Les conséquences de la vraie mauvaise idée chypriote

Aujourd’hui rejetée, la proposition de taxer les comptes bancaires à Chypre n’en est pas moins dangereuse en tant que telle et dans ce qu’elle indique de l’état de la démocratie et de l’État de droit en Europe.

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Chypre : braquage européen

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Les conséquences de la vraie mauvaise idée chypriote

Publié le 22 mars 2013
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Aujourd’hui rejetée, la proposition de taxer les comptes bancaires à Chypre n’en est pas moins dangereuse en tant que telle et dans ce qu’elle indique de l’état de la démocratie et de l’État de droit en Europe.

Un article du Parti Libertarien Belge.

La récente proposition de lever une taxe « exceptionnelle » sur les comptes chypriotes n’est pas passée. On ne peut que s’en réjouir mais on se doit surtout de rester vigilant car le fait même que cette lubie ait été formulée et proposée à l’adoption montre que le délire gouvernemental a franchi de nouvelles limites.

On se doit de rester vigilant car cette vraie mauvaise idée n’aurait jamais dû être formulée tant elle était à la fois inepte et dangereuse. Et ce, à plusieurs titres.

En premier lieu, cette proposition est moralement inique ; elle part de la prémisse selon laquelle, comme il y a de l’argent sale à Chypre, on va taxer tout le monde : riches à 10% et moins riches à 6%, les premiers au titre de leur malhonnêteté, les seconds au titre de la solidarité. Bref, qui veut noyer son chien l’accuse de la rage…

Fort bien… mais permettez, Messieurs  les taxeurs, un commentaire en passant: quels citoyens ont la plus grande partie de leur fortune en argent liquide sur des comptes bancaires ? Il s’agit en général des plus pauvres (peu d’épargne et peu d’avoirs non financiers) et de ceux qui ne gèrent pas activement leur patrimoine financier (typiquement les vieilles personnes seules)… Les honnis riches et conspués mafieux ont plutôt tendance à gérer leur richesse de manière active en investissant  leurs avoirs dans des opportunités plus rentables que le cash. Bref, non contente d’être moralement inique en théorie, la proposition l’est aussi en pratique !

Ensuite, la manière dont cette proposition allait s’exécuter s’apparente à un braquage en règle : le gouvernement décide de taxer les comptes ; simultanément, il fait fermer les banques pour éviter que les gens ne retirent leur argent… Le fameux « Que personne ne sorte !» du braqueur dans les mauvais films.

Cette proposition est enfin illégale du point de vue d’un État de droit. Pour rappel, un État de droit se caractérise par l’absence de caractère arbitraire dans le processus d’élaboration et d’application de la loi. La vitesse à laquelle ce vol a failli s’exécuter aurait requis beaucoup de mauvaise foi pour parler de processus démocratique plutôt que de pur arbitraire ou de fait du prince.

Les principes mis de côté, il faut aussi se rendre compte que cette proposition absurde aura avant tout été dangereuse à bien des égards et que, malgré son rejet, ses effets demeurent.

Soulignons en premier lieu qu’un tel braquage ne sera pas de nature à renforcer la confiance des clients en leur banque. Quelle réaction risque donc d’avoir une majorité de clients à la réouverture des banques ? Bingo : elle retirera son argent et le mettra à l’étranger si elle est riche ou mafieuse, ou sous son matelas si elle est pauvre. En économie, on appelle cela le « bank run » dont l’effet désastreux est de fragiliser le système économique et bancaire. Voilà donc l’économie chypriote menacée en conséquence directe d’une action gouvernementale dont le but était de… sauver les banques et l’économie !!

Bien pire en terme de dangerosité, le fait que cette idée aberrante ait été proposée et acceptée par plusieurs dirigeants européens montre que ceux-ci sont, au mieux, intellectuellement désorientés. Sans être nécessairement incompétents ou stupides, ils restent victimes de leurs logiciels de préservation des totems que sont la monnaie et le pouvoir gouvernemental. N’arrivant plus à réfléchir correctement, ils se comportent comme des apprentis sorciers ayant perdu tout sens moral et légal.

Cette délirante lubie aura ouvert une boîte de Pandore. Les États européens sont tous plus ou moins aux abois et plus personne n’est à l’abri d’autres propositions absurdes pour « sauver » l’un ou l’autre secteur. Si l’on n’est pas vigilant,  le concept même d’État de droit aura fait long feu en Europe…

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  • Je rajouterais que le pouvoir politique accentue petit à petit le niveau de son intervention afin que la population se fasse à l’idée de mesures de plus en plus spoliatrices et liberticides.

    Il suffit de voir les réactions à la tentative de ‘vol’ chypriotes: faible. On aurait proposé cette solution de but en blanc il y a 5 ans, la réaction aurait été plus forte.

    Le pouvoir politique arrive à faire accepter à la population de plus en plus. Jusqu’à quel niveau ?

  • La Troika avait propose de ne pas taxer les depots de moins de 100,000e
    Les 68milliards de depot ne sont pas a de vieilles personnes seules, ils sont principalement a de riches personnes qui ont places leur argent dans des banques non fiables pour profiter d’un taux d’interet trop attractif pour etre vrai. Il faut mettre fin au parapluie politique et a l’alea moral et responsabiliser les gens.
    Je suis parfaitement d’accord avec eux pour dire qu’une sanction penale doit etre individuelle et que c’est un mauvais message de creer un precedent recent en taxant les depots en europe. Les banques doivent etre mis en faillite : les actionnaires doivent se retrouver avec zero, les creanciers des banques avec tres peu et les deposants avec ce qu’il reste. Ce que voulait faire la Troika etait une faillite organise mais les decisions semblent arbitraire alors que les decisions lors d’une faillite « legale » le sont moins.

    • C’est plus compliqué que ça : les banques chypriotes sont en faillite à cause du défaut grec, décidé par la BCE dans des conditions … particulières.
      Le fait qu’une banque centrale déstabilise une monnaie puis décide que certaines banques doivent faire faillite et pas d’autre est tout sauf moral

      • Le défaut grec n’a pas été « décidé » par la BCE. C’est même tout le contraire : sans la BCE qui la soutient fermement, la Grèce aurait fait le grand plongeon. La Grèce a perdu sa crédibilité sur les marchés fin 2009, toute seule, comme une grande.

  • « ils restent victimes de leurs logiciels de préservation des totems que sont la monnaie et le pouvoir gouvernemental ». Tout à fait ! Dans quelques années, avec le recul nécessaire, on s’avisera collectivement que le monopole monétaire est le principal responsable de cette crise, comme de la plupart des crises passées.

    Comment en sommes-nous arrivés à ce qu’une banque présente un risque systémique ? Parce que nous partageons la même monnaie qu’elle, ce qui nous rend solidaire de ses erreurs. Si chaque banque était contrainte d’émettre sa propre monnaie, jamais une banque ne pourrait représenter un risque systémique pour l’ensemble de l’économie : elle ferait faillite bien avant.

    La concurrence monétaire n’est pas seulement supérieure au monopole monétaire en théorie : elle devrait être obligatoire en pratique.

  • Je vais donc me répéter , une fois encore, au moins en partie :
    Pourquoi pas plutôt un retour (concerté) vers la monnaie nationale ? ! Alors , combien de temps encore vont « tenir » ces « politiques « de l’Europe de Bruxelles ? L’état de délabrement de cette Europe là, ne suffit-il pas à comprendre ? Il suffirait de regarder peu de temps en arrière , au temps où une partie des mêmes changeait d’avis et considérant sans doute que nous n’étions que des idiots et qu’eux seuls savaient ce qui était bon pour nous attendaient un moment plus favorable et nous faisaient revoter quand les résultats leur déplaisaient : Avons-nous oublié les traités de Maastrich , de Lisbonne etc etc contre lesquels j’ai toujours voté , par méfiance élémentaire d’abord , par conviction ensuite ? Il existe en effet une autre solution , prônée par certains et par des économistes sérieux : revenir ( en concertation ) aux monnaies nationales , au prix de dévaluation s certes douloureuses ( mais pas plus douloureuses que dans l’hypothèse d’une « sortie forcée ) et le retour à une monnaie commune Qui osera « tirer « le premier ? Pourquoi pas Chypre ?

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