En seulement quelques années, Students for Liberty a permis la constitution d’un réseau libertarien très actif et organisé, qui commence déjà à porter ses fruits.
Par Damien Theillier.
Un article de l’Institut Coppet
La 6e conférence internationale Students for Liberty (SFL) s’est tenue le 15 et 16 février dernier à Washington DC. Plus de 1300 étudiants (et non-étudiants) se sont réunis afin de discuter, d’apprendre et de se rencontrer autour d’un thème commun : la liberté. J’ai donc assisté pour la première fois à cette conférence internationale SFL et j’ai été impressionné par la bonne tenue des étudiants.
D’abord, c’est un meeting professionnel, organisé comme tel, dans un grand hôtel en plein centre-ville. Les étudiants respectent un code vestimentaire strict (costume cravate, robe ou tailleur). En effet, dans ce type de réunion, le networking est une priorité. Ce n’est pas seulement un meeting sympa, mais l’occasion pour chacun de saisir des opportunités d’avenir, que ce soit pour sa vie associative ou professionnelle.
Par ailleurs, j’ai apprécié le bon esprit qui régnait dans les séances en petits groupes où les débats étaient parfois très animés. Jamais, je n’ai entendu de paroles déplacées, agressives, de méchancetés ou d’insultes. Et pourtant il y avait là tout ce que le mouvement comporte de chapelles, branches et identités diverses : des libertariens conservateurs sociaux, des libertariens libéraux sociaux, des anarcho-capitalistes, des minarchistes, des randiens, des austro-libertariens, des religieux, des athées, etc., etc.
Même Justin Amash, le jeune sénateur républicain, proche de Ron Paul, a été applaudi alors qu’il ne fait pas l’unanimité sur les questions sociales (mariage, avortement). Amash est un chrétien d’origine palestinienne qui veut incarner l’avenir de l’aile libertarienne du GOP (Grand Old Party, le Parti républicain). Lors de son intervention, il a défendu la nécessité d’incarner le mouvement libertarien dans une trajectoire politique et pas seulement dans des cercles privés. Il est un des rares politiciens américains qui publie ouvertement et systématiquement tous ses votes, y compris sur sa page Facebook.
La soirée d’ouverture était animée par John Mackey, PDG de Whole Foods Market. Des séances en petits groupes étaient animées par des intervenants provenant de think tanks, d’organisations, d’associations et de fondations diverses : Cato Institute, Institute for Humane Studies, Foundation for Economic Education, Atlas Society, American Enterprise Institute, The Independent Institute, Young Americans for Liberty, Liberty Fund, The Future of Freedom Foundation, etc. Il y avait aussi, bien évidemment, le groupe Students for liberty (SFL).
Beaucoup de pays étaient représentés: le Mexique, la Colombie, le Venezuela, l’Équateur, le Chili, la France (Baptiste Favrot, étudiant de Strasbourg, fondateur d’un chapitre SFL et lauréat du prix Student of the Year), l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Norvège, la Pologne, la Grèce, l’Italie, la Lituanie et l’Australie.
L’une des discussions a porté sur la question de savoir comment porter les idées de liberté au-delà du monde intellectuel, au-delà du monde de l’économie ou de la philosophie. Nous avons besoin de libertariens dans la culture populaire, sur Internet, dans le monde du showbiz et de la télé aussi. Nous avons besoin de musiciens, d’artistes, de cinéastes. Et une grande partie de la conversation a consisté à explorer la façon dont les arts et les lettres peuvent à la fois contribuer à notre compréhension de la liberté et devenir des modes d’expression et de persuasion pour nos idées.
Beaucoup de gens sont venus à la liberté grâce aux romans d’Ayn Rand. Et il suffit de voir le succès des clips Hayek-Keynes pour comprendre la puissance de l’expression artistique et de la culture populaire pour diffuser les idées, en particulier par Internet. Les représentations artistiques de la liberté, que ce soient celles des générations passées ou présentes, touchent les gens d’une autre manière qu’un livre sur l’économie ou la philosophie.
Il a aussi été question de leadership. À ce propos, voici un extrait du discours d’ouverture d’Alexander McCobin, le président-fondateur de SFL:
Il y a deux choses qui changent le monde: les hommes et les idées. Une idée représente la façon dont le monde fonctionne et comment nous devons agir. Mais une idée ne se propage pas ou ne se met pas en oeuvre elle-même. Elle a besoin des bonnes personnes pour se diffuser dans les mentalités. Le mouvement pour la liberté est fort parce que ses idées sont fortes.
Nous avons eu quelques leaders exceptionnels pour la cause de la liberté, mais il nous en faudrait d’autres pour les générations futures. Nous avons besoin de plus de leaders pour la liberté, de gens qui puissent:
1. Définir des normes de réussite.
2. Trouver des moyens de réussir.
3. Être une source d’inspiration pour de futurs leaders.Et franchement, il n’y a pas assez de libertariens capables d’incarner toutes ces qualités.
Pour autant, en seulement cinq ans, Alexander McCobin et son équipe ont réussi l’exploit de créer un réseau mondial d’étudiants libertariens ‒ plus de 863 groupes SFL sont répertoriés dans le monde à l’heure actuelle. Ils organisent quinze conférences régionales aux États-Unis avec 2 072 participants et cinq conférences régionales européennes avec plus de 570 participants au total.
Ils ont 75 coordonnateurs de campus en Amérique du Nord et 21 coordonnateurs locaux de 15 pays en Europe. À cela s’ajoute la publication de 175 000 exemplaires du nouveau livre SFL édité par Tom Palmer: After the Welfare State (Après l’État-providence).
Et ce n’est qu’un début. L’organisation SFL dispose déjà de trois antennes en France, à  Aix, à Strasbourg et à Paris, créées il y a un an à peine.
SFL est né aux États-Unis en 2008 lors d’une conférence qui réunissait une centaine d’étudiants à l’Université Columbia, à New York. Sa mission est de sensibiliser les étudiants aux avantages de la liberté et de la société civile. Il propose de très nombreuses activités, des programmes et du matériel pour soutenir ceux qui s’intéressent à la liberté. Les efforts de SFL peuvent être décomposés en deux grandes catégories:
- Formation et outils intellectuels: SFL est un leader dans le domaine de la formation. Il offre des conseils ciblant des groupes d’étudiants afin de les aider à se former et à fonctionner plus efficacement. L’organisation fournit des outils afin de promouvoir la liberté et le leadership. Il s’agit notamment d’une revue universitaire, de séminaires, de « webinars » (séminaires en ligne sur un réseau Internet privé) et de livres gratuits pour les étudiants qui se réunissent en groupes de lecture sur leurs campus.
- Mise en réseau des étudiants intéressés par la liberté pour renforcer leurs liens et leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. SFL offre aussi aux étudiants la possibilité de découvrir les nombreuses organisations qui existent pour promouvoir la liberté.
L’organisation a connu une croissance rapide depuis sa création en 2008. Du 8 au 10 mars avait lieu, à Louvain (Belgique), la deuxième conférence européenne SFL. L’Institut Coppet était représenté par deux de ses jeunes chercheurs associés : Marc Lassort et Benoît Malbranque. À leur retour, ils ont pu nous parler de l’avenir de la liberté en Europe!
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