Gauche, droite : de quoi il s’agit vraiment

Droite et gauche sont des réalités sociologiques, voire anthropologiques, mais certainement pas rationnelles. Quelle peut-être la place du libéralisme dans ce jeu politique ?

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Gauche, droite : de quoi il s’agit vraiment

Publié le 5 avril 2013
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Droite et gauche sont des réalités sociologiques, voire anthropologiques, mais certainement pas rationnelles. Quelle peut-être la place du libéralisme dans ce jeu politique ?

Par Philippe Fabry

Droite et gauche, gauche à droite ?Souvent les libéraux en France critiquent indifféremment les socialistes et la gauche, tout en déplorant simultanément l’étatisme également présent dans le discours de la droite.

Ces confusions ne seraient pas gênantes si par l’assimilation de la gauche au socialisme le libéralisme n’était pas associé à la droite, ce qui n’est pas le meilleur moyen de faire bonne presse pour nos idées ; et ce d’autant moins qu’en France la droite n’est pas une mauvaise défenderesse du libéralisme, elle ne le défend pas du tout.

Mais en réalité, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que gauche et droite d’une part, libéralisme et socialisme d’autre part désignent des choses qui n’appartiennent pas du tout au même domaine.

Libéralisme et socialisme appartiennent au domaine des idées politiques.

Gauche et droite sont des sensibilités politiques.

Il n’y a donc aucune idée qui soit de gauche ou de droite. Au contraire, historiquement, les idées politiques voyagent dans le champ des sensibilités politiques, toujours de la gauche vers la droite. Et je voudrais montrer que si nous comprenons bien comment fonctionne le système droite-gauche, nous pouvons tirer de précieux enseignements sur l’avenir politique du libéralisme.

 

Droite et gauche, quelle définition ?

Gauche et droite sont des sensibilités politiques, c’est-à-dire des tendances non raisonnées, des ensembles de préoccupations instinctives qui dépendent du sujet considéré.

Imaginons un axe allant de l’extrême droite à l’extrême gauche. De tout temps on trouvera :

  • à l’extrême droite : les réactionnaires, soit ceux qui pensent que c’était mieux avant, qu’il faut renverser l’ordre politique existant et revenir au statu quo ante, généralement un passé idéalisé.
  • à droite : les conservateurs, soit ceux qui pensent que les choses sont plutôt bien telles qu’elles sont et que si l’on change ce sera pire.
  • à gauche : les progressistes, soit ceux qui pensent que les choses peuvent être améliorées et que si l’on change, ce sera mieux.
  • à l’extrême gauche : les révolutionnaires, soit ceux qui pensent que le système est entièrement mauvais, que ce qu’il y avait avant était aussi mauvais ou pire, et qu’il faut instaurer un nouveau modèle idéal.

 

Dans cet ensemble, on constate aisément que les extrêmes partagent leur mentalité du bouleversement, alors que progressistes et conservateurs se retrouvent dans leur adhésion au système en place. Dans le groupe des extrêmes on trouve toujours une minorité d’individus, la majorité étant constituée de ceux qui adhèrent globalement au système en place.

Dans cette répartition suivant la sensibilité, rien n’est dû à une réflexion. Personne n’est de droite ou de gauche pour des raisons intellectuelles puisqu’il n’est pas question d’idées. Droite et gauche sont des réalités sociologiques, voire anthropologiques, mais certainement pas rationnelles.

Le fait qu’il s’agisse de sensibilités, et qu’elles soient ce qu’on en a dit, distribue logiquement la population comme suit :

  • À droite une population globalement plus âgée/plus installée économiquement, qui a tout intérêt à la préservation du système et voit d’un œil inquiet tout changement éventuel : la droite se caractérise par la tendance au pessimisme ; c’est le camp qui porte le discours décliniste et dont les valeurs sont l’ordre, l’autorité, la tradition, le respect des institutions.
  • À gauche une population globalement plus jeune/moins installée économiquement, qui pense gagner à des réformes et porte un regard critique sur ce qui se fait traditionnellement : de tendance optimiste, la gauche porte le discours idéaliste, qui est contestataire et se définit principalement en opposition avec ce que défendent les conservateurs.
  • Aux extrêmes on trouve nécessairement ceux qui auraient beaucoup à gagner d’un changement brutal de paradigme, mais ce qui les distribue est l’origine de leur situation d’exclus du système : ceux qui appartenaient jadis à une population favorisée et ont été déclassés seront d’extrême droite, nostalgiques d’une période plus faste pour eux (exemple : les nobles ruinés déchus d’Ancien Régime au XIXe siècle), alors que ceux qui appartiennent à une population défavorisée d’origine nouvelle seront d’extrême gauche (exemple : les ouvriers de l’industrie du XIXe siècle).

 

Étant des sensibilités qui se distribuent dans une population selon la loi des grands nombres, n’importe quelle population suffisamment importante se verra toujours composée à peu près moitié/moitié de gens de gauche et de droite. À l’échelle d’un État, on ne voit jamais une population à 95 % de gauche ou de droite.

Et lorsque l’équilibre moitié-moitié est ponctuellement rompu, que ce soit par un boom démographique ou une crise économique cela entraîne toujours une révolution : 1968, avec une génération du baby boom atteignant l’âge adulte ; 1789, avec une population française très jeune ; 2011, avec le printemps arabe.

Pourquoi ? Parce qu’alors le lent écoulement des idées qui existe toujours de gauche à droite est bouleversé.

 

La variation de sens de gauche et droite

Dans n’importe quel système politique, les idées naissent à l’extrême gauche et meurent à l’extrême droite, de la façon suivante :

  • À l’extrême gauche sont ceux qui, contestant absolument l’ordre existant ou ce qui a précédé, sont ouverts aux idées nouvelles de changement le plus radical ; c’est donc ici qu’apparaissent, systématiquement, les idées nouvelles dans leur formulation la plus violente.
  • À gauche sont ceux qui cherchent à améliorer l’existant mais ne sont guère enclins à la violence ; ils s’inspireront souvent de ce que la critique extrémiste peut avoir de plus aiguisé, mais le transposeront pour proposer des réformes plus mesurées, allant dans le même sens.
  • À droite sont ceux qui veulent maintenir le statu quo. Ils cherchent donc à conserver ce qui existe déjà, le défendent comme bon en soi, et répugnent aux changements d’un système qui leur semble d’expérience avoir fait preuve d’efficacité.
  • À l’extrême droite sont ceux qui regrettent le temps passé et cet ordre précédent que les conservateurs de l’époque n’ont pas réussi à maintenir.

 

Cette structure favorise le déplacement des idées. En effet les progressistes proposant des réformes année après année, finissent toujours par les imposer à la droite par faibles doses successives, en portant régulièrement des réformes très mesurées sur un mode de compromis entre réforme et tradition.

Or au fil du temps, une ou deux générations, il advient que l’ordre établi est un ordre qui a été progressivement changé. Mais la mentalité conservatrice, elle, demeure, et les nouveaux conservateurs seront ceux qui défendront le nouvel ordre établi. À l’extrême droite seront repoussés ceux qui sont encore attachés à l’ancien ordre.

Semblablement, à gauche, les nouveaux progressistes sont ceux qui considèrent comme ordre établi ce qui fut en réalité un ordre instauré suivant les idées des progressistes quelques décennies en arrière. Et en progressistes, ils contestent cet ordre établi et veulent le réformer, le modifier ; ils contestent même directement ce que les progressistes de jadis défendaient. Et pour cela, ils adoptent des idées plus radicales, celles de l’extrême gauche de deux décennies plus tôt.

L’extrême gauche, elle, en vient à inventer de nouvelles formes de contestation, puisqu’elle est composée d’individus qui se sentent exclus par le système et veulent en changer.

Un bon exemple de variation de sens en France est celui du régime politique. Voici quels régimes politiques défendaient les diverses sensibilités de la Révolution à la fin du XXe siècle (les dates sont approximatives) :

Droite et gauche

On voit bien sur ce tableau le déplacement de gauche à droite des idées politiques. Certains analystes disent aujourd’hui, à tort, que la France est « gauchisée » parce que la pensée socialiste y a profondément pénétré. C’est une erreur : c’est assimiler gauche à socialisme. Or, répétons-le, les idées naissent toujours à gauche mais ne sont pas de droite ou de gauche.

Dans la même veine, songeons au libéralisme : c’étaient les idées des révolutionnaires de gauche de 1789. En 1840, le libéralisme était devenu une valeur de droite, défendue par des individus comme Adolphe Thiers. En 1910, il était une valeur exclusivement de droite, la gauche étant devenue socialiste. Dans les années 1980, il n’y avait plus guère que l’extrême droite pour se dire reaganienne, et Jacques Chirac, lorsqu’il avait des positions libérales, était considéré comme très à droite. Et aujourd’hui, politiquement, le libéralisme est mort en France. Il a disparu à l’extrême droite, remplacé par le socialisme nationaliste aujourd’hui porté par Marine Le Pen.

Ce phénomène de variation n’est pas propre à la France, il s’observe partout puisqu’il ne dépend pas de la pénétration de telle ou telle idéologie mais relève de la psychologie sociale humaine. Ainsi les membres du Tea Party aujourd’hui aux États-Unis sont-ils considérés très à droite, voire d’extrême droite alors que les idées qu’ils défendent sont celles des pères fondateurs.

À l’autre bout du monde, le pouvoir de Vladimir Poutine en Russie est plutôt un pouvoir très droitier, ce qui ne l’empêche pas de vivre dans la nostalgie de l’URSS. Contradiction ? Seulement si l’on commet l’erreur de juger que le communisme est de gauche, alors que c’est une idéologie. Après 70 ans de communisme et un changement de régime, avoir la nostalgie de l’Union soviétique n’est plus une pensée révolutionnaire, mais réactionnaire.

Notons cependant que si le sens de la variation gauche-droite est systématique et univoque sur la longue durée, il n’est pas exempt de ralentissements voire de ponctuels retours en arrière. C’est ainsi que doivent être interprétées les arrivées au pouvoir de Ronald Reagan et Margaret Thatcher au début des années 1980 : tous deux défendaient un modèle libéral qui était dépassé, n’était même plus vraiment en vogue chez les conservateurs de leur temps et les rapprochait plus des réactionnaires, dont ils ne se différenciaient que par une mentalité réformatrice, et non révolutionnaire. L’un comme l’autre purent réussir à faire triompher leurs idées à cause des circonstances : l’héritage économique désastreux de Carter et plus largement d’étatisme pour l’un, la paralysie syndicale et l’état catastrophique des finances de l’État pour l’autre. Mais inversement, depuis, la pente générale de l’étatisme a plutôt repris, en particulier aux USA.

Prenons donc note ici de cette règle : le mouvement général des idées de gauche à droite n’empêche pas de ponctuels triomphes des idées conservatrices, voire réactionnaires.

 

Que deviennent les idées qui meurent à droite ? Elles réapparaissent à gauche !

Par le mécanisme que nous avons expliqué plus haut, avec l’oubli des générations, il s’avère qu’une idée qui a disparu du paysage politique est considérée par les acteurs politiques comme n’ayant jamais existé, et peut donc ressurgir comme une nouveauté chez les plus gros contestataires : l’extrême gauche.

Prenons l’exemple du régionalisme.

En 1792, le régionalisme était de droite. On l’appelait fédéralisme : il voulait que le nouveau système républicain respectât les particularismes locaux (langues, droits, modes de gouvernement) et s’opposait au jacobinisme centralisateur, idée de gauche.

Un siècle plus tard, au début du XXe siècle, le régionalisme était une idée d’extrême droite, défendue par Maurras et le nationalisme intégral, alors que la droite avait admis la centralisation et ne protestait guère contre la colonisation parisienne du pays orchestrée par l’école publique de Ferry, la méthode étant l’éradication des langues locales à coups de règles sur les doigts des petits enfants.

Ce régionalisme est mort politiquement avec Maurras, dans les années 1940.

Et une génération plus tard, autour de Mai 68, on vit reparaître, à l’extrême gauche, le souci régionaliste : apprendre le breton en Bretagne, l’occitan à Toulouse… Faire revivre le passé local en attitude révolutionnaire contre la centralisation du gouvernement, qui était devenu la tradition politique, et donc défendue par… la droite. C’est donc la gauche, en 1982, avec les lois Deferre, qui amorça la décentralisation, aspect administratif du régionalisme.

On pourrait multiplier les exemples : le drapeau tricolore qui n’apparaît plus massivement que dans les rassemblements de droite alors que la droite de 1815 n’en voulait pas, la République laïque devenue un slogan de Marine Le Pen après avoir traumatisé la droite et l’extrême-droite en 1905, la décolonisation qui fut prônée par la gauche dans les années 1950-1960 alors que c’était elle, là encore avec les grands discours de Ferry, qui avait théorisé et mis en œuvre la colonisation !

 

Le positionnement des idées et leur coloration par la sensibilité politique

Ce sujet de la colonisation est une bonne transition pour parler à présent du nationalisme et de son évolution sur l’échiquier politique.

Il faut en effet remarquer une chose : si les idées ne sont certes ni de droite ni de gauche, le clivage politique étant une question de préoccupations, de mentalités, de sensibilités et non d’idées, néanmoins lesdites idées changent de coloration, de tonalité en fonction de leur placement sur l’échiquier politique.

La colonisation, donc. Nous disions qu’elle fut portée idéologiquement par la gauche et Jules Ferry. Se souvient-on de ce que la droite en disait alors ? Le mot de Déroulède, nationaliste droitier, est éloquent : « J’ai perdu deux sœurs [NdA : l’Alsace et la Lorraine], et vous m’offrez vingt domestiques ». La droite, plus tard, devait finir par défendre son empire colonial quand il était sur le point de disparaître, et elle en porte encore aujourd’hui une forme de nostalgie. Mais c’est à cause de la circulation des idées puisqu’à l’origine, elle y était opposée.

Le nationalisme, comme le reste, a voyagé politiquement de la gauche à la droite : né dans la tête des révolutionnaires pour lesquels elle venait remplacer la figure du Roi (on crierait donc non plus « vive le Roi » mais « vive la Nation », on remplaça le crime de lèse-majesté par le crime de lèse-nation, etc.), le nationalisme resta à gauche jusqu’en 1870. La perte de l’Alsace-Lorraine causa un traumatisme qui le fit pénétrer à droite, et l’on assista alors, durant deux décennies, à une unanimité nationaliste en France : gauche et droite étaient également nationalistes. Mais elles ne l’étaient pas pour autant identiquement.

Le débat entre Déroulède et Ferry, entre droite revancharde et gauche colonialiste, est remarquable car il est celui du nationalisme de gauche et du nationalisme de droite.

Pour le nationalisme de gauche, la nation porte une supériorité substantielle, qu’elle doit porter au monde : cela donne les guerres révolutionnaires et la colonisation.

Pour le nationalisme de droite la nation porte une supériorité substantielle qu’elle doit protéger du monde : cela donne de la xénophobie, la fermeture des frontières, le souhait de l’autarcie et l’obsession de l’intégrité territoriale.

Les deux portent bien ce qui caractérise le nationalisme : la passion quasi-religieuse pour la Nation comme entité transcendante. Mais là où l’optimisme gauchiste pousse à l’expansion, à la conquête, le pessimisme droitier incline au repli et à la crispation.

Par la suite, à partir de 1889 et du lancement de la IIe Internationale, l’internationalisme grossit à l’extrême gauche et repoussa progressivement le nationalisme hors de la gauche, de telle façon qu’après 1920 il n’y avait plus guère de nationalisme qu’à droite.

Après la Seconde Guerre mondiale, le nationalisme fut repoussé à l’extrême droite par l’arrivée à droite de… l’internationalisme. Mais un internationalisme de droite, donc coloré différemment : pas un internationalisme porté sur le mouvement global, par-delà les frontières, comme celui de la gauche, mais un internationalisme inquiet, angoissé par l’apparition de deux géants, l’URSS et les États-Unis. L’internationalisme de droite fut donc l’européanisme, la volonté de se rassembler entre européens afin de faire face à la menace du monde sur la civilisation européenne.

Notons qu’ensuite reparut, comme nous l’avons dit, à l’extrême gauche le régionalisme, qui est aujourd’hui plus largement de gauche, avec les locavores et tous les mouvements du genre, qui prêchent le local comme alternative à la mondialisation. Aujourd’hui, on sent même une ébauche de disparition du nationalisme souverainiste à l’extrême droite au profit d’un décalage de l’européanisme de la droite vers les réactionnaires : on en trouve des éléments, même si ce n’est qu’embryonnaire, dans la dénonciation du complot Eurabia, qui voudrait que les élites européennes se sont entendues pour remplacer les peuples d’Europe par une immigration arabo-musulmane et que tous les populismes d’Europe s’unissent pour protéger la civilisation européenne en danger ; s’annonce, en fait, l’internationalisme d’extrême droite.

 

Et le libéralisme, dans tout ça ?

Tandis qu’en Angleterre ou aux USA le libéralisme a triomphé temporairement en Thatcher et Reagan à la faveur de circonstances économiques difficiles alors qu’il était sur le point de devenir une idée exclusivement réactionnaire, en France ce coche a été manqué.

Comme nous l’avons dit, il a effectivement basculé puis disparu à l’extrême droite dans les années 1980-1990. Aujourd’hui il n’est tout simplement plus représenté politiquement en France. Ceux qui se présentent comme libéraux sur l’échiquier politique français ne défendent en fait que certaines libertés, pour certaines personnes. Le libéralisme authentique, qui défend la liberté en soi, ne serait-ce que la liberté économique en général et pas pour certains domaines, n’a plus un seul député. Il est politiquement mort.

Comment alors se positionner ?

Il y a deux possibilités pour les libéraux actuellement.

Soit on considère que le libéralisme survivant en France est un libéralisme purement rationnel – ce qui est probable – soit entièrement libéré des sensibilités politiques, et alors le qualificatif d’extrême-centre parfois employé reflète bien la réalité : les libéraux se tiendraient en équilibre au milieu de l’échiquier politique, à la fois conservateurs et progressistes, défendant la liberté existante et combattant pour la liberté non actuelle.

L’ennui de cette approche, c’est que les gens convaincus par un argumentaire purement rationnel sont très rares, et ne feront jamais une majorité, ni même une forte minorité. Ils sont condamnés à rester en marge du jeu politique, et donc à être inexistants.

Soit on considère le libéralisme autrement, intégré au jeu politique, suivant le schéma droite-gauche que nous avons décrit, et ne le voyant nulle part après qu’il a disparu à l’extrême droite, nous devons donc considérer que le libéralisme est désormais situé là où apparaissent les idées : à l’extrême gauche.

Cette approche-ci est résolument tournée vers l’action politique, en ce sens qu’elle désigne les catégories de population auxquelles les libéraux doivent s’adresser, et qui ne seraient peut-être pas les catégories de population qu’intuitivement ils auraient visé : les exclus (les vrais, pas les assistés mais les travailleurs pauvres) et les jeunes. Cela peut paraître improbable tant il semble que viser ces publics est contre-intuitif, mais il faut se souvenir que les libéraux de 1789 n’ont pas fait la révolution en restant entre bourgeois éduqués et informés imprégnés des œuvres des Lumières, mais en faisant naître, contre les privilégiés, la conscience de classe du tiers état.

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  • Réduire le clivage gauche droite à une sorte de querelle des anciens et des modernes, pourquoi pas, c’est effectivement un axe intéressant.

    J’en vois cependant un autre, l’axe qui séparent ceux convaincus de la nécessité d’avoir des chefs, à fortiori dans la tempête, et ceux convaincus de la nécessité de rendre le pouvoir au peuple.

    Hélas, les libéraux, en faveur de la liberté, ne sont pour l’instant pas mieux identifiables dans cette grille de lecture opposant les autocrates aux démocrates qu’ils ne le sont dans la querelle des anciens et des modernes…

    Le libéralisme démocratique reste à inventer.

  • Très, très intéressant. Le tableau fait froid dans le dos.

  • Wouais, on dirait du Avot en plus compliqué, pas très convaincu sur tout ce qui se rapporte à 1789 et notamment le tiers-état. Je vais relire…

  • Bien vu, donc le libéralisme étant réapparu en 80-90 à l’extrême droite il devait disparaître. Mais je le vois mal réapparaître à l’extrême gauche actuellement, l’extrême gauche étant convulsivement anti-libérale.

  • Il me semble que la grille de lecture du droite-gauche d’une part et libéral d’autre part est b eaucoup mieux présenté par Philippe Nemo dans son oeuvre magistrale (dans tous les sens du mot) « Histoire des idées politiques de l’antiquité aux temps modernes ». C’est en dexu gros volumes dont je concatène les titres.
    le schéma des tructures poltioque se trouve déjà dans Aristote, mais les vraies idées libérales naissent en Angleterre, d’

    • Philippe Nemo explique que la droite défend un ordre dit naturel et la gauche un ordre dit artificiel alors que les libéraux défendent un ordre spontané.
      C’est vrai mais insuffisant, car cela laisse à penser que la gauche et la droite défendent toujours les mêmes idées alors que ce n’est pas le cas ; la droite ne pense les choses naturelles que parce qu’elles sont l’ordre établi, et la gauche ne porte l’idée d’un ordre artificiel que parce qu’elle cherche une alternative à l’ordre établi.

      • L’idée néo-classique d’ordre spontané résiste quand même difficilement aux avancées scientifiques ou anthropologiques à partir de la seconde moitié du 20è siècle. Je pense que ceux qui ont été à l’origine de cette idée d’ordre spontané auraient une approche bien plus riche à notre époque, ils manquaient manifestement d’outils cognitifs.
        Il est dommage de constater que la théorie macro-économique ait produit sa propre dynamique séparée de toutes les autres avancées scientifiques qui sont en fait plutôt cohérentes, jusqu’à parfois expliquer les défauts de sa modélisation de la réalité par un manque d’orthodoxie de systèmes eux-mêmes (rhétorique commune aux psychanalystes). Elle a divergé à partir du moment où la science du début du siècle a été considérée comme un ensemble de certitudes, ce qui n’est pas très scientifique comme approche. On peut tout de même remarquer une inflexion à ce niveau depuis quelques années et je pense que nous allons pouvoir faire de grands pas à ce niveau… on pourra éventuellement toujours parler d’un « ordre spontané » mais ça ne voudra plus dire du tout la même chose (un « ordre spontané » entraînant des réorganisations « spontanées », des « hiérarchies » spontanées, et faisant émerger des libidos « spontanées »… le « naturel » et « l’artificiel » étant alors tout autant « spontanés »), ce serait intéressant par exemple de réussir à retracer correctement les histoires des organisations sociales depuis la révolution du néolithique tant qu’on n’y arrive pas je crois qu’on restera dans des débats complètement vains (un peu comme le débat inné/acquis a fini par être complètement dépassé de nos jours).

        • L’idée d’ordre spontané n’est pas néoclassique.
          Et contrairement à vos propos, les avancées scientifiques tendent au contraire à conforter cette conception hayekienne puisqu’elle réapparait inlassablement sous la plume de nombreux chercheurs en sciences sociales (sans qu’ils en aient conscience puisqu’ils ignorent tout des thèses libérales la plupart du temps) sous différentes appellations : en sociologie, en psychologie sociale, en théorie des organisations…

          • L’ordre spontané est un héritage des néoclassiques, et les nouveaux néo-classiques, comme l’école de Chicago par exemple, a assimilé l’idée d’ordre spontané.
            Encore une fois la « spontanéité » dans les autres sciences sociales ou dites dures n’a pas grand chose à voire avec la spontanéité des économistes, et la spontanéité est en train de se rapprocher de la notion des autres sciences plutôt que l’inverse.
            Quant à l’ignorance des « thèses libérales »… vous voulez en venir où ? ce serait quoi leur objet ? A priori il est possible de baser des « thèses libérales » (encore que je me trompe peut-être sur leur objet que vous leur prêtez) sur des sciences sociales, il est possible d’enrichir une analyse sociologique ou anthropologie par une approche économique (ce qui est fait régulièrement) mais c’est quand même difficile de faire l’inverse, ou alors…

            • Non.
              Ordre spontané : http://www.wikiberal.org/wiki/Ordre_spontan%C3%A9

              Et on retrouve des processus d’ordre spontané expliqués de façon très proche à la conception hayekienne dans les autres sciences sociales : par exemple, les « régulations autonomes » chez le sociologue JD Reynaud, le « système d’action concret » chez le sociologue Michel Crozier, l’ « ordre social » chez le sociologue Raymond Boudon, les processus de normalisation sociale chez les psychosociologues, les processus d’auto-organisation dans les sciences de gestion, etc. Même la théorie de la structuration sociale d’A. Giddens, cette fois-ci par une méthodologie différente, décrit bien en quelque sorte l’émergence d’un ordre spontané.

              Philippe Nemo, dans un très bon article, avait montré aussi la similitude de la théorie de l’ordre spontané chez les libéraux avec les principes de cybernétiques.

          • Sans oublier la biologie voire l’écologie (la science, pas l’idéologie politique)…

          • @Raphaël Marfaux > Je ne conteste pas la spontanéité de l’ordre, remarquez bien, je conteste la présence de facteurs extérieurs. Le problème de dire que le libéralisme se différencie sur l’idée d’ordre spontané, c’est de considérer des forces extérieures… ce qui est justement contradictoire. Il faut commencer par accepter qu’un ordre spontané exclue l’idée de force extérieure. On ne peut pas prôner la spontanéité, on la constate ou on ne la constate pas.
            Je comprends bien qu’il y a derrière une idée d’intention, mais en repoussant la notion d’intention on s’interdit toute une partie de la complexité du phénomène d’auto-organisation et lui donne une dimension magique alors que les intentions de régulation sont impossibles à interdire. Si on part du principe, par exemple, que l’état est extérieur au marché et qu’il peut être limité à des fonctions de contrôle régalien, on se retrouve à le légitimer et à légitimer un ordre « artificiel » en réalité, sans se demander ce que c’est que cette force extérieure, comment elle se construit absolument pas depuis l’extérieur (comment ça pourrait être le cas ?) et comment elle se retrouve légitimée à déborder de ses missions initiales.

            Il n’y a pas de forces extérieures, l’ordre est spontané (il continue d’émerger), seulement il y a des systèmes concurrentiels (l’état-nation moderne est un système de gouvernance totalement cohérent avec le capitalisme, on peut même remarquer qu’ils apparaissent en même temps avec une telle régularité que c’est difficile de croire à une coïncidence) et des chaînes de construction qui nous échappent plus que d’autres. C’est pourquoi je parle de la révolution du néolithique, sans laquelle on ne pourrait pas opposer « spontané » à « artificiel », et qui est pourtant une rupture tout à fait spontanée.
            Pour être concret : une mairie va décider de faire des routes dans une ville qu’à partir du moment où il y a des gens qui s’installent ensemble pour se retrouver à faire une ville et se retrouver dans un endroit pour prendre des décisions… si on part du principe que la mairie est un truc qui tombe du ciel alors on n’arrive jamais à s’en débarrasser même quand elle part en vrille (ce qui est en fait fondamentalement sa mission, de partir en vrille). Je suis d’accord que aujourd’hui on nait majoritairement dans une ville, que la naissance étant subie l’administration de la Cité l’est aussi, mais ça n’a pas toujours été le cas. Le monde nous préexiste.
            Concrètement encore : si on met 10 personnes qui ne se connaissent pas sur une île, ils vont s’auto-organiser (éventuellement certains ne seront pas contents de l’émergence d’un chef, peu importe). Si une 11è personne arrive elle va trouver un ordre dirigé et va négocier l’état de la hiérarchie, en ayant éventuellement (en fait c’est inévitable) une stratégie… en contradiction avec l’empirisme relatif des premiers arrivés. Si 10 gosses naissent alors il y aura une approche stratégique au moins temporairement (éventuellement basée sur le culte des solutions trouvées empiriquement).

            Si je considère l’état-nation comme un système dépassé (tout autant que l’industrie) je n’arrive pas à voir comment il serait possible d’éradiquer toute hiérarchie pour autant. Mais les hiérarchies en décadence ont encore des pouvoirs de nuisance (qui n’ont d’extérieur qu’une légitimité passée) et peuvent empêcher l’émergence des nouvelles organisations. Multiplier les hiérarchies concurrentes est une bonne chose, mais insuffisant si on garde le même modèle et si elles sont étanches car on se retrouve simplement avec un système proto-étatique simplement plus localisé (notons que ça commence à moins marcher aussi dans les entreprises privées, la question n’est donc pas dans l’origine du capital) qui a comme logique d’empêcher la diversité et la concurrence.

            Après… la « divinité » de l’ordre n’est obtenue par Dieu que par l’absence systématique de démonstration de son existence.

          • raphaël malraux: quel article de Philippe Nemo sur la comparaison entre ordre spontané et cybernétique (soit dit passant, cybernétique -> science des systèmes auto-régulés, donc parler d’ordre spontané en cybernétique, c’est presque un pléonasme)

  • Très puissant comme texte, une notice explicative de la politique ! A lire et relire sans modération. Merci.

  • Il me semble que la grille de lecture du droite-gauche d’une part et libéral d’autre part est beaucoup mieux présentée par Philippe Nemo dans son oeuvre magistrale (dans tous les sens du mot) « Histoire des idées politiques de l’antiquité aux temps modernes » et notamment dans la préface du second volume.
    Le schéma des structures polltiques se trouve déjà dans Aristote, mais les vraies idées libérales naissent en Angleterre, d’abord avec Locke, Mandeville, JS Mill. Les théories libérales sont repensées au XXème siècle avec von Mises, Hayek, Popper.
    Le paradigme soutenant le libéralisme est l’ordre spontané,par opposition à l’ordre naturel (la droite) et l’ordre fabriqué (la gauche). L’odre spontané entraine logiquement la liberté.
    A mon avis -et là, je m’écarte peut-être les « purs » libéraux- il faut néanmoins ajouter des règles contraignantes à cette liberté sinon elle conduit tout droit aux monopoles et à l’oligarchie. Le parfait équlibre est délicat; il nécessite des citoyens éduqués pour que la démocratie ne sombre pas directement dans la démagogie.
    Notre occident est un mélange d’oligarchie (USA), de démagogie et de social-clientélisme (Europe)

  • Je ne suis pas vraiment convaincu par le raisonnement mais ça reste un excellent article, bien construit et portant des idées.
    a) Il manque un paramètre dans l’analyse : la force, la contrainte. les libéraux sont, par définition, fondamentalement contre l’usage de la force pour imposer leur idéal ; ils ne l’admettent que dans un contexte défensif, et strictement limité et proportionné. Ils n’ont strictement rien à faire dans les milieux extrémistes, peuplés d’exclus n’ont rien à perdre et peuvent être très violent.
    b) les idées libérales sont déjà archi-présentes. Déformées, vilipendées, mais présentes. On peut paraphrasé la célèbre entame du « manifeste » : « un spectre hante l’Europe, le spectre du [libéralisme]. etc. ». Il n’est donc pas nécessaire de les ré-introduire dans le spectre politique

  • D’ailleurs, les plus réformes libérales les plus importantes ayant été faites dans un pays développé sont celles portées par un gouvernement de gauche, en Nouvelle-Zélande. Or, eu égard à la situation du pays avant que ces réformes n’aient été faites, on est bien dans un optique d’un réformisme non révolutionnaire, donc plutôt de gauche progessiste selon la définition de l’auteur.

  • La violence anarcho-capitaliste et minarchiste est dans la radicalité du discours, pas dans le comportement à adopter pour le faire triompher, ce qui serait complètement incompatible avec le principe de non-agression.
    De la même manière que Reagan et Thatcher étaient plutôt réactionnaires, dans leur contexte, pour la radicalité de leur discours, mais se rapprochaient des conservateurs par leur pratique réformiste.

    • Je ne pense pas qu’on puisse parler de « violence » pour désigner la radicalité de leur discours. Les mots ont un sens, « mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde ».

      Alors, pour préciser ma pensée, oui, cette radicalité du discours est « révolutionnaire », mais comme je le disais, et « corrigez-moi si je me trompe, l’extrême-gauche a toujours voulu imposer son idéologie par la violence » DES ACTES. Et c’est pour cela que je me posais la question du classement du révolutionnarisme libéral à l’extrême gauche.

      • Les révolutionnaires ne sont souvent pas violents tant qu’ils ne sont pas confrontés aux limites pratiques de leurs idées. Robespierre, en 1789, ne voulait tuer personne. La Terreur fut exercée au nom de la Liberté, avec tout ce que cela peut avoir d’absurde, mais les révolutionnaires étaient désemparés en découvrant des « ennemis de la liberté ». Les discours anarcho-capitalistes ne réclament certes pas de sang, mais en cas de révolution, ne trouverait-on pas des anarcaps plus prompts à l’exécution des ennemis de la liberté qu’au compromis politique ? C’est une question qu’en conscience tout libertarien doit se poser avant de prôner la politique du pire et l’effondrement du système comme meilleure transition.

  • Haha! Les libéraux seraient alors aujourd’hui comme le nombril: au-dessus des partis?! Donc, pour rétablir le libéralisme en France aujourd’hui, il faudrait établir un système monarchiste du XXIème siècle. Ainsi la politique ne deviens plus un jeu de pouvoir et la démocratie peut s’exercer là où elle est la plus efficace, représentative et structurante. Des impôts limités et des actions politiques précises pour régler des problèmes précis et localisés. Ex: JM Ayrault est à Nantes, il veut son aéroport, d’autres son contre – débat et échanges d’arguments- Le dirigeant tranche selon les besoins de la région et des caisses du pays.

  • Réflexions très stimulantes, merci.

    La conclusion n’est pas si contre-intuitive que ça. Les libéraux pensent que le système étatique profite aux puissants, logiquement une (r)évolution libérale profiterait aux exclus.

    Je suis assez convaincu par l’idée que le libéralisme reviendra par l’extrême gauche. On le sent dans la proximité avec l’anarchisme. D’une certaine façon la communauté de Tarnac est une sorte d’utopie libérale qui rompt avec l’Etat.

    Si on suit cette idée, l’urgence pour les libéraux est de changer de nom. Libéral a été redéfini pour signifier « ami des grands patrons ». Il serait absurde de s’épuiser à reconquérir ce mot. On ferait mieux de focaliser sur autre chose. La subsidiarité par exemple? Ca résonne bien avec les idées d’autogestion, populaires à l’extrême gauche.

  • L’article est lumineux.
    Cette analyse se complète plutôt bien avec celle de Nemo en fait, et n’est pas non plus incompatible avec les analyses anthropologiques de Todd (à l’époque où il se contentait de faire son boulot et non de la politique, il arrivait à dire des trucs intelligents).

    On peut même ajouter que pendant que le nationalisme se mue en occidentalisme ou européanisme à l’extrême-droite et se dissous dans le socialisme croissant du FN, il est déjà en train de réapparaître sous une autre forme à l’extrême-gauche avec les rhétoriques autarciques de Méluche et Montebourg.

    Les guerres et les crises sociales font parfois faire des raccourcis au mouvement des idées, ou plutôt au mouvement des personnes. Après la 1e guerre mondiale, la pensée de gauche et d’extrême gauche a été brutalement purgée du nationalisme, mais pas forcément ses électeurs. Selon le schéma de l’article, le déclassement social brutal des classes moyennes inférieures a pu transformer rapidement des sensibilités de gauche en sensibilités d’extrême-droite.
    C’est en quelque sorte ce qu’on a observé dans l’entre-deux-guerres dans plusieurs pays : un électorat populaire de gauche encore nationaliste qui rejoint massivement l’extrême-droite (c’est à dire le camp des « déclassés ») suite à la crise sociale sans passer par la case « droite », mais emmenant avec elle le socialisme. Le flux normal des idées reprend après 45 et l’extrême-droite redevient perméable aux idées libérales venant de la droite de l’époque pendant une génération.

    Le déclassement social de la crise des années 70, bien plus marqué au RU et aux USA qu’en France, est peut-être aussi à l’origine de la révolution conservatrice des années 80, en transférant d’un coup des électeurs populaires déclassés avec une sensibilité de gauche vers des sensibilités de droite dure.

  • La conclusion de M. Balyre donne à penser que le ralliement du partit libéral démocrate à l’UDI ne va pas dans le sens de l’histoire.

  • Très intéressant !

    L’auteur me semble avoir raison, de ce que j’observe autour de moi ceux qui étaient jusque là « très à gauche » commence à devenir perméables à des idées plus libérales qui leur semblent les plus à même de pouvoir bousculer franchement le « système » en place.

    Mais çà c’est une fois qu »ils ont compris ce qu’est réellement le libéralisme et pas ce que leur en disent la presse, nos « intellectuels » et l’EdNat…

    .

    • Justement il y a un vrai effort pédagogique à faire, mais la diffusion des idées est toujours quelque chose de très lent. Néammoins, avec la crise actuelle il y a un angle d’attaque, car il y a certaines similarités entre le discours libéral et celui d’extrême gauche.

  • « les gens convaincus par un argumentaire purement rationnel sont très rares »

    Ce que Georges Fraîches avait résumé en « les gens ne votent pas avec leur tête, ils votent avec leurs tripes », ce qui me semble parfaitement exact.
    Et il me semble aussi tout-à-fait exact que, comme l’a montré une étude aux USA, les libéraux ont beaucoup plus tendance à baser leurs opinions sur le raisonnement logique que sur les émotions, contrairement aux conservateurs ou aux progressistes, plus empathiques.

    Ce qui explique le peu de succès des idées libérales, alors que ce sont les plus « logiques ».

    Dès lors, les libéraux devraient peut-être plus s’appuyer sur le pathos que sur le logos pour convaincre, bref adopter les « techniques » de l’adversaire.

  • Si les idées « naissent à gauche » , comme le prétend cet article,
    c’est aussi parce qu’elles y naissent bâclées !
    Et c’est ensuite à la droite d’essuyer les plâtres et réparer les dégâts,
    ce qui alors laisse moins le loisir de faire naître des idées » à droite,
    d’autant qu’on essaye d’y délivrer des idées testées et abouties, ce qui n’est pas le cas de la gauche, irresponsable, qui fabrique des expériences et s’empressera d’abandonner l’idée précédente pour ne conserver que les morceaux de choix et passer à l’idée suivante puis à la suivante, en les consommant comme un drogué consomme sa nouvelle came.

    En bref, la droite tient la baraque debout
    pendant que la gauche fait joujou à charger la barque.
    Cette forme de chantage n’est pas décrite dans cet article.

    • La droite ne vaut pas mieux que la gauche… Elle ne tient rien rien du tout, elle navigue à vue, portée par les idées stupides à la mode du moment.
      La droite française est depuis bien longtemps dirigiste, constructiviste, protectionniste, étatiste, liberticide, bref foncièrement anti-libérale.

      Cette droite là, comme cette gauche là, ne mérite que la poubelle de l’Histoire, et bon débarras!

  • Je ne crois sincèrement pas qu’il y ait « la gauche et la droite ». Je crois qu’il y a d’un côté le socialisme, et de l’autre le réalisme. Et qu’il n’ont rien à voir l’un avec l’autre – sinon les concepts qu’ils se volent régulièrement l’un à l’autre. Ils ne sont pas partie du même monde. Le socialisme est utopique, le réalisme est réaliste. Les placer sur un même plan revient à mettre sur un même plan Marx et un épicier.

  • Remarquable article.

    De plus la conclusion, avec les jeunes comme cœur de cible, est pertinente.
    j’ai testé le caractère révolutionnaire des idées libérales sur de jeunes esprits ignorants du libéralisme.

    • « j’ai testé le caractère révolutionnaire des idées libérales sur de jeunes esprits ignorants du libéralisme. »

      Et? Ça marche ou pas?

      • Oui parfois.

        Mais le problème, c’est qu’une fois la discussion terminée ces jeunes gens vont baigné chaque jour dans le collectivisme effréné.

        Mais le jeu en vaut la chandelle.

        • Oui, il y a certainement des cyniques chez les libéraux.
          Mais alors franchement, ce sont de petits joueurs à côté des sociaux-démocrates, comme le démontre actuellement l’affaire Cahuzac.

  • Excellent article, une vraie réflexion.
    Effectivement selon ce schéma le libéralisme doit revenir par l’extrême gauche par la dénonciation des élites (gouvernants, banquiers etc…), mais ça ne va pas être si simple que cela.

  • Bel article à lire, faire lire et discuter.Vous classez toutefois le pessimisme sur la nature humaine à droite alors que j’ ai toujours pensé que c’ était une caractéristique de la pensée de gauche. Pour une personne de gauche il faut une élite éclairée ( dont elle fait évidemment partie) pour mener le monde. Si on laisse l’ homme libre d’ agir à sa guise, on a le renard libre dans le poulailler libre,on fraude le fisc, on pollue et j’ en passe, et il faut des tombereaux de lois et la police pour les appliquer pour espérer remettre un peu d’ ordre dans le foutoir… La gauche a toujours une vision profondément pessimiste de la nature humaine, ou peut-être me trompé – je ?

    • A vrai dire ce n’est pas vraiment sur la nature humaine que s’entend le pessimisme de droite, mais sur les choses en général : un homme de droite et un homme de gauche peuvent être d’accord sur l’état navrant du monde en général, l’homme de droite dira qu’il vaut mieux éviter d’essayer de changer de peur que ça marche encore moins bien, alors que l’homme de gauche a la conviction qu’on peut faire mieux. Les deux mentalités sont complémentaires – cela veut aussi dire que séparément, elles sont insuffisantes.

  • Un mouvement libéral ne peut pas se dire ouvertement d’extrême gauche à l’heure actuelle, disons que c’est beaucoup trop tôt puisque l’extrême gauche en est encore aux idées communistes.

    Ceci étant jouer la carte du populisme, des discours trollesques voire agressifs et qui font parler d’eux, jouer la carte du petit peuple troussé par les puissants, en ressortant quelques antiennes libérales au passage me parait déjà un bon point de départ.
    En tout cas ce n’est pas au centre que l’on mène la bataille des idées, c’est le moins que l’on puisse dire.

    • Ce n’est pas si simple, certains anarchistes sont à la fois d’extrême-gauche et libéraux.

    • vraiment interessant cette reflexion !

    • Ce n’est pas tant que les libéraux ne peuvent se dire d’extrême gauche ouvertement ou non … c’est juste que les libéraux abhorrent ce qui vient de l’extrême gauche … et d’ailleurs des extrêmes tout court.

      J’abonde toutefois dans le sens de Tremendo en ce sens que ce n’est pas non plus au centre que se mene la bataille des idées.

      Il serait temps ici de comprendre que le libéralisme ne peut se fondre dans le modèle droite gauche … Il préfigure bien plus un plan d’existence politique différent de celui ou droite et gauche se querelle pour gérer de l’étatisme.

      C’est aussi important que de comprendre que le libéralisme porte en lui une confrontation entre « libéraux de ci » et « libéraux de là », comme l’étatisme draine des démocrates de droite et des démocrates de gauche », avant que de pour chaque camp inaugurer des extrêmes …

      Ne nous voilons pas la face … Le libéralisme emporte comme d’autres plans d’expression politique, ses extrêmes, ses radicaux, ses conservateurs et ses libertaires. Les mouvements libertariens sont ainsi au mieux des mouvements radicaux, dont certains empruntent une similitude d’action avec le Mélenchonisme ou nos légitimistes de droite, les anarcho-capitalistes sont clairement des extrêmes, une sorte de FN dont les étrangers seraient remplacés par l’Etat ou le moindre organe qui priverait l’individualité d’un quelconnque droit; les libéraux sui generis enfin drainent autant de conservateurs au plan des moeurs que de « laissez-fairiste » …

      Bref, le libéralimse n’est pas un monolithe … C’est dès le sens premier une philosophie du droit … une manière différente d’appréhender les institutions, si minimale soient-elles, et le vivre ensemble, paradoxalement à des millénaires d’une tradition instaurée à la Révolution.

      Un plan d’existence philosophique et politique différent de l’existant, vous dis-je.

  • Il y a une partie de l’approche qui me semble correcte, mais une partie seulement. Par exemple il n’y a jamais eu d’extrême-droite libérale, les récupérations de programme de Tatcher et Reagan n’ont jamais été que partielles et systématiquement sur des sujets sur lesquels ils ne se montraient pas particulièrement libéraux.

    Le libéralisme nécessite en soi une certaine fluidité des hiérarchies assez peu compatible avec l’idée de matérialité, de certitude et d’absolu qu’on retrouve dans toutes les extrêmes-droites. Alors évidemment il y a une frange de libéraux qui prônent une sorte de mafia avec laquelle les moyens physiques de coercition ferait partie d’une négociation commerciale légitime et l’indépendance totale (dans les faits l’unicité de la dépendance) serait préférable à une multiplication des interdépendances (en vue d’une autonomie), mais ceux-là sont minoritaires. On peut citer en exemple « l’écologie radicale » dont a parlé dernièrement Finkielkraut (en croyant qu’il s’agissait d’une preuve de son non droitisme) qui est en fait une soumission aux contingences matérielles de la nature dans un rapport direct à la personne, qui est en fait, effectivement, l’approche de l’extrême-droite depuis toujours (disons qu’aujourd’hui c’est une approche extrémiste même pour l’extrême-droite). On ne peut pas non plus considérer le fascisme stalinien (par exemple) comme étant une pure extrême gauche, si on y retrouve bien l’idée de meta-organisation administrative permettant théoriquement une fluidité sociale permise par une égalité totale, le pouvoir central se retrouve en fait totalement omniprésent et empêche toute fluidité et aucune égalité n’est réellement possible.
    Les courants de pensée ont leur propre évolution et il n’y a pas (comme d’autres commentaires le disent déjà) qu’un seul clivage, qu’une seule dynamique possible dans l’évolution des organisations sociales. On peut même interroger la modélisation proposée par Emmanuel Todd qui lie ces dynamiques aux structures familiales : si son modèle n’est pas forcément suffisant on peut considérer qu’il propose une grille de lecture complètement différente que celle de cet article sans pour autant être totalement dans l’erreur. L’évolution des moyens techniques est aussi un facteur disruptif qui permet de transformer des contingences matérielles : discuter des organisations sociales de gestion de leur ancienne forme devient alors irréaliste. Et c’est justement l’époque que nous vivons actuellement : nous retrouvons bien de l’extrême-gauche à l’extrême-droite un clivage interne qui se fait de plus en plus sentir sur la question de l’industrie et du produit.

    Si on devait faire une photo de l’échiquier des partis politiques actuels en France, je dirais que l’extrême-droite actuelle prône un pouvoir de ne pas accepter la notion de dynamique anthropologique et qu’ainsi la question hiérarchique ne l’intéresse plus aujourd’hui du moment qu’il y en ait une. A droite on retrouve une tendance à vouloir favoriser les hiérarchies en place et à rendre illégitime les pouvoirs émergeants (c’est là que c’est nouveau : on préfèrera donner un monopole à Ford qu’à Google, même si les rapports de force financiers ont en fait déjà été retournés), même si cela devait remettre en cause tout le modèle des principes de fonctionnement qui légitiment les hiérarchies en question. A gauche ils essayent de conserver tout le système de légitimation des pouvoirs en acceptant théoriquement un certain dynamisme des hiérarchies… les contingences matérielles étant en train de changer de forme (mondialisation, dématérialisation, instruction, robotisation…) ils se retrouvent naturellement dans des comportements de plus en plus proches de la droite classique (et Montebourg pose en marinière, Raffarin aurait pu le faire). A l’extrême gauche enfin la dérive administrative soviétique a été assimilée et dépassée par l’approche humanitaire, avec une vision là-aussi complètement arrêtée de l’idée de progrès et d’universalisme (autiste) avec un fantasme halluciné de la communauté qui se recoupe du coup, stratégiquement, avec la vision matérielle de l’extrême-droite (protectionnisme patriotique et compagnie).
    La réalité actuelle se retrouve donc totalement en dehors du focus des partis qui perdent tous de la légitimité et qui en interne sont rongés par des désaccords étrangers à toute possibilité de compromis si ce n’est sur les stratégies électorales.

  • Donc il faut rentrer dans le combat révolutionnaire au titre de la liberté ???? Il faut donc mettre en avant notre frange libertarienne …

  • L’écologie est aussi une idée qui est né à l’extrême gauche dans les années 60/70, reprise par la gauche dans les années 80/90, puis reprise par la droite dans les années 2000/2010, au point que celle-ci lamentablement a convoqué un Grenelle de l’environnement.

    Néammoins j’ai des doutes sur d’autres sujets. On parle de l’internationalisation de l’extrême droite, dans le sens où tous les populismes d’Europe tentent de s’unir pour lutter face à la bureaucratie européenne et onusienne, de même que face aux vagues d’immigration en exaltant l’identité européenne. Mais concernant la mondialisation, je vois des disparités.
    D’autre part je vois un mouvement de retour au nationalisme à l’extrême gauche avec des Montebourg ou Mélenchon dont les discours sont anti-mondialisation, protectionnistes etc…N’est-ce pas contradictoire?

    • Ce que je veux dire c’est que je vois un mouvement similaire à l’extrême droite et l’extrême gauche en même temps.

    • Exact, de mon point de vue …

      L’Ecologie est à l’origine profondément conservatrice. Il s’agit ainsi de sauvegarder les ressources de sorte que le système survive dans sa forme connue. Elle est en ce sens strictement opposée à toute forme de progressisme.

      • L’écologie d’origine conservatrice considère les contingences matérielles comme indépassables et prônent donc une activité humaine limitée à la culture, le symbolique et le spirituel : elle est anti-matérialiste.

        L’écologie moderne considère bel et bien un dialogue entre la « nature » et l’homme dans le cadre d’une organisation sociale : elle serait plutôt (post-) matérialiste et progressiste. Il n’y aurait pas d’idée de nature de la Nature par exemple puisque l’homme ferait partie de son écosystème, la transformation n’est pas interdite.

        Je ne suis pas certain qu’il y ait une véritable évolution historique entre ces deux mouvements, cette « écologie d’origine » ne serait pas à l’origine de notre « écologie moderne » qui est plutôt pensée dans la seconde moitié du 20è siècle en effet.

    • les premières consciences ecologiques ( en france ) date du debut du 19ième siecle, et son portées par des aristocrates, elles visaient la conservation des forets, en empechant de plus en plus les masses populaires de faire valoir leurs droits coutumiers concernant les terrains boisés.
      c’etait des idées plutot d’extreme droite.

  • Au bout de presque 40 ans d’observations, je n’y vois rien d’autre qu’une différence émotionnelle, la gauche ayant le culte de la faiblesse, et la droite, le culte de la force.

    • vu le culte à la force que voue la gauche (loi = expression du rapport de force), ça me semble assez paradoxale comme point de vue. Sauf à considérer que ce qu’on appelle couramment « la gauche » (le PS, le PC, le FdG, EELV etc.) sont en réalité des partie de droite, ce qui j’admets volontiers

      • La loi forte pour protéger les faibles, les exploités, les sans voix, les défavorisés. Et redistribuer en leur faveur pour réparer l’ « injustice ». Culte de la faiblesse.

  • Le problème de cet article est qu’il traite une vue de l’esprit, le clivage gauche droite n’a jamais existé politiquement. Sur ce néant il essaie de coller la mouvance des idées, des problèmes sociétaux et tout ce qui fait débat à un moment ou à un autre et aussi les apocalypses. La distinction gauche droite est née de journalistes ayant constatés que les jacobins s’étaient regroupés à la gauche du Président et les jacobins à droite, c’est-à-dire en 1792. Les idées défendues par nos chers politiques qui se considèrent omniscients et omnipotents n’ont pour objectif que l’élection, pas plus*. C’est ainsi que nous avons le politiquement correct (du moment), le principe de protection et toutes les fadaises qui font plaisir à entendre. Gustave Le Bon démontre que si la démocratie s’était imposée avant les grandes découvertes et la révolution industrielle, elles seraient mortes dans l’œuf.
    J’ai découvert cette supercherie gauche droite en étudiant les Buchez-Roux (que je déconseille); Philippe Nemo aboutit à la même conclusion.
    La république extrême gauche (a priori la première) faux, c’est la terreur, à moins que vous teniez à considérer la république comme un mode d’épuration… indispensable et nécessaire. Robespierre voulait liquider le tiers de la population, le régime de Sparte était idolâtré. La révolution et le tiers-état, là encore le peuple n’a rien à voir avec ce mouvement et pour une fois je suis d’accord avec le jacobin Napoléon, la révolution c’est l’œuvre de la vanité.
    *DSK est arrivé un matin rue de Solferino en déclarant qu’il avait trouvé un moyen infaillible de faire gagner le PS, les 35 h

    • et les Girondins à droite (je fais une fixette sur les jacobins)

    • La gauche et la droite en tant que positionnement dans l’hémicycle n’ont certes pas d’existence en soi. Elles nous servent simplement, en France, à analyser le paysage politique, bien réel et permanent, composé de réactionnaires-conservateurs-progressistes-révolutionnaires ; ce schéma se retrouve partout. PARTOUT. Comme je l’ai dit, c’est une réalité anthropologique.

      Et il ne faut pas faire de confusion entre extrêmes et violence. Les extrêmes ne sont pas nécessairement violents par nature, ils ont simplement des idées radicales, et c’est la radicalité du changement désiré qui conduit souvent au recours à la violence.

    • dans la convention nationnale ( septembre 92 – automne 95 ) la gauche n’etait pas a gauche, mais en haut des gradins, c’est d’ailleur pour cela qu’on les appelait les montagnards. apres la liquidation de ceux-ci, la gauche etait toujours en haut, on les appelait alors les cretois ( sur la crète ) ils furent liquidés egalement, a cause de leur prise de position en faveur de l’emeute de germinale 95.
      quand vous dites que robespierre voulait tuer le tier de la population, pouvez-vous citez vos sources ?
      c’est st-just, qui idolatrait sparte, ca faisait d’ailleur rigoler tous le monde, probablement robespierre le premier.
       » la revolution, c’est l’oeuvre de la vanité  »
      c’est l’ancien regime qui etait vaniteux, avec la distinction en classe: les riches singeant les aristocrates, et ces derniers meprisant les bourgeois.
      la revolution procède d’une crise economique ( qu’elle agrave au lieu de la regler ), et d’une crise de regime, incabable de se reformer en se mettant en adequation avec les idée de son temps. la monarchie absolue, ne pouvait pas fonctionner avec un monarque faible ( louis 16 )
      la terreur, n’est pas une ideologie, elle est l’histoire d’une repression: les gens qui detiennent le pouvoir, sont minoritaires, et ils doivent affronter deux perils concomitant: la guerre avec toutes les puissances europèennes, et plusieurs rebelions d’envergure au sain de la republique.ils ont le dos au mur, car ils ont tués le roi, ce qui n’est pas une plaisanterie a cette epoque ( damien ecartelé pour avoir donné un coup de canif a louis 15 ) ils l’emporteront, tout en s’epurant entre eux a plusieurs reprise.

    • homo- erectus
       » la revolution et le tièrs-etat, la encore le peuple n’a rien a voir avec ce mouvement  »
      un des principaux problème de la constituante, de la legislative, et de la convention, c’etait precisement le peuple de paris: il n’y a jamais eu de troupe pour proteger ces assemblées, qui ont été tout au long de la revolution, sous la menace des milices parisienne, les sections de sans culotes, qui font la pluie et le beau temps ( si l’on peut dire ): deposent louis 16 le 10 aout 92, en metant la legislative devant le fait accompli, epurent les girondins le 2 juin 93, poussent la convention a mettre la terreur a l’ordre du jour le 6 septembre 93. c’est robespierre ( grand homme d’etat d’apres bonaparte ) qui leur cloue le bec: dissolution de l’armée revolutionnaire ( automne 93 ) liquidation des hebertistes ( mars 94 )

  • Votre exposé a un trop fort relent universitaire pour mon goût des nuances! Vous établissez une grille de lecture qui enferme les idées en les figeant dans des postures caricaturales: c’est de la mauvaise sociologie (pléonasme).
    Qui est-ce qui vous permet de dire que les idées naissent à gauche et s’évanouissent à droite. Cette translation magique est un pur idéalisme… de comptoir. Lisez, comme vous y invite Gerldam les deux épais tomes de Némo et vos pensées quelque peu diffuses s’éclairciront , je vous le souhaite.
    Tenez, un exemple: Platon, même avec la distance qui nous sépare, aurait été qualifié comme se situant à droite (aristocrate, répondant à l’invite de Denys, le tyran de Syracuse, législateur autoritaire, et collectiviste, de la Cité!), et bien dites-moi si ce n’est pas le champion des idées?
    Lisez un peu Nietzsche et vous comprendrez que le premier souci de celui qui s’attaque au problème de la civilisation et de ses innombrables nuances, car c’est bien de cela dont il est question en définitive,beaucoup plus largement que des idées politiques, doit en tout premier lieu se garder de toute faute philologique: ne pas ajouter au texte des faits du monde, et se garder du constructivisme idéologique.
    Ce qui me parait beaucoup plus marquant, concernant la pensée libérale, et qu’on saisit avec évidence dans le récent livre de Laurent et Valentin (Les Belles Lettres), c’est sa dimension individualiste. Et cette dimension possède ses racines dans le principe de responsabilité: le libéral n’a besoin que de lui-même pour se situer dans le monde et l’ensemble des êtres humains, il ne demande rien à autrui sans le consentement de celui-ci, alors qu’à l’autre bout du spectre vous avez celui qui ne peut concevoir de faire face, seul, à la complexité du monde et réclame l’aide des autres: l’instinct du troupeau (désolé, encore Nietzsche, mais c’est probablement un des penseurs qui a le mieux saisit les nuances de la psychologie de l’homme politique). Là, la responsabilité part en fumée, comme l’actuelle “affaire” Cahuzac nous le montre avec éclat. Et la difficulté du libéral c’est aujourd’hui de résister à la pression de plus en plus forte de cet état de troupeau, de ce que Bastiat avait déjà fort bien souligné: “l’État, cette fiction…” (vous connaissez la suite). Or, la difficulté, l’adversité, n’est-ce pas le moteur de l’idée? Et l’individualisme, n’est-il pas le ferment de l’inventivité?
    Et puis: “Course solaire de l’idée – Lorsque l’idée commence à se lever à l’horizon, la température de l’âme est généralement très froide. Ce n’est que peu à peu que l’idée développe sa chaleur, et elle est plus intense (c’est-à-dire qu’elle fait son plus grand effet) lorsque la croyance en l’idée est déjà à son déclin. (Je vous laisse deviner l’auteur). L’Est est-il à gauche? Il le fut naguère, certes (et symboliquement parlant, j’entends), mais l’est-il toujours?

    • 1) J’ai déjà lu Nemo. Le conseil de lecture est excellent mais si vous l’opposez à ce que j’explique c’est soit que vous l’avez mal lu, soit que vous m’avez mal lu, moi.
      2) Qu’est-ce qui me permet de dire que les idées naissent à gauche et sortent du champ politique par la droite ? Tous les exemples historiques que je vous ai donné.

      Et je ne comprends pas ce que vous essayez d’expliquer avec Platon.

      • Je vous ai probablement mal lu…
        Platon? Mais c’est l’exemple canonique de la pensée née à droite et qui se diffuse dans tout le spectre politique, pour finir ses jours dans toutes les contrés collectivistes qui nous entourent: le communisme et le socialisme ne sont que des utopies idéalistes, celles qui créent des entités imaginaires leur permettant de réduire le monde à un schéma qui emprisonne les infinies nuances de la vie.
        Nous en savons quelque chose, par les temps qui courent.

        • Platon a simplement développé un constructivisme réactionnaire, mais il était calqué sur les idées spartiates qui étaient précisément nées d’une révolution avec les lois de Lycurgues.

        • « Platon? Mais c’est l’exemple canonique de la pensée née à droite »

          Comment cette pensée pourrait être née « à droite » alors que le concept de droite n’existait pas à l’époque? C’est un grille de lecture apparue que bien plus tard qui classe Platon à droite. Et cette grille de lecture est mouvante, comme l’explique l’auteur.

          • Je parlai, sans le préciser, de droite, selon notre grille lecture d’aujourd’hui. Il ne me viendrait nullement à l’esprit d’appliquer la grille delecture contre laquelle je mets en garde.
            Et c’est bien ce qui me fait obstacle dans ce que je lis: droite et gauche sont des notions, je ne dis pas concepts, qui sont beaucoup trop flous pour pouvoir servir efficacement dans une vision multi-séculaire. Et assigner aux idées une origine localisée politiquement me semble passablement réducteur, voire idéologique (si je peux me permettre la boutade).
            La vision platonicienne de la Cité reste un exemple frappant de la fécondité d’une idée, quelle que soit son milieu politique d’origine (car si on ne peut parler de droite, on peut bien parler de politique avec Platon, non?)

          • Ce que je voulais dire, c’est que dans 100 ou 200 ans, peut-être qu’on ne qualifiera plus la vision platonicienne « de droite » mais « de gauche » par exemple (ou d’extrême-droite, ou d’extrême-gauche), car si l’auteur a raison, les idées considérées « de droite » aujourd’hui seront celles de la gauche, de l’extrême-droite ou de l’extrême-gauche..

      • Cher Wenceslas, Il y a encore moins d’un an j’étais extrême gauche et je suis devenu libertarien! Je suis donc pas si instable que ça, je suis ravi d’apprendre que je suis tj d’extrême gauche 😉 (Pourquoi je suis devenu libertarien? Il faut voir les idées politiques comme un paradigme, et le meilleur philosophe sur ce point est Kuhn: comment faire tomber un paradigme? Par des contre-exemples qui vont faire tomber le mur de confiance..) Quand j’ai appris que ct l’absence de libéralisme qui faisait qu’on expulsait les amérindiens, qu’on sauvait les banques, que l’inflation venait de l’Etat, etc… L’exemple des chèques éducations… L’absence de nucléaire s’ils n’y avaient eu autant de subventions et une centralisation de l’électricité, etc..

        • Donc la conclusion de mon article semble être dans le vrai. J’en suis heureux.

        • C’est intéressant ça! Pouvez-vous nous en dire plus sur cette « conversion »?
          Quels sites ou textes en particulier vous ont convaincu?
          Quel type de discours? Plutôt les discours se basant sur la logique ou plutôt ceux s’appuyant sur le pathos?
          Quel ton? Plutôt sérieux? Drôle? Consensuel? Agressif?
          Quel serait selon vous le type de discours capable de convaincre vos anciens « co-religionnaires » ou autres anti-libéraux?

          • @ La rédaction de Contrepoints

            Ce serait pas mal de faire un « appel à témoin » sur le thème « vous étiez anti-libéral et maintenant vous êtes libéraux. Qu’est-ce qui vous a convaincu? »

          • « vous étiez anti-libéral et maintenant vous êtes libéraux. Qu’est-ce qui vous a convaincu? »

            Très bonne idée. Je participerai volontiers, en tant qu’ex-lecteur de Rouge et ex-membre du PS. 🙂

          • Mais il ne faut pas confondre « sortir du socialisme » et « entrer en libéralisme ». Ce sont deux choses distinctes. Nombre de Français sortent du socialisme sans entrer en libéralisme, simplement parce qu’ils croient que le libéralisme est l’affaire de Tapie.

            • Ha ha, très juste la métaphore Tapie 🙂 !
              J’ajouterai pour revenir, -quoique bien plus tard- sur la question que bien que n’étant pas du tout d’extrême gauche et plutôt rétif à l’idée du libéralisme au départ, cela vient justement beaucoup de la supercherie qu’on nous présente partout ailleurs.. ça m’a rappelé mes premiers enthousiasmes en philo et Tocqueville notamment.. Et ce même libéralisme est en fait pluriel, on le voit bien en parcourant le site, il y a des tendances diverses très intéressantes.. Et je me rends compte qu’effectivement on peut être libéral et bien plus proche de l’anarchisme et d’une écologie politique moderne qu’un quelconque social démocrate (et traître au peuple et à la Nation par dessus le marché ;-)..) Je terminerais enfin en disant qu’en ce qui me concerne, c’est la cohérence et l’argumentation courtoise ainsi que l’humour (mais pas inutilement blessant) qui me séduit le plus. Et si en fait être libéral, cela voulait dire être pluriel, respectueux et tolérant, tout simplement ?

    • L’individualisme n’est pas synonyme d’indépendance. Cependant je suis (justement) d’accord pour dire que la pensée libérale est marquée par l’individualisme.

  • l’article n’est pas dépourvu d’intérêt mais il présente cette grande faiblesse de la philosophie française de ne pas prendre en compte les faits.
    – La gauche et la droite ne sont pas des concepts naturels mais un création politique du milieu du 19ième siècle. Les sensibilités qu’on leur prête étaient-elles présentes auparavant ? (j’en doute)
    – Les socialistes du 19ième refusaient d’avoir quoi que ce soit à voir d’aucune façon avec la gauche. Il faut attendre l’affaire Dreyfus pour que s’unifie ce qu’on appelle aujourd’hui la gauche.
    – Le libéralisme ne connaît pas un lent glissement vers l’extrême droite, mais une disparition brutale dans l’entre-guerre. Il réapparait ensuite directement dans les milieux de droite. Sa présence dans le discours de Le Pen père est lié à la personnalité de ce dernier plus qu’à toute autre réalité sociologique. Le reste de l’extrême droite européenne n’y adhère jamais.
    – Dans les pays européens où le liberalisme ne disparaît pas politique, il tend à dériver vers le centre et la gauche. Cf UK, Allemagne, Belgique
    – Le fascisme nait de l’intégration du concept de « révolution » venu de l’extrême gauche dans des populations sociologiquement de droite sans que ce concept ne trouve jamais de résonance dans les milieux centristes.
    – Les mouvements de gauche, s’ils cultivent leur image de jeunisme sont avant tout peuplés de vieux fonctionnaires, donc de vieux parfaitement intégrés et sans le moindre risque actuel ni avantage au changement.
    Voilà, voilà, quoi…

    • Encore une fois cessez de vous braquer sur les mots de gauche et de droite, le but de l’article est justement d’expliquer ce qu’il y a derrière : réactionnaires, conservateurs, progressistes et révolutionnaires.
      Et mon propos, précisément, est essentiellement fondé sur des faits.
      Ceux que vous présentez sont d’interprétation contestable :
      – si les socialistes du XIXe refusaient d’avoir quoi que ce fut à voir avec la gauche, c’est parce qu’ils étaient d’extrême-gauche et que la gauche n’était pas socialiste mais républicaine et encore assez libérale.
      – le libéralisme ne passe certes à l’extrême-droite que de manière fugitive, mais il y passe, en particulier comme détestation des nouvelles normes bruxelloises, Etat par-dessus l’Etat. Le libéralisme d’extrême-droite a certes une tonalité particulière, mais dire qu’il n’existe pas est un peu fort : il suffit justement de regarder en Italie avec la Ligue du Nord.
      -Le fascisme est un cas particulier car il est une synthèse entre réactionnaires et révolutionnaires rendue possible par leur proximité de mentalité (Cf. Fabrice Bouthillon).
      -Les mouvements de gauche sont peut-être peuplés de vieux, mais mon article ne parle pas d’appareils, mais du peuple. Or l’électorat de gauche est plus jeune que celui de droite.

      • Je ne conteste pas les mots mais l’idée-même qu’il y ait un continuum émotionnel d’adhésion aux idées. Et d’ailleurs, s’il existe, je ne vois pas l’intérêt de le coller sur les concepts de gauche et droite qui ont quand même une existence en sciences politiques. (Pour être plus précis, l’article ne suffit pas à me convaincre de l’existence d’un tel continuum)

      • Pour en revenir aux faits
        – Je concède qu’il y a aujourd’hui des partis de droite populiste qui récupère les idées libérales. Mais je reste convaincu que l’extrême droite des années 70 et 80 (à l’exception de Le Pen) était radicalement anti-libérale.
        – Je nie un passage « progressif » du libéralisme à l’extrême-droite. ILe libéralisme disparaît quasiment de la scène politique entre 1930 et 1970 et là où il survit, il tend à s’allier avec le centre-gauche contre les conservateurs.
        – L’électorat de gauche est aussi plus masculin et issu de le fonction publique. A rattacher à votre théorie, d’une façon ou d’une autre. Remarquons au passage que parler d’électorat de gauche implique que vous vous basez sur des enquêtes statistiques qui acceptent implicitement la définition gauche-droite que vous dénoncer.
        – Si un continuum émotionnel existe et qu’il est anthropologique, il doit exister avant la révolution française. Or, les idées conservatrices d’après la révolution ne sont pas des idées qui étaient « de gauche » avant la révolution. C’est une création tout à fait nouvelle (moderne) et qui émerge tout de suite « à droite ».
        – dans la seconde moitié du 18ième, les tenants des anciennes coutumes francques étaient d’ailleurs alliées des réformistes pour mettre en cause l’absolutisme royal. Encore une fois, pas de continuum.

        • Vous omettez l’existence de mouvements comme Occident, groupuscule d’extrême-droite vivier d’individus comme Madelin et Gérard Longuet, les gens de droite les plus libéraux, précisément dans les années 70.
          Vous vous trompez dans ce que vous dites sur mon rapport aux enquêtes : elles se trompent en jugeant que le socialisme est de gauche, mais le fait est qu’aujourd’hui, il l’est. Donc la confusion est sans incidence sur la valeur des statistiques.
          Enfin le continuum existe bien sûr. Vous pouvez remonter aux guerres de religion : à cette époque vous avez la Ligue : noblesse féodale, ultramontanisme, voilà l’extrême-droite. A droite les monarchistes opposés à la montée d’un protestant sur le trône mais se rallieront à la première preuve d’attachement à la tradition d’Henri de Navarre. A gauche les gallicans et à l’extrême-gauche les protestants.
          On peut faire tout l’Histoire de France comme ça.

      • De grâce, arrêtez de vous retrancher derrière des mots tellement éculés qu’ils ne veulent plus rien dire: « réactionnaires, conservateurs, progressistes et révolutionnaires ».
        Et le pire pour la fin: « le peuple »! Mais c’est quoi le peuple? Je ne connais que des individus, uniques, avec leurs mille nuances sympathiques, antipathiques, insignifiantes, etc. bref un monde de réalités qui se métamorphosent en permanence, pas une monde figé, catégorisé, répertorié, un arrière-monde d’illusions et de phantasmes qui ne saisit que le vide.
        Regardez, même l’exécrable Mitterrand, bien malin celui qui serait capable de siasir toute la rouerie de ses idées (quoique, là, je lui prête peut-être un peu trop – mea culpa).

        • Euh je veux bien admettre que « droite ou « gauche » sont des concepts trop flous voire qui ne veulent plus rien dire. Mais « réactionnaires, conservateurs, progressistes et révolutionnaires » veulent bien dire quelque chose, ou alors « libéraux » ne veut rien dire non plus.

          • Oui, alors quoi?
            Pour moi le mot libéral (singulier) ne veut rien dire, alors vous pensez si libéraux…
            En revanche ce que disent Guillaume d’Ockam, Adam Ferguson, Bastiat ou Hayek, etc. chacun de leur côté, oui.
            Et dîtes-moi maintenant si on peut les mettre dans le même sac des libéraux?

          • Bon ben si « libéral » ne veut rien dire non plus, alors je me demande ce qui nous réunit ici sur un site… « libéral ».

            Je n’ai pas lu Ockam ou Ferguson, donc je ne peux répondre, mais Bastiat et Hayek, il me paraît assez clair qu’on peut effectivement « les mettre dans le même sacs des libéraux ». Ce n’est pas parce-qu’on peut trouver quelques différences qu’on doit en conclure qu’il est impossible de rassembler leurs idées dans la même famille d’idées…

          • on peut etre liberaux en economie, et conservateur en politique: exemple, la dictature de pinochet.
            mème en economie, on peut etre liberaux concernant la micro-economie ( secteur informel tres etendu, pas de norme, pas de fiscalité ) et etatiste concernant la macroeconomie ( firmes controlèes par l’etat, subvention, dumping monaitaire ) cas de la chine a l’heure actuelle.

  • La méconnaissance puis la connaissance.
    Passage difficile tant est viscéral l’antilibéralisme chez les gens de gauche.
    Bravo pour cet article que personnellement je trouve excellent et que je vais diffuser de ce pas dans les mouvances altermondialistes .

  • Mon message s’adressait à Mateo.

  • Dubitatif, mais j’avoue avoir déjà fait le même raisonnement. en tout cas, on peut dire que y’a du talent dans la rhétorique pour le coup. Mais viser les jeunes et les exclus, pourquoi pas. C’est probablement ceux qui y ont le plus à gagner.

    • Il me paraît urgent de tous nous recentrer plutôt sur le seul clivage valable : vérité / fausseté. L’on se fiche d’où proviennent les idées, pourvu qu’elles résultent de raisonnements logiques vrais, i.e. démontrables par de la logique verbale. Si Mélenchon était pour la défense de la loi de décroissance de l’utilité marginale, je n’en aurais rien à faire. Ce qui m’importe, c’est que la loi de décroissance de l’utilité marginale soit vraie. Qu’une proposition politique, de gauche ou de droite, vise à augmenter le revenu minimum parce que ça améliore le niveau de vie globale, ça me gène, car c’est faux, car toutes choses égales par ailleurs une augmentation du salaire minimum augmentera le nombre de chômeurs, ce qui est démontrable. L’important, ce n’est pas qui défend une idée, mais le fait qu’elle soit cohérente. Vrai ou faux devrait être le clivage principal, si ce n’est l’unique clivage. De même qu’il n’y a pas de mathématique, physique de gauche ou de droite, il ne doit pas y avoir d’économie (ou plus généralement de praxéologie) de gauche ou de droite. La praxéologie étudie les implications logiques formelles du fait que l’être humain agisse, i.e. du fait que ce dernier utilise divers moyens pour atteindre divers buts qu’il s’est fixé, alors que cela devrait être la philosophie de l’éthique qui étudie ce que devraient être ces buts choisis. On peut tous faire de la philosopie de l’Ethique, i.e. avoir un avis. Il démeure néanmoins que c’est la vérité qui devrait guider nos choix. Vous aurez tous constaté qui la vérité ne compte plus de nos, chacuns ayant « sa » vérité. Ce glissement du vocabulaire est annonciateur de très mauvaises choses à venir.

      • La politique n’est (malheureusement) pas une histoire de raisonnement logique, c’est un biais typiquement libéral de le penser. Je vais me contenter de coller mon commentaire précédent:

        « les gens convaincus par un argumentaire purement rationnel sont très rares »
        Ce que Georges Fraîches avait résumé en « les gens ne votent pas avec leur tête, ils votent avec leurs tripes », ce qui me semble parfaitement exact.
        Et il me semble aussi tout-à-fait exact que, comme l’a montré une étude aux USA, les libéraux ont beaucoup plus tendance à baser leurs opinions sur le raisonnement logique que sur les émotions, contrairement aux conservateurs ou aux progressistes, plus empathiques.
        Ce qui explique le peu de succès des idées libérales, alors que ce sont les plus « logiques ».
        Dès lors, les libéraux devraient peut-être plus s’appuyer sur le pathos que sur le logos pour convaincre, bref adopter les « techniques » de l’adversaire.

        « c’est la vérité qui devrait guider nos choix. »
        Ça devrait, mais ça n’est pas le cas. Comme de nombreux libéraux, tu bases tes opinions sur la logique. Ce n’est pas le cas de la grande majorité de la population, et ça risque de le rester pour très longtemps encore.

        • « La politique n’est (malheureusement) pas une histoire de raisonnement logique, c’est un biais typiquement libéral de le penser. » Vous vous trompez. Les libéraux ne le pensent pas. Ils déplorent simplement que ce ne soit pas le cas.

          Quant à votre paragraphe sur l’émotionnel vs la logique, j’allais dire « c’est vrai à un instant t, mais cela peut être changé à t’>t, pourvu que l’on s’en donne les moyens », mais même pas. C’est faux. Les « parasites » (comme disent les socialistes de droites ; moi je ne pense pas que ce soient des parasaites) qui préfèrent toucher des allocations plutôt que de travailler sont un contre-exemple parfait : ils font ce que je ferais à leur place : un arbitrage basé sur la bonne vieille balance financière (balance d’échelle des préférences pour être correct) et ils ne travaillent pas. C’est de la pure logique. Et faire le contraire serait être perdant sur l’échelle des préférences, ce que personne n’a envie d’être. Pourtant, la grande majorité de ces gens vote et votera pour des collectivistes, quelque soit le bord politique des collectivistes en question. Pour quelle raison ? Pour une raison logique aussi : on leur promet des avantages : il est donc plus rationnel (en l’état des connaissances à cet instant là) de voter pour quelqu’un promettant la hausse du salaire minimum que pour quelqu’un promettant le contraire. Et je maintiens : c’est rationnel : i.e. c’est LA chose à faire, compte tenu des « conditions de l’action », comme dirait Rothbard. Evidemment, c’est du court termisme, mais ferions-nous différemment d’eux, où des gens acheter des biens frénétiquement en cas d’hyperinflation ? Non. L’action humaine est soumise à l’incertitude due à l’avenir que l’on ne connait pas, et je pense que l’action de l’Etat fait (entre autres) exploser cet aléa, ce qui empêche des raisonnement de calcul économique plus étalés sur le long terme. Cela se voit par exemple facilement sur la chose suivante : les très pauvres épargnaient beaucoup plus il y quelque décennies que maintenant, pour une raison évidente – l’inflation. Cela montre la destruction du calcul économique. Dans une société libérale, ce ne serait pas la chose à faire, mais c’est une autre histoire. La phrase de Georges Frêche n’a aucun sens dite ainsi, mais je vois ce qu’il veut dire, et c’est faux, d’après ce que je viens d’expliquer. Sur l’étude des USA, je veux bien des détails ou une référence svp, car je ne sais pas de quoi il retourne. (Vous noterez qu’opinion n’est pas toujours corrélée non plus à l’action, beaucoup de libéraux votant républicain là-bas, i.e. pour un parti semi-socialiste prônant le capitalisme de connivence, ce qui n’est pas très très libéral. Ceci pour des histoires de réduction d’impôt, ce qui est totalement analogue au cas du vote pour ceux qui proposent la hausse du salsaire minimum, cf plus haut.) « C’est la vérité qui devrait guider nos choix. » Je sais que ce n’est pas le cas et je le déplore, comme vous pouvez vous en douter, Je base en effet mes opinions (et mes actions) sur la logique, comme tout le monde – cf tout ce qui précède.

  • Merci pour l’article, c’est bon de faire ces rappels, mais ça fait peur pour l’avenir vu l’extrême gauche actuelle !

    Après, je suis bien d’accord, que le libéralisme ne réappaitra par le centre. C’est mal situé.
    et je pense que les jeunes non installé, c’est le bon crénau.
    Regarder le parti pirate, les « occupy wall street », ils ne s’en rendent pas compte, mais une bonne partie de leurs idée collent en parti avec du libéralisme.
    Après, c’est sur que dans le contexte actuelle, se dire d’extrême gauche, ça fait pas rêver ! mais c’est l’histoire qui décideras où mettre les gens !

    • j’avais déjà fait le rapprochement avec le parti pirate, mais je connais pas leurs positions actuellement. en désespoir de cause, je vais peut être voter pour eux aux prochaines élections s’il n’y pas une alternative libérale crédible, si ça colle avec mes idées.
      Maintenant,le problème, c’est de réussir à faire réapparaître un discours libéral dans un pays où le libéralisme est aussi détesté que la monarchie, et où les communistes, socialistes et syndicalistes tiennent à la fois la rue, le débat social, le débat politique, et fournissent la grille de lecture morale de tout l’échiquier politique.
      Ce qu’il nous faudrait, c’est un Ron Paul français.

  • Très intéressant.

    @l’auteur : une faiblesse (apparente) de la thèse de la lente transmission des idées des « progressistes » vers les « conservateurs » est de ne s’appliquer qu’à des exemples tirés d’une époque relativement récente et finalement, assez homogène. Il serait intéressant de la « tester » sur des périodes plus anciennes, plus longues, dans diverses cultures…

    Une autre faiblesse de la thèse est de se fonder sur l’exemple spectaculaire de l’opposition république / monarchie (votre tableau), exemple qui, au passage, néglige le régime impérial. Si elle a pu déchaîner les passions à certains moments de notre histoire, cette opposition n’est que l’écume de la réalité des luttes de pouvoir entre certains collectivistes qui le tiennent et d’autres collectivistes qui veulent le prendre.

    Or, précisément, le libéralisme, vu comme « doctrine » de la « dilution » des pouvoirs, renvoie tous les collectivistes dos à dos, à l’instar de la révolution chrétienne renvoyant indifféremment les anciennes divinités au néant. Autrement dit, le libéralisme dépasse le schéma traditionnel unissant progressistes et conservateurs.

    Ce serait donc une grave erreur, pour diffuser les idées libérales, de se contenter de cibler une catégorie spécifique définie par un schéma politique qui a fait son temps.

    • Bien sûr que ce serait une erreur de cibler une catégorie: ce serait même faire purement et simplement du socialisme. Tous dans le même panier et vive la » société »!

  • Génial ! C’est la première fois que je lis une explication pertinente des termes « gauche » et « droite ».

    Finalement ces deux termes n’ont aucun intérêt. Ils évoluent avec l’époque, empêchent donc d’avoir un certain recul sur le passé politique.

    Mieux vaut donc ne désigner les tendances qu’avec leur véritable nom : communiste, socialiste, libéral, etc.

    • tout pareil, très bon article! merci!
      En parenthèse, j’avais du mal à me situer sur l’échiquier gauche/droite et j’avais du mal à me l’expliquer! voilà chose faite!
      Je viens de m’acheter les livres de Philippe NEMO pour approfondir tout ça.

    • À mon avis cette présentation de la droite et de la gauche n’a pas de sens et ne correspond à aucune réalité.

      Mais je vous rejoins sur l’emploi préférable des termes libéralisme et socialisme.

  • « Personne n’adhère à un système établi simplement parce qu’il est en place ».

    Ben si, justement : tous ceux qui ont fait leur trou dans le système et auxquels il est favorable veulent le conserver. Tous ceux auxquels il n’est pas favorable veulent le changer. Ceux à qui il est préjudiciable veulent le changer absolument. Voilà pourquoi je dis que c’est sociologique, anthropologique, psychologique, mais non logique.

    Tout l’objet de cet article est justement de montrer qu’on n’est pas de droite ou de gauche par idéologie mais par instinct politique.

    • Et l’instinct politique d’un Mitterrand, on le met où?

    • Il peut effectivement exister une adhésion intéressée à l’ordre établi.

      Mais ce n’est pas de l’ordre de l’opinion politique.
      Je crois aussi que la gauche s’appuie sur des sentiments:
      La convoitise explique l’égalitarisme; l’orgueil explique la fascination du pouvoir et l’obsession de marquer définitivement l’Histoire.

      La gauche est éternellement puérile et inculte.
      Un peu de maturité permet de comprendre que les inégalités ne sont pas la cause de la misère, que la charité ne consiste pas à soulager l’homme de sa responsabilité personnelle, que l’action collective ne doit pas être confondue avec la contrainte imposée à tous.

      Pourtant ces foutaises sont de tous les temps; elles ont ravagé les première civilisations comme nous les voyons détruire la nôtre.
      Définir la gauche comme le mouvement est idiot: La gauche, ce sont les foucades puériles contre la réalité, le romantisme nihiliste, l’incompréhension du monde, le mépris de l’homme sous couvert de charité.

      Les mises en garde qui nous viennent de la nuit des temps contre le déni des réalités humaines (« l’enfer est pavé de bonnes intentions », « qui veut faire l’ange fait la bête », « Dieu rit de ceux qui se désolent des conséquences dont ils chérissent la cause »…) sont autant de témoignages du danger que la gauche représente.
      Ils nous enseignent que cette inconséquence n’a pas ravagé que le 20e siècle.

      La droite n’est pas l’immobilisme, mais le respect de l’être humain tel qu’il est, le refus d’employer la force pour le remodeler, la confiance dans la qualité de la nature humaine qui justifie la volonté de le laisser libre.
      C’est le respect de l’homme qui motive les réticences de la droite, et son mépris qui pousse la gauche à le contrôler sans fin.

  • Le point de vue de l’auteur est très intéressant, il n’est qu’à lire le débat qu’il a déclenché.

    J’aurai pourtant une vision moins optimiste des choses, surtout en voyant la production d’idées de l’extrême gauche qui m’apparait d’une grande pauvreté (et dont le nationalisme les rapproche de plus en plus de l’extrême droite).

    Pour reprendre votre curseur de la gauche vers la droite, je dirais, plus cyniquement, que la variation va de la jalousie à l’égoïsme. De ceux qui n’ont pas encore, mais qui préfère le prendre de force, plutôt que de le créer, vers ceux qui ont et qui ne veulent surtout pas partager.

    Vous avez raison néanmoins sur un point, c’est que les opinions politiques sont plus basées sur les sentiments que sur la raison.

    • Bonjour à tous.

      Merci pour l’article et les commentaires.

      Ne conviendrait-il pas de remplacer la logique linéaire (espace à une dimension, on se situe le long d’une ligne) gauche droite par quelque chose d’un peu plus complexe ?
      Les anglo-saxons font quelquefois référence au « Politic compass », espace à deux dimensions dont les 2 axes sont autoritarisme-participation d’une part, étatisme-libéralisme d’autre part.
      L’article permet de rajouter un troisième axe conservatisme-révolution.
      J’en rajouterais peut être un quatrième, justice sociale-ordre social naturel.
      Les 4 axes que je mentionne ne sont pas complètement indépendants. Par exemple il est difficile (mais pas impossible) d’imaginer une organisation sociale à la fois libérale (intervention minimale de l’état) et peu participative (les décisions d’organisation sociale sont imposées autoritairement).
      Ceci complique singulièrement les choses, mais sans prétendre être exhaustif, permettrais peut-être de mieux distinguer les nuances sans mentionner la (à mon avis) très réductrice confrontation droite-gauche.
      Ceci permettrait également de différentier les axes d’action, sans se paralyser par une appartenance à un point sur une ligne droite-gauche.
      Rien n’interdirais par exemple de se positionner libéral, participatif, justice sociale, progressiste, sans se faire tancer de « fasciste-capitaliste-buveurdusangdupeuple » comme cela est trop souvent le cas maintenant à cause du gros-mot politiquement incorrect « libéral » opposé à tous le reste (justice sociale, participation, progrès).

      Cordialement.

      • Tous les autres curseurs que l’on cherche à ajouter veulent intégrer les idées au clivage gauche-droite.
        Or c’est précisément ce que je dénonce et c’est pourquoi tous ces modèles ne fonctionnent pas : on ne peut pas poser un modèle qui intègre les paramètres de deux domaines aussi foncièrement différents que les idées et la sensibilité, c’est additionner des patates et des carottes.
        La sensibilité politique sera toujours un axe linéaire.

    • Le fait que la production des idées d’extrême-gauche soit actuellement d’une grande pauvreté annonce justement l’agonie du collectivisme comme idéal de ce bord, et l’ouverture à de nouvelles idées pour combler le vide.

    • humm, je vais me faire incendier, mais le seul égoïsme n’explique rien… La jalousie est un moteur bien plus puissant et universel. Surtout si on la confond avec la notion de René Girard de « désir mimétique »… l’optique change du tout au tout.

  • Article très intéressant, mais le côté trop lisse et logique de la chose me gêne un peu. Je crains qu’il n’y ait un biais dans la sélection des exemples, mais ne pouvant prouver le contraire, en attendant je vous félicite pour la recherche et la réflexion.

    Une question cependant : que pensez-vous de l’idée (déjà vieille) de Léo Moulin qui divisait la droite et la gauche entre la croyance ou non au pêché originel (conçu ici non comme un thème spécifique à une religion, mais quelque chose qui rappele votre opposition entre pessimisme/optimisme) en l’homme ?

    J’apprécie également cette idée car elle s’accorde pas mal avec le paradigme épistémologique de Némo en termes « d’ordres », mais reste néanmoins ambigüe sur la place de « l’ordre spontané » dans ce cadre. Personnellement je tenterais de répondre : croyance en un pêché (pessimisme) individuel, mais pas au niveau plus global, plus complexe, de la société laissée à elle-même (car seule elle peut savoir le cours qu’il faut qu’elle prenne, spontanément donc).

    Bref, merci de stimuler la réflexion !

  • article intéressant, il tente à démontrer qu’il y a une liberté derrière le libéralisme.

    Donc la droite économique ou la gauche ouvrière ca reste un cliché très vrai mais qui dans les deux cas ne défendent pas la liberté de tous.

    La liberté des uns commence par la contrainte des autres.

  • On ne peut définir un « camp » politique sur 1 seul terme (conservateur, liberal, socialiste etc).

    il faut distinguer 2 aspects : économie-societal

    Par exemple : liberal-conservateur (liberal économiquement, conservateur sur le societal, les moeurs, l’identité national etc)

    C’est comme ça qu’on peut le mieux situer quelqu’un.

    • Bof, ça c’est une grille de lecture construite de façon ad hoc uniquement pour justifier la position des « libéraux-conservateurs ».
      Les libéraux comme les socialistes ne font pas cette distinction.

    • Dès la première ligne vous faites l’erreur, que mon article dénonce précisément, de mélanger idées et sensibilités.

    • Je crois que la distinction résulte d’une analyse superficielle.
      On ne peut pas contenir le socialisme au domaine « sociétal ».

      Prenez le « mariage gay »: Voilà qui change le sens du mariage.
      Institué pour promouvoir l’intérêt général, il devient la sanction d’un sentiment, et peu importe que ce sentiment serve la collectivité ou que, au contraire, il lui cause du tort.

      Dans ces conditions, comment s’opposer à redistribution des revenus?
      Si monsieur A gagne honnêtement beaucoup d’argent et monsieur B en gagne la moitié, c’est que monsieur A a des talents et des goûts qui lui permettent d’être plus utile, au moins économiquement.
      Monsieur B, qui n’a pas cette chance, est défavorisé du fait de ses goûts et talents, qu’il n’a pas choisis.

      Si vous dites qu’il est juste d’étendre le mariage aux homosexuels pour que leur goût pour leur propre sexe ne leur cause aucun détriment, sans tenir compte du fait que le goût pour le sexe opposé produit des enfants élevés par papa et maman, ce dont la société a besoin, eh! bien je prétends que la cohérence vos oblige à prendre les revenus de monsieur A pour les donner à monsieur B.

      Les socialistes vont donc obtenir un grand pas vers leurs fins économiques (la planification centralisée) par le moyen du « mariage homosexuel ».

      • Le mariage gay ne change rien du tout au sens du mariage. Le fait de pouvoir construire individuellement un foyer et même de pouvoir prendre en charge des enfants sans respecter la notion du couple est plus important. Le fait est que le couple n’est plus une condition ni nécessaire ni suffisante pour prendre en charge le quotidien d’un foyer, que les rôles sociaux ne sont plus distribués par rapport au sexe des personnes.
        Si les homosexuels peuvent se marier, leurs rapports sexuels ne permet toujours pas la reproduction pour l’instant. Et si demain cela devenait possible, techniquement, matériellement, alors une loi qui l’interdirait serait illégitime.
        Le mariage gay est plus libéral que socialiste (il ne s’agit pas d’intérêt général, il s’agit de ne pas contraindre une liberté qui existe déjà), à l’inverse, par exemple, de cette idée de service public sexuel pour les handicapés. Évidemment il aurait été plus intelligent de commencer par mettre un terme à tous les privilèges attachés au mariage et au foyer en général (privilèges qui sont d’ailleurs anti-constitutionnels), mettre fin à toute sorte d’allocations familiales… etc. mais nous finirons bien par y arriver. Et à partir de ce moment-là chacun aura le loisir de faire des contrats de mariage en toute liberté, indépendamment de tout critère arbitraire puisque les autorités n’auraient plus à gérer le moindre risque, autre que la rupture de contrat.

  • La charrue est mise systématiquement avant les bœufs et la base du raisonnement est toujours sectaire. À quel parti, à quelle école (du moment) appartiens-tu et je te dirai qui tu es ? et plus grave, ce que tu penses et ce que tu dois penser. Alors qu’il faudrait poser la question : Crois-tu et respectes-tu l’individu ou le méprises-tu ? et là vous avez le départ de toutes les déclinaisons. Les politiques français et depuis la révolution réclament la mainmise sur le pouvoir au travers de l’argument fallacieux de la représentation et dans la foulée s’arroge la mainmise sur la finance, votre finance, votre poche. Qu’il soit dit de « droite » ou de « gauche » c’est le même personnage pervers, un franc-maçon. Jusqu’à quand allez-vous continuer à voter ? Quand est-ce que vous allez casser les jambes à ces bras cassés ? Vous cautionnez dans le sens financier du terme vos bourreaux.
    La république n’est pas synonyme de liberté mais beaucoup plus l’antonyme.
    Le tableau qui annonce 1789 – Monarchie constitutionnelle – gauche, est assez bidonnant. Sur le plan politique c’est peut-être la plus belle période intellectuelle de la France, mais nos perruqués et poudrés se sont légèrement emmêlés les pinceaux, notamment le fameux « bonheur » dans la DDH ! Considérant l’histoire comme un énorme mensonge, ce qui fait son intérêt ; je me suis aperçu il y a quelques temps que je me suis quand même fait avoir par les propagandistes qui se considèrent historiens ou encartés comme tels. Il s’agit du constituant Mirabeau, un être présenté comme pas très fréquentable et même parfois abjecte. Étant tellement critiqué et dénigré je me suis dit « il y a anguille sous roche », effectivement. Lisez ses discours et vous verrez qu’il n’y a rien de gauchiste, ni chez lui ni chez les autres constituants à part les trente voix.
    Le classement arbitraire à partir des idées peut altérer le jugement et je prendrai comme exemple les Jacobins. Les jacobins parisiens étaient des criminels assumés alors que les jacobins de province étaient des illuminés*, ils croyaient ce que disait le club, Cf. histoire de Lyon (Balleydier par exemple) et aussi Prudhomme, journaliste républicain.
    *Je n’ai pas trouvé un historien sur cette analyse mais Sand dans Nanon. L’historien a la fâcheuse habitude de classer, « il se dit jacobin alors…. »

  • très fine analyse – merci

  • S’adresser à l’extrême gauche comme public cible, je suis pas non plus très convaincu. Mais je suis entièrement d’accord sur le fait qu’il faut aussi parler à la population qui se sent « à la marge » de la société. Le libéralisme n’est pas une idéologie pour les riches ou pour les « bourgeois ». Ca concerne tout le monde. C’est à la société dans son ensemble à qui on s’adresse.

  • L’analyse est intéressante, originale, mais elle me semble un brin grossière et trop simpliste pour rendre fidèlement compte de la réalité.

    En premier lieu, la notion même de sens de l’Histoire, ou de lois de l’Histoire, est très douteuse. Elle procède à mon avis d’une confusion entre le circonstanciel et le général, en raison de l’effet loupe qui nous fait accorder plus d’importance à l’Histoire récente qu’aux événements plus anciens.

    En second lieu, si je suis d’accord avec vous sur l’aspect psychologique ou sensible de l’affiliation politique ; mais cela n’est pas incompatible avec le caractère idéologique de cette affiliation. Tout dépend de la définition que l’on donne à l’idéologie, j’imagine, mais le vote – duquel dépend votre définition de la droite et de la gauche – me paraît profondément idéologique, même si l’idéologie en question est profondément intériorisée.

    Enfin, le concept même de circularité des idées me semble contredit par les faits ; surtout, il néglige la complexité des rapports entre idéologie et affiliations partisanes.
    Ainsi, le régionalisme que vous citez en exemple est l’exemple typique d’une position trans-partisane. Tout au long de l’Histoire de France depuis la Révolution, ont cohabité droite monarchiste et droite bonapartiste, gauche girondine et jacobine, puis socialistes utopiques et marxistes. Il en va de même pour ce qui concerne l’écologie politique : lors de sa renaissance dans les années 1970, le Front National comptait autant d’écologistes que les Verts. Le rejet de l’immigration, en outre, est l’exemple typique d’un idée qui a « circulé » de la droite vers la gauche. Quid de la Révolution Nationale de Pétain, d’ailleurs ? En fait, on ne peut pas négliger les modalités de l’établissement du clivage droite-gauche, en fonction tant du marché électoral que de l’état des rapports de force idéologiques, sous peine de sombrer dans un déterminisme social réducteur. On peut également raisonner en termes de consensus ou de repolarisation idéologique : le circulation des idées ne peut fonctionner de la même façon que l’on soit dans un cas ou dans l’autre (cf. l’évolution de la sociologie électorale et des idéologies des partis américains depuis leurs origines).

    J’espère que vous me lirez et que vous prendrez le temps de me répondre, ça m’intéresse de vous lire!

    • Bonjour,

      J’essaie de toujours assurer le suivi des articles que je produis, même si cela devient vite ingérable quand comme aujourd’hui les commentaires dépassent la centaine et que pour regarder quels sont les derniers commentaires sortis, parfois en plein milieu, il faut repasser toute la série en revue.

      Vous discutez la question des lois de l’Histoire. Beaucoup les mettent en question et je peux le comprendre, même si je pense que souvent – je ne dis pas que c’est votre cas – cette conviction est moins assise sur des faits que sur une préférence personnelle : l’importance de premier plan donnée à la détermination individuelle entraîne naturellement une répulsion pour les théories contraires.

      En ce qui me concerne les lois de l’Histoire constituent mon principal intérêt scientifique, sur lequel je développe mes recherches – en marge de mes travaux universitaires. Je ne dirais pas, à leur sujet, que « j’y crois », mais simplement que je les observe.

      Plus précisément quant à ce dont nous parlons ici je n’ai pas dit que l’affiliation politique était incompatible avec l’affiliation idéologique, je dis juste qu’il ne faut pas les confondre. Cela n’interdit pas d’observer des résonances.
      Enfin je tiens à rappeler que le fond de mon propos est en quelque sorte fondé sur la loi des grands nombres : je n’exclue nullement que l’on puisse, par exemple, trouver des régionaliste partout dans le paysage politique durant les deux cents dernières années. Ce que je conteste c’est que l’on prétende en trouver autant partout : j’affirme qu’il y a des tendances fortes, et visibles. C’est de cela que je parle, pas d’absolus, de tendances.

      • Il me semble que le seul trait constant et propre de la gauche, depuis que ce terme est en usage, est l’égalitarisme.

      • J’avais lu votre message.
        Je n’y ai pas répondu parce que je n’ai guère trouvé à redire. Il me semble que nos visions sont compatibles puisque j’explique dans cet article que globalement on trouve à gauche ceux qui auraient intérêt à voir le système changer, ce qui est souvent le cas des minorités qui se sentent « opprimées » par l’ordre établi.

        En revanche je ne vois pas en quoi la chute du Mur serait un contre exemple.

        • @ Xavier,

          Vous semblez considérer le qualificatif « progressiste » comme positif. Ce n’est pas mon cas, pour moi il est neutre, de même que celui de conservateur.
          La difficulté vient sans doute du problème d’acception du mot « progrès ». J’entends par progressiste celui qui estime en général qu’un changement est un progrès. C’est pour cela que j’ai expliqué que le progressiste se définit essentiellement par opposition au conservateur : le conservateur, lui, défend quelque chose de concret et d’observable. Le progressiste appelle de ces voeux un changement supposé être un progrès par opposition à ce qui existe déjà.

          Pour la chute du mur de Berlin, il me semble encore que vous faites un erreur en parlant « d’idéologie de gauche » : tout l’objet de mon article étant justement de montrer qu’il n’y a pas d’idéologie de gauche ou de droite, il n’y a que des idéologies qui évoluent le long d’un axe de sensibilités.
          Ce qui s’est effondré avec la chute du Mur de Berlin, c’est l’idéologie marxiste-léniniste, mais pas « la gauche ». Au contraire, après 70 ans de communisme, les communistes russes de 1988 étaient des conservateurs.

      • il me semble que vous utilisez égalament la théorie des cycles

  • Article très intéressant et très bien rédigé !

  • Mon Dieu, que de contorsions intellectuelles pour éviter d’avoir à se dire de droite !

    Votre article est bourré d’erreurs et de confusion.

    Vous prétendez que la gauche et la droite ne représenteraient pas des idées, mais des sensibilités. Vous prétendez que les idées ne se trouveraient que dans l’opposition entre le libéralisme et le socialisme, lesquels seraient rationnels.

    Cela suppose que le socialisme ne soit pas de gauche. Cela suppose que l’on pourrait faire la distinction entre des idées politiques qui seraient rationnelles, et des sensibilités politiques qui seraient irrationnelles.

    Mais le désir de libéralisme est parfaitement irrationnel. Il correspond bien entendu à une sensibilité politique, tout comme le désir d’un Etat fort. Personne ne peut prétendre que ses opinions politiques sont, entièrement guidées par la raison, et absolument pas par la sensibilité — ou par les intérêts.

    Cette distinction entre idées et sensibilité est parfaitement foireuse.

    Vous affirmez que les conservateurs veulent conserver la société en l’état. Mais c’est faux. L’écrasante majorité des conservateurs veut modifier la société de fond en comble, parce que la société est de gauche, socialiste, étatiste, immigrationniste, vérolée par la perte des traditions et du sens moral.

    Evidemment, en France, c’est la gauche qui est conservatrice et c’est la droite qui est progressiste.

    Vous prétendez que les jeunes sont de gauche. C’est parfaitement faux. Les jeunes Français sont d’extrême-droite, et/ou libéraux. C’est nouveau.

    Vous prétendez que les idées politiques naissent à gauche. C’est une idiotie. C’est prétendre que les idées de droite ne sont pas des idées.

    Vous vous trahissez en affirmant qu’il est difficile de vendre le libéralisme en France en disant qu’il est de droite. Ben oui. Ca prouve bien que la société française est largement de gauche. Ca ne prouve pas que le libéralisme ne soit pas de droite.

    En somme, vous adoptez la tactique de Marine le Pen, qui s’est positionnée à gauche parce que c’était plus vendeur.

    Elle a peut-être raison, mais ne prétendez pas être « rationnel ». dites que vous voulez tromper votre monde pour mieux imposer le libéralisme. Ce n’est pas pareil.

    Enfin vous confondez la France et le monde. La Frônce n’est pas le nombril du monde. D’autres choses se passent ailleurs différemment.

    En ce qui me concerne, j’affirme qu’il est idiot de pactiser avec l’ennemi pour le détruire. C’est idiot de se prétendre de gauche parce que c’est plus cool, parce que ça permet de mieux emballer les gonzesses, parce que c’est mieux porté dans les dîners en ville.

    Si vous vous prétendez de gauche, vous serez de gauche. Et donc vous ne serez pas libéral.

    Le libéralisme est de droite. Assumez-le.

    Ou alors, vous êtes un faux libéral, un type qui était communiste hier et qui est libéral aujourd’hui, parce que c’est une façon cool de se révolter, de jouer les anarchistes, les fouteurs de merde.

    Un libéral n’est pas un fouteur de merde asocial.

    • « Mais le désir de libéralisme est parfaitement irrationnel. »

      Le vrai libéral est celui qui veut la liberté pour la liberté.

      Ceci dit, il existe toute une anthropologie à l’appui du libéralisme, et Bastiat, Tocqueville, Mises, Hayek ou Revel ont amplement démontré l’inanité des lubies collectivistes
      Pour les premiers, avant même que des lubies ne précipitent des nations entières dans l’abîme.
      Ce qui montre que l’intelligence permet d’établir la nécessité du libéralisme.

      En définitive le libéralisme découle d’une vision de l’homme assez confiante pour considérer que la liberté (donc la responsabilité) produira le meilleur.
      Alors que le socialisme le méprise suffisamment pour considérer que le progrès doit lui être imposé par une « élite éclairée »; que la contrainte d’État doit donc être employée pour changer l’homme et non pour protéger ses droits naturels.

    • Je partage votre avis, et sur le posotionnement naturel à droite du libéralisme, et sur le fait que l’article ne fait finalement que prendre acte de l’hégémonie morale des idées de gauche. Une prise d’acte qui intervient d’ailleurs trop tard puisque c’est en train de changer.

      • L’idée de positionnement naturel à droite du libéralisme est complètement de courte vue, c’est précisément ce que j’essaie de dénoncer dans l’article ci-dessus.

        Allez en Russie aujourd’hui, les libéraux sont des progressistes, pas des conservateurs, tandis qu’on peut qualifier les communiste comme étant d’extrême-droite, puisque ce sont des réactionnaires.

        • Cibler un positionnement gauche-droite n’a aucun sens. On ne va pas en politique pour dire « nous sommes d’extrême-gauche ». On cible des groupes sociaux, on promeut des idées, et le positionnement sur l’axe droite-gauche émerge de lui-même. Sur le fait que les électeurs de droite sont le terreau naturel des libéraux, cela me semble être une évidence à mon avis – ce qui n’exclue pas que des politiciens libéraux puissent recruter hors de l’électorat de droite traditionnelle, c’est précisément là que réside leur plus-value. Concrètement, aujourd’hui, prôner un positionnement d’extrême-gauche pour les libéraux (mais qu’est-ce que ça veut dire ?) est complètement absurde, alors que l’extrême-gauche, en France, est communiste. C’est vouloir faire coller la réalité à la théorie et ça ne fonctionne jamais.

          Que vous prôniez un discours révolutionnaire et un ciblage-jeune, soit, mais ça ne suffit pas à faire de ce positionnement un positionnement d’extrême-gauche.
          Les communistes de Russie ne sont pas d’extrême-droite, c’est complètement absurde. Il sont certes réactionnaire au sens purement littéral du terme, mais c’est un mauvais exemple. L’axe droite-gauche est de toute façon notoirement insuffisant pour rentre correctement compte d’un positionnement politique, à mon avis, et esquisser un stratégie politique à partir de celui-ci m’est incompréhensible. Ce n’est de toute façon pas quelque chose que l’on puisse décider ou anticiper, on est classé de fait à droite ou à gauche, mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut décider a priori.

    • J’ai pour habitude depuis tout petit de ne pas répondre aux gens qui m’insultent.

      Je noterais simplement que ceci : « Vous prétendez que les idées politiques naissent à gauche. C’est une idiotie. C’est prétendre que les idées de droite ne sont pas des idées. » montre que vous n’avez rien compris à ce que vous avez lu de moi.

    • Le conservatisme est le culte du rien faire, rien changer.
      vos commentaires ne sont pas plus mieux bien que ceux que vous critiquez. C’est juste les mêmes fautes sous une autre forme.

      Le libéralisme est une vision long terme (car on va toujours vers une simplification, des coûts, des méthodes, des règles), le socialisme version populisme est une vision à court terme de ce que la masse exprime par éclat et de façon immodérée.

      Le juste milieu c’est un mélange des deux.

  • Il faut poser le problème simplement : le clivage gauche/droite est une connerie largement suffisante pour impressionner et déplacer les gogovotants. Vous êtes au café de la Mairie, c’est bien la preuve que les élus picolent car je n’ai jamais vu un café de la boulangerie ou du marchands de couleurs, et vous écoutez la conservation de vos voisins – « T’es quoi toi ? » – « chui de gôche ! » – Immédiatement vous allez le cataloguer mais rien ne vous indique de ce qu’il pense, de ce qu’il a compris. « Chui de gôche » représente un éventail assez large, tellement large qu’il ressemble plus à une poubelle délaissée par des éboueurs grévistes. Personnellement je catalogue un chui de gôche votant comme un con de plus et un chui de gôche élu comme une crapule, un mafieux, un faquin, une fripouille, un forban… et j’en passe !

  • Le sourire du week-end : quand on se propose de faire un don à Contrepoints, il est écrit « Vous pouvez donner avec Paypal, en cliquant sur le lien à gauche ». Or le lien apparaît à droite…

  • Fouchtra ! comme vous y allez Monsieur Baylre…. Désolé mais le libéral viscéral que je suis ne partage pas du tout vos analyses. De grâce, gardez vos postulats universitaires sur le sens de l’Histoire, « révolutionnaires-progressistes-conservateurs-réactionnaires », voila bien une construction idéologique faîte à posteriori et au chausse-pied (d’ailleurs, je me demande bien ce que sous-tend une telle démarche…). Vous confondez la pensée libérale qui est un idéal, avec l’action révolutionnaire qui est un moyen pour répondre à une aspiration démocratique ou visant simplement à renverser un pouvoir. Le libéralisme n’est pas une idéologie comme le socialisme qui prône la lutte des classes et promet les lendemains qui chantent. Le libéralisme n’est pas un modèle économique comme le capitalisme. Le libéralisme est un philosophie qui affirme les droits individuels contre toute forme de communautarisme ou de collectivisme, il proclame des droits naturels et fondamentaux comme la propriété, la responsabilité individuelle, la liberté d’entreprendre, il s’oppose à toute forme de dirigisme, de censure de la pensé. Alors, bons sang de bois, comment pouvez-vous venir coller une vision politique binaire sur une doctrine qui justement transcende le clivage droite gauche. Peu importe où, comment, pourquoi, naissent les idées, vous ne le saurez jamais. Pitié, rangez vos étiquettes : révolutionnaire, réactionnaire, conservateur, etc. vous ne les collez pas aux bons endroits. Arrêtez de vouloir trouver une logique dans l’écriture du solfège, il n’y en a pas, écoutez plutôt l’émotion de la musique. S’il vous plait rendez service au libéralisme… ne vous en occupez plus, il sera toujours mieux servi par ceux qui le mettent en pratique que par ceux qui veulent l’autopsier !

    • Pourquoi 50% des gens pas d’accord avec ce que je dis pensent-ils qu’il y a forcément une arrière-pensée ? « De grâce », comme vous dites, arrêtez la paranoïa.

      Et je ne confonds rien avec rien. Je sais bien que la pensée libérale est une philosophie, mais précisément si l’on refuse le jeu politique qui est conditionné par le schéma réactionnaires-conservateurs-progressistes-révolutionnaires, alors il est condamné à ne rester qu’une philosophie sans la moindre application. C’est d’ailleurs ce que je dis dans la conclusion : il faut savoir ce que l’on veut.

      • Mais enfin, cher M. Balyre, j’ai rêvé ou vous avez bien écrit dans votre conclusion : « … nous devons donc considérer que le libéralisme est désormais situé là où apparaissent les idées : à l’extrême-gauche. » Et vous vous demandez pourquoi je m’interroge sur la neutralité de vos pensées ! Vous postulez (au prix d’acrobaties intellectuelles improbables) que les idées « apparaissent à l’extrême gauche » et qu’il faudrait voir là le cheminent logique de toute évolution et transformation des idées depuis leurs apparitions jusqu’à leur prise de conscience par un large public. Mais non et cent fois non ! Elles peuvent aussi naître dans les milieux catholiques du syndicat « Solidarnosc » en Pologne jusqu’à faire s’effondrer tout le bloc soviétique. Il n’est nullement nécessaire d’aller faire de l’ « entrisme » idéologique auprès des extrêmes de tous bords pour influencer les esprits. Ni compromission, ni prosélytisme, seule l’exemplarité libère les consciences. Enfin, « savoir ce que l’on veut » passe toujours par l’engagement. C’est vieux comme le monde, pourquoi faut-il toujours réinventer l’eau chaude avec les universitaires ?

        • En terme d’idée, il y a plus de revendication, et celles-ci n’expriment aucune avancée.

          Défendre des libertés de vivre dignement contre défendre des libertés de devenir très riche, c’est loin d’être une chose qui disparaitra, elle existe depuis la nuit des temps.

          Alors appelez ca clivage gauche-droite, ca reste que Hitler était de gauche bien plus que Hollande. Mais Hitler à tourné à droite avec le pouvoir et la richesse facile….

        • Le simple fait que vous considériez que les milieux catholiques du syndicat Solidarnosc soient forcément autre chose que de l’extrême-gauche démontre que vous n’avez rien compris au fond de l’article.

          • Réponse à Wenceslas Balyre et Garneuil.
            Ah ! voila qui me rassure, c’est tout simplement parce que je n’ai pas compris. Ouf ! ainsi lorsqu’il est écrit dans le billet : « …. nous devons donc considérer que le libéralisme est désormais situé là où apparaissent les idées : à l’extrême-gauche » il ne faut pas comprendre « l’extrême-gauche » mais chez les détenteurs de la pensée révolutionnaire. Mais bien sûr, j’aurais du rectifier de moi-même ou avais-je la tête, il s’agissait simplement d’un lapsus involontaire de l’auteur. Quand à mon exemple du syndicat Solidarnosc le simple fait que Wenceslas Balyre considère que les milieux catholiques de ce syndicat ne soient pas autre chose que de l’extrême-gauche démontre qu’à son tour il n’a pas forcément compris ma réponse. Pourtant il est clair que ce n’était pas qu’une motivation politique révolutionnaire et linéaire de la gauche vers la droite qui présidait à la genèse du choix, puis de l’engagement, puis de l’action et de la réaction, que les syndicalistes polonais qualifieront eux mêmes de révolte populaire et non de révolution. Les ressorts intellectuels, religieux, spirituels, historique, conjoncturels, fraternels, territoriaux, linguistiques mis en œuvre étaient mêlés, transgénérationnels et touchaient toutes les catégories sociales (conservatrices et réformistes) et pas uniquement les marginales. Comme dans la Résistance ou jeunes et vieux, riches et pauvres, français et étrangers partageaient le même idéal de liberté. Le libéralisme est supra politique. Ce n’est pas en « ciblant » (instrumentalisant) une catégorie de la population parce que vous déduisez quelle est le vecteur (le porteur sain) de la diffusion des idées qualifiées de révolutionnaires que vous pourrez l’utiliser pour propager le greffon du Libéralisme. Il y dans cette démarche quelque chose de malsain, de calculateur, qui réduit les comportements politiques à de simples réflexes sociaux prédéterminés et immuables mis au service de n’importe quelle cause. Pardonnez-moi, mais je ne peux adhérer à cette vision analytique, elle est à mon sens à l’opposé des valeurs libérales. La force du libéralisme tient à son universalité, le substrat intellectuel existe, les publications sont nombreuses, les think-tanks foisonnent, le débat d’idées est riche et animé (sic), la conjoncture est favorable, il faut maintenant des personnalités exemplaires et charismatiques de premier plan qui incarnent et promeuvent notre idéal ! (je tiens à remercier Wenceslas Balyre d’avoir pris le temps de me répondre lors de nos échanges précédents et le prie de bien vouloir pardonner mon ton parfois quelque peu caustique ; ce comportement est à mettre sur mon attachement sans limite au Libéralisme qu’il défend évidemment avec brio et talent).

        • Je crois que vous n’avez pas bien compris l’auteur.
          Il ne dit pas que les idées naissent dans les partis qui se déclarent d’extrême-gauche, mais qu’elles naissent toutes chez les révolutionnaires.
          Un parti politique est constitué des 4 teintes présentées dans l’analyse, à plus au moins grande concentration. Par exemple, le PG est réactionnaire dans son refus de la mondialisation et son souhait d’un retour au protectionnisme mais est révolutionnaire, donc d’extrême gauche, car il souhaite tout renverser pour imposer ses idéaux communistes.
          Cela n’empêche pas que les idées naissent chez les révolutionnaires, ceux qui rejètent en bloc la société actuelles, les marginaux.
          D’ailleurs votre exemple de Solidarnosc va dans le sens de l’analyse. Il s’agissait bien de marginaux qui souhaitaient révolutionner le bloc soviétique.

          • C’est l’affirmation : révolutionnaire = extrême-gauche qui est absurde. Du reste, on ne sait si Solidarnosc était réactionnaire ou révolutionnaire, si l’on s’en réfère à l’article.

  • Le principe de laïcité est théoriquement de ne pas proposer de pouvoir centralisé de contrôle de la morale. Autant je vous accorde que l’état socialiste déroge à cette règle, autant on peut remarquer qu’il est aujourd’hui, en France disons, bien plus permissif que l’autorité de l’Église. La question n’est en fait pas particulièrement celle de la confusion entre pouvoir régalien et pouvoir moral, mais celle de la légitimité de tout pouvoir moral en soi.
    Si les catholiques (car on ne peut pas mettre tous les chrétiens dans le même sac, désolé) continuent de prôner une autorité morale unique, ils légitiment malgré eux le glissement de l’état socialiste vers le contrôle de la moralité des citoyens. Pour rester dans le domaine chrétien, on peut remarquer que le protestantisme est bien plus efficace pour lutter contre ce glissement en repoussant toute idée d’autorité unique dans ce domaine. Disons qu’il n’est pas vraiment étonnant de remarquer que le protestantisme est compatible avec le libéralisme (certains considérant même que c’en est un facteur fondateur) et que la haine du libéralisme est quasiment officielle dans les institutions catholiques.

  • « à droite : les conservateurs, soit ceux qui pensent que les choses sont plutôt bien telles qu’elles sont, et que si l’on change ce sera pire »

    Mais, mais, mais… Cela signifie que notre gauche est à droite !? Crénom’, me v’là tout perdu !

  • Merci à l’auteur pour cette définition de gauche et droite.
    La lecture gauche/droite de la politique suivant le spectre des idéologies socialisme/libéralisme n’avait plus aucun lien avec la réalité. Cela m’exaspère car c’est celle toujours fournie par les médias qui crée donc la confusion entre libéralisme et droite.
    S’il doit y avoir une explication claire, c’est bien en ayant une lecture non pas basée sur les idéologies mais sur les aspirations de chacun. Entre ceux qui veulent que la vie, la société, le monde, change et ceux qui ne veulent pas. Autrement dit, entre progressistes et conservateurs.
    Je crois que plusieurs commentateurs se mélangent encore dans ces spectres. Auxquels s’ajoutent la confusion du classement des partis dits de gauche/de droite.
    Il faut bien clarifier les choses.
    Progressisme ne veut pas dire socialisme, bien qu’à notre époque, on a tendance à regarder toutes actions politiques par le biais du constructivisme. Le changement (tiens, ça me rappelle quelqu’un) souhaité par les progressistes n’est pas obligé de venir par la force de la loi. Tout comme le conservatisme peut être imposé par elle (donc on peut être conservateur et socialiste, cf UMP).
    Gauche = progressisme, ne veut pas dire que les partis dits « de gauche » sont 100% progressistes. Le PS par exemple est certes progressiste sur les questions de société (mariage gay) mais conservateur sur l’économie (défense des sociétés en place). D’ailleurs s’il y a bel et bien une fracture entre Hollande et ses électeurs, c’est que lui utilise le spectre des idéologies (sauf pendant la campagne présidentielle) et eux celui des aspirations (au changement). Cette analyse explique aussi la création d’un Parti de Gauche pour assouvir les désirs progressistes, le Parti Socialiste glissant de plus en plus vers le conservatisme.
    En revanche, je ne vois pas où s’inscrit le libéralisme dans cette vision constructiviste (on souhaite construire ou arrêter de construire une société). C’est pourquoi j’ai du mal à accepter la théorie de la roue des idéologies. Même si je l’accorde, les rares traces de libéralisme que j’ai pu entendre autour de moi (en fait, elles ne sont pas assumées comme tel, il s’agit généralement d’une critique de l’étatisme ambiant) ont effectivement toujours pour point commun la marginalité (travailleur au noir, immigrant, pirate, …).
    L’agorisme serait-il l’avenir du libéralisme ?

  • Troublant. D’autant plus que ça répond à plein de questions (peut-être trop ?) sur le clivage gauche-droite. Mais je remarque effectivement que mes discours libéraux, pourtant très rationnels, ne font mouche que chez les jeunes énervés et les femmes de ménage…

  • Et si on n’est pas d’accord avec vos definitions de droite et gauche ? Hein
    Bref du jus de cervelle inutile .

  • Avec cet article long – voire trop académique – sinon débouchant vers des classifications un brin caricaturales … plus 164 commentaires contradictoires,
    vous me semblez – cher auteur – entremêler la psychologie sociale ET la « psychosociologie ».
    Or cette dernière pousse les individus (supposés libres?) à adhérer à la classification documentée … mais selon des mobiles personnels fort disparates et non globaux…

    Bon, entendez que je ne suis pas psy (…) mais libéral et rationaliste par formation puis par expérience (néanmoins très diversifiée).

    • Alors ça, c’est bien la première fois qu’on me dit que je fais dans l’académique !

      • « Wenceslas Balyre prépare son doctorat en histoire du droit, des institutions et des idées politiques. Historien et juriste, il s’intéresse particulièrement à la théorie du droit naturel, de l’École de Salamanque à l’École autrichienne, et à la place de la liberté dans l’histoire des civilisations. »
        C’est pas de l’Académique ça?
        Franchement vous avez déjà vu quelqu’un qui bosse dix à douze heures par jour (sauf dans la fonction « publique », il est vrai), capable de sortir les énormités réductrices que vous avancez? Il sait bien, ce type-là, que la vie n’est pas une théorie, mais un réseau fascinant de faits qui sont irréductibles à des catégories baclées et rabachées comme celles que vous servez.
        Lisez un peu « Pourquoi des philosophes », publié en 1957 par JF Revel, vous y trouverez votre portrait, criant de vérité, pas une moustache n’y manque.

        • Ah, ça y est : « La République n’a pas besoin de savants » ?

          • Euh, vous êtes savant?

          • Je suis quelqu’un qui cherche à consacrer sa vie à la compréhension approfondie du monde qui l’entoure, en particulier pour ce qui est du fonctionnement de la société. Il ne me semble pas que cet article ne soit qu’un ramassis d’idioties réductrices, ce d’autant moins qu’à part des invectives je n’ai pas vu grand-chose dans vos commentaires.

  • Un peu de sérieux, si vous n’avez vu que des invectives dans ce que j’ai écrit, c’est que vous ne m’avez pas bien lu…
    Blague à part, vous ne semblez pas comprendre les nombreuses objections qui sont faites à votre article, qui a tout les caractères d’un « digest » de thèse pas très bien… digérée.
    Le problème de nombre d’universitaires – car en tant que doctorant vous rentrez de facto dans cette grande famille des « chercheurs » – vous voulez par force emprisonner dans les rêts d’une théorie un certain nombre d’idées fort vagues, en utilisant des termes encore plus sujets à caution, croyant avoir accouché de l’idée unique qui va vous assoir une réputation inébranlable.
    Alors de deux choses l’une: ou votre article est un pale reflet de votre pensée sur le sujet – que j’ai, je le répète beaucoup de mal à cerner – de votre thèse de doctorat et dans ce cas, la forme manque son but et il faut nous présenter la thèse complète, mais ce n’est pas ici le lieu; ou bien la thèse elle-même est confuse, n’a pas cherché à définir clairement son questionnement initial, sa méthode de travail, ses sources, ses inductions (relisez ce que Revel dit de la méthode inductive en sciences humaines – et c’est un lecteur de Gadamer qui vous le recommande), ses exemples historiques et leurs contre-exemples, et là, tout est à refaire.
    Je persiste à dire que votre exposé (est un exposé!) est maladroit, pour le moins, que les idées, qui pourraient valoir d’être creusées se dégagent mal d’un papier, qui par ailleurs est trop long pour les colonnes de Contrepoints, de mon point de vue – ainsi que cette réponse…

    • Permettez-moi un « lol ».

      Ma thèse concerne un auteur du XVIe siècle et n’a rien à voir, mais alors rien, avec ceci.
      L’article ci-dessus est le fruit d’une réflexion ponctuelle et rédigé en une heure en fin de journée. C’est pourquoi la réflexion sur l’aspect « académique » me fait bien rire.

      Et pour les choses que je n’ai pas bien lues, mis à part l’envoi en rafale de références (Platon, Nietsche, Diderot…) je n’ai pas trouvé la moindre objection construite, seulement l’expression d’un rejet d’une théorie qui ne vous plaît pas.

      Et si le papier est trop long, d’après vous, pour les colonnes de Contrepoints, plaignez-vous à la Rédaction. J’imagine qu’elle ne l’a pas publié sans lui trouver un intérêt.

      • J’ajoute qu’il y a une certaine contradiction à dénoncer l’académisme de quelqu’un tout en lui reprochant d’avoir une mauvaise méthode de travail.

    • + 1, fort bien vu, et fort bien dit !

      • Houps… pour HERMODORE. + 1, fort bien vu, et fort bien dit ! Non mais des fois !

        • JEF, vous me dites plus haut « Pardonnez-moi, mais je ne peux adhérer à cette vision analytique, elle est à mon sens à l’opposé des valeurs libérales. »

          A partir de là je pense que tout est dit : si vous recevez ou non une théorie explicative en raison de vos valeurs et non des faits, alors il n’est guère utile de discuter.

          Et ceci sur Solidarnosc « Pourtant il est clair que ce n’était pas qu’une motivation politique révolutionnaire et linéaire de la gauche vers la droite qui présidait à la genèse du choix, puis de l’engagement, puis de l’action et de la réaction, que les syndicalistes polonais qualifieront eux mêmes de révolte populaire et non de révolution. » Vous mélangez encore, me semble-t-il, sensibilités et idées politiques : que les ouvriers de Solidarnosc aient, au moment où ils agissent, une sensibilité de révolutionnaires, en ce qu’ils voulaient renverser l’ordre établi, c’est certain. Si j’admets une objection, c’est celle qui a été faite plus haut quant à la difficulté de qualifier ces gens comme révolutionnaires ou réactionnaires. Cette difficulté est probablement due à l’âge qu’avait alors le communisme en Pologne : pas encore deux générations.

          • Pardonnez-moi encore cher Wenceslas, mais lorsque j’écris que : « …… je ne peux adhérer à cette vision analytique, elle est à mon sens à l’opposé des valeurs libérales. » premièrement je parle uniquement de votre vision, deuxièmement j’évoque les valeurs libérales et non mes propres valeurs. Mais vous avez totalement raison de qualifier vos propos de « théorie explicative », théorie que je reçois pour ce qu’elle est, c’est à dire uniquement votre opinion qui n’a pas valeur de faits indiscutables et dont je veux bien pourtant discourir en véritable libéral respectueux des autres !
            Pour ce qui est de l’exemple « Solidarnosc » je dois reconnaître que vous manifestez un bel acharnement à vouloir à tout prix vider les actions humaines politiques de ce qui pourtant les fait naître : les sentiments. Vous excluez toujours le fait que si une idée peut se trouver au même moment partagée par des personnes de sensibilités politiques, de classes et d’âges différents, c’est tout simplement parce qu’elle est émotionnellement signifiante, et non parce que tout ce petit monde serait soudain emporté par le flux d’un mouvement inexorable d’idées révolutionnaires glissant toujours dans le même sens. C’est de la sensibilité, du sentiment, des tripes que jaillissent les idées et la direction qu’elles prennent et non d’un magma désincarné flottant dans les nimbes des pensées universitaires formatées.

  • Passionnante analyse !
    Ici à Chypre, en plein conflit économique, anarchistes de gauche et libertariens avancent main dans la main, sans état d’âme… Et j’appelle de toutes mes forces les libéraux à saisir cette opportunité !

  • Ayant un peu de temps, je reviens aujourd’hui sur cet article qui m’avait très fortement intéressé en première lecture, car essayant de répondre à une importante question d’actualité chez les libéraux : leur absence du débat politique et leur difficulté de placement dans le paysage politique actuel.

    Au moment de l’écriture de sa conclusion, qui découle assez logiquement du développement du texte, Wenceslas Balyre aurait du facilement se rendre compte que quelque chose clochait : s’il faut se positionner à l’extrême gauche et essayer de les convaincre du bien-fondé de nos idées, on aura plus vite fait d’attendre que le système s’écroule de lui-même (ce qu’il a d’ailleurs déjà commencé à faire) pour arriver à nos fins. Question stratégie politique, puisque c’est l’objet de l’article, on doit donc pouvoir trouver mieux, non ?

    N’étant pas historien ni juriste, je ne souhaite pas trop m’étendre sur le raisonnement qui fait arriver Wenceslas Balyre à cette conclusion étonnante. Tout au plus je salue la distinction entre les idéologies et les sensibilités politiques qui me parait une bonne base pour commencer à réfléchir sur le problème, mais je suis plus réservé sur le développement qui fait arriver systématiquement les idées nouvelles à l’extrême gauche, et ce malgré les quelques exemples donnés qui ne sont pas forcément représentatifs, et sont déjà eux-mêmes discutables (et discutés !).

    On pourrait par exemple se demander si le libéralisme, mort politiquement en France après avoir certes traversé le paysage de gauche à droite, plutôt que de s’être étiolé dans l’idéologie du conservatisme, n’est pas tout simplement victime du penchant naturel des institutions étatiques à prendre de plus en plus de poids ? On ne voit pas dans ces conditions ce que le libéralisme aurait de révolutionnaire, d’autant plus que si l’on peut considérer qu’il est mort politiquement en France, c’est loin d’être le cas au niveau de l’idéologie que l’on retrouve clairsemée un peu partout dans tous les courants politiques.

    Le coup des idées qui auraient à tous les coups une chance de réapparaitre à gauche après être mortes à droite me paraît encore plus fumeux.

    Ce que je retiens finalement de très positif dans cet article, et puisqu’il est question d’action politique, ce n’est pas que « cette approche désigne les catégories de population auxquelles les libéraux doivent s’adresser », c’est qu’elle désigne celles qu’ils ne doivent pas exclure du débat, en s’adressant donc à toutes les catégories de population et à tous les courants politiques.

    Et pour ce faire, il faut bien reconnaître que la position extrême-centriste est bien la moins mauvaise solution.

    • Article passionnant, réactions qui ne le sont pas moins. Il a le mérite, cet exposé, de les faire naître.
      Je n’ai pas le niveau universitaire qui me permettrait d’argumenter à la hauteur de ce que j’ai lu. Je me contente d’idées simples.
      La notion droite/gauche est vide de sens. Aujourd’hui comme hier. Dans une perspective historique, idées de « droite » et idées de « gauche » s’entremêlent, Monsieur Balyre le montre fort bien, et ce n’est pas nouveau. Tout ignorant que je sois, je l’avais compris il y a trente ans.
      Ce qui s’oppose, comme de chaque côté d’une ligne de partage des eaux, c’est d’une part collectivisme (plus ou moins accentué) et libéralisme (plus ou moins radical). La « ligne de partage des eaux » dessinée par le taux de prélèvements obligatoire/PIB.
      Ce qui s’oppose, entre la « pente collectiviste » et la « pente libérale », c’est le rôle de l’Etat. L’Etat, par nature, a comme toute organisation (en rapprochant organisation d’organisme) tendance à croître, par la  » volonté » des « cellules » qui le compose. Le libéralisme est une réaction contre cette croissance, qui n’a pas de fin, comme on le constate dans une perspective historique longue.
      Ce qui s’oppose, enfin, c’est une certaine idée de l’homme et des sociétés qu’il forme. On peut la résumer ainsi : pour le collectiviste, le bonheur de l’homme est le fruit du perfectionnement de la société. Pour le libéral, l’amélioration (éventuelle) de la société passe par celle de l’individu.
      Les racines du libéralisme plongent très loin, puisqu’elles sont détectables dans la perspective même de l’Evolution naturelle. L’Evolution est l’histoire d’une longue marche (involontaire) marquée par l’individualisation des organismes, en tant qu’espèces ; d’un affranchissement vis-à-vis des étroites (et performantes) adaptations à un environnement naturel donné. Homo, l’animal spécialisé dans la dé-spécialisation, est l’exemple même de l’aboutissement du processus évolutif, qui va du quantitatif à l’individuel.
      Le collectivisme, donc le socialisme, est plus qu’une erreur anthropologique.
      Cela dit, comment passer de la « pente collectiviste » à la « pente libérale » ?
      Elle est raide, et caillouteuse, cette pente à remonter, tant les représentations collectives d’aujourd’hui y ont semé d’obstacles.
      Merci en tout cas pour le travail de Monsieur Balyre et pour toutes ces interventions, qui forcent à la réflexion.

  • Se dire de droite ou de Gauche est être hémiplégique .
    Raumond ARON

  • Axe intéressant mais comme d’habitude le monde ne se réduit pas à un plan (donc à deux axes : idées et sensibilités). Pour l’instant le débat politique peut aussi s’interpréter en terme de frontières. que faut-il mettre dans l’espace public et quoi dans l’espace privé concurrentiel.

  • Donc, on va tous devenir des cocos ?

    y’a un site pour parier ?

  • Un des meilleurs article que j’ai eu l’occasion de lire ces dernier temps. La conclusion vaut son pesant de cacahuètes et j’aurais plutôt tendance à y souscrire.
    Dans mon environnement, il n’y a que des gens de gauche mais qui conchient le PS. Ce parti est mort, il ne produit plus d’idées depuis longtemps, écartelé par ses contradictions. Parmi mes amis, ceux qui ont le plus de réflexion politique ont finalement des idées qui peuvent être compatible avec le libéralisme, à l’instar comme le dit rafou87 du Parti Pirate, ou d’Occupy Wall Streets. Et au risque de me faire lyncher ici, j’y rajouterais même ceux qu’Eric Dupin appelle les « défricheurs », du type les villages autogérés libertaires du sud de la France. Défense de la liberté d’enseignemenent, de l’autonomie et de la liberté d’expression, critique de l’interventionnisme de l’Etat dans le domaine agricole (PAC) ou militaire (à l’étranger), défiance vis à vis du monde politique et médiatique, et j’en passe…
    Le monde politique ne semble constituer que de parti de « vieux ». Le jour où un parti réussira la fusion entre ces deux mondes dynamiques, l’extreme-gauche non-étatique et le libertarianisme, il risque de changer la donne…

  • Superbe article, un question cependant, le National Socialisme du FN aujourd’hui n’a jamais vraiment été revendiqué par la droite ni par la gauche, si ? Dans ce cas là la théorie du décalage d’extrême gauche à extrême droite tombe à l’eau

    • Cher, très cher, ce n’est pas parce que votre exemple contre-dit la tendance que celle-ci tombe à l’eau. La pensée humaine n’est pas linéaire… Sinon on la saurait.

  • J’ai bien des points de désaccord, mais cet article est globalement extraordinairement brillant. Bravo…

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