Affaire Cahuzac : le filon anti-populiste

Redéfinissons le bien commun en hiérarchisant les priorités : la corruption est plus grave que le populisme.

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Affaire Cahuzac : le filon anti-populiste

Publié le 10 avril 2013
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Redéfinissons le bien commun en hiérarchisant les priorités : la corruption est plus grave que le populisme.

Par Marc Crapez.

Face à l’affaire Cahuzac, François Hollande improvise, promet une inéligibilité à vie des politiciens convaincus de corruption, mise sur l’effet d’annonce éphémère d’une mesure inapplicable (la quintessence de ce qu’il reprochait à Nicolas Sarkozy). Quant à la mesure sur la transparence du patrimoine des élus, elle se heurte aux élites politico-journalistiques qui brandissent le spectre du populisme. Un sondage consacre ce conditionnement, en indiquant que 70% des Français pensent que cette affaire va profiter au Front national.

À y regarder de près, l’argument « ça va faire monter Le Pen » est absurde et méprisant. Soi-même, on serait moins bête que les autres. Ce nouvel impératif remodèle la définition du bien commun en renversant l’ordre des priorités de la devise « salus populi suprema lex ». L’anti-populisme devient le principal critère de distribution des places et des faveurs. Les populistes sont des pestiférés politiques, tandis que les anti-populistes sont portés au pinacle. Être auréolé d’anti-populisme tient lieu de sauf-conduit. Les arrivistes n’ont plus qu’à s’afficher à la pointe du combat anti-populistique.

Le plus détestable des populismes

Cahuzac était, aux yeux des élites, un champion de l’anti-populisme. Il était réputé avoir, lors d’un débat télévisé, rivé son clou à Mélenchon. Champion de l’anti-populisme tous azimuts, Cahuzac accusait également l’UMP. En 2010, lorsque l’Assemblée nationale vota une franchise d’inscription de 30 euros pour que les clandestins bénéficient de l’aide médicale gratuite, Cahuzac fut catégorique : « C’est une mesure d’affichage, liée au plus détestable des populismes. C’est une mesure populiste », déclara-t-il doctement à la télévision (mesure que la gauche au pouvoir se dépêchera d’abroger dès juillet 2012).

Cahuzac n’est pas le seul à prendre la posture de l’anti-populisme. La députée Sylvie Andrieux pourfend la « posture populiste et triviale » de Mélenchon (26 mars 2013) et déclare que le Front national « ne fait que du populisme » (La Provence, 16 février 2013). Cette députée a été acceptée au sein du groupe socialiste à l’Assemblée nationale en juillet dernier, contrairement à Olivier Falorni, coupable de lèse-majesté envers Ségolène Royal et qui est dépourvu de lettres de noblesse anti-populistes.

La candidate UMP Nora Preziosi avait refusé d’appeler à voter pour Sylvie Andrieux contre un candidat FN, en déclarant qu’elle ne « soutiendrait jamais une candidate renvoyée en correctionnelle pour des détournements de fonds ». Elle a raison. Redéfinissons le bien commun en hiérarchisant les priorités : la corruption est plus grave que le populisme.

Le filon anti-populistique est une forme de démagogie. La démagogie consiste à manipuler les citoyens en flattant les préjugés du plus grand nombre. Évoquer la nécessité d’une « opération mains propres » est également de la démagogie. Une opération vérité suffirait. Cahuzac est coupable de fraude fiscale et de parjure. C’est là-dessus qu’il faut agir.

La transparence est une mesure directe, gratuite et efficace. Elle consiste à rendre de notoriété publique certains faits, afin que les citoyens puissent, eux-mêmes, se forger leur opinion en exerçant un droit de regard. Ceux qui invoquent un risque de dictature de la transparence oublient à quel point il y a de la marge. Ne seraient-ils pas un peu gênés aux entournures ? Qu’ils se rassurent en tout cas : si la France déplaçait de quelques crans son curseur en direction des pays scandinaves, elle serait encore très loin de tomber dans la tyrannie.


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  • Populistes ou anti-populistes, c’est kif : une injure à l’intelligence.

    Et un marketing de l’émotion.

  • « Il faut voter comme-ci », « Non, il faut voter comme ca », « Attention cela fait le jeu de blabla », « Ne votez pas pour loulou », etc….

    Et merde aux donneurs de lecons, en democratie, mon vote m’appartient !

    Il est clair que je ne le donnerai plus jamais aux voleurs, menteurs et incompetents.

  • Ce qui est assez gênant dans ce pays c’est de mettre dans la bouche du « peuple » des préoccupations qui n’occupent que les pensées des journalistes et des politiques, via des sondages orientés.

    Les Français sont bcp plus concernés par l’escroquerie d’un ministre qui prone la lutte contre l’exil fiscal que de qui peut bien profiter d’une telle affaire.

  • Si vous aviez poursuivi votre logique, vous auriez vite constaté, comme le firent déjà Platon et Aristote que la démagogie est la soeur jumelle de la démocratie. En effet, comment se faire élire quand chaque voix a le même poids sans faire appel aux bas instincts et aux promesses les plus folles?
    Il y a cent ans, cela était moins évident car le débat politique se faisait par écrit au travers des nombreux journaux dits « d’opinion ». Il fallait donc savoir lire et surtout comprendre ce qu’on lisait. Or, à l’époque, on écrivait encore en français en faisant des phrases, parfois longues.
    Aujourd’hui, il faut faire bonne figure à la « télé » et le « sound bite » a remplacé la longue phrase écrite.
    La démagogie a désormais le champ libre et le moindre discours un peu construit n’est entendu, voire écouté que d’une petite minorité…comme ici.

  • inéligibilité à vie des politiciens convaincus de corruption……ben dis donc ! y va plus rester grand monde la haut si hollande met cette menace à éxécution ; en tout cas , moi non plus c’est pas demain la veille que je donnerai ma voix à qui que ce soit ; ils ne le valent vraiment pas ;

  • Un petit conte très près de la réalité (transposez de roi vers président de la république corrompue)
    ………………………………………………………………….
    Il était une fois un roi qui voulait aller à la pêche. Il appela son météorologue et lui demanda quelle serait l’évolution du temps au cours des heures suivantes.

    L’expert le rassura en lui affirmant qu’il pouvait aller tranquillement à la pêche, car il ne prévoyait pas de pluie. Comme la reine était en villégiature non loin, le roi revêtit ses plus beaux atours pour lui rendre visite.

    Sur le chemin, le souverain rencontra un paysan monté sur son âne qui, voyant son monarque, lui dit: «Seigneur, il vaut mieux que vous rebroussiez chemin, car il va beaucoup pleuvoir dans peu de temps. »

    Bien sûr, le roi continua en pensant : «Comment ce manant inculte peut-il mieux savoir que mon spécialiste très bien payé qui m’a annoncé le contraire ? Poursuivons. » Et c’est ce qu’il fit … et bien sûr il se mit à pleuvoir à torrents . Le roi trempé, sa reine se moqua de le voir dans un si piteux état.

    Furieux, le roi retourna au palais et congédia son employé. Il convoqua le paysan et lui offrit le poste de météorologiste, mais le manant refusa : «Seigneur, je ne suis pas celui qui comprend quelque chose dans ces affaires de météo ni de climat, mais je sais que si les oreilles de mon âne sont baissées, alors ça signifie qu’il va pleuvoir.  »
    Et le roi a embauché l’âne… C’est ainsi que commença la coutume de recruter des ânes pour les postes de conseillers les mieux payés.
    ……………………………………………………….

  • « Cahuzac est coupable de fraude fiscale et de parjure. C’est là-dessus qu’il faut agir » Pour se parjurer encore faut-il avoir prêter serment de dire la vérité, ce qui ne me semble pas être le cas de Cahuzac : il est coupable de mensonge, pas de parjure.

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