Hugo Chávez : le populisme en héritage

Durant le règne de Chávez, le populisme a pris différentes formes, chacune occasionnant des conséquences négatives sur le bien-être des Vénézuéliens.

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Venezuela CC Andreas Lehner

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Hugo Chávez : le populisme en héritage

Publié le 14 mars 2013
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Durant le règne de Chávez, le populisme a pris différentes formes, chacune occasionnant des conséquences négatives sur le bien-être des Vénézuéliens.

Par Yanick Labrie.
Un article de l’Institut économique de Montréal.

Venezuela CC  Andreas LehnerLes médias du monde entier ont consacré beaucoup de temps et d’images à la mort de Chávez, qui nous a quitté mardi dernier après avoir perdu son combat contre le cancer. Son héritage en tant que Président de la « République Bolivarienne du Venezuela » doit être vu à la lumière d’une longue tradition de populisme dans l’histoire de l’Amérique Latine.

Sa carrière a suivi les pas d’autres dirigeants populistes comme Juan Peron en Argentine (1946-55, 1973-74) et Alan Garcia au Pérou (1985-1990). Leurs plans en faveur du développement économique, marqués par une rhétorique nationaliste, gravitaient autour de politiques interventionnistes et un désir de devenir indépendant, comme la création massive de monopoles publics, des mesures protectionnistes restrictives, de grasses subventions aux entreprises…

Après l’emballement initial, les limites du populisme économique apparurent rapidement dans tous ces pays latino-américains, et la continuation de cette stratégie aggrava progressivement la situation économique de tous, essentiellement d’ailleurs les personnes qui devaient s’en retrouver les principaux bénéficiaires.

C’est précisément ce qui s’est passé au Venezuela à partir des années 60. Alors que le pays détenait un PIB par habitant plus élevé que celui du Canada dans les années 50, il est maintenant moins de 3 fois plus faible que celui-ci, grâce à des décennies de décisions populistes.

Durant le règne de Chávez, le populisme prenait différentes formes, chacune occasionnant des conséquences négatives sur le bien-être des Vénézuéliens.

Sur le pan économique, malgré le boom des prix du pétrole accompagnant sa présidence, le Venezuela n’a connu qu’une croissance relativement modeste et un déficit budgétaire récurrent d’année en année. Des politiques monétaires démesurément expansionnistes conduisirent à une forte progression de l’inflation, alors que les tarifs d’importation et les contrôles des prix – paradoxalement conçus pour maîtriser l’inflation – entrainèrent des pénuries de produits de base comme la farine, le lait, le sucre et, en termes d’énergie, l’électricité.

Chávez démontra également son manque de respect pour la propriété privée et pour la liberté de chacun en général. Entre 2002 et 2012, il y eut 1168 expropriations arbitraires sans motif dans le pays. Parmi les concernés figurent toutes les compagnies pétrolières étrangères, l’aciériste Ternium, le géant de la téléphonie CANTV, toutes les entreprises cimentières, productrices de riz, une demi douzaine de revendeurs, etc.

Pour cette raison, et bien d’autres, le Venezuela se classe dorénavant 174ème sur 177 dans l’index 2013 de la liberté économique élaboré par la Fondation Héritage, juste au dessus du Zimbabwe, de Cuba et de la Corée du Nord.
De plus, la protection de la liberté de la presse fut la dernière de ses priorités. En ne tenant compte que de l’année 2009, les licences de 34 stations de radio et de télévision critiquant le régime ne furent pas renouvelées. Chávez contrôlait également en partie le contenu de l’information en forçant les chaînes de télévision d’enregistrer et diffuser ses longs et fréquents discours. La corruption a aussi atteint des niveaux sans précédents sous le joug du gouvernant. Un article du Devoir publié en 2007 révélait que la coquette somme de 22 milliards de $ (sur un budget de 60 milliards) aurait été utilisée par le gouvernement sans avoir de compte à rendre à personne. La majorité de ces fonds furent apparemment détournés par la Venezuelan Petroleum Corporation.

Beaucoup considèrent que Chávez mérite du crédit pour avoir établi des programmes sociaux censés faire disparaître la misère. Il est vrai que le taux de pauvreté s’est infléchi depuis 2001, grâce majoritairement aux milliards filant dans les coffres du gouvernement via l’industrie pétrolière nationalisée et la redistribution de ses bénéfices.

Premièrement, Chávez arrosa d’argent sa population tout en adoptant des mesures qui saccageaient l’économie du pays. Il s’assura de la sorte que ces « camarades » se rendraient graduellement dépendants de ces projets au lieu de développer une économie diversifiée et durable. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si bon nombre de ces plans sociaux (les fameux misiones sociales) furent implantés en vue de favoriser des groupes sociaux parmi lesquels se trouvent ses plus dévoués partisans.

Deuxièmement, la saisie par Chávez des firmes pétrolières étrangères, et consécutivement la perte de main d’œuvre spécialisée, d’expertise et de capital, ne se fit pas sans la réaction des industrielles, dont les rendements déclinèrent d’1/4 depuis 2001. Ironiquement, l’industrie pétrolière devint la vache à lait du gouvernement, ce qui fut un outil crucial dans l’incessante quête de Chávez visant à acheter des voix et rester au pouvoir, mais elle aurait pu en apporter bien plus à semer s’il n’avait pas introduit ses désastreuses politiques.

Certains États d’Amérique Latine ont entrepris des réformes pro-marché et ont joui d’une croissance forte depuis la crise financière qui toucha la région dans les années 90. Cependant, l’habituelle tendance populiste sévit encore dans cette région, que ce soit avec Evo Morales en Bolivie ou Rafael Correa en Équateur, ce qui menace l’avenir de millions de Sud-Américains infortunés plus longtemps encore que ça ne devrait. Malheureusement, ceci fait également partie du triste héritage du leader éteint.


Sur le web.
Traduction : Barem/Contrepoints.

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