Le travail en prison ou le combat des juges du fond

Les détenus, des employés comme les autres ? Pour la première fois, la justice applique le Code du travail à une détenue de la Maison d’arrêt de Versailles.

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Le travail en prison ou le combat des juges du fond

Publié le 20 février 2013
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Les détenus, des employés comme les autres ? Pour la première fois, la justice applique le Code du travail à une détenue de la Maison d’arrêt de Versailles.

Par Roseline Letteron.

Depuis quelques jours, la presse et les mouvements associatifs qui se consacrent à l’amélioration du sort des personnes détenues se réjouissent d’une décision rendue par le Conseil de prud’hommes de Paris, le 8 février 2013. Pour la première fois, en effet, la justice applique le Code du travail à une détenue de la Maison d’arrêt de Versailles.

Mme M. a travaillé, pendant sa détention, comme téléopératrice pour une société privée. Profitant de ses fonctions pour passer quelques appels personnels, elle a été « déclassée », ce qui signifie que ce travail lui a tout simplement été retiré. D’une façon générale, la prison ne connaît ni embauche, ni licenciement. Un détenu peut être « classé » parmi ceux qui ont la possibilité de travailler et donc, en quelque sorte, mis à disposition d’une entreprise qui a un contrat de concession avec l’administration pénitentiaire. Pour des raisons disciplinaires ou liées aux nécessités du service, il peut aussi être « déclassé », soit à la demande de son employeur, soit à celle de l’administration pénitentiaire. Dans ce cas, il n’a plus le droit de travailler.

Les détenus soumis au droit commun

C’est précisément le caractère très particulier de ce droit que conteste la requérante. Elle obtient satisfaction, et la société qui l’employait se voit condamnée à lui payer un rappel de salaire, ainsi que différentes indemnités pour rupture abusive du contrat de travail et inobservation de la procédure de licenciement. À cela s’ajoute, et le juge ne plaisante pas, une indemnité de cinquante-deux euros et dix centimes à titre de congés payés. La requérante devrait toucher environ trois mille euros en tout, créance d’ailleurs quelque peu aléatoire car l’entreprise est aujourd’hui en liquidation judiciaire. Cette solution repose sur l’idée que le code du travail est applicable aux détenus, et que ces derniers sont donc des employés comme les autres.

La solution est sans doute satisfaisante sur le plan moral, car nul n’ignore que certaines entreprises exploitent sans beaucoup de scrupules le travail des détenus. Mais nul n’ignore non plus que les Conseils de prud’hommes ont parfois tendance à juger en fait davantage qu’en droit.

Des règles exorbitantes du droit commun

Le rattachement du travail des détenus au droit commun du code du travail se heurte en effet à des dispositions législatives. L’article 717-3 du code de procédure pénale mentionne que « les relations de travail des personnes incarcérées ne font pas l’objet d’un contrat de travail« . Et si l’article D 102 de ce même code précise que « l’organisation, les méthodes et les rémunérations du travail doivent se rapprocher autant que possible de celles des activités professionnelles extérieures« , cette formulation montre très clairement qu’elles ne sont tout de même pas identiques.

Si l’on examine l’ensemble des relations de travail concernant les personnes incarcérées, on doit constater leur caractère dérogatoire par rapport au droit commun. C’est ainsi que le SMIC n’est qu’une valeur de référence pour contrôler les rémunérations versées par les entreprises. Dans la pratique, ces dernières recourent largement à une rémunération à la pièce, largement moins avantageuse pour l’intéressé. Selon l’OIP, le salaire moyen d’un détenu qui travaille (soit à peine le quart de la population carcérale) est d’environ trois cents euros par mois, sensiblement 30% du SMIC. De même, le travailleur ne peut disposer librement du fruit de son travail. Sur l’ensemble de sa rémunération, un tiers est disponible pour les parties civiles titulaires d’une créance, un tiers est gelé pour former le pécule de libération, et seul le dernier tiers est laissé à la disposition du détenu. Enfin, ce dernier ne bénéficie pas des règles gouvernant le licenciement ou les congés payés.

Vers une réforme législative ?

Le système peut sembler choquant, mais, pour le moment, il trouve son fondement juridique dans la loi. Celle ci le justifie en invoquant le fait que le travail demandé au détenu n’a pas une finalité de production identique à celle qui existe dans l’entreprise. Pour le législateur, le travail est un élément indissociable de la peine, et a pour finalité de favoriser la réinsertion et la réadaptation sociale.

À dire vrai, ce discours relève largement du « Wishful Thinking » et le travail en prison remplit surtout des fonctions plus prosaïques. Pour l’entreprise, la prison procure une main d’œuvre bon marché, même si elle est peu qualifiée. Si l’entreprise doit recruter aux conditions du droit commun, elle risque tout simplement de renoncer à embaucher un détenu moins bien formé et moins productif qu’un autre employé. Pour l’administration pénitentiaire, le travail est un moyen d’assurer l’ordre intérieur en occupant les détenus, et en leur procurant quelques revenus. Pour modifier cette situation, il faudra donc davantage qu’une jurisprudence de combat d’un Conseil de prud’hommes, car c’est la loi qui doit être modifiée. Nous verrons bientôt si l’interpellation des juges du fond a été entendue, et si le droit du travail applicable aux personnes incarcérées fera l’objet d’une réforme.


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  • En fait, le travail des prisonnier est souhaitable, mais doit être évidemment soumis à la discipline carcérale, cela va de soi.

    Le prisonnier doit être rémunéré comme tout travailleur, pour éviter la concurrence déloyale.

    Par contre, son salaire net doit avoir différentes affectations :
    – paiement de son hébergement (aucune raison qu’il se mette de l’argent en poche, pendant que le contribuable paie sa jolie cellule et son poulet-compte)
    – aide à sa famille (même raisonnement, ce n’est pas au citoyen de prendre les familles de taulards en charge, s’il a les moyens de le faire.
    – indemnisation des victimes : l’argent restant doit aller aux victimes, bien entendu.
    Et s’il en reste, (?) cet argent doit être consigné pour constituer une cagnotte de réinsertion.

    Tout cela est de simple bon sens, une notion dont on ne voit plus que les talons …

  • oui mais dans ce cas ils paient leur pensiosn gite et couverts pour les gardiens c’est selon logique non!!

  • Ca devient impossible. Vous tuez quelqu’un, vous allez en prison : plus de charges de logement, de vêtement, de nourriture, de soins, d’études. Et en plus, vous travaillez, vous touchez un salaire, des vacances, des primes ????? Non mais oû va-t-on ?
    Si le code du travail est appliqué en prison, alors il faut que l' »ouvrier prisonnier » paie sa cellule, son linge, sa nourriture et ses loisirs.
    Bientôt la prison deviendra une sinécure !!!! Le monde devient fou !
    On s’interroge sur la délinquance des mineurs et on est en train de faire disparaître la seule punition qui existait pour les adultes.

  • Il convient surtout de faire de la prison un lieu de repentir de discipline et d’éducation( programme Front National parti peu suspect de laxisme en 1995) pour remettre les détenus dans le droit chemin( comme à Singapour;en Chine ou au Japon).Il convient donc de les faire travailler au profit de la société et de ce fait de les faire contribuer foncièrement par leur travail ou leur biens aux frais d’incarcération et de justice.De cette manière espérons qu’ils prennent conscience que leur c…à des conséquences et un cout sur la société.Enfin il convint de faire en sorte que les détenus purgent leur peine dans des conditions qui sont celle d’une nation civilisée.Enfin il conviendrait de faire en sorte dans la mesure du possible que les étrangers purgent leur peine dans leur pays d’origine.

  • Ce qu’il faudrait surtout c’est supprimer le code du travail pour le travail hors de la prison.

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