Le sombre héritage de Chávez

Hugo Chávez, qui n’était qu’un caudillo autoritaire, laisse derrière lui une économie vénézuélienne exsangue et beaucoup de désordres politiques en Amérique latine.

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Le sombre héritage de Chávez

Publié le 7 mars 2013
- A +

Hugo Chávez, qui n’était qu’un caudillo autoritaire, laisse derrière lui une économie vénézuélienne exsangue et beaucoup de désordres politiques en Amérique latine.

Par Juan Carlos Hidalgo.
Un article du Cato Institute.

 

Le nationalisme économique et le régime autoritaire laissés en héritage par Hugo Chavez vont hanter le Venezuela et les pays voisins pour de nombreuses années.

Alors que le Venezuela était autrefois l’une des rares démocraties – certes imparfaite – dans une région en proie à des dictatures militaires, il se situe désormais au bas des classements continentaux pour la qualité des institutions et les libertés civiles et politiques. Ironiquement, Chávez a usé d’élections, de référendums et d’outils juridiques pour détruire les institutions démocratiques vitales, telles que la séparation des pouvoirs et l’indépendance des médias – un modèle répliqué récemment en Équateur, Bolivie et au Nicaragua. Même si Chávez l’a nommé « socialisme du XXIe siècle », ses principales caractéristiques – un leadership messianique, le contrôle étatique des industries clés et la répression politique – le rapprochent davantage du fascisme qui a entaché certains pays d’Amérique du Sud par le passé.

Réparer le tissu social du Venezuela prendra des années, voire des décennies. Selon Transparency International, c’est désormais le pays le plus corrompu d’Amérique latine. C’est aussi l’un des plus violents, avec un taux de criminalité stupéfiant de 73 homicides pour 100 000 habitants. Et il est permis d’envisager une détérioration de la situation dans le sillage de la mort de Chávez. Le gouvernement a armé et entraîné au moins 25 000 civils pour former une milice résolue à « défendre la révolution ». Aucun des successeurs probables de Chávez ne semble en mesure d’emporter la loyauté (ou même la sympathie) de ces chavistes jusqu’au-boutistes. Ces éléments radicaux mécontents, armés de fusils russes, pourraient perpétrer encore plus de violences dans les mois à venir. En tout cas, la méfiance et la profonde haine qui ont divisé la société vénézuélienne entre partisans et adversaires d’Hugo Chávez vont lui survivre.

L’économie du Venezuela est l’un de ses plus grands méfaits. Le dernier rapport des libertés économiques dans le monde de l’Institut Fraser classe le Venezuela à la dernière place des 144 pays étudiés. Le taux d’inflation est parmi les plus élevés au monde.

Les faits concrets sont encore plus sombres. Le Venezuela souffre d’une pénurie chronique d’électricité et de produits de base. Ses routes, ponts et autres infrastructures sont littéralement en train de s’effondrer après des années de négligence, alors que les capacités agricoles et industrielles du pays ont été décimées par des nationalisations et expropriations répétées. Le pays importe actuellement 70 % de sa nourriture, tandis que le pétrole représente 95 % de ses recettes d’exportation. La monnaie a été dévaluée de 32 % après une frénésie de dépenses du gouvernement qui a précédé l’élection présidentielle d’octobre dernier et laissé un déficit budgétaire impressionnant de 8,5 % du PIB. Et cela pourrait ne pas être suffisant : sur le marché noir, la monnaie se négocie au tiers de son nouveau cours officiel face au dollar ; aussi, une dévaluation encore plus importante pourrait survenir prochainement.

Chávez n’aurait pas pu mener son programme populiste sans la manne pétrolière, qui aurait représenté des recettes estimées à 980 milliards de dollars durant son mandat. Environ un tiers a alimenté les programmes sociaux – d’où sa popularité parmi les pauvres. Mais le reste a été gaspillé dans des placements douteux et est allé grossir les comptes bancaires d’une nouvelle classe privilégiée appelée les boligarchs  – nommés ainsi parce qu’ils ont énormément profité de la soi-disant révolution bolivarienne de Chávez pour prospérer.

Des dizaines de milliards ont aussi permis d’alimenter ses ambitions dans la région : financement de partis politiques et de gouvernements d’extrême gauche ainsi que des insurrections armées en Amérique latine.

Les États clients du Venezuela seront affectés par le départ de Chávez. Sans l’aide massive du pétrole et autres mannes en provenance du Venezuela, l’économie très fragile de Cuba pourrait s’effondrer. Parce que cela pourrait mettre en péril la dictature de Castro, La Havane tient un rôle actif dans les décisions concernant la désignation du remplaçant de Chávez et la façon dont la succession doit se jouer.

D’autres alliés régionaux tels que l’Argentine, le Nicaragua, l’Équateur et la Bolivie auront sans doute à affronter également les compressions de l’aide économique, mais pas suffisamment pour déstabiliser leurs dirigeants au pouvoir. Aussi, la menace d’une extension du populisme de gauche en Amérique latine sera grandement contenue en l’absence du leadership et du porte-monnaie de Chávez, et en raison du visible désordre qu’il laisse derrière lui. Après tout, le groupe des pays alignés avec le Venezuela – l’Alliance bolivarienne pour les Amériques et l’Argentine – ne représentent que 20 % du PIB de la région. D’autres pays tels que le Chili, le Pérou et le Mexique, qui ont choisi le capitalisme démocratique, se portent beaucoup mieux et représentent un modèle bien plus attrayant.

En dernière analyse, l’histoire retiendra qu’Hugo Chávez n’était qu’un caudillo autoritaire dont les politiques ont fait régresser le développement et les institutions du Venezuela pour des décennies. Souhaitons que le Venezuela et l’Amérique latine tournent rapidement cette sombre page.


Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.

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  • Et Mélanchon qui pleure…
    Ce type est minable !!!

  • Oui est c’est avec ce tordu qu le PS a fait alliance. D’ailleurs Hollande s’est couché devant Mélanchon en rendant un hommage à Chavez. Pitoyable!!!

    • Il faut être objectif et cesser d’être de auvaise foi.
      Le peuple vénézuelien rend majoritairement un hommage intense à Chavez et il est mieux placé que nous pour savoir ce que Chavez a apporté de globalement positif au pays.
      C’est quand même mieux que cette pourriture de Pinochet.
      Allez donc voir le film remarquable « No » qui sort sur nos écrans avec Garcia Bernal, pour comprendre la tyrannie de Pinochet.

      • Heu, c’est quoi cet argument débile pour défendre le pitoyable bilan de Chavez en termes économiques et de liberté.
        C’est un peu comme si je disais : « Pinochet, c’est quand même mieux que Staline ».
        Assumez mon vieux : vous vénérez une ordure qui avait une pratique de gouvernement autoritaire, ne cherchez pas à vous disculper en cherchant pire ailleurs.

        Quant aux faits objectifs, il suffit d’aller consulter :
        – son lamentable bilan économique
        – sa pratique autoritaire et liberticide de gouvernement

      • il dit qu’il voit pas le rapport

        • Chavez reçoit des hommages dithyrambiques dans le monde entier.
          Les marginaux à l’esprit étroit c’est bien vous ! ! !
          Vous raisonnez toujours sur des principes d’il y a 200 ans…. mais on est en 2013 !

          http://www.lefigaro.fr/politique/2013/03/09/01002-20130309ARTFIG00333-lurel-conteste-le-qualificatif-de-dictateur-pour-chavez.php

          • Faudrait savoir: la presse mondiale est un valet du capitalisme apatride ou rend-elle hommage à un héros du bolchévisme ?

            Je suis perdu à force moi..

          • En fait c’est exactement l’inverse, c’est vous qui admirez les populistes comme il y a 200 ans.

            Je regarde les indicateurs economiques du Venezuela, et la seule conclusion qui s’impose c’est que le pauvre peuple de ce pays va en prendre plein la figure. Ils peuvent remercier feu Chavez.

            Inflation galopante, dependance accrue de l’etranger, corruption, nepotisme…la situation est bien pire qu’avant. La dependance envers les USA est justement devenue totale par la faute de Chavez, puisque le Venezuela ne peut plus raffiner son petrole, n’a plus d’agriculture.

            J’espere que les pauvres ont eu un acces correct a l’education du temps de Chavez, parce que ce serait la seule chose a garder.

          • @ gnarf
            « Je regarde les indicateurs economiques  »
            Vous n’avez pas besoin de « penser » à la place du peuple vénezuelien. Lui est mieux à même d’ estimer si ça c’est amélioré ou degradé avec Chavez et sa reponse et sans ambiguité.

          • « sa reponse et sans ambiguité. »

            On peut se faire enculer et garder malgré tout le sourire.
            Syndrome de Stockholm, quand tu nous tient…

      • Le peuple vénézuelien rend majoritairement un hommage intense à Chavez

        Tout comme des millions de Soviétiques ont rendu hommage à Staline, avec des scènes d’hystérie collective faisant des centaines de morts. Syndrome de Stockholm, quand tu nous tient…

        • Pour la mort de Pinochet le peuple n’a pas rendu hommage.
          Et je doute que les funérailles de Thatcher attirent les foules.
          Tu veux donc empécher en tant que simple individu parlant en ton nom propre le peuple d’exprimer ses sentiments; ce qui est basiquement facho.
          De plus n’ayant jamais mis les pieds dans un pays dont tu ne fais que supposer, dans ton imagination, l’etat réel c’est de surcroit, de l’ingérence extérieure.

          • Normal tout le monde savait qu’il avait été un tyran.

            Par contre je ne comprends pas cette mode des expatriés vénézuéliens de lui chier dans les bottes. Vraiment c’est étonnant, serait-il possible qu’en bon démago il se soit payé le vote des gens aux pays aux détriments des autres. De ceux qui faisaient tourner les commerces, cultivaient ou pratiquaient l’élevage ?

            Oh j’en doute, c’est tellement peu fréquent dans ce monde. La preuve son ami Ahmadinejad a été réélu brillamment lui aussi. Ce sont certainement des traîtres à la patrie qui osent critiquer le petit Caudillo local. Un petit séjour de travail organisé devrait leur apprendre à vivre à ces oiseaux là.
            D’ailleurs je peux leur transmettre un mot si vous voulez, j’en ai plusieurs dans mon entourage proche et visiblement ils ne sont pas pressé de rentrer au pays.

          • harrisburg, tu nous fatigues,

            On a aussi vu la Corée du nord pleurer Kim jong Il.

          • Et ceux qui n’avaient pas assez chialé ont fini en déportation.
            C’est beau le socialisme.

          • « Et je doute que les funérailles de Thatcher attirent les foules. »
            Preuve s’il en est besoin que vous n’avez aucune idée de ce dont vous parlez …

          • harrisburg: « c’est de surcroit, de l’ingérence extérieure. »

            Les intervention de harrisburg sont toujours délicieusement conne.

            « De l’ingérence extérieur » !??? MUAHAHAHAHAHAHAHA !

          • « Pour la mort de Pinochet le peuple n’a pas rendu hommage » heu si bcp de gens l’ont rendu hommage. pinocet a au moins réussi à faire son pays qui était ruiné l’un des pays les prospères d’amérique latine. pinochet a quitté le pouvoir car il a perdu le référendum où certes la majorité s’était opposé à lui mais une courte majorité. bcp de chiliens admirent pinochet
            bcp d’anglais ont rendu hommage à tatcher qui est profondément admiré en grande bretagne. même les membres du parti travailliste lui ont rendu hommage

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