Titan vs Montebourg : deux poids, une seule mesure

Le feuilleton Titan contre Montebourg continue. La guerre du gouvernement contre l'entreprise se poursuit, et l'issue est courue d'avance.
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Titan vs Montebourg : deux poids, une seule mesure

Publié le 22 février 2013
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Le feuilleton Titan contre Montebourg continue. La guerre du gouvernement contre l’entreprise se poursuit, et l’issue est courue d’avance.

Par Baptiste Créteur.

Au lieu de passer la lettre de Maurice Taylor, CEO de Titan, sous silence, et de la laisser sans réponse, Arnaud Montebourg a choisi de répondre, mettant en avant la grandeur et l’attractivité passées de la France dont demeurent quelques traces. Cette conversation épistolaire peut durer longtemps ; le ministre veut avoir le dernier mot, et l’homme d’affaires est sûr de l’avoir.

Je dois avouer que la plupart des hommes d’affaires avisés seraient d’accord pour dire que je suis fou d’avoir eu l’idée [d’investir en France]

Qu’un investisseur ne veuille pas investir en France est une raison suffisante pour qu’un ministre soucieux de la compétitivité et de l’emploi se remette en question.

Qu’il évoque comme motifs l’idéologie du gouvernement et des syndicats est plus inquiétant encore. Qu’il indique que les hommes d’affaires sont à peu près unanimes sur le sujet ne peut que susciter les plus vives interrogations.

Mais le plus grave, c’est qu’un ministre choisisse de s’indigner et d’adopter une posture dommageable au pays et à son image pour gagner un peu de publicité et réaffirmer son adhésion à une idéologie qui détruit l’économie à feu de moins en moins doux – ce qui le conduira sans doute à répondre à la nouvelle missive.

L’extrémiste monsieur le Ministre, c’est votre gouvernement et son manque de connaissances sur la façon de bâtir une entreprise.

Arnaud Montebourg n’est pas un entrepreneur. Malgré leur proximité avec certains chefs d’entreprise français auxquels ils accordent volontiers leurs faveurs, les membres du gouvernement n’ont aucune connaissance de l’entreprise et ne conçoivent l’économie que comme un système centralisé générateur d’impôts et d’emplois.

Votre lettre n’a jamais mentionné pourquoi le gouvernement français n’était pas intervenu pour sauver l’activité agricole de Goodyear. Votre gouvernement a laissé les barjots du syndicat communiste détruire les emplois les mieux rémunérés. Pourquoi le chômage est-il si élevé en France, et particulièrement chez les jeunes ? C’est à cause de la politique de votre gouvernement, monsieur.

Les patrons français l’avouent à demi-mot : la situation est inquiétante et le gouvernement n’a pas l’air de s’en inquiéter. Au lieu de cela, Arnaud Montebourg tente de faire passer les attaques ciblées de Maurice Taylor pour des insultes envers la France, les attaques contre les syndicats pour des attaques contre l’ensemble des salariés français. Pourtant, la meilleure preuve d’amour qu’on puisse aujourd’hui témoigner à la France, c’est de détester la France d’aujourd’hui et faire son possible pour qu’elle change.

Pour se défendre, le ministre ne peut évoquer son bilan, ni celui des politiques menées en France depuis des décennies. Pas plus qu’il ne peut évoquer sa familiarité avec le monde de l’entreprise, sa capacité à mobiliser des fonds, dont les siens, pour son engagement politique ou sa connaissance d’autres pays.

Maurice Taylor, lui, le peut, et il peut d’ores et déjà savourer le doux plaisir, dans un combat de coqs, d’avoir le dernier mot – qu’il a d’ailleurs prononcé il y a des semaines.

Le dernier mot sera un « Non », jeté à la face d’un ministre qui aura, une fois de plus, voulu se mêler de ce qui ne le regarde pas – dans le cas présent, l’économie. Après avoir longtemps évoqué Titan comme un potentiel repreneur pour l’usine Goodyear d’Amiens, Arnaud Montebourg aurait pu faire amende honorable et avouer que personne ne veut de cette usine que les syndicats ont conduit à la faillite.

Le ministre ne pourra pas contraindre Titan à investir, de la même façon que le gouvernement ne pourra pas contraindre quiconque à venir en France ou à y rester à moins de rendre palpable sa conception du monde selon laquelle les citoyens et entreprises d’un pays doivent servir l’État et non l’inverse. L’issue est courue d’avance ; on pourra mesurer le succès de la politique de Montebourg au refus de Titan d’investir en France. Mais les autres conséquences de sa politique seront, elles, difficiles à mesurer.

Il n’y aura pas de gagnant.

Maurice Taylor n’a rien à gagner, si ce n’est le soutien de ceux qui partagent son amour pour la France et son point de vue sur sa situation actuelle.

Arnaud Montebourg ne pourra pas gagner, et il n’a plus grand chose à perdre. En revanche, l’image de la France se détériore un peu plus, le modèle français est une fois de plus raillé et les Français ne semblent pas comprendre pourquoi.

Comme le déclare Maurice Taylor, « La France a vraiment de belles femmes et du vin fantastique. » Espérons que les Français puissent s’en contenter ; bientôt, ils n’auront probablement plus le choix.

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