Les effets des aides sur la production des biocarburants

Il n’y a pas de raison de continuer à soutenir une industrie qui n’en a plus besoin et qui n’engendre pas les conséquences environnementales attendues.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
biocarburants

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les effets des aides sur la production des biocarburants

Publié le 21 février 2013
- A +

Il n’y a pas de raison de continuer à soutenir une industrie qui n’en a plus besoin et qui n’engendre pas les conséquences environnementales attendues.

Par Marian Eabrasu.
Un article de l’Institut économique Molinari.

Les deux billets précédents ont présenté les conséquences de l’augmentation de la production de biocarburants et ont montré que cette tendance (et implicitement ses conséquences) est essentiellement due aux aides que cette filière a reçu au cours des trois dernières décennies. Dans ce billet, je propose d’insister sur leurs effets.

Il convient d’emblée de noter que le fait même de mettre en place ces politiques d’incitations indique que la production de biocarburant n’était pas rentable et que, très probablement, elle n’aurait pas été aussi importante en l’absence de ces aides. Pour mieux comprendre leurs effets, il faut ensuite analyser distinctement les différents types d’incitations à la filière en question.

D’une part, le soutien à cette filière se traduit souvent par des avantages fiscaux. Par exemple, jusqu’à l’année dernière, le gouvernement des États-Unis offrait aux compagnies pétrolières 0,45$ de réduction d’impôt pour chaque galon d’éthanol mélangé à l’essence. Sans doute une telle mesure stimule-t-elle la production d’éthanol, mais elle ne se fait pas au détriment du contribuable car il s’agit d’une réduction d’impôt et non pas d’un nouvel impôt.

Certes, dans la mesure où les produits concurrents, les carburants fossiles, sont lourdement taxés, les biocarburants obtiennent implicitement un avantage comparatif proportionnel. Ainsi, la promotion des biocarburants se fait à travers la dissuasion de la production de carburants fossiles. De ce point de vue, il est important de noter que même lorsque la réduction d’impôt à été annulée l’année dernière aux États-Unis, l’industrie américaine d’éthanol a tout de même conservé son avantage comparatif dans la mesure où les producteurs d’essence doivent payer des droits d’accise de 0,18$ (pour le galon d’essence) et 0,24$ (pour le galon de diesel).

D’autre part, même si plus récemment les États-Unis et l’Union européenne ont annulé la plupart des subventions directes, ils continuent à garantir le marché des biocarburants. Ainsi, aux États-Unis, le Renewable Fuel Standards Act continue d’exiger 7,5 milliard de galons de biocarburant en 2012 et envisage d’accroitre ce volume à plus de 20 milliard d’ici 2022.

Dans l’Union européenne, la directive 2003/17/CE établissait un maximum d’incorporation dans les carburants fossiles de 5% en volume pour le biodiesel et le bioéthanol et de 7% pour le biodiesel et 10% pour l’éthanol à partir de 2011. Sur ce plan, le gouvernement français est allé de l’avant et dès 2009 a souhaité augmenter la proportion de 5% d’éthanol déjà contenue dans le SP95 et le SP98 en introduisant le carburant E10, qui contient 10% d’éthanol et qui avait donc été présenté comme un carburant plus écologique que les précédents.

Compte tenu de l’obligation d’incorporer de l’éthanol à l’essence, on comprend mieux comment le coût de ce carburant a été répercuté dans le prix final payé par les consommateurs qui, en l’achetant, payent plus cher pour faire moins de kilomètres, puisque le pouvoir calorifique de l’éthanol est inférieur à celui de l’essence. Le rapport publié en 2012 par la Cour des comptes estimait le coût des biocarburants pour les consommateurs français (en plus donc des prix payés sous la forme de taxes) à environ 3 milliards d’euros sur la période 2005-2010.

Ainsi, au-delà des prises de positions officielles en Europe et aux États-Unis, qui semblent vouloir renverser la tendance des dernières décennies (alors que le Brésil envisage l’augmentation de la production en mettant sur la table une nouvelle enveloppe de 38 milliards), le biocarburant a encore de beaux jours devant lui, tant que son marché sera garanti dans nombreux pays.

Ceci souligne une fois de plus l’hypocrisie des politiques environnementales et nous enseigne que les effets indésirables des subventions ne disparaissent pas forcement au moment où les subventions directes s’arrêtent. D’autant plus que certains des producteurs les plus anciens, ont déjà pu amortir leurs investissements et sont donc à même de survivre sans l’aide de l’État. Selon Matthew A. Hartwig, le porte-parole du lobby Renewable Fuels Association, la production d’éthanol est devenue mature et les crédits d’impôts ne sont plus nécessaires. Dans le même article, il souligne d’ailleurs que l’annulation l’année dernière des crédits d’impôts aux États-Unis n’a pas fait l’objet d’opposition de la part des producteurs.

Il n’y a donc pas de raison de continuer à soutenir une industrie qui non seulement n’en a plus besoin mais qui en plus n’engendre même pas les conséquences environnementales attendues. Le vrai frein consisterait à mettre fin aux obligations légales de consommer des biocarburants.


Sur le web. Publié initialement par 24hGold.

Lire aussi :

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • en effet l’argent sans doute serait bien mieux dépensé dans d’autres domaines comme le social par exemple.le plus regrettable c’est que les Socialistes Suisses emboitent le pas aux Français .Ce qui se passe chez vous se passe aussi chez nous.Dans la décadence et la démesure les Socialistes sont vraiment les Rois des dépenses futiles et inutiles

  • C’est sûr que sans subvention, les industriels vont encore faire l’histoire de la rentabilité pour faire perdre encore plus d’argent public qu’une aide inutile.

    La mentalité est mauvaise, la rentabilité aussi.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Romain Delisle.

 

Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine, entraînant la mise en œuvre de sanctions sur le gaz et le pétrole et, conséquence directe, l’envolée de leurs cours. Peu de temps auparavant, au mois de septembre, trente-deux réacteurs nucléaires français avaient été mis à l’arrêt pour des problèmes de corrosion tandis que nos capacités de production hydroélectrique s’affaiblissaient à cause d’un épisode de sécheresse estivale.

Puisque le nucléaire avait été sacrifié sur l’autel du dévelo... Poursuivre la lecture

Si l’on devait résumer l’École autrichienne d’économie à un point, ce serait que les agents économiques réagissent face aux incitatifs qui leur sont présentés. Décourager un comportement aboutira à sa diminution et, espère-t-on, à de meilleurs résultats.

C’est exactement ce qui est arrivé avec la réforme, controversée à l’époque, du système d’aide sociale aux États-Unis sous Bill Clinton en 1996. De 28 % (19,4 millions d’enfants), le taux de pauvreté a chuté à 11 % (8,4 millions d’enfants) en 2019.

Et selon les plus récentes sta... Poursuivre la lecture

Par Michel Gay et Christian Bailleux.

Pour la mobilité terrestre, trois voies de développement sont en concurrence dans la transition écologique actuelle :

l’électrique à batteries l’électrique à hydrogène (H2) via les piles à combustibles (PAC) le biocarburant de synthèse (carboneutre) à partir de biométhane

Le véhicule thermique hydrogène (moteur à explosion classique) est ici écarté car son mauvais rendement global est rédhibitoire.

Quantité et qualité garanties ou aléatoires

La consommation française annuelle de car... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles