L’État-providence peut-il promettre un emploi à vie pour tous sans compromettre les libertés ?
Par Dean Russell (FEE), États-Unis.
Un des clichés favoris de ceux qui ont foi dans l’État-providence est le suivant : dans une démocratie, on peut bénéficier d’un emploi garanti et du libre choix. Ces personnes savent pourtant bien que dans une dictature, les choses ne fonctionnent pas ainsi. Mais des millions d’Américains sincères pensent honnêtement que c’est différent dans une démocratie. En fait, ça n’est pas le cas comme l’illustre, sans aucun doute, l’expérience du Royaume-Uni lorsque les leaders des syndicats de travailleurs contrôlaient le gouvernement de 1945 à 1950.
En temps de paix, dans la plus vieille démocratie du monde, des hommes qui étaient des hommes libres furent invités à aller sous terre pour extraire du charbon alors qu’ils ne le souhaitaient pas. Ils furent condamnés à des amendes et emprisonnés par leurs propres délégués syndicaux, élus démocratiquement, parce qu’ils ont imaginé un jour que leur gouvernement pouvait leur garantir un emploi sans les obliger à prendre des emplois spécifiques. Nous reproduisons ici un extrait qui relate les faits de cette triste expérience qui s’est déroulée sous un gouvernement démocratique :
En Février 1946, Sir Strafford Cripps [Chancelier de l’échiquier du gouvernement Britannique] a dit : « Autant que je sache, aucun pays du monde n’est encore parvenu à mener une économie planifiée sans contrôle du travail. Notre objectif est de déployer une économie planifiée, sans contrôler le travail… » Le 10 mars 1949, le ministère du travail a déclaré qu’entre octobre 1947 et décembre 1948 « 374 directives ont été instaurées pour les hommes travaillant dans les mines afin de les obliger à rester dans cette industrie, ainsi que 132 directives pour les agriculteurs afin qu’ils restent dans l’agriculture… » Pour être honnête avec le gouvernement, on se doit de dire qu’aucun de ses membres n’était en faveur du contrôle du travail. En dépit de leurs bonnes intentions, ils ont fait défaut, non pas parce qu’ils voulaient la tyrannie, loin de là leur intention ; mais parce qu’ils ignoraient ce qu’il se passait dans les autres pays, ils s’étaient enfermés dans la théorie de l’État Planificateur… Aujourd’hui Sir Trafford peut répéter son premier discours : « Autant que je sache, aucun pays du monde n’est encore parvenu à mener une économie planifiée sans contrôle du travail. » [1]
Heureusement, le peuple britannique a pu faire machine arrière et se remettre sur la voie de la liberté avant qu’un désastre total ne l’ensevelisse. Mais les leaders syndicalistes ainsi que les étatistes en faveur d’un État-providence n’abandonnent jamais. Ils reviendront en force avec leur économie planifiée quand la nouvelle génération se laissera bercer par l’idée que l’État est dans l’obligation de fournir un travail pour toute personne qui n’en a pas et qui n’a rien fait pour en avoir.
—-
Un article de la série « Clichés du socialisme » de la Fondation pour l’Éducation Économique (FEE) qui cherche à aider ceux qui dénoncent ces erreurs intellectuelles et mettent l’accent sur les mérites de la liberté.
Traduction : JATW pour Contrepoints.
Lire aussi :
- Cliché du socialisme : La complexité de la société justifie la régulation étatique
- Cliché du socialisme : Taxons les riches pour aider les pauvres
- Cliché du socialisme : La spéculation devrait être déclarée hors la loi
- Cliché du socialisme : Nous devons casser le pouvoir économique
- Cliché du socialisme : Chaque salarié a droit à une « juste rémunération »
- Cliché du socialisme : Un salarié devrait être rémunéré selon sa productivité
- Cliché du socialisme : « Nous le peuple » possédons la propriété publique !
- Cliché du socialisme : L’économie de marché est sourde à la pauvreté
Note :
- R. Hopkin Morris, parlementaire, extrait de son petit livre Dare ou Despair (Oser ou désespérer) publié par International Liberal Exchange, Londres, 1949. ↩
Le plein emploi est un optimum pour l’économie et n’a aucun rapport avec le socialisme ou le syndicalisme.
Mais entre la théorie et la pratique il y a des différences et surtout on sait aussi que la mauvaise volonté est le principal facteur d’échec.