Allocations familiales : davantage d’argent public pour quel résultat ?

Peu (aucun ?) de pays ont réussi à adopter une politique familiale centralisée qui a pu augmenter la natalité de façon significative.

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Allocations familiales : davantage d’argent public pour quel résultat ?

Publié le 30 juin 2020
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Par Pierre-Guy Veer, depuis le Canada.

La France, pays qui taxe largement au-dessus de la moyenne de la zone euro, vient de trouver une autre idée pour dépenser l’argent des autres. La députée Nathalie Elimas remettra sous peu un rapport contenant une quarantaine de propositions pour moderniser la politique familiale actuelle. Selon son propre aveu, ces politiques plus généreuses (congé de paternité étendu, allocations familiales dès le premier enfant) visent principalement à augmenter le pouvoir d’achat des familles.

Mais si telle est l’intention, pourquoi vouloir saupoudrer encore plus l’argent des contribuables dans un nouveau programme ? Car il ne faut pas se leurrer : cet argent viendra directement des taxes et impôts perçus, fussent-ils insuffisants pour financer le déficit de 3 % actuel.

L’exemple (à ne pas suivre) du Québec

À ce sujet, le Québec, fils spirituel de la France, tend à suivre la « mère-patrie » quand vient le temps de dépenser l’argent des autres sans compter. Au tournant du siècle, la Belle province a achevé ses négociations avec le gouvernement fédéral pour mettre en place sa généreuse politique familiale, comprenant des garderies subventionnées (CPE, pour enfants de moins de cinq ans) et des congés parentaux pouvant durer jusqu’à un an.

Certes, le taux d’activité des femmes de 25 à 54 ans au Québec a augmenté depuis 1997 (mise en place de la politique des garderies), passant de 74,2 % à 86,9 % en 2019, soit au-dessus de la moyenne canadienne. Toutefois, l’on peut se demander si cela en a valu le coup.

En ce qui concerne les CPE, en date de 2015, le coût du programme a été multiplié par sept alors que le nombre de places n’a que triplé. C’est dû au fait que l’argent a été remis au système plutôt qu’aux parents, selon le journaliste économique David Descoteaux. Comme les éducatrices (surtout des femmes) sont du secteur public, elles sont évidemment syndiquées et ont profité d’augmentations allant jusqu’à 61 % depuis 1997. Et comme les garderies privées ne peuvent pas concurrencer ces places à prix modique (35-45 dollars contre moins de 20 dollars), plusieurs ont dû fermer leurs portes face à cette concurrence déloyale.

Quant aux congés parentaux, ils ne semblent pas avoir eu un effet significatif sur la fécondité des Québécoises. En effet, elles ne sont passées que de 9,8 naissances pour 1000 femmes à 10 naissances entre 2000 et 2018. C’est inférieur à la moyenne canadienne (10,1), largement inférieur aux provinces des Prairies et aux Territoires, et à peine supérieur à l’Ontario (9,7).

Tout cela pour un régime qui commence à percevoir près de 0,5 % du salaire d’un employé à partir de 2000 dollars et qui fut déficitaire jusqu’en 2018.

L’échec européen

Si vous croyiez que l’exemple du Québec est peu représentatif de l’Europe, sachez que des pays du Vieux continent ont aussi tenté de promouvoir des politiques natalistes qui furent un échec onéreux.

En Hongrie, où l’on offre jusqu’à 60000 dollars aux familles selon le nombre d’enfants, le taux de fécondité est encore largement inférieur (moins de 1,5 enfant par femme) au taux de renouvellement des générations (2,1 enfants). Donc, à moins d’un véritable baby-boom, la population du pays ne peut que diminuer, considérant l’hostilité extrême de son Premier ministre envers l’immigration.

Quant à ces pays analysés par la BBC, aucun n’a réussi à dépasser le seuil de renouvellement des générations.

Alors que faire ?

Si les gouvernements veulent vraiment encourager une augmentation de la fertilité (si tant cela est nécessaire et/ou souhaitable), il existe une solution toute simple prônée par les libéraux depuis des lunes : laisser-faire et laisser passer. Un gouvernement qui ne cherche pas à tout contrôler de l’économie n’a pas besoin de percevoir autant d’impôts.

Pour vous donner un ordre d’idées : si le niveau réglementaire aux États-Unis n’avait pas bougé depuis 1947, l’économie (en date de 2013) aurait été quatre fois plus grosse. Imaginez toutes les innovations et le développement qui se seraient produits durant cette période. Et comme la réglementation touchant les familles (blanches, du moins…) n’était pas si étouffante, le baby-boom se serait peut-être poursuivi.

Bref, si madame Elimas veut vraiment augmenter le pouvoir d’achat des familles et le taux de fécondité, ce n’est pas en redistribuant encore plus les taxes et impôts qu’elle réussira. Peu (aucun ?) de pays ont réussi à adopter une politique familiale centralisée qui a pu augmenter la natalité de façon significative. C’est plutôt en permettant aux familles de respirer – de garder davantage de leur argent dans leurs poches – qu’elles pourraient vouloir avoir plus d’enfants.

Voir les commentaires (32)

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Créer un compte Tous les commentaires (32)
  • Le taux de fécondité n’intéresse que les nationalistes et les hommes politiques.

    • tout a fait, pourquoi diable veut on une politique nataliste ?
      Le seul interet d une natalité forte est d avoir 20 ans plus tard de nombreux soldats. C etait interessant a l epoque de napoleon. Encore un avantage il y a 100 ans mais de nos jours la puissance militaire est plus dans la techno que dans la chair a canon

      • Euh… Parce qu’un pays vieillissant va avoir du mal à s’occuper des vieux?
        A moins que l’on compte sur les gentils africains pour le faire, mais j’ai des doutes.

        • Euh…parce que plus on a de population, plus l’intelligence progresse….????? Non! On a plus de consommateurs et si on peut les abrutir ce ne sera que de meilleurs consommateurs.
          Au Japon, la population vieillit, la mécanisation des tâches ingrates progresse et le temps laissé pour s’enrichir intellectuellement progresse. Nous on cherche des masses pour générer du Chiffre d’Affaires pour les grandes sociétés et incidemment des serveurs, des livreurs de pizzas, des foules bien influençables et de moins en moins équipées pour penser.
          Depuis les hommes des Cavernes, la question centrale est et restera: LE CONTRÔLE DES MASSES

        • Ah parce que vous vous souciez des personnes âgées?
          Et/ou alors vous jouez aux hommes politiques?
          Et je ne vois pas bien ce que vient faire les africains dans l’histoire.

          Un pays qui s’occupe de ses vieux, cela ne veut rien dire.

          • Bah, à l’horizon 2040/50 je serai plus ou moins concerné par le problème. Oh et la politique, en démocratie c’est censé être l’affaire de tous.
            Je traduis pour le lecteur littéral: les vieux sont faibles et improductifs, à leur corps défendant (le vieux productif n’est pa un vieux.)
            Soit on subvient à leur besoin par la dépense publique et on a besoin de nombreux actifs pour payer les retraites – soit on subvient à leurs besoins par solidarité naturelle, et il leur faudrait des enfants, et pas qu’un par tête.
            L’Afrique c’est le nouvel Eldorado, qui selon la promesse de Merkel &Co doit payer les retraites des vieux Européens. Je n’y crois pas mais vous êtes libre de croire au père Noël.

            • Alors si un problème personnel vous attends, vous vous prenez en main pour le résoudre, n’attendez pas des autres qu’ils le fassent à votre place.
              Quelque soit la société (la nature est bien faite), à la vieillesse on est pas très longtemps improductif!
              Que des hommes politiques ait construit une génération où pendant 30 ans (voir +) on glandouille à la maison et on finit dans un ephad n’ait pas une raison pour lier les mains des générations futures.

              • Merci pour le conseil. Il n’en reste pas moins que le remplacement des générations est nécessaire.
                Quant à lier les mains des générations futures, je ne comprends pas ce que vous voulez dire. La mise au monde et l’élevage des enfants crée un certain nombre d’obligations réciproques et naturelles. Idéalement on devrait se fier à celles-ci plutôt qu’à un système mutualisé, mais le monde est imparfait.

        • @pangzi
          « Parce qu’un pays vieillissant va avoir du mal à s’occuper des vieux? »
          Donc pour vous on doit faire des enfants juste pour torcher les vieux ?
          Deja rien ne prouve que c est ce qu ils souhaiteront faire. Pour info ce qu on appelle « service a la personne » sont des emplois durs et mal payé. Est ce ce que vous voulez pour votre petit enfants ?

          Et il y a d autres solution. Au japon par ex on pousse a la robotique

  • A t on étudié la raison pour laquelle les femmes font des enfants ?
    Avant de chercher à corriger un biais, il faut le comprendre.
    Instinctivement je dirais qu’il faut avoir un sentiment de sécurité.. La famille… Dommage, elle disparaît ou que cela soit inclu dans une culture… Les allocs…. Ce n’est qu’un plus matériel en aucune façon un appel à faire des enfants.

    • Et puis, la capote la pillule l’avortement ça n’aide pas vraiment quand la nature vous dit, ne croissez pas, vous n’avez pas assez de revenu pour cela.

      • Tout a fait. on remarque que la natalité baisse en periode de recession.
        Si on veut augmenter la natalité (et je me demande si c est souhaitable) il faut une politique pro jeune (chomage faible, opportunite economique, logement accessible et non hros de prix comme maintenant )

        Apres c est sur qu en augmentant les allocs, vous allez generer quelques enfants de la part de cas sociaux qui voient le revenu a court terme (et a qui l enfant de coutera rien car ils ne s en occuperont pas et celui ci ne fera pas d etude). Mais est ce vraiment le type de natalite qu on souhaite ?

        • On peut mettre ça sur le dos de la recession mais aussi sur le fait qu’on exige des femmes une indépendance financière, elles bossent , on ne peut pas le faire et aussi élever des enfants, on délégue donc, sans doute que l’enfant devient soudainement moins présent etc, un enfant et voilà.

  • faire des bébés , c’est mignon tout plein ; assumer leur éducation et leur bien être sans compter sur l’argent des autres , c’est mieux ;

  • Ce qui montre l’absence de corrélation entre les allocs et les bébés !
    Les allocations familiales sont une taxe comportementale comme il en existe des dizaines. Et comme des dizaines d’entre elles, elles ne servent pas l’objectif qu’elles sont censées poursuivre.
    En outre, les politiques familiales d’après guerre, quand il s’agissait de « reconstruire » le pays, ne sont plus d’aucune actualité.
    C’est de l’argent dépensé en pure perte.

  • Promouvoir la natalité c’est, quitte à dépenser (!), ouvrir des places en crèches, non pas arroser avec des allocations. Le but du gouvernement n’est pas de faire pousser de mignons bébés, c’est de relancer la dépense pour vivifier l’économie.

  • Si la vague écologiste peut apporter de la cohérence, les allocations familiales devraient être revues pour lutter contre la dégradation de la planète. 100 pour un enfant, 250 pour deux enfants, 100 pour 3 enfants 0 pour toute famille de 4 enfants et plus…
    Aider les familles à éduquer oui, pousser à la croissance numérique, non!

  • Sujet passionnant.
    Je suggère d’arrêter les retraites par répartition de façon urgente, et de diminuer grandement les prélèvements obligatoires pour tous, mais surtout pour les familles fertiles.
    Je soupçonne qu’une forte raison de la baisse de fertilité occidentale vient du welfare state, qui fait que l’on peut compter sur les autres pour élever les générations qui s’occuperont de nous dans notre vieillesse… Une mutualisation suicidaire.
    TL; DR: stop à la solidarité obligatoire et vive la solidarité familiale.

  • L’Etat français veut désespérément rattraper son retard démographique sur l’Allemagne, pour pouvoir peser du même poids sur le Continent.

    Pas de chance pour les collectivistes, le solde naturel s’est récemment effondré et la politique d’immigration est à saturation, pour ne pas parler de rejet massif. Par ailleurs, les jeunes adultes en âge de procréer fuient le pays surtaxé, l’excès de lois, les salaires nets de taxes dérisoires, le chômage structurel, etc., à la recherche de paradis fiscaux.

    Les paradis ne sont pas difficiles à trouver vu que la France est le pire enfer fiscal au monde. Tous les pays sont des paradis comparativement à la France, trop heureux d’accueillir cette population de haut niveau en faisant l’économie de sa formation. La fuite est telle que le solde migratoire est désormais négatif. Après les capitaux, ce sont désormais les hommes qui fuient l’enfer socialiste (que le monde entier ne nous envie pas).

    Encore un peu plus de ces politiques publiques suicidaires, encore un peu plus d’Etat obèse, et le taux de variation total de la population deviendra carrément négatif, situation qui devrait se matérialiser avant 2025 au vu des tendances récentes. La crise du Covid ne va rien arranger, sauf peut-être ponctuellement, le confinement ayant pu favoriser certains rapprochements (il fallait bien occuper le temps libre).

    En démographie comme en économie, le collectivisme en roue libre, forcément mis en oeuvre par des minables incompétents (sinon ils seraient productifs), n’aboutit jamais qu’à des échecs retentissants.

  • Encore un auteur qui croit que l’argent est la cause et la conséquence de tout. Est-ce que cet auteur peut expliquer pour le taux de natalité est de 1,16 à Singapour ? 1,05 en Corée du Sud ? 1,85 en Suède ? et 1,64 à Cuba ?

    • merci pour ces chiffres impressionants que je ne connaissais pas.

    • Le faible taux de natalité de Singapour est compensé par l’allongement de la durée de la vie et par l’immigration (45% des habitants sont nés ailleurs). La population y est en croissance quasi continue depuis 60 ans. Mais depuis que l’espérance de vie ne progresse plus, le taux de natalité ne baisse plus non plus. Surprenante relation.

      Note : 1,16 est un taux de fécondité.

      • Oui, je me suis trompé entre natalité et fécondité, erreur classique. L’allongement de la durée de vie n’est pas infinie et reposer sur l’immigration laissera songeur pas mal de gens ici… et j’en fais partie. Un système qui dépend d’apports extérieurs (les migrants) n’est pas un système efficace.

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