Thoreau et le devoir de désobéissance civile

La désobéissance civile est le refus de se soumettre à une loi jugée inique par ceux qui la contestent.

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Henry David Thoreau (Image libre de droits)

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Thoreau et le devoir de désobéissance civile

Publié le 22 janvier 2013
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La désobéissance civile est le refus de se soumettre à une loi jugée inique par ceux qui la contestent.

Par Damien Theillier.

Les citoyens doivent-ils obéir à des décisions que tout désigne comme des « lois injustes » ? Nombreux sont les grands penseurs et les mouvements de citoyens à avoir répondu Non. Ce Non est à l’origine de la désobéissance civile qui encourage à refuser d’obéir à une loi injuste et à chercher à changer cette loi par des moyens non-violents.

Pratiquement tous les philosophes politiques ont proclamé que les lois injustes n’étaient pas contraignantes et ont prôné la résistance et la désobéissance civile. Parmi eux, citons saint Thomas d’Aquin, Francisco Suarez, John Locke, Thomas Jefferson, Edmund Burke, Mahatma Gandhi et Martin Luther King Jr.

Le plus précis dans l’exposé de cette doctrine est Henry David Thoreau dans son essai sur Le devoir de Désobéissance Civile :

Si l’injustice fait partie des vexations nécessaires au gouvernement, laissez faire ; espérons que cela s’arrangera, que la machine se lassera. Si l’injustice a un ressort, une poulie, une corde, une manivelle, réservés à son seul usage, on peut se demander si le remède ne sera pas pire que le mal. Mais si cela demande que vous soyez l’agent de l’injustice envers quelqu’un, alors enfreignez la loi. Faites de votre vie le bâton dans les roues qui arrêtera la machine. Je dois faire en sorte de ne pas prêter pas la main à faire le mal que je condamne.

Cette idée était déjà présente chez saint Augustin quand il déclarait qu’« une loi injuste n’avait rien d’une loi ». Pour lui, bien qu’une loi injuste ait l’autorité extrinsèque que lui confère le mandat gouvernemental, elle n’a aucune autorité intrinsèque puisqu’une loi n’a qu’une raison d’être : celle de servir la justice. Toute loi qui altère son but premier s’anéantit d’elle-même ; elle n’est pas une loi.

Quand des autorités gouvernementales exercent le pouvoir de façon arbitraire et injuste, elles sapent la crédibilité de leurs décisions, de leur respectabilité et de leur autorité. Même si ces autorités sont investies du pouvoir civil, le mauvais usage de ce pouvoir remet en cause sa légitimité. La violation du principe de non-malfaisance et des droits naturels, les arguments fallacieux employés pour justifier ces indignités ne relèvent pas des vexations inévitables dans tout gouvernement : ce sont de graves injustices qui ne sauraient être tolérées.


Sur le web.

À voir sur le sujet : The Great Debaters

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  • Voilà une journée qui commence bien.

    J’adore

    Merci encore

  • Il y a aussi un Walden Thoreau – un type imbuvable qui est l’ancêtre des hippies et qui a écrit « ou la vie dans les bois » à lire pour rigoler…

    • Je viens de vérifier, c’est le même ! c’est un collectiviste…

      • Thoreau est hostile à l’économie de marché, au profit monétaire, au mode de vie capitaliste. C’est un anarchiste de gauche, quoi. Pas ma tasse de thé 😀

        • Éloge du commerce par Thoreau dans « Walden » :
          « Ce qui me recommande le commerce, c’est sa hardiesse et sa bravoure. Il ne joint pas ses mains pour prier Jupiter. Je vois ces gens chaque jour aller à leur affaire avec plus ou moins de courage et de contentement, faisant plus même qu’ils en soupçonnent, et peut-être mieux employés qu’ils ne pouvaient sciemment imaginer. (…) En ce matin de la Grande Neige, peut-être, encore en plein courroux et qui glace le sang des hommes, j’entends l’accent assourdi de leur cloche de locomotive sortir du banc de brouillard que forme leur haleine refroidie, pour annoncer que les wagons arrivent, sans plus de délai, nonobstant le veto d’une tempête de neige nord-est de la Nouvelle-Angleterre, et j’aperçois les laboureurs couverts de neige et de frimas (…). Le commerce est contre toute attente confiant et serein, alerte, aventureux et inlassable. Il est très naturel en ses méthodes, d’ailleurs, beaucoup plus que maintes entreprises fantastiques et sentimentales expériences, d’où son singulier succès. Je me sens tout ragaillardi lorsque le train de marchandises me dépassant avec fracas, je flaire les denrées qui vont dispensant leurs parfums tout le long de la route depuis le Long Embarcadère jusqu’au lac Champlain, et me parlant de pays étrangers, de récifs de corail, et d’océans indiens, et de ciels des tropiques, et de l’étendue du globe. Je me sens davantage un citoyen du monde à la vue de la feuille de palmier qui couvrira tant de têtes blondes de la Nouvelle-Angleterre, l’été prochain, du chanvre de Manille et des enveloppes de noix de coco, du vieux cordage, des balles de café, de la ferraille et des clous rouillés. »

          Critique de l’interventionnisme étatique dans « Walden » :
          « Le commerce et les affaires, s’ils n’avaient pas de ressort propre, n’arriveraient jamais à rebondir par-dessus les embûches que les législateurs leur suscitent perpétuellement et, s’il fallait juger ces derniers en bloc sur les conséquences de leurs actes, et non sur leurs intentions, ils mériteraient d’être classés et punis au rang des malfaiteurs qui sèment des obstacles sur les voies ferrées. »

  • reste à définir ce qu’est une « loi injuste ».

    ce qui est injuste, ce n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres, c’est simplement le non respect des droits fondamentaux (cad naturels) d’autrui.

    • En l’occurrence Thoreau s’opposait à la guerre contre le Mexique (véritable guerre de conquête parfaitement injuste) et à l’esclavage.

      « Sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, la véritable place d’un homme juste est aussi en prison. La place qui convient aujourd’hui, la seule place que le Massachusetts ait prévue pour ses esprits les plus libres et les moins abattus, c’est la prison d’État. Ce dernier les met dehors et leur ferme la porte au nez. Ne se sont-ils pas mis dehors eux-mêmes, de par leurs principes ? C’est là que l’esclave fugitif et le prisonnier mexicain en liberté surveillée, et l’Indien venu pour invoquer les torts causés à sa race, les trouveront sur ce terrain isolé, mais libre et honorable où l’État relègue ceux qui ne sont pas avec lui, mais contre lui : c’est, au sein d’un État esclavagiste, le seul domicile où un homme libre puisse trouver un gîte honorable. »

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