Le dialogue social aimablement proposé par les syndicalistes semble avoir été refusé par la direction du groupe PSA, dont les méthodes de manipulation ne trompent pas l’œil averti.
Un billet d’humour de Baptiste Créteur.
Les ouvriers de PSA Aulnay se sont rendus spontanément, il y a quelques jours, au domicile présumé de Thierry Peugeot, sous l’impulsion de SIA, un syndicat maison. Il s’agissait de « réveiller le dialogue social » de façon courtoise, pour poser les bases d’une discussion rationnelle entre gens de bonne compagnie. Des gens de bonne compagnie qui savent faire preuve d’audace, en demandant à la famille Peugeot d’investir 1,5 milliard d’euros dans l’entreprise qui connait pourtant quelques difficultés.
Ces difficultés ne sont pas insurmontables ; les 8000 suppressions de postes sont jugées superflues par les syndicats, qui dénoncent une logique purement financière. Afin de prouver la santé de l’entreprise et la viabilité du site d’Aulnay, ils ont choisi de démontrer qu’il est possible de maintenir l’emploi dans une usine de production de voitures sans produire de voitures et se sont mis en grève.
Il est important que tous les constructeurs automobiles comprennent que produire des voitures est devenu superflu. Pour diffuser cette théorie novatrice, les salariés d’Aulnay ont choisi de s’adresser en premier lieu à leurs collègues du site de Saint-Ouen et décidé d’aller à leur rencontre à bord de cars affrétés pour l’occasion par les gentils organisateurs des syndicats Sud et CGT. Les forces de l’ordre n’avaient manifestement pas compris les intentions louables des économistes de renom, qu’ils ont pris pour une bande d’abrutis un peu éméchés de bon matin et chassé comme de vulgaires malpropres n’ayant rien à faire dans une usine et n’ayant d’autres intentions que d’inciter plus ou moins subtilement leurs camarades à cesser de travailler. N’ayant compris ni la sympathie exprimée par les manifestants ni l’intérêt de leurs théories économiques, « la direction de PSA «s’élève avec vigueur contre les actes de violence d’une minorité» et «condamne avec fermeté des pratiques totalement contraires au dialogue social constructif et responsable»« .
Face à tant de mépris pour leur action pacifique et constructive, les salariés ont perdu la tête, syndicats en tête.
Jeudi et vendredi, lors de la poursuite de la grève, l’usine a été le théâtre de tous les excès. Habituellement, les grévistes patrouillent ensemble pour entraîner les salariés à les suivre. Ils sont encadrés par les cadres intermédiaires, restés à distance. « Vendredi, tout est parti dans tous les sens. Impossible de les suivre », relève un cadre. Des extincteurs ont été vidés sur des armoires électriques, les responsables de groupes, un échelon hiérarchique intermédiaire, ont été canardés d’œufs, de tomates, de caissettes, de boulons, de cailloux, voire de pétards, quand ils n’étaient pas confinés dans leurs bureaux. Certains d’entre eux, ainsi que des délégués syndicaux, affirment avoir reçu des menaces de mort.
Le climat pacifique a disparu, et laisse la place à la loi de la jungle, la tyrannie du plus grand nombre, le règne de la force physique. Il ne s’agit pas seulement de ne pas travailler sans faire de bruit, ni même en faisant du bruit ; il s’agit aussi d’agrandir la meute, quitte à menacer ceux qui ne voudraient pas participer à la destruction de leur outil de travail – qui leur permet de toucher un salaire chaque mois.
Vendredi 18 janvier, confirment pourtant des interlocuteurs, les menaces étaient permanentes. La consigne passée par les grévistes les plus déterminés était simple : les salariés viennent en tenue civile, et non en bleu de travail, sinon « on s’occupera d’eux ». Beaucoup sont venus en civil. Et restés à leur poste de travail sans rien faire… […] Denis Martin, le directeur industriel de PSA, s’insurge contre « la destruction de l’outil de travail », les « méthodes militaristes » de quelque 50 à 150 personnes, sur un total de 3000 salariés. Des accusations que M. Mercier « dément ».
Bien entendu, le leader syndical dément ; lui prône la paix, sous ses conditions. Mais il devient difficile de nier l’évidence : les salariés sont manipulés – par la direction du groupe.
Dans l’atelier du ferrage, on peut lire sur un mur : « La force des travailleurs, c’est la grève », à côté de l’interpellation du président du directoire de PSA : « Varin T.mort ». « Je ne l’ai pas vu, assure M. Mercier. La direction essaie de diaboliser notre mouvement avec cette campagne de calomnies. Nous cherchons simplement à convaincre les salariés de nous rejoindre. »
La direction tente de diaboliser le mouvement des petits anges lanceurs de boulons, des sympathiques adeptes de la séquestration, de l’amicale des partisans de la menace de mort. On imagine les directeurs du groupe se rendre, de nuit, encagoulés, dans l’usine, pour émettre à leur propre encontre des menaces de mort visibles de tous dans le but inavouable de discréditer les aimables grévistes. Ils le font d’ailleurs de manière ridiculement évidente : qui pourrait croire un seul instant qu’un travailleur ait pu écrire, ou même penser, que la force des travailleurs, c’est de ne pas travailler ?
En décidant de fermer le site, la direction a voulu faire retomber la pression qui n’a jamais été aussi importante depuis l’annonce, le 12 juillet 2012, de la fermeture du site. « Si la tension est montée, c’est la faute de la direction, accuse Jean-Pierre Mercier, le médiatique militant de la CGT Aulnay, tendance Lutte ouvrière. Elle n’a qu’une ambition : briser la grève légitime des salariés en nous empêchant d’occuper le site. C’est un véritable lock-out. » Terme pour désigner une « grève patronale » qui empêche la venue des salariés – grévistes ou non – sur le site et les prive de salaire. « À Aulnay, les salariés sont toujours rémunérés, se défend Laurent Vergely, le directeur du site. Mais l’enjeu, aujourd’hui, est la réouverture. Il faut d’abord imaginer les moyens d’assurer la sécurité de tous. » Le problème est bien là.
La direction tente de briser une grève légitime, quelle honte ! Quoi de plus légitime que d’occuper une propriété privée, d’empêcher des salariés de travailler et de détruire le bien d’autrui ? Quoi de plus légitime que de s’insurger contre un patron qui rémunère ceux qui détruisent sa propre usine ? Quoi de plus légitime que de dénoncer l’ignominie de gens irresponsables qui se préoccupent de la sûreté de leurs employés ?
Certains ont toujours su résister. D’autres ont peur. Notre rôle est d’essayer de les rassurer. « C’est dur », constate un autre cadre. « Vous avez déjà vu des gens vouloir venir travailler la trouille au ventre ? », demande un représentant syndical contacté par téléphone. Hors SUD, qui ne participe pas aux négociations et ne commente pas, les autres syndicats (SIA, CFDT, CFE-CGC, CFTC…) réprouvent les méthodes employées. « Tout est fait pour nous distraire de notre objectif qui est de négocier le meilleur plan possible pour les salariés et qu’aucun ne termine à Pôle emploi, assure Tanja Sussest, représentante du SIA et autre figure de proue du site. J’espère que les intempéries vont faire baisser la tension et cesser les comportements inadmissibles de certains. »
Avec toute l’honnêteté dont ils sont capables, avec l’intégrité qui les caractérisent, les syndicats dénoncent unanimement les méthodes employées. Ils dénoncent à raison cette tentative éhontée de certains agents doubles, se faisant passer pour des syndicalistes mais travaillant en secret pour la direction du groupe PSA, de déstabiliser les représentants des salariés qui n’ont d’autre objectif que la pérennité de leur entreprise et le bien-être des salariés. Un bel exemple de bonne foi, cette bonne foi qui fait tant défaut aux patrons voyous qui nous exploitent.
Travailleurs de tous pays, nous pouvons y arriver. Nous pouvons revenir à l’état si agréable de bête sauvage, nous pouvons détruire toute velléité de civilisation et rayer à jamais le capitalisme de la surface de la terre. Nous pouvons détruire notre outil de travail, nous pouvons mordre la main qui nous nourrit pour que plus jamais on ne puisse avoir la prétention de mettre à profit notre talent. Travailleurs de tous les pays, rejoignez les grévistes de PSA Aulnay : s’il n’y a plus d’emploi, il n’y a plus de chômage !
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Normal que les syndicats cherchent à défendre leur poste en or : leur licenciement est interdit sauf si l’usine ferme …
Acte 1 : au début des années 80 la CGT fait une grève très violente à Aulnay avec détérioration volontaire du produit qui sortait en bout de ligne de montage (du genre CX avec 4 sièges de couleur différente).
Acte 2 : on a gagné…
Acte 3 : tiens donc, au début des années 90 la XM débarque à Rennes et Aulnay récupère l’AX… La CGT a toujours réclamé du petit véhicule dans les usines PSA… Au moins la direction les a écoutés.
Acte 4 : on parle de plus en plus de monter du haut de gamme PSA en Chine… Même rennes deviens de plus en plus ingérable avec le code du travail et ses milliers de pages.
LA CGT RECOLTE CE QU ELLE A SEME !
Un oubli 🙂
dixit quasiment tous les médias aux ordres de l’afp :
« ont pénétré sur le site de Saint-Ouen par un trou situé dans un mur extérieur de l’usine »
le direct c’était, on a prit des masses, des barres à mines et on a fait le trou. ok ? on a fait voler les briques du mur donnant sur le trottoir.