Dans un précédent billet, j’avais déjà évoqué les profonds changements qui se profilent alors que les voitures vont devenir de plus en plus autonomes. Je profite de deux petites brèves parues récemment dans la presse pour revenir sur ce sujet…
La première brève concerne la partie moteur des voitures ; si le bloc propulsif de ces engins évolue régulièrement depuis sa création, certains procédés marquent une cassure plus franche avec les précédentes versions. L’apparition du HDI dans les années 90 constitue un tel exemple d’innovation marquante qui aura permis d’améliorer notablement le rendement des moteurs diesel.
Ces derniers jours, et alors que l’industrie automobile française semble, sur son versant fabrication, en pleine déconfiture (grâce aux efforts obstinés de Montebourg), PSA a annoncé la sortie prochaine (pour 2016) d’un nouveau type de moteur hybride combinant le traditionnel moteur thermique avec un moteur à gaz comprimé. Utilisant le prétexte d’un moindre rejet de CO2, le constructeur envisage donc de doter ses modèles d’un moteur qui permet de récupérer l’énergie du freinage dans un mécanisme relativement simple et peu coûteux de compression d’azote, dont la décompression permet d’assister la voiture lors d’un redémarrage. Selon les estimations de PSA, ceci permettrait une économie de 30% du carburant en ville.
La question est évidemment de savoir si, d’ici trois ans, les avancées en matière électrique et du côté thermique ne rendront pas cette innovation moins rentable. En effet, du côté électrique, ça bouge encore : Renault, de son côté, a claironné urbi et orbi son dernier partenariat avec Nissan concernant les piles à combustibles dont les développements seraient disponibles en 2017. Un bon point pour Peugeot cependant : son système ne demande pas de modification de l’infrastructure routière, là où celui de Renault-Nissan nécessite l’introduction massive de stations de recharge d’hydrogène…
Indépendamment de cette course entre les constructeurs et les technologies, on peut cependant noter que les constructeurs ont bien intégré le besoin, pour le consommateur, de consommer toujours moins d’essence ; ici, la motivation écologique sert évidemment de paravent au pouvoir d’achat en berne de sa clientèle.
Mais il y a une autre possibilité pour améliorer encore l’efficacité et la rentabilité d’une voiture, notamment en diminuant son temps à l’arrêt, à ne rien faire. Et pendant que Peugeot, Nissan, Ford ou Daimler nous préparent donc une voiture de plus en plus économe, l’industrie allemande s’occupe de nous fournir une voiture de plus en plus autonome.
On découvre ainsi qu’Audi travaille activement sur l’automobile auto-pilotée, et espère fournir dans les prochaines années des voitures équipées de Pilot Parking et Pilot Driving sur ses modèles « AudiConnect ». Dans la vidéo suivante, vous pourrez ainsi voir que la R&D a pas mal avancé, puisque le logiciel Pilot Parking a été utilisé pour garer un modèle équipé au CES2013 (Consumer Electronic Show, à Las Vegas) dans un parking attenant à un hôtel. Notez aussi que la propriétaire de la voiture peut réclamer que le véhicule la récupère devant l’hôtel en utilisant l’application iOS développée pour.
Pour le moment, le chemin général suivi par la voiture a été préparé par les ingénieurs de la marque, le logiciel embarqué travaillant surtout à contrôler la voiture et à la garer correctement. Audi a clairement indiqué qu’il ne s’agissait que d’un prototype en phase initiale de développement et que ce logiciel embarqué aurait encore besoin de pas mal de travail, mais serait cependant disponible dans les 10 prochaines années. Si le GoogleCar semblait de la science-fiction il y a encore 5 ans, tout indique donc que le moment où l’on pourra en disposer en série s’approche très vite.
À présent, quelques réflexions viennent à l’esprit alors que les voitures se font plus autonomes et plus économes.
Par exemple, la consommation des voitures (à poids et cylindrée constante) n’a pas arrêté de baisser, et le nombre de kilomètres parcourus avec un litre d’essence est en augmentation constante. Ceci pose clairement la question de la pertinence des actions écologistes ou prétendues telles lorsque, par exemple, le maire de Paris entend bouter la voiture hors de la capitale : les voitures polluent de moins en moins, et cette baisse de leur consommation et de leur pollution est un mouvement qui débute bien avant même que l’écologie n’entre au Parlement. Les voitures ont à présent un impact de plus en plus faible sur l’environnement, mais elles ont effectivement le malheur de libérer constamment plus d’individus des contraintes géographiques, indépendamment des solutions collectivistes, contrôlables à souhait. On comprend qu’elles excitent les aigreurs de certains.
Et si l’on se penche sur le gain soudain d’autonomie des voitures, on comprend qu’il sera combattu par la même clique de collectivistes rouges et verts, aidés cette fois par toutes les corporations qui ne pourront imaginer s’adapter devant le changement de donne profond que cette innovation va entraîner. L’autonomie automobile signifie, peu ou prou, la fin des taxis, des ambulances, des routiers. À l’évidence, le convoyage des biens et des personnes par le train n’aura d’intérêt que pour les très grandes vitesses, moins facilement envisageables sur des voitures particulières (encore que la technologie aidant et les temps de réaction d’un ordinateur étant bien plus faibles que ceux d’un humain normal, on peut s’attendre là aussi à des changements notoires). On peut donc déjà redouter une résistance corporatiste « héroïque » de la part des professionnels de la route.
La voiture autonome signifie aussi une baisse drastique de la mortalité sur routes, bien au-delà des chiffres pourtant faibles qu’on a atteint ces dernières années à force de coller des radars partout ; les associations citoyennes dédiées, généralement soudées aux mamelons de subventions étatiques, vont se retrouver en peine de justifier leur existence quand l’objet de leur création aura à peu près disparu.
Derrière ces inventions et ces améliorations majeures se cache effectivement une foultitude d’impératifs pour l’État et ses bénéficiaires directs de saupoudrer la société d’une palanquée de lois, de taxes et de règlements qui ralentiront d’autant la pénétration de ces changements. Au prétexte de sauvegarder l’emploi, la sécurité ou l’environnement, vous pouvez déjà compter des années (par dizaines ?) de délai dans l’adoption de ces technologies, délais qui seront responsables directement et indirectement de plus de pollution, de morts et de blessés inutiles sur les routes.
Et par effet de bord, vous aurez une évaluation convenable de la date à laquelle ces produits seront effectivement disponibles sur le marché français : aussi tard que possible.
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Sur le web
C’est surtout l’autonomie par rapport aux régimes dégénérés du moyen-orient qu’on finance à mort qui doit être la priorité.
Le reste c’est du bonus.
Il y aura toujours la bonne vieille voiture à pédales pour ne rien risquer….et avec un bon plat de pates ça avance bien. Le progrès est une bonne chose mais les Français sont toujours en retard d un train, la faute à la Sncf, aux syndicats, aux hommes politiques, et…aux Français.
La voiture autonome laisse entrevoir tout un tas de développement intéressants. On pourra par exemple considérer le moyen de transport séparément d’une cabine-salon privée pouvant s’adapter sur n’importe quel type de transport autonome, quel que soit le moyen de propulsion (sur route, rail, eau, en l’air…).
Ce serait étrange d’en conclure une unique solution de transport, à l’urbanisme d’essayer de faire s’articuler la route pour la voiture (sur laquelle un piéton n’a guère sa place) et le trottoir pour les piétons (où la voiture, même autonome, ne peut se mêler à une foule piétonne), à partir d’un moment la consommation des moteurs n’a en effet plus d’importance. Si la voiture autonome se démocratise rapidement et si la gestion de la circulation se modernise (on peut se demander si les priorités, les sens uniques, les limitations de vitesse etc. ne pourront pas être pris en compte par les différents systèmes et donc être versatiles) on pourrait tout à fait envisager le recyclage des voies réservées aux transports en commun pour les ouvrir aux transports autonomes : voies de bus/taxi bien entendu, mais aussi métro sous-terrain dans les villes qui en sont pourvues. Mettre le transport à moyenne vitesse sous la ville permettrait de préserver un dynamisme à dimension humaine en surface (même si on ne pourra pas éviter les zones de transfert d’un mode lent à un mode rapide).
La question du modèle économique sera donc encore posée. Qui sera propriétaire de quoi (je pronostique le salon transportable et modulaire privé et la location du mode de propulsion et de pilotage, mais ça ne peut être qu’une hypothèse) ? Quelles seront les possibilités de location et d’achat ? Qui sera en charge de la maintenance ? Garde-t-on le même réseau de ravitaillement ? Y aura-t-il une protection des conditions de la concurrence ? Et si des moyens de contrôle centralisés persistent (mise à disposition d’informations de trafic pour les systèmes de navigation, déportation de certains calculs, garantie de la sécurité et donc le suivi de la maintenance… j’aimerais autant que possible qu’il n’y ait pas de telles centralisations, mais il ne faut pas trop rêver), qui en aura la charge ? Des conflits d’intérêts peuvent aussi voir le jour (un partenariat silencieux entre une station service et une système de navigation par exemple, qui court-circuiterait la concurrence sans le montrer).
En France on peut en effet anticiper une assez longue phase de déni et d’interdiction pure et simple (ce n’est pas chez nous que Audi ou Google feront immatriculer leurs prototypes… et on imagine déjà la population française se fédérer autour de questions fondamentales du type « Quel n° de département attribuer à une voiture autonome ? »), puis une mise en place dirigée par l’état de manière complètement bancale (avec un recours massif à des solutions centralisées vite dépassées, et des contrats d’exclusivité avec des industriels complètement abusifs), et enfin une volonté de mettre à disposition des véhicules publics avec des solutions de location à tarifs dégressifs ou subventionnés et donc financées assez largement par l’impôt.
Pourquoi se casser la tête à faire des monceaux de pronostiques, qui se révèlent la plupart du temps erronés, mais laissez faire le marché. Celui-ci fera ressortir la solution qui paraitra la mieux adaptée si l’offre est suffisamment variée. J’imagine la créativité des entrepreneurs assez élevée pour proposer des solutions que nul n’envisage encore aujourd’hui.
Par contre si cette offre doit réponde à des critères d’une école de pensée, d’une philosophie d’un dirigisme économique qui imposent leur solution alors je doute for du moindre progrès?????
Au fait cela existait déjà dans un James Bond avec une BMW !
Mr Q était déjà en avance, lui. Paix à son âme. De toute façon l’ordi ne remplacera jamais une belle blonde au volant. C’est comme ça. Mais c’est intérressant de se poser la question de la virtualisation de la vie. Jusqu’ou cela peut nous emporter ? Finalement va t’on y gagner du temps et de la qualité de vie ? Bon, je retourne sur ma voiture à pédales. Celle ci me fait baisser mon taux de cholestérol….