Pas de repos pour les fiers soldats du progrès ! La Grande Prêtresse Taubira, 70 kg d’héroïne pure selon tous les socialistes de l’hémicycle, à peine remise des efforts inouïs pour faire passer sa loi sur le mariage homosexuel, se lance maintenant dans un nouveau chantier : faire de la prison en France un endroit moins austère, plus câlin. Et pour cela, la stupéfiante Garde des Sots vient d’ouvrir la Conférence de Consensus sur la Prévention de la Récidive…
Si la situation française n’était pas aussi mauvaise, on pourrait d’ailleurs pouffer sur le nom donné à cette nouvelle pantalonnade sociétale d’une gauche décidée à transformer la société à coups d’innovations hardies dans le fondement républicain : il faut avouer que lancer une « conférence de consensus », c’est un peu comme faire un débat de gens tous d’accords, c’est un concept particulièrement peu abrasif. Mais après tout, il faut bien ça dans une société qui se veut plus douce à porter, plus facile à laver, plus simple à essorer. Et pour essorer, les socialistes savent y faire. Comme Christiane n’aime pas les empoignades qui ne cadrent pas avec la France apaisée de son patron, on jouera sur du velours pardon du consensus.
Le débat pardon consensus est donc lancé, ce qui occasionne inévitablement une déferlante d’articles journalistiques tous plus humides les uns que les autres sur la question des prisons. Bien sûr, les habituels phares du socialisme à l’eau de rose ont été allumés et indiquent la direction à prendre : les rédactions du NouvelObs et de Libération frémissent déjà des dizaines d’articles et de billets d’opinion, de pensées philosophiques profondes et de commentaires longuement soupesés par des internautes affûtés comme du beurre chaud. Il n’aura pas fallu longtemps pour les sortir des archives ou des claviers enfiévrés des journalistes engagés.
On découvre ainsi, une larmichette micro-dosée coincée au creux de l’œil gauche, que certains pensionnaires de prison ont peur d’en sortir ; et à lire les descriptions rapportées par le journaliste, on les comprend. Medhi, 11 années de prison (ce n’est donc pas tout à fait un petit voleur), déclare ainsi :
on a perdu la notion de ce qu’est la vie en société. On ne sait plus lire un plan. On doit réapprendre la conduite. Pour choisir un portable, on est perdu tellement il y a de choix. Certains font un schéma de leur cellule pour la reproduire dans leur logement.
Terrible condition du prisonnier qu’on libère et qui est tout perdu sans ses quatre murs, avec ce délicat parfum de Shawshank Redemption que le pisse-copie n’hésite pas à nous glisser en fumet d’arrière-plan. Sauf que les prisons française ne sont pas tout à fait comme les prisons américaines du milieu du 20ème siècle, et que Medhi et ses 11 ans de taule aura bien du mal à passer pour un Tim Robbins ou un Morgan Freeman. Et puis surtout, ces fameuses prisons, il semble bien qu’elles ne servent pas des masses à en croire Nicole Maestracci qui répond ainsi aux questions attendrissantes de Libération :
« Aucune des études scientifiques disponibles n’établit de lien entre la sévérité de la peine et le risque de rechute. C’est plutôt le contenu de la sanction qui a un impact, c’est-à-dire la manière dont la personne est encadrée et accompagnée pour exécuter sa peine. »
Et il est vrai que si l’on est condamné à des peines (sévères ou non) mais qu’on ne les effectue finalement pas, comme dans plus de 80.000 cas en France tous les ans, on a effectivement plus de chance de récidiver : un voleur, un violeur, un tueur libre vole, viole et tue plus qu’un voleur, un violeur ou un tueur enfermé, indépendamment de toute autre considération humanistico-philosophique ; certes, dans le gros nombre précédent, une grosse moitié concerne des infractions routières, mais ça en laisse tout de même un paquet qui ne sont pas toutes anodines, loin s’en faut. D’autre part, si les études semblent en effet trouver une vague corrélation entre récidive et peines courtes, l’analyse un peu poussée tendrait à prouver qu’il vaudrait alors mieux … augmenter les longueurs des peines. Là encore, ce n’est ni bisou-compatible, ni ce que préconisent les participants de la Conférence du Consensus Triomphant.
En effet, au-delà d’un système de « probation » dont on renifle déjà qu’il sera fort éloigné des modèles canadiens ou scandinaves de référence tant le système judiciaire français se délite à vue d’œil, les propositions se cantonnent surtout à égrainer des idées déjà entendues et toutes basées sur l’antienne répétée de façon automatique du « Faut Plus De Moyens » : plus de moyens pour insérer les braves délinquants, plus de moyens pour trouver un emploi aux ex-détenus, plus de moyens pour suivre, encadrer, accompagner, aider et soigner ceux qui sont passés par la case prison.
Du côté de la rédaction du Monde, c’est une véritable volée de papiers qui nous sont proposés en rafale serrée. Outre un article qui est une variante sur celui de Libération (avec le même Medhi), on nous offre trois autres productions artisanales goûtues sur le thème « Supprimons la prison » : en substance, la prison n’est vraiment pas adaptée de nos jours, c’est franchement passéiste comme institution, et comme la récidive ne veut pas disparaître malgré les vagues de compréhension et toute la calinothérapie déployée, qu’il y a de toute façon bien trop de détenus (qu’ils fassent ou non leur peine, d’ailleurs), eh bien trouvons un moyen simple pour ne pas mettre les gens en prison !
Eh oui : il faut bien préparer les esprits au fait que non, décidément non, toute réflexion de fond sur la délinquance, sur la pertinence de certaines lois, sur le système judiciaire en général et sur l’application des peines en particuliers, tout ceci sera évacué au profit d’un débat dont les tenants et les aboutissants sont pour ainsi dire déjà déterminés (dans un grand Consensus, on vous le dit). Et cette préparation ne date pas d’hier. Taubira ne fait ici que continuer l’œuvre déjà entamée et vivement poursuite par d’autres avant elle.
Il suffit de se reporter à ce billet de 2010 pour voir que, par exemple, l’idée d’adapter le nombre de cellules au nombre de prisonniers a toujours été soigneusement repoussée. Et c’est logique : dans la belle pensée humaniste socialiste, ouvrir des prisons, c’est un peu fermer des écoles. Mieux vaut dès lors entasser les délinquants, ou ne pas les tenir à l’écart de la société en croisant les doigts pour que leurs récidives ne se voient pas.
Il suffit de relire ce billet de 2011 pour se rendre compte que la situation policière n’a finalement pas bougé d’un cachou : comme les prisons sont bondées, que les courtes peines ne sont pas appliquées pour de bon, on prendra tout le temps et même bien plus qu’il faut pour agir.
Il suffit de lire ou relire France Orange Mécanique pour comprendre que la tendance générale de minimisation des faits, des punitions, et du passage par pertes et profits des victimes et de leurs revendications reste obstinément la même depuis plusieurs décennies, avec le résultat général que certains, « au contact », constatent tous les jours.
Pourtant, tout se tient.
Ainsi, plusieurs études montrent que ce n’est pas la sévérité des peines qui joue ou non sur le comportement des individus (et tend à réduire la récidive) mais bien l’aspect systématique : lorsqu’augmente la probabilité de se faire prendre, et celle d’être puni, l’espérance de gain du forfait diminue et ça, tout individu le perçoit fort bien. L’enfant apprend très vite que le feu brûle (à chaque fois, eh oui), que la gravité n’est pas qu’une plaisanterie (c’est une loi) et qu’avoir une attitude ou des propos inappropriés peut entraîner quelques réajustements rapides de comportements (ou en tout cas, c’est ainsi que cela devrait être). Le fait de ne pas faire faire leur peine de prison à une part croissante de personnes mine donc gravement l’aspect systématique de la loi.
Ainsi, multiplier le nombre de lois et d’interdits pour satisfaire toutes les micro-revendications d’individus ou d’associations citoyennes provoque à la fois une multiplication des délinquants, un engorgement des tribunaux, et par voie de conséquence, des prisons. Pourtant, tout montre que lutter contre les crimes sans victimes est pire que contre-productif, ou que pourchasser toujours plus les automobilistes en transforme mécaniquement des milliers en délinquants alors que la sécurité passive des véhicules est toujours meilleure ; à ce sujet, l’introduction du permis à point aurait probablement fait plus pour accroître la quantité de peines de prison distribuées que toute autre mesure récente.
Bilan : plus les prisons s’engorgent, moins ceux qui devraient vraiment y être s’y retrouvent bouclés, et plus leurs exactions pèsent sur la société. Pétrifiée par auto-censure, engluée dans la moraline et encroûtée dans le collectivisme, elle ne trouve alors refuge que dans le déni, la minimisation systématique ou, pire que tout, les débats oiseux et superficiels sur la quantité de psychologues et de médecins qu’il faut pour encadrer les détenus…
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Sur le web
h16: « c’est un concept particulièrement peu abrasif. Mais après tout, il faut bien ça dans une société qui se veut plus douce à porter, plus facile à laver, plus simple à essorer. Et pour essorer, les socialistes savent y faire. »
Un génie de la formule 🙂
« qu’avoir une attitude ou des propos inappropriés peut entraîner quelques réajustements rapides de comportements (ou en tout cas, c’est ainsi que cela devrait être). »
Ceci n’est pas très libéral 🙂
La façon de réajuster est à l’appréciation des parents ou tuteurs. Mais le réajustement reste indispensable.
Il convient surtout davoir le nombre de place de prisons adéquates, d’aggraver les peines pour les infractions violantes et les récidivistes(sans excces non plus) et de faire en sorte que les détenus contribuent par leur travail( si possible d’interet public comme en Russie ou en Chine) ou leurs biens aux couts de leur détentions( cela les responsabilisent sur les consequences de leur co…).Enfin il faut lutter sérieusement contre toutes formes de brutalités en prisons tans vis a vis des surveillants qu’entre détenus( rien n’est vraiment fait en ce moment).Et que l’hygienne soit assurée c’est à dire que les prisons ne doivent pas etre le lieu ou l’on se « refile » toutes sortes de maladies comme la tuberculose,la gale, SIDA ,ECT…Ou que l’on ne soit pas nourri suffisament ou l’on meurt faute de soins(comme dans certains pays de l’est).
The sad truth…
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/document/0202577006715-goodyear-la-lettre-de-titan-a-montebourg-540115.php
Attention, h16 : « antienne répétée » est un pléonasme 🙂
Bon article.
Plus on pénalise de choses (conducteurs, fumeurs, pollueurs etc…), plus les prisons et les tribunaux sont engorgés, et on passe donc moins de temps à s’occuper des vrais délits et crimes qui méritent une réponse ferme.
Parfaitement d’accord avec l’article.
J’ajouterai qu’il faudrait en finir avec la réduction (quasi systématique) des peines. A quoi bon condamner à 10 ans si on sait pertinemment que ce sera 5 dans les faits ? Cela brouille encore davantage le message.
Les condamnations qui tombent aussi beaucoup trop tard ne font qu’augmenter le sentiment d’impunité qui donne des ailes aux délinquants ou criminels et qui exaspère les victimes et l’opinion publique.
Supprimer toutes les amendes de la route tant qu’on y est.
C’est dans la même logique. Pas de suppression des prisons sans la suppression des amendes.
j’ai des voisins qui ont elevé ( dans les années 70 ) leur fils , dans les preceptes de mai 68: il est interdit d’inderdire ! il n’avait aucun frein, se croyait tous permis. les gens disaient qu’il n’etait pas » tenu « ( ils n’osaient pas dire qu’il etait mal elevé )
quand il a eu sa première mobylette, il a grillé un stop et un automobiliste qui roulait trop vite la tué.
il est interdit d’interdir aux jeunes de griller les stop , et il est interdit d’interdire aux gens de rouler trop vite. resultat: deux famille brisée !
il n’y a aucun remède efficace contre les récidives, et surtout pas les propos provocateur de l’ex roi détrôné Nicolas 1er avec des lois qu’on refait mais qui ne change rien au droit positif
le meilleur moyen semble être rendre systématique la poursuite pénale pour ne pas faire croire aux délinquants qu’ils peuvent espérer gagner et passer au travers des mailles du filet
Beccaria ne disait pas autre chose dans son livre « des délits et des peines », fondateur de la justice moderne, il y a déjà plus de 250 ans … on a oublié bcp de choses en France … peut-être parce que ce monsieur était un libéral ?
Ahah, la prison… la plus fameuse école du crime ! Pourquoi s’étonner de la récidive alors que la « réinsertion » est une chimère face à un joli regroupement de criminels tous prêts à s’échanger leurs bons plans et leurs contacts ! Alors oui, à la sortie, quand on est pas meilleur qu’avant, la solution la plus simple c’est de mettre en pratique ce qu’on a appris en zonzon…
J’avoue que je suis déçu par ce texte, très peu libertarien, et qui reprend la vulgate des syndicats de policiers, et de leurs lobbyistes, tjrs à la recherche de prime et d’embauche (car c’est ça l’arrière pensée). Pour très bien connaitre le terrain de la sortie de prison (engagement bénévole), + les études stats, et bien oui concrètement le risque de recidive est plutôt moindre en libération conditionnelle qu’en sortie sèche de fin de peine. Par ailleurs, mettre en prison pendant deux mois peut s’avérer très contre productif : je pense aux toxico dépendants qui font des aller retours constants prison-vols d’autoradios. Enfin, sur l’état des prisons je doute que F Hayek aurait apprécié le fait que trois hommes partagent une cellule de 9 mètre carrés 22 h/24 (cas type d’une maison d’arrêt).
Je ne défends pas a priori le gvt sur ce chantier mais il y a des choses à faire et l’inflation pénale/nombre de policier est un dogme que l’on peut remettre en cause.
La prison n’empêche pas la récidive. Evidemment puisque les violeurs, violents, assassubs ne purgent pas leur peine « pour bonne conduite » Forcément en prison … Peines fort peu sévères, il est vrai, tant on considère qu’un violeur ou un pédophile ne recommencera pas si on l’aide (???) E Que pensent les parents des enfants tués, violés, par des récidivistes ? Merci Madame Taubira ?
Si les honnêtes gens étaient tous en prison et les voyous tous dehors ils seraient bien attrapés ! Et Mme Taubira n’aurait plus à se casser la
(suite manquante )
… Et Mme Taubira n’aurait plus à se casser la tête pour savoir comment les relâcher !