but justement de demander plus d’intervention de l’Etat pour faire respecter les règles de la profession. »
Logique bidon encore une fois. L’existence meme de taxi clandestin prouve que:
a) les taxis officiels sont rares et trop cher niveau qualite/prix
b) le systeme de plaque est par nature aussi poreux qu’une passoire
« des libéraux qui voudraient que n’importe qui puisse mettre « taxi » sur son vehicule personnel et fasse des courses en faisant payer comme bon lui semble. »
Oui très cher, on souhaite que ceux qui souhaitent se lancer dans la profession puissent le faire sans restriction. La concurrence se chargera d’éliminer les prestataires de service foireux. Allez un petit exemple pour la route… Est-ce que l’Etat se charge de controller si chaque coiffeur a un BEP coiffeur? Non, pas besoin, car si la qualité du service ne vaut pas le prix éxigé par notre commercant, le business fait faillite. Aussi simple que ca.
« Cette régulation de la profession existe encore plus fortement aux Etats-Unis et a toujours existé en France dans les corporations. »
Oui, les corporatismes existent dans tous les pays, USA inclus.
« Déjà tout faux à propos des coiffeurs mon cher , car oui les chambres de commerce et sur dénonciation de coiffeurs diplomés font appel à l’Etat (prefecture) pour fermer des salons de coiffure dont le patron ou le personnel ne dispose pas du diplome minimal requis.
(mon coiffeur m’a confié avoir fait fermer par son syndicat un salon pakistanais dans la ville où j’habite). »
En effet, en y réfléchissant mon exemple des coiffeurs n’est peut-etre pas le plus adapté. En le choississant, on se détourne de la question morale à laquelle j’aimerais que vous répondiez.
Bref, il faut faire la distinction entre la capacité de la personne à exercer le métier de manière adéquate et son appartenance ou non à une des associations professionnelles/corporations regroupant ses collègues. La capacité est sanctionné par un diplome (ex: BEP coiffure) alors que l’appartenance à une association professionnelle est dans la plupart des cas volontaire (ex: un architecte doit avoir son diplome pour tamponner des plans, cependant il est n’a besoin de faire necessairement parti de l’ordre des architectes).
Malheureusement, dans bien des cas, l’exercice d’une profession est soumis à un racket/diktat étatique qui n’a rien à voir avec la capacité de la personne à exercer la profession (ex: régulation sur le nombre de pharmacie par habitants, plaques de taxi, etc…).
Alors, dites-moi harrisburg, selon quels principes moraux pouvez trouver normal d’extorquer jusqu’a 300 000 euros à un individu qualifié pour qu’il exerce sa profession?
« Ils ont accepté la régulation par les licences et personne n’a le droit de contester la fixation de leurs propres règles »
Vous me faites rire, en gros si une profession s’accorde pour s’arroger un monopole avec l’aide de l’Etat, alors c’est ok?
Allez, je vous donne un exemple, si SFR, Bouygues et Orange décident avec l’aide de l’Etat d’etre les seuls conccurrents sur le marché, alors aucune autre compagnie n’a le droit de leur faire concurrence du moment que nos 3 mousquetaires sont d’accords entre eux pour ne pas en accepter un 4eme?