Le libéralisme, favorable à l’économie de marché, est souvent taxé d’être une idéologie insensible au sort des plus pauvres. Pour les gens qui ont intériorisé la socialisation des services, il est inimaginable de concevoir les vertus de la liberté des échanges.
Par Leonard E. Read (FEE), États-Unis.
Dès lors qu’une activité a fait l’objet d’une socialisation, alors presque tout le monde trouve finalement normal que les choses soient comme elles sont. Sans l’aide de l’éducation socialisée, comment donner aux pauvres accès à l’instruction ? Sans les services de poste socialisés, comment les ruraux pourraient-ils recevoir leur courrier autrement qu’à des coûts rédhibitoires ? Sans la sécurité sociale, les personnes âgées finiraient leurs jours dans la pauvreté !  Si l’énergie et la lumière n’étaient pas socialisées, imaginez le sort des familles appauvries des régions désertiques du pays [1] !
L’accord avec l’idée d’un État absolutiste nous conduit tristement à la socialisation totale. Pourquoi ? Nous n’avons pas besoin de creuser bien loin pour en connaître la raison. Dès lors qu’une activité est socialisée, il est impossible de montrer, par un exemple concret, comment les hommes qui opérent dans une économie de marché se comportent réellement. Comment, par exemple, peut-on comparer un service de poste étatisé avec un service de poste privé quand ce dernier a été interdit ? C’est la même chose que de tenter d’expliquer à des gens habitués à l’obscurité à quoi ressemblent les choses lorsqu’il y a de la lumière. On en est réduit à faire appel à des constructions imaginaires.
Illustrons le problème dans lequel nous nous trouvons. Au cours de ces dernières années, les hommes impliqués dans les échanges libres et volontaires – l’économie de marché – ont découvert comment faire circuler les voix humaines autour de la planète en un vingtième de seconde, comment transporter des événements comme un match de foot dans le salon de chacun en couleur et en direct, comment faire voyager 115 personnes de Los Angeles à Baltimore en 3 heures et 19 minutes, comment distribuer le pétrole d’un trou du Texas à une pompe à essence de New York à un prix raisonnable et sans subventions, comment distribuer 64 onces de pétrole du Golfe persique vers la côte Est des États-Unis – qui se trouve à plus de la moitié de la circonférence du globe – et cela à un coût moindre que l’État ne le fait pour distribuer une lettre de 20g dans une des rues de la ville où je vis. Et pourtant, tous les phénomènes de l’économie de marché de ce type, en matière de distribution notamment, ne parviennent pas à convaincre la plupart des gens que « les services de la poste » devraient être laissés à l’économie de marché sans nécessairement induire des désavantages pour le public.
Maintenant, faisons une expérience de pensée : imaginons que, depuis ses débuts, notre État ait publié un décret ayant pour effet que toutes les filles et tous les garçons, de la naissance jusqu’à l’âge adulte, reçoivent « gratuitement » des chaussettes et des chaussures de la part de l’administration publique. Imaginons encore que cette pratique de gratuité des chaussettes et des chaussures se soit déroulée durant les 200 dernières années ! Et finalement, imaginons qu’un de nos contemporains – ayant foi dans les prodiges que les hommes peuvent façonner quand ils sont libres – en arrive à dire : « Je ne crois pas que distribuer des chaussettes et des chaussures soit de la responsabilité de l’État. C’est, en vérité, la responsabilité de la famille. Cette activité n’aurait jamais dû être socialisée. C’est une activité qui appartient naturellement à l’économie de marché. »
Dans ces circonstances, quelle serait la réponse à la formulation d’un tel point de vue ? Si l’on se base sur ce que l’on entend partout dès lors qu’une activité est socialisée, même au cours d’une courte période, la litanie la plus commune nous reviendrait aux oreilles un peu dans ces termes : « Ah, mais vous êtes le genre de personne qui laisserait les pauvres enfants sans chaussures ! »
Néanmoins, dans ce cas précis, comme cette activité n’a pas été socialisée, nous sommes capables de dire que les enfants pauvres sont mieux chaussés dans les pays où les chaussettes et les chaussures sont de la responsabilité de la famille que dans les pays où elles sont de la responsabilité de l’État. Nous sommes capables de démontrer que les enfants pauvres sont mieux chaussés dans les pays qui sont libres de commercer que dans les pays où le commerce est restreint.
Il est vrai que l’économie de marché ne reconnait pas plus les pauvres qu’elle ne reconnait les riches. C’est plutôt un moyen organisationnel de réaliser les choses, où figure en premier lieu l’ouverture, ce qui permet à des millions de gens de coopérer et de se concurrencer sans avoir besoin de fournir au préalable la preuve d’un certain pedigree : nationalité, couleur de peau, race, religion ou encore niveau de vie. Elle demande en revanche que chaque personne se comporte selon des principes volontaires, c’est-à -dire le fair-play. Le marché libre est une invitation à l’échange ; c’est la justice impersonnelle de la sphère économique et elle exclut l’usage de la force, le pillage, le vol, le protectionnisme, et toutes les procédures hostiles à l’économie de marché par lesquelles on échange des biens et des services. Elle ouvre la possibilité pour tous les mortels d’agir moralement parce qu’on leur laisse la liberté d’agir moralement.
On doit admettre que la nature humaine est pleine de défauts, et ses imperfections se retrouvent également au cours des échanges marchands. Mais l’économie de marché ouvre la possibilité pour les gens d’opérer en plein accord avec le meilleur de leurs principes moraux. Et toutes les observations démontrent que les pauvres tirent meilleur parti des choses dans ces circonstances que lorsque leur chemin est entravé comme c’est le cas sous le socialisme.
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Un article de la série « Clichés du socialisme » de la Fondation pour l’Éducation Économique (FEE) qui cherche à aider ceux qui dénoncent ces erreurs intellectuelles et mettent l’accent sur les mérites de la liberté.
Traduction : JATW pour Contrepoints.
Lire aussi :
- Cliché du socialisme : La complexité de la société justifie la régulation étatique
- Cliché du socialisme : Taxons les riches pour aider les pauvres
- Cliché du socialisme : La spéculation devrait être déclarée hors la loi
- Cliché du socialisme : Nous devons casser le pouvoir économique
- Cliché du socialisme : Chaque salarié a droit à une « juste rémunération »
- Cliché du socialisme : Un salarié devrait être rémunéré selon sa productivité
- Cliché du socialisme : « Nous le peuple » possédons la propriété publique !
Note :
- NdT : Dans le texte original, Leornard E. Read prends l’exemple de la vallée du Tennessee. ↩
Il est proprement ahurissant qu’aucune des doctrines au nom desquelles est dénoncée la pauvreté et son proposés les moyens de la combattre (quand ce n’est pas l’éradiquer), restent muette quant au sujet prépondérant en la matière qu’est la démographie.
Et pourtant … la population mondiale augmente chaque jour de 220 à 250 000 individus qui vont, dans leur grande majorité rejoindre, à la base de la pyramide sociale les pauvres dont ils sont issus. Outre la mise en évidence de ce fait démographique qui n’a rien de byzantin, escamoté par la plupart des « docteurs » penchés sur le cas des pauvres, la pyramide sociale, pour aussi schématique qu’elle soit, a au moins l’utilité de mettre en évidence que les pauvres des uns sont les riches des autres, dans une relativité universelle dont non seulement les uns et les autres se moquent, mais qu’ils contribuent à masquer avec un égoïsme comparable à celui des riches du sommet qu’ils ne font qu’envier dans leur impuissance. Tous ceux qui confondent richesse avec confort et bonheur avec richesse, démontrent ainsi que le sort d’un milliard et demi de pauvres réels et profonds leur importe peu, comparé aux enjeux de leur propre lutte pour arracher à leurs riches ce qu’ils leur envient, avec une rapacité au moins égale à la leur. Mais le plus grave est qu’en dépit de leurs principes, ils méprisent ainsi ceux dont ils sont eux-mêmes le riches et se prétendent les défenseurs.
Voir : http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com
Je me souviens d’une étude du gouvernement britannique de 2004, que je n’arrive malheureusement pas à retrouver pour l’instant, qui démontrait comment le travail clandestin constituait de très loin le meilleur « filet de sécurité social » et la meilleure méthode d’intégration aux immigrés pauvres.
Le marché tend la main à tout le monde, y compris les plus démunis, en leur affirmant « tu peux te sortir de la misère par tes efforts ».
Je ne vois pas très bien le lien entre une innovation technologique et la politique économique du moment. De plus, l’économie de marché se heurte au principe de réalité : à moins de marchandiser la pauvreté, je ne connais pas d’entreprises ayant pris en charge nos pauvres (les églises et les restau du coeur ne sont pas des entreprises du CAC40). Enfin prétendre pratiquer le libre échange aujourd’hui relève de l’aveuglement : produire à bas coût dans les pays les moins protégés socialement et vendre aux pays pour le moment dit riches ? Il y a trop  »d’aspérités » sur le terrain pour dire qu’on pratique le libre échange.
 » l’économie de marché se heurte au principe de réalité : à moins de marchandiser la pauvreté, je ne connais pas d’entreprises ayant pris en charge nos pauvres »
Ce n’est pas parce que vous êtes incultes et que vous ne connaissez pas ces entreprises qui font du profit tout en rendant service aux pauvres qu’elles n’existent pas : citons par exemple Casas Bahia, chaîne de magasins brésilienne, Cemex qui a logé les Mexicains les plus pauvres, Annapurna Salt qui a résolu le problème de la carence en iode des pauvres indiens, Jaipur foot qui a fourni des prothèses à des prix modiques aux indiens handicapés les plus démunis, ICICI, banque qui fournit des prêts avantageux pour les plus pauvres, Voxiva qui a déployé des solutions hi-tech de veille sanitaire en Amérique latine, en Afrique, en Irak…
Voir aussi toutes ces écoles privées, dont on a parlé sur Contrepoints, qui ont permis aux plus pauvres d’avoir une éducation de qualité : http://www.contrepoints.org/2012/11/12/104043-des-ecoles-privees-au-service-des-pauvres
Bref, votre commentaire illustre à merveille le propos de l’auteur de l’article : en bon franchouillard déconnecté du monde qui l’entoure, vous êtes incapable de comprendre comment et pourquoi les initiatives privées fournissent des solutions nettement plus innovantes pour les plus pauvres que les mesures bureaucratiques, inefficaces et liberticides des monstres administratifs publics – tout simplement parce que vous n’en avez pas connaissance et que vous manquez d’imagination.
Le producteur de legume n’a plus de quoi vivre, le consommateur n’a bientot plus de quoi acheter ces produits.
Alors bientôt les intermédiaires n’auront plus de place.
à commencer par ces gros intermédiaires parasites que sont les politiciens, qui s’arrogent d’emblée 57% de toute la richesse produite dans le pays.
Mauvais titre…
La seule question qui vaille est l’efficacité à réduire une pauvreté absolue.
Le problème du libre échange et cie est qu’il n’existera jamais, du moins je le crois, il y aura toujours des entraves des règles absurdes ou non des lois.;les gens et les démocraties sont ainsi faits .
La socialisation de la poste n’est pas un scandale, mais qu’on ne puisse envisager la privatisation en est un.
Il y a toujours un paradoxe dans les discours aussi bien libéraux que communistes , ils écartent tous deux la question de savoir soit qui décide soit qui garantit les principes libéraux..
Quand on est libre on est libre d »abandonner sa liberté…enfin bref…
Jacques, vous semblez tout perdu…
« Quand on est libre on est libre d’abandonner sa liberté » : cela n’implique pas qu’on oblige autrui à en faire de même.
Vous voulez réduire la pauvreté absolue ? Ne cherchez plus ! Les institutions illibérales produisent la misère. Dictature comme démocratie dévoyée par le socialisme, elles sont à l’origine de la pauvreté absolue.
Il n’y a aucun paradoxe dans un discours qui propose les contours d’un Etat minimal régalien, réellement démocratique donc libéral, c’est-à -dire contrôlé par le seul vote de ceux qui le financent.
Quant aux cocos, ils n’ont jamais eu la moindre interrogation sur qui devait décider à la place des autres : eux-mêmes !
Quitte à me répéter …
La société des hommes est, a toujours été et sera jusqu’à sa fin, irrévocablement faite d’inégalités. L’exception y domine la masse ; le pouvoir y domine le peuple, la force la faiblesse, l’intelligence la sottise, le savoir l’ignorance , la richesse la pauvreté etc. ; dans tous leurs aspects. Et plus les richesses augmentent – qu’elles soient d’ordre matériel ou immatériel – Plus s’accroît l’écart entre un sommet qui n’a pas d’autres limites que la cupidité humaine et les capacités de la planète et, à l’opposé, une base peuplée de la pauvreté absolue, dernier état de la condition humaine.
Il existe des chiffres et un mécanisme vieux comme le monde, dont il faudrait pourtant avoir clairement conscience avant de tenter sincèrement quoi que ce soit d’utile pour secourir durablement les plus nécessiteux d’entre nous .Or aucun des membres de nos élites n’a le courage, non seulement de l’affronter mais de simplement l’évoquer. A fortiori la pseudo élite se nourrissant de la pensée unique et ceux qui la suivent en prisonniers idéologiques.
À l’aube de notre ère, la Terre était peuplée d’environ 250 millions d’êtres humains. Elle en compte plus de 7 milliards aujourd’hui, dont 1,2 à 1,4 milliard vivent dans un état de pauvreté profonde. L’homme et le progrès dont il est porteur ont ainsi créé, en 20 siècles, 5 fois plus de miséreux qu’il n’y avait d’individus de toutes conditions sur terre au début de leur entreprise. Et la population augmente, quotidiennement, de 220 à 250 000 âmes qui viennent dans leur grande majorité surpeupler la base d’une société dans laquelle le « descenseur social » prend le pas sur l’ascenseur du même nom, démontrant que la pauvreté est plus facile à partager que la richesse.
Outre le véritable escamotage de ce fait démographique par la plupart des « docteurs » penchés sur le cas des pauvres, la pyramide sociale, pour aussi schématique qu’elle soit, met en évidence le fait que les pauvres des uns sont les riches des autres, dans une relativité universelle dont non seulement les uns et les autres se moquent, mais qu’ils contribuent à masquer avec un égoïsme comparable à celui des riches du sommet qu’ils ne font qu’imiter et jalouser dans leur impuissance. Tous ceux qui confondent richesse avec confort et bonheur avec richesse, démontrent ainsi que le sort d’un milliard et demi de pauvres réels et profonds leur importe peu, comparé aux enjeux de leur propre lutte, se limitant à arracher à leurs riches ce qu’ils leur envient, avec une rapacité au moins égale à la leur. Mais le plus grave est qu’en dépit de leurs principes, ils méprisent ainsi ceux dont ils sont eux-mêmes le riches et se prétendent les défenseurs.
Aucune résignation dans ce qui précède, mais bien au contraire un appel à regarder la pauvreté pour ce qu’elle est réellement, à une échelle planétaire qui concerne dorénavant chacun d’entre nous, du plus humble au plus riche. L’histoire nous enseigne qu’une révolution chasse l’autre … jusqu’à celle d’après, aucune n’ayant jamais changé durablerment quoi que ce soit à un ordre établi dont il serait temps de prendre conscience et de tenir compte avec l’intelligence dont l’homme est censé être doté.
Visiter à ce sujet :
http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com
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Claudec: « Et plus les richesses augmentent – qu’elles soient d’ordre matériel ou immatériel – Plus s’accroît l’écart entre un sommet qui n’a pas d’autres limites que la cupidité humaine »
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Faux. ça n’a cessé de baisser avec l’avènement massif des classes moyennes et supérieures qui étaient minoritaires ou quasi inexistantes pendants des siècles les autres possédants virtuellement tout le monde connu avec droit de vie et de mort sur les premiers.
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Claudec: Et pourtant … la population mondiale augmente chaque jour de 220 Ã 250 000 individus
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Et quand les pays on atteint la prospérité grâce à la liberté et l’assurance des droits fondamentaux la natalité se réduit au point de poser des problèmes. Comment croire à cet « inéluctable » dépressif qui prétend que l’histoire est finie et la fin des temps atteinte.
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Claudec: « À l’aube de notre ère, la Terre était peuplée d’environ 250 millions d’êtres humains. Elle en compte plus de 7 milliards aujourd’hui, dont 1,2 à 1,4 milliard vivent dans un état de pauvreté profonde. »
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La pauvreté globale c’est fortement réduite non seulement en pourcentage mais aussi en sévérité. Entre un plébéien moyen de Rome du IVeme ou du XIII siècle et un habitant des favelas de Brasilia la différence est énorme.
Partant de cette ignorance crasse de l’histoire humaine voir d’une manipulation malhonnête des chiffres (pauvreté relative vs absolue) le reste ne peut-être qu’un galimatias de nantis pleurnichard incapable de voir le chemin parcouru par les sociétés humaines et croyant que le sort de l’espèce humaine serait scellé dans leurs vision aussi fausse que dépressive.
Enfin bref, une confusion banale et médiocre entre le téléjournal et la réalité.