Le capitalisme est-il moral ? Ce que vos professeurs ne vous diront pas

La moralité du capitalisme, ouvrage coordonné par Tom Palmer et traduit en français par Emmanuel Martin, s’adresse à ceux qui ont reçu à l’école une idée négative du capitalisme.

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Le capitalisme est-il moral ? Ce que vos professeurs ne vous diront pas

Publié le 12 février 2013
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La moralité du capitalisme, ouvrage coordonné par Tom Palmer et traduit en français par Emmanuel Martin, s’adresse à ceux qui ont reçu à l’école une idée négative du capitalisme.

Par Damien Theillier.

Le capitalisme a gagné la bataille des faits, mais paradoxalement, il a perdu la bataille des idées.

Dans les faits, il a procuré à l’humanité un accroissement considérable de sa richesse matérielle et réduit la pauvreté. Mais du point de vue des idées, sa légitimité morale est contestée. En effet, beaucoup d’enseignants dénoncent dans le capitalisme l’exploitation des masses, la cupidité des riches, le matérialisme hédoniste, etc.

Un livre récent vient démentir cette légende noire : La moralité du capitalisme, ce que vos professeurs ne vous diront pas. Édité par Tom Palmer, ce recueil de textes est un projet conjoint de l’Atlas Economic Research Foundation et de Students For Liberty. Il vient d’être traduit en français par Emmanuel Martin. Il s’adresse tout particulièrement à ceux qui ont reçu à l’école une idée négative du capitalisme.

Tom Palmer souligne dans son introduction que le capitalisme « est un système de valeurs culturelles, spirituelles et éthiques ». En effet, les essais réunis dans ce livre montrent que le capitalisme peut non seulement améliorer la vie des personnes à travers le monde, mais aussi favoriser le développement d’une société libre et pacifique, fondée sur l’échange volontaire mutuellement bénéfique. Le capitalisme, « c’est l’érosion de systèmes de pouvoir, de domination, et de privilèges ancrés de longue date, et c’est l’ouverture des carrières au talent. C’est le remplacement de la force par la persuasion. C’est le remplacement de l’envie par l’accomplissement », écrit encore Tom Palmer.

Précisons toutefois que le mot capitalisme est fortement piégé, car il peut désigner des réalités très opposées. C’est pourquoi les auteurs de ce livre prennent soin de distinguer entre « capitalisme de marché » libre et « capitalisme de copinage ». Dans ce dernier, des fonctionnaires, des hommes politiques et des lobbyistes manigancent pour récompenser certaines entreprises et punir les autres. C’est ainsi que les entreprises qui ont échoué sont renflouées avec l’argent du contribuable, tandis que d’autres sont subventionnées.

Pour John Mackey :

« On subventionne certaines entreprises et, en définitive, puisque l’État ne dispose pas d’argent en propre, il le prend aux contribuables et le redistribue à ceux qui bénéficient de faveurs politiques. Je vois ce qui se passe aujourd’hui avec General Electric, du point de vue des impôts qu’ils paient, avec toutes les exemptions et déductions spéciales des lois fiscales. Et comme ils sont fortement impliqués dans ces technologies d’énergie alternative, ou au moins certaines d’entre elles, ils sont parvenus à un point où ils n’ont pas à payer d’impôt sur la plupart de leurs revenus, juste parce qu’ils ont des connexions politiques ».

Et il ajoute :

« Je vois en ce moment du capitalisme de copinage dans l’ensemble de ces subventions qui vont aux technologies vertes ».

La plupart des critiques estiment que le capitalisme est basé sur la cupidité, mais John Mackey, fondateur et PDG de Whole Foods Market, montre que l’accusation est fausse. La richesse que son entreprise a créée (une capitalisation boursière actuelle de plus de 10 milliards de dollars), à partir d’une idée simple, ne conduit pas seulement à des profits pour les actionnaires. La richesse créée par les capitalistes se propage à tous d’innombrables façons.

« Les stock-options, que je serais en droit de toucher, sont remis à la Whole PlanetFoundation pour accorder des micro-crédits aux populations pauvres dans le monde ».

Il affirme également que le capitalisme est un meilleur débouché pour l’espèce humaine que le militarisme et les conflits politiques.

« Il suffit de penser aux pertes en vies humaines, aux biens détruits et à la misère causée par les régimes anticapitalistes du XXe siècle ». [1]

Le capitalisme conduit-il à l’américanisation de la planète ? C’est une objection souvent entendue chez ceux qui diabolisent le capitalisme. Paranoïa idéologique, répond Mario Vargas Llosa. Dans son essai, le romancier péruvien (lauréat Nobel de littérature 2010) réfute l’idée que le capitalisme saperait les cultures indigènes.

Il écrit :

« Les allégations contre la mondialisation et en faveur de l’identité culturelle révèlent une conception statique de la culture qui n’a aucun fondement historique. Quelles sont les cultures qui sont restées stables au cours du temps ? »

L’une des accusations les plus fréquentes entendues contre le capitalisme, c’est qu’il serait incompatible avec la « justice sociale ». La Kenyane June Arunga affirme dans son essai, Le capitalisme mondial et la justice, que le libre-échange, loin de nuire aux pauvres d’Afrique, leur a permis d’être beaucoup mieux lotis. Ils jouissent de revenus plus élevés, de meilleurs produits et d’une vie plus facile parce que le capitalisme (là où il est autorisé) leur permet de gagner plus, et d’échanger de meilleures marchandises. Malheureusement, plusieurs États en Afrique maintiennent leurs propres peuples en dehors du marché et favorisent des étrangers ou des groupes d’intérêts spéciaux locaux.

« Nos propres États nous font du mal : ils nous volent, ils nous empêchent de commercer, ils maintiennent les pauvres dans la misère. Les investisseurs locaux ne sont pas autorisés à jouer la concurrence en raison de l’absence de l’État de droit dans les pays à faible revenu ».

Ce n’est pas du « libre échange » quand les entreprises internationales peuvent obtenir des faveurs spéciales de l’État, ou quand les entreprises locales voient leur accès au marché bloqué par leur propre État. Le libre-échange exige l’État de droit pour tous et la liberté pour tous de s’engager dans la plus naturelle des actions : l’échange volontaire.

La grande leçon de cet ouvrage est que les défenseurs du capitalisme ont l’avantage moral. Malheureusement, ils se retrouvent souvent en position défensive face à leurs adversaires, imprégnés de la « mentalité anticapitaliste », pour reprendre le titre d’un livre de Ludwig von Mises. C’est pourquoi la lecture de La moralité du capitalisme est indispensable à tous ceux qui veulent en découdre avec les défenseurs de la planification, du dirigisme économique et de la bureaucratie.

Le livre est disponible gratuitement sur le site de l’Institut Coppet en version numérique avec un extrait de l’introduction.


Sur le web.

Note :

  1. Voir aussi cet entretien avec John Mackey, traduit par l’Institut Coppet.
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  • Sur cette même question, une suggestion de lecture :

    André Comte-Sponville. – Le Capitalisme est-il moral ?, Albin Michel, février 2004.

    http://www.evene.fr/livres/livre/andre-comte-sponville-le-capitalisme-est-il-moral–20089.php

    Extrait du résumé :

    […] penser les rapports entre l’économie, le droit et la morale, sans les confondre et sans masquer les tensions qui résultent – en toute société, en toute entreprise et en tout homme – de leur confrontation. ‘Altermondialiste’ d’aujourd’ hui ou ‘génération morale’ d’hier, ‘éthique d’entreprise’ ou ‘commerce équitable’, que signifient l’irruption de ces notions dans le débat public ?

  • « Le capitalisme a gagné la bataille des faits »

    …je ne suis pas allé plus loin.

    A moins d’appeler capitalisme les réalisations de la mafia communiste chinoise, de l’oligarchie américaine, de l’X-Enarchie Française sauce AFEP, la « mate-o-cracy » anglaise…

    L’intégralité des économies du monde entier sont au moins en partie (pour leurs plus gros acteurs) administrées. Quelques centaines de décideurs au mieux.

    • Ah, j’ai eu le courage de lire cet article.

      Food for thought : moi, si je déboule sur un marché avec un petit pécule, par exemple le transport de passagers en bus d’un coin à l’autre de tel pays africain, si le marché est libre et déréglementé, ma première préoccupation sera d’établir un monopole sur une ligne. Ca me sera d’autant plus facile que je n’aurai aucun fonctionnaire à corrompre pour ça. Juste dépenser un peu d’argent pour intimider d’éventuels concurrents.

      • en quoi les monopoles sont-ils un problème?

        • En fait mon message est de dire que les marchés les plus déréglementés sont les plus faciles à transformer en systèmes d’extorsion, si l’on a l’argent pour en devenir un gros acteur en se plaçant au bon endroit.

          • Du grand n’importe quoi.
            Allez donc visiter des pays en voie de développement pour constater que, dans les faits, votre histoire de monopole de bus, sortie de votre imagination, ne tient pas la route. C’est exactement l’inverse qui se produit.

          • Je le redis : mon message est de dire que les marchés les plus déréglementés sont les plus faciles à transformer en systèmes d’extorsion, si l’on a l’argent pour en devenir un gros acteur en se plaçant au bon endroit. :

            Au Guatemala, il y a une infinité de compagnies de bus, et tout est déréglementé. Mais ce n’est pas un business très rentable car le meilleur endroit pour récolter de l’argent sur ce business n’est pas derrière le volant mais sur la route. Ainsi c’est la mafia qui fait la loi sur les routes (chaque entreprise de bus doit payer des droits de passage aux petits gangs de rue locaux, sinon on tue le conducteur. 25 morts en 2009).

            Voici donc un bon exemple de marché très déréglementé, très facile à transformer en système d’extorsion.

          • En quoi une absence de régulation entraine une absence de justice ?
            Qu’est ce qu’il ne faut pas entendre comme conneries parfois …
            La poule libre dans le poulailler libre est une connerie de Marx de plus : les poules ne sont pas libres, elles appartiennent à un fermier

          • OK, j’essaie d’être pédagogue à nouveau.

            Moins t’as de lois, ou (ce qui revient au même) moins tu as de moyen de faire appliquer les lois, plus il est facile d’acheter ce qui reste d’autorité publique, de l’ignorer, ou de lui faire concurrence (un Gang, c’est juste une police privée qui travaille pour son compte).

            Mais mon message est un peu plus subtil : la prédation trouve toujours à s’exprimer. Dans une vieille socio-démocratie, elle s’exprime par resserrement des oligarchies et l’achat de lois complaisantes par lobbyisme. Dans un pays du tiers monde, elle s’exprime par la corruption directe ou le banditisme.

            La croyance bisounours en un « doux commerce » qui contiendrait en germe une morale profonde et auto-entretenue me fait hurler d’un rire de coyote, et me donne envie d’aller plumer toutes ces poules!

          • Mouais, bof bof bof, avec Mac Goto, on a encore un faible d’esprit incapable d’appréhender le monde réel mais qui éprouve un irrépressible besoin d’épancher le fruit douteux de ses pénibles cogitations.

            Ce n’est pas l’absence de lois qui fait le bonheur des gangs mais l’excès de lois illibérales. On note qu’aucun gang ne résiste longtemps à une population armée prête à défendre ses institutions si elles sont justes et légitimes. Des institutions injustes provoquent au contraire indifférence de la population, renoncement productif et isolement des individus, très exactement la pente glissante sur laquelle se trouve la France. C’est sur le terreau des pouvoirs corrompus que les gangs prospèrent. Tout ceci n’a rien à voir avec le libéralisme ou le capitalisme.

            A propos de la Chine, si je suis le premier à dénoncer l’immonde pouvoir socialiste, il n’en reste pas moins que la dose de liberté capitaliste qui a été instillée dans la société chinoise a permis des résultats positifs indubitables au bénéfice de la population de ce pays.

            Quant à la fin évoquant le coyote libre dans la poulailler, vomissure habituelle de la pensée ultime des socialauds patentés, il faudra trouver autre chose pour arriver à nous en toucher une.

          • Tiens, vous me dites  » incapable d’appréhender le monde réel  »

            Non : vous avez des gangs, que vous ayez des lois ou non.

            Vous avez le choix, dans la vie réelle, entre deux maux :
            – Des lois, appliquées, contraignantes. Vous avez alors à lutter contre des lobbyistes et des oligarchies.
            – Pas de lois, appliquées sélectivement : régime d’extorsion mafieux (type Chine ou R.D. Congo) défendu par la force armée.

            Citez moi un seul pays qui aujourd’hui ne soit pas soumis, d’une manière ou d’une autre, à une oligarchie ou à des gangs ?

            « Appréhender le monde réel », c’est aussi prendre acte que le monde est sillonné de prédateurs, dirigés par le principe « tout pour ma gueule », et qu’un prédateur s’adapte à ses proies et son environnement.

          • Oh oui c’est bien connu qu’au Canada et en Nouvelle Zélande, le pauvre citoyen est mangé tout cru par de vilains prédateurs !
            Des gangs et de la corruption partout, la famine et l’exploitation !

    • @ Goto Market « Le capitalisme a gagné la bataille des faits »

      …je ne suis pas allé plus loin.

      Vous auriez du, tout est expliqué ensuite…

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