Le ministre de l’Intérieur, d’ordinaire mieux inspiré, dénonce un fascisme islamiste, au risque de le renforcer.
Par Marc Crapez.
Manuel Valls y est allé de son couplet sur la montée du fascisme vert. C’est une erreur historique doublée d’une faute politique. Cette formule toute faite dérive du slogan mondain « le fascisme ne passera pas » et du « no pasaran ! » des manifs d’extrême-gauche.
Primo, cela n’aide pas à qualifier ou à cerner l’islamisme, qui n’est pas plus proche du fascisme que du communisme, non plus que d’un phénomène inédit. Secundo, cela repose sur une lecture historique fausse du 20ème siècle. Le totalitarisme n’y a pas prospéré à cause du « silence des intellectuels » mais bien plutôt, à tout prendre, à cause des inepties des intellectuels, qui ont excité les extrêmes en envenimant les problèmes. Le « silence des intellectuels » est un mythe. En réalité, les intellectuels se caractérisent par leurs propos intempestifs. Enivrés d’idéologie, ils se trompent les ¾ du temps.
Les intellectuels ont été passés au banc d’essai. Quand ils disent qu’un danger est imminent, il n’y a rien à craindre. Ils aiment se faire des « imaginations d’inquiétudes », soulignait Péguy. Orwell observait que, parmi les intellectuels qui s’affichent antifascistes, « une bonne proportion sombre dans le défaitisme lorsque la situation devient difficile ». On peut donc dire que le discours actuel dénonçant un risque de fascisme a la berlue.
À qui s’adresse-t-on ?
En ce qui concerne la menace islamiste, ce qui est susceptible de l’alimenter est déconseillé. La dernière chose à faire est donc que des mirages français survolent l’espace aérien algérien. La dernière chose à dire pour un ministre de l’Intérieur français est de dénoncer le fascisme vert. Cela conforte un des principaux ressorts de l’islamisme, l’idée qu’il serait une solution à l’humiliation. Accuser la Tunisie de fascisme vert, quand on est un ministre français, c’est aviver le reproche d’ingérence et d’arrogance.
À qui s’adresse-t-on ? Pas aux élites occidentalisées, ni aux barbus fanatisés, mais au Peuple. À ceux dont l’opinion n’est pas nécessairement arrêtée. S’il n’y a pas beaucoup de militants islamistes modérés, il y en a tout de même (comme en Tunisie certains membres d’Ennahda) et il y a des sympathisants islamistes modérés, une opinion publique arabo-musulmane susceptible de faire pencher le plateau de la balance du côté de la démocratie ou, au contraire, de l’islamisme.
Le choc des civilisations a déjà commencé. Le djihadisme a déclaré la guerre à l’Occident. Il ne vaut que par l’écho qu’il rencontre et les bévues occidentales dont il se nourrit. Il nous faut tenir ferme sur nos valeurs laïques et notre liberté d’expression. Mais il ne faut pas exiger du monde musulman modernisation et occidentalisation à marche forcée. Le réformisme s’opère par persuasion progressive.
Les révolutions arabes offrent une perspective nouvelle. L’Occident n’a aucune prise sur ce qui se déroule au-delà de la méditerranée. Le but n’est pas que ces pays répudient séance tenante les contraintes de l’islamisme pour adopter 100% de nos lois et de nos mœurs, sans quoi on les bombarde ou on les traite de fascistes. Le but est qu’ils trouvent à leur façon, cahin-caha, au fil des ans, le chemin du compromis démocratique.
Les probabilités sont fortes que les islamistes au pouvoir en Tunisie ou en Égypte ne finissent par user la résistance du corps social (des manifestants) pour faire triompher l’islam politique. Mais rien n’est joué. L’usure du pouvoir, le carcan des contraintes étatiques et les sortilèges de la démocratie peuvent continuer de déjouer les pronostics d’hiver islamiste martelés depuis déjà deux ans.
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Les islamistes sont sans doute dangereux pour l’occident…dès lors qu’il n’y a pas d’opposition philosophique. Aujourd’hui la seule réponse qui est donné c’est démocratie…démocratie ? celle que nos élus privilégiés piétinent allègrement…vraiment ? alors parler de fascisme quand chez soi on ignore le peuple c’est digne de la parabole de la paille et de la poutre…le socialo-communisme donneur de leçons a toujours accusés ses opposants de fascistes pour mieux caché son propre fascisme!
Pertinent : dans les années 30 Raymond Aron préconisait de ne pas surenchérir dans le déficit d’incarnation de la démocratie.
Bourguiba avait interdit le voile pour les femmes, vu de notre oeil c’était super pour les femmes.
Mais pour celles qui vivaient là bas c’était une obligation, or toute obligation un jour explose, et on veut faire le contraire de ce qui était obligatoire avant.
Si les islamistes passent, au bout de quelques temps le résultat sera le même, mais le peuple aura décidé du changement lui-même s’il le peut……., voir s’il est possible d’en sortir ?????
Pertinent : en comprimant des mœurs sous la loi on provoque un effet de contrepied.
« Rien n’est joué », dites vous? Comme en Iran? En Afghanistan? Et partout où on laisse ces islamistes » modérés » régler le sort des femmes en particulier et de la liberté en général. Comment peut-on parler aussi légèrement de ces fous furieux en disant que « peut-être » qu’ils ne sont pas si fascistes que ça après tout. Hitler non plus n’était pas si méchant que ça en 33!
Il faut lire Mein Kampf avant de dire des bêtises, on est ridicule sinon.
C’est exactement ce que je voulais dire: Tout était dans Mein Kampf et on n’a pas voulu le voir et tout est dans le coran et les sourates et on ne veut pas plus le voir!
eiram : « tout est dans le coran et les sourates et on ne veut pas plus le voir! »
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Comme avec Mein Kampf, j’ai bien peur que la seule manière d’ouvrir les yeux des gens, c’est de l’expérimenter en vrai.
Comme avec le communisme ou le fascisme, que l’Islam politique prenne le pouvoir, comme en Turquie, est un bon moyen pour en vacciner les gens (ou dans le cas de la Turquie, de neutraliser l’islamisme radical).
Vouloir empêcher que ça se produise, surtout de l’extérieur, à la manière des occidentaux, a toujours fait pire que si on ne faisait rien.
Mein kampf a été lu ; l’édition française était précédé d’une préface de Foch, en forme d’avertissement. Et l’avertissement a été pris au sérieux : la France s’est préparé à la guerre, et le procès de Riom, qui était censé démontrer que rien n’avait été fait, a tourné à la déroute judiciaire, parce que les accusés ont réussi à prouver qu’au contraire ils avaient pris des décisions.
Les islamistes ne sont pas des enfants de chÅ“ur, mais ils sont moins fascistes que les écolos ou les socialistes de gauche et de droite : interdire ou imposer la burqa, c’est fondamentalement la même démarche, mais au moins les islamiste n’ont pas encore l’idée d’interdire les feux de cheminée chez soi…
comme le dit eiram, on a guère vu les choses bougées en iran depuis 1976, mais patience, patience, peut-etre que dans quelques generations… les  » revolutions  » arabes ( moi je vois plutot des contre-revolutions ) sont certe de l’autre coté de la meditherranée, mais elle n’est pas bien large, et il sont deja 6 millions en france a travailler de la quequette pour  » gagner la guerre  » .
la grande erreur des americains a été de financé le djihad en afganistan, alors que l’URSS allait de toute facon s’effondrer sur elle mème tot ou tard. si le communisme était une grossière erreur, il servait pourtant a quelque chose: il obligeait les sociétés arabe alliée au bloc de l’est a mettre de l’eau dans leur vin religieux.
a choisir entre deux connerie, je preferes largement le communisme a l’islamisme !! de mème que je choisirai sans esiter le catholisme a l’islamisme.
 » entre deux dictature, le peuple russe a choisi celle qui parlait sa langue  » soljenytsine, a propos de la guerre germano-russe de 1941
La bourqua de l’extremisme identitaire européen est bien pire pour les libertés que le peu de risque de voir un islam dangereux.
Ne soyons pas aveugle, le pire de cette politique de la peur, c’est de montrer que quelque chose bouge, mais soyons clair c’est des incompétants qui nous racontent des histoires, les vrais politiciens savent faire dans l’utile.