Le modèle français d’État-providence, librement inspiré du keynésianisme, repose sur une intervention répétée de l’État dans les secteurs économiques, sociaux et politiques.
Par Jean-Baptiste Noé.
On évoque souvent le modèle français, voire le pacte républicain, pour le louer ou le dénoncer. Mais quel est-il vraiment ? Le modèle économique et social dans lequel nous vivons actuellement fut bâti à l’issu de la Deuxième Guerre mondiale, et date, pour l’essentiel, d’une batterie de lois prises en 1946. Il est inspiré à la fois du programme économique de la résistance, et des idées socialistes et communistes d’après-guerre. C’est notre État-providence, légèrement différent de celui des Anglais, notamment parce qu’il fait désormais l’unanimité de la classe politique, et que personne ne semble vouloir le remettre en cause. Quand on propose de le réformer, c’est pour le faire durer, lui permettre de survivre, non pas pour passer à un autre modèle.
Ce modèle d’État-providence, librement inspiré du keynésianisme, repose sur une intervention répétée de l’État dans les secteurs économiques, sociaux et politiques.
L’État entrepreneur
L’État est tout d’abord un entrepreneur. Il dirige des entreprises et se veut le moteur de la vie économique. Si l’on excepte la nationalisation de Renault pour cause de collaboration, les grandes vagues de nationalisation française ont eu lieu en 1946, sous le gouvernement du socialiste Félix Gouin, gouvernement dans lequel figuraient également de nombreux communistes.
Parmi celles-ci, mentionnons la nationalisation des mines avec la création des charbonnages de France, la nationalisation du gaz et de l’électricité, et la création d’EDF et de GDF, la nationalisation d’Air France, de nombreuses banques et des assurances.
L’État planificateur
L’État se veut aussi un planificateur. En 1945, la création du Commissariat au Plan par Jean Monnet vise à fixer des objectifs à cinq ans. Il s’agit d’assurer la reconstruction d’un pays qui a été largement détruit par la guerre. Il faut redresser l’appareil productif français, rebâtir ponts, routes, voies ferrées, et créer de nombreux logements. Les tickets de rationnement sont utilisés jusqu’au début des années cinquante.
Nous avons aujourd’hui du mal à considérer le colossal effort qu’il a fallu effectuer pour redresser le pays.
L’État protecteur
L’État est protecteur. Pour cela, il organise la protection sociale en créant la Sécurité sociale par l’ordonnance d’octobre 1945. Les assurances sociales existaient déjà, mais elles étaient privées. La nouveauté, c’est qu’à côté de ces assurances privées figure une assurance publique.
Le deuxième temps survient en 1946, toujours cette année décisive dans l’élaboration du modèle social, quand la sécurité sociale est nationalisée, et que son affiliation est rendue obligatoire pour les salariés. La Sécu que nous connaissons aujourd’hui est donc davantage l’héritière de 1946 que de 1945. On passe ainsi d’un système d’assurance, où chacun est couvert selon ses versements, à un système de transferts sociaux, où chacun reçoit la même chose, mais où les cotisations sont proportionnelles aux revenus.
L’État logeur
Le rôle que s’attribue l’État dans le logement ne peut se comprendre sans l’urgente nécessité à bâtir des habitations pour des millions de Français qui en étaient privés, suite aux destructions de la guerre. C’est là que s’ouvre la période des grands ensembles, des HLM, des barres puis des tours. L’État devient bailleur social, il organise la construction et l’attribution des logements. C’est la fin des bidonvilles, dont le célèbre de Nanterre, existant jusque dans les années 1970, c’est la fin aussi des logements insalubres.
La loi de 1946 qui maintient fixes les coûts de location veut aussi permettre de faciliter le logement. Elle aura pour conséquence de ruiner les propriétaires et d’empêcher les nécessaires travaux d’entretien, causant aujourd’hui des situations d’insalubrités, notamment à Paris.
L’État logeur est aussi une façon de donner des pouvoirs accrus aux maires et aux offices HLM en leur donnant la possibilité d’attribuer les logements, avec les risques de clientélisme que cela engendre.
L’État aménageur du territoire
C’est l’État qui lance la voie de la modernisation des infrastructures du pays : construction des autoroutes, des lignes TGV, modernisation des ports, édifications des aéroports parisiens d’Orly et Roissy, édification des barrages et des centrales nucléaires. Le tout sous l’égide de la DATAR et de nombreuses commissions créées pour l’occasion.
À ces éléments du modèle, il faut ajouter le statut général des fonctionnaires, adopté en octobre 1946, et largement rédigé sous l’inspiration de Maurice Thorez, alors chef du Parti communiste, ainsi que l’organisation de la presse française, avec les NMPP, créées en 1947, et devenues Prestalis en 2009.
Le modèle économique et social français, encore largement en vigueur, est donc récent dans l’histoire du pays. Il est exagéré de dire qu’il est lié au pacte républicain, car la république datant de 1792 puis de 1880, elle n’a pas de lien direct avec ce modèle qui est surtout d’inspiration socialo-communiste. Fut-il efficace ? Certains historiens y voient les raisons du grand développement économique que connut la France et que Jean Fourastié appela Trente Glorieuses.
C’est assez contestable, car les difficultés que subit le pays dans les années 1970 sont largement dues à l’obsolescence de ce modèle, et c’est son démantèlement progressif à partir des années 1980 qui permirent à la France de connaître un grand essor économique et un enrichissement important de sa population.
—
Sur le web.
En 1945, l’Elysée n’était pas au Kremlin ?
Même le grand Charles avait songé à s’y installer, anti-américanisme oblige.
6/ l’état spoliateur – les SAFER
Pour les safer , accompagné avec le contrôle des structures « soviet local action mafieuse » ceux qui sont passe par la le savent. Avec tout ça nos politicard attendent la relance!
j’ai du mal à comprendre la dernière phrase :
« c’est son démantèlement progressif à partir des années 1980 qui permirent à la France de connaître un grand essor économique et un enrichissement important de sa population. »
Ce système n’a pas été démantelé en 1980 et il n’y a pas eu d’essor économique (comparé à ce qu’on connu les USA, la GB, la suède ou le canada dès que desréformes libérales ont été instituées) et l’enrichissement de la population (au travail) s’est fait essentiellement par l’endettement étatique…
Il serait temps que les Français redeviennent les libres penseurs, les libres exécuteurs et les libres acteurs de leur vie. Marre de ces hommes politiques qui choisissent tout pour nous après nous avoir leurré dans leurs campagnes et qui appliquent en fait tous la même politique d’inféodation du peuple à leur bon vouloir. Ce sont tous des « mini » Rois en puissance ou (plutôt maintenant) des Califes qui ne rêvent que de la vie rêvée et dissolue de l’islam.
« et c’est son démantèlement progressif à partir des années 1980 qui permirent à la France de connaître un grand essor économique et un enrichissement important de sa population. » ?????
Moi pas comprendre du tout, 1980 a été le début du déclin qui est loin d’être fini, FH et sa clique voulant terminer l’oeuvre dévastatrice de leur maître FM, le plus nul président que la France ait jamais connu en économie.
Qui s’est enrichi après 80 ??, les fonctionnaires dont le nombre a été augmenté de 1.4 millions sous les socialos, les politocards idem ok, mais pour les autres c.a.d ceux qui paient tous ceux là ???.
En 1946, les gens défilaient dans la rue aux cris de » Nous voulons du pain Gouin »! C’est véridique.
Ils avaient de l’humour à l’époque. Ramadier, socialiste, franc-maçon et ministre du ravitaillement en 45 avant de devenir le premier président du conseil de la IVe Ripoublique Fromagère, était surnommé « Ramadan », « Ramadiète » et eut son heure de gloire lorsqu’il devint le « chevalier sans beurre et sans bidoche ».
Là où « l’oligarchie » est très forte, c’est qu’elle arrive à faire remettre en cause un modèle social « quasi-parfait », alors que ce sont simplement ceux qui sont chargés de le protéger (les élus) que le Peuple devrait remettre en cause ! On fait croire qu’un pays qui distribue chaque année des centaines de Milliards d’euros au « capital » ne peut plus avoir la même protection sociale. On fait croire qu’un pays qui a permis de baisser de 10 points de PIB la part allant aux salaires (environ 100 milliards par an de cotisations salariales en moins pour la sécurité sociale, et 100 milliards en moins pour le pouvoir d’achat (et donc de la TVA et de l’Impôt sur les Revenus en moins pour l’Etat) en 30 ans, est à ce point en difficulté qu’il faut réformer son système de protection sociale !
Les élus, les syndicats et les institutions sont les « relais » du vrai pouvoir (Y€$), et quand nous l’aurons tous compris, alors les choses pourront changer dans le bon sens.