L’injure sur le « mur » de Facebook est-elle publique ou privée ?

Tout propos tenu sur le « Mur » de Facebook peut-il s’analyser comme une correspondance privée lorsque les « amis » abonnés sont peu nombreux ?

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L’injure sur le « mur » de Facebook est-elle publique ou privée ?

Publié le 17 avril 2013
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Tout propos tenu sur le « Mur » de Facebook peut-il s’analyser comme une correspondance privée lorsque les « amis » abonnés sont peu nombreux ?

Par Roseline Letteron.

La première chambre civile de la Cour de cassation a rendu le 10 avril 2013 une décision portant sur l’injure, qui constitue une limite traditionnelle à la liberté d’expression. Comme bien souvent, il s’agit de savoir comment appliquer une jurisprudence ancienne à un vecteur nouveau de communication, en l’occurrence le célèbre « mur » de Facebook. Ce « mur » est ainsi qualifié car il s’agit d’un espace virtuel sur lequel chacun peut librement s’exprimer, afficher ses convictions, ses photos de famille ou, comme c’est le cas en l’espère, les difficultés de sa vie professionnelle. En bref, le mur présente l’avantage de donner une satisfaction narcissique à celui ou celle qui s’y exprime.

Injure publique, injure privée

Dans l’affaire soumise à la Cour, une salariée a affiché sur son « mur » des propos peu amènes à l’égard de sa directrice, nominativement désignée. Elle appelle ainsi à l' »extermination des directrices chieuses » et ajoute, pour faire bonne mesure : « Éliminons nos patrons et surtout nos patronnes (mal baisées) qui nous pourrissent la vie !!!« . Le problème est que la directrice a eu connaissance de ces paroles définitives. Elle fonde donc son recours sur l‘article 29 de la loi du 29 juillet 1881 qui définit l’injure comme « toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait« . Observons cependant que la requête, portée devant le juge civil, vise à obtenir la cessation du préjudice et sa réparation. Il ne s’agit pas d’une action pénale, qui a peut-être eu lieu auparavant, ou pas.

Quoi qu’il en soit, l’existence d’un préjudice ne peut être déduite que de la qualification d’injure. Le droit positif en distingue deux catégories. D’une part, l’injure publique réprimée par l’article 33 de la loi du 29 juillet 1881, est un délit passible d’une amende pouvant monter jusqu’à 12 000 €. D’autre part, l’injure privée qui constitue une simple contravention punie d’une amende de 38 €, sur le fondement de l’article R 621-2 du code pénal. Évidemment, l’étendue du préjudice n’est pas identique selon que la personne a été victime d’une injure publique ou privée, et c’est très précisément le problème que doit résoudre la Cour de cassation.

La communauté d’intérêt

Le critère de distinction unique, et traditionnel, entre l’injure publique et l’injure privée repose sur la notion de « communauté d’intérêt ». Autrement dit, les propos qui restent dans le cadre d’un cercle restreint de lecteurs ou d’auditeurs liés par une « communauté d’intérêt » ne peuvent pas être considérés comme une injure publique. La Cour d’appel a estimé que les « amis » abonnés à la page Facebook de la salariée mise en cause constituent une de ces « communautés d’intérêt ». La Cour de cassation se rallie à cette appréciation mais annule néanmoins la décision. En effet, le juge d’appel a estimé, à juste titre, qu’il n’y avait pas injure publique, mais n’a pas recherché si les propos litigieux pouvaient s’analyser comme des injures privées.

De cette décision, un certain nombre de commentateurs, souvent favorables à une entière liberté d’expression sur internet, ont déduit immédiatement que tout propos tenu sur le « Mur » de Facebook doit désormais s’analyser comme une correspondance privée, à la condition toutefois que les « amis » abonnés soient peu nombreux.

Une entité fermée

Mais l’arrêt de la Cour se montre beaucoup plus nuancé et n’adopte, en aucune manière, une approche quantitative des destinataires des propos litigieux pour déduire le caractère public de l’injure. D’une manière générale, la communauté d’intérêt se définit à travers une appartenance commune, des inspirations ou des objectifs partagés, le sentiment de former une entité suffisamment fermée pour ne pas intégrer des personnes considérées comme des tiers par rapport à l’auteur des propos. Dans une décision du 7 février 2006, la Chambre civile a ainsi considéré qu’une lettre dénonçant les agissements d’un responsable, transmise au supérieur hiérarchique de sa signataire ainsi qu’au directeur des ressources humaines circule bien au sein d’une communauté d’intérêt.

Dans une affaire beaucoup plus médiatisée, la Chambre criminelle s’est prononcée, le 27 novembre 2012, sur les propos d’un ancien ministre de l’intérieur. En se référant à l’origine arabe prêtée à l’un de ses interlocuteurs, il avait déclaré : « Ah mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype alors. C’est pas du tout ça. (…) Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes« . Alors même que des caméras avaient enregistré la conversation, le juge considère que le délit d’injure publique n’est pas constitué. En effet, les propos avaient été tenus alors que l’intéressé participait à une réunion de militants UMP reliés entre eux par une communauté d’intérêt. Si injure il y avait, ce ne pouvait donc être qu’une injure privée.

On le voit, les propos peuvent être repris dans les médias, faire scandale, et demeurer des injures privées. À l’inverse, l’injure publique peut être caractérisée si sa diffusion touche des tiers non liés à la communauté d’intérêt, par exemple des abonnés sur Facebook qui ne connaissent pas l’entreprise, et encore moins la personne injuriée. La question n’est donc pas celle du nombre des destinataires, mais bien davantage celle de la diversité de leur origine, de leur qualité de tiers par rapport aux propos tenus. Loin de tolérer la transformation du mur de Facebook en une sorte de pilori médiatique, la Cour de cassation lance au contraire un avertissement aux internautes : le droit est le même qu’il s’applique à la presse écrite, audiovisuelle ou internet, et rien n’interdit au juge de constater l’absence de communauté d’intérêt pour fonder des poursuites pour injure publique.


Sur le web.

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  • Le droit français est déjà liberticide sur ce qui touche la liberté d’expression, pas étonnant que l’auteur (collectiviste) de cet article le prenne pour base pour justifier la censure du web.

    Le web n’est rien d’autre qu’une grande bibliothèque qui propose à la lecture toutes sortes de documents. Et Facebook est une sorte d’abonnement gratuit à des journaux intimes d’individus ou des journaux de sociétés / associations.

    Donc oui, le parallèle avec la presse écrite est juste, mais il ne devrait pas être fait pour réclamer plus de censure d’Internet, mais au contraire pour réclamer plus de libertés pour la presse écrite…

    La presse écrite, tant qu’elle est distribuée dans des endroits privés, appartient à la sphère privée. La caractéristique du public, c’est son côté inévitable par un individu et non la qualité de ceux qui y ont accès.

    Personne n’est obligé de s’abonner à un journal ou d’être ami sur facebook avec quelqu’un.

  • La liberté d’expression n’est pas négociable. Hors des cas, rarissimes, tels que les menaces de mort, l’usurpation d’identité ou la diffamation, la liberté d’expression est une, indivisible et incompressible.

    « la Cour de cassation lance au contraire un avertissement aux internautes »

    Il serait temps que les internautes lancent un avertissement à la Cour de Cassation, alors. Anonymous, si tu nous entends…

    • @ Pascal Avot

      Je considère que dans la sphère privée, il ne doit y avoir aucune restriction à la liberté d’expression (même vis-à-vis des cas rarissimes que vous évoquez).

      Par contre, dans la sphère publique, il doit y avoir une censure encore plus stricte que les cas rarissimes que vous évoquez. La sphère publique devrait être fréquentable par des enfants.

      • « La sphère publique devrait être fréquentable par des enfants. »

        Vous avez philosophiquement raison, mais qui va fixer les règles ? Où s’arrête la publicité pour la lingerie et où commence la pornographie ? Il me semble que la limite ne peut être fixée que de manière arbitraire.

        • @ Pascal Avot

          En effet, d’autant que la notion de pudeur dépend de la culture, on aura donc très certainement des législations différentes suivant les pays.

          Après sur ce genre de question, une décision démocratique avec une majorité de 75% pourrait déterminer la limite.

      • La liberté d’expression, c’est justement la « sphère publique » que ça concerne.
        La « sphère privée, » c’est une question de propriété et de droit à la vie privée.

        Quant à l’excuse des enfants, c’est une question de responsabilité individuelle.
        Peut-on se prétendre libéral tout en considérant que l’État doive assurer la responsabilité des gens à leur place ?

      • « La sphère publique devrait être fréquentable par des enfants. »
        objection.
        Quand on est apte à fréquenter la sphère publique tout seul, c’est qu’on est plus un enfant. c’est un des buts de l’éducation de, justement, rendre apte un enfant à cet égard. En faire un adulte, donc.
        Si la sphère publique est fréquentable par des enfants, alors il n’y a plus d’adultes. seulement des enfants.

        • @ ph11

          Par définition, l’expression « liberté d’expression » concerne tout autant la sphère publique, que la sphère privée. Et je dirais qu’il est bien plus important de défendre d’abord la sphère privée que la sphère publique. Car si la sphère privée est libre, les idées pourront circuler, même avec une censure de la sphère publique.

          @ P & ph11

          La définition de « sphère publique » ne renvoie ni à une responsabilisation, ni à une éducation, mais à quelque chose qui est accessible au tout public.

          Ce n’est parce qu’un enfant est accompagné qu’il peut aller n’importe où, et même un adulte responsabilisé, pourra prétendre à ce qu’un endroit dit « public » ne lui pose pas des incommodités trop flagrantes.

          Car les règles qui gèrent la sphère publique ne peuvent être que le résultat du compromis qui satisfera la plus grande majorité possible dudit public… 

          Et ce compromis peut incorporer une censure sur la liberté d’expression, de la pudeur, une interdiction de fumer, une obligation de tenir un animal en laisse, et pourra évoluer dans un sens ou dans l’autre en fonction de l’évolution culturelle du public…

          • «Par définition, l’expression « liberté d’expression » concerne tout autant la sphère publique, que la sphère privée.»

            Et comment faites-vous ? Par l’ingérence de l’État dans les lieux privés pour vérifier qu’on respecte bien la liberté d’expression ?

            «Car si la sphère privée est libre, les idées pourront circuler, même avec une censure de la sphère publique.»

            Et donc, ce qui importe ici, c’est bel et bien le droit à la vie privée et la propriété.

            « Ce n’est parce qu’un enfant est accompagné qu’il peut aller n’importe où, et même un adulte responsabilisé, pourra prétendre à ce qu’un endroit dit « public » ne lui pose pas des incommodités trop flagrantes. »

            Alors, il n’ira pas dans cet endroit.
            Faut-il censurer dans les sex-shops pour que les parents puissent y emmener leurs enfants ?

            Je pense que vous cherchez à construire une « sphère publique » artificielle et fantasmée, et celle-ci nécessitera de moyens liberticides.

            C’est similaire à l’interdiction totalitaire de la cigarette dans les endroits fumeurs, au nom d’une pseudo liberté des non fumeurs. Or, c’est une violation claire des droits du propriétaire des lieux.

            La liberté des uns finit là où commence celle des autres. La servitude commence lorsqu’on prône des politiques pour étendre nos « libertés » au détriment de celles des autres.

            « Car les règles qui gèrent la sphère publique ne peuvent être que le résultat du compromis qui satisfera la plus grande majorité possible dudit public… »

            Le droit, ce n’est pas la négociation des divers intérêts particuliers.

            Avec des arguments comme ça, on finit par abolir le droit de propriété.

          • @ ph11

            « Et comment faites-vous ? Par l’ingérence de l’État dans les lieux privés pour vérifier qu’on respecte bien la liberté d’expression ? »

            Vous avez un bon exemple dans l’article, où l’auteur se propose de sanctionner quelqu’un pour des propos tenus sur facebook.

            « Et donc, ce qui importe ici, c’est bel et bien le droit à la vie privée et la propriété. »

            Le droit naturel d’un individu plus précisément.

            « Alors, il n’ira pas dans cet endroit. »

            Ce n’est pas une option. La sphère publique regroupe tous les endroits où nous sommes obligés d’aller d’une manière ou d’une autre. Si la sphère publique d’un pays devient infréquentable, il vaut mieux fuir le pays le plus vite possible.

            « Faut-il censurer dans les sex-shops pour que les parents puissent y emmener leurs enfants ? »

            Hors-sujet, un sex-shop n’est pas un lieu public.

            « Je pense que vous cherchez à construire une « sphère publique » artificielle et fantasmée »

            Hé ben, vous êtes à côté de la plaque, notamment parce que vous n’avez pas saisi ce qu’est la « sphère publique », je vous renvoie au dictionnaire.

            « Or, c’est une violation claire des droits du propriétaire des lieux. »

            Oui tout-à-fait, par contre, une interdiction de la cigarette dans la rue, pourrait être légitime.

            « La liberté des uns finit là où commence celle des autres »

            Cette phrase ne justifie rien. Si vous avez un fumeur et non-fumeur au même endroit, il y en a forcément un qui sera contraint, soit par la fumée, soit par l’interdiction de la fumée.

            « Le droit, ce n’est pas la négociation des divers intérêts particuliers. »

            Dans une perspective libérale, le droit devrait découler du droit naturel. La sphère publique pose un problème dans le sens où elle appartient à un groupe d’individus, et non à un individu, d’où les règles particulières qu’elle doit avoir.

            « Avec des arguments comme ça, on finit par abolir le droit de propriété. »

            Avec cette logique, celui qui prône un État minimaliste prône le communisme…

            « Vite, nationalisons les médias »
            « Nationalisons les entreprises »
            « Nationalisons l’épargne »

            Les médias, les entreprises et l’épargne sont dans la sphère privée, pas publique.

          • « Avec cette logique, celui qui prône un État minimaliste prône le communisme… »

            Je me tue à vous le répéter : le communisme a pour but la disparition de l’État. 🙂

          • « Ce n’est pas une option. La sphère publique regroupe tous les endroits où nous sommes obligés d’aller d’une manière ou d’une autre. Si la sphère publique d’un pays devient infréquentable, il vaut mieux fuir le pays le plus vite possible. »

            On parle de quoi au fait ? Vous parlez de la voie publique ou d’endroits privés ouverts au public ? Avant même de troller, il faudrait d’abord savoir si on parle le même langage.

            «Hors-sujet, un sex-shop n’est pas un lieu public.»

            Tout comme Facebook.

            « Oui tout-à-fait, par contre, une interdiction de la cigarette dans la rue, pourrait être légitime. »

            En effet, cependant, les fumeurs doivent aussi aller en rue, sans compter que les fumeurs et les non fumeurs peuvent faire chacun un effort pour supporter l’autre.
            N’oubliez pas que dans l’espace public, il y a probablement plein de choses qui vous semblent normales que d’autres ne tolèrent pas. Dans la vie en société, on n’a pas le choix de supporter les défauts des autres ou on ne sort pas.

            «Cette phrase ne justifie rien. Si vous avez un fumeur et non-fumeur au même endroit, il y en a forcément un qui sera contraint, soit par la fumée, soit par l’interdiction de la fumée.»

            Si je fume et qu’un non fumeur vient chez moi, il accepte tacitement mon tabagisme.
            Si je vais chez un non fumeur, je respecte son choix.
            Si je vais dans un café, c’est le choix du cafetier.

            Dans la rue, il n’est pas difficile pour l’un d’éviter l’autre.

            «Les médias, les entreprises et l’épargne sont dans la sphère privée, pas publique.»

            Tout comme Facebook, tout comme les supermarchés.

          • @ Pascal Avot

            « Je me tue à vous le répéter : le communisme a pour but la disparition de l’État. »

            Disons plutôt que le communisme ne veut plus qu’un seul État mondial, histoire que les opposants n’aient plus un seul lieu sur la Terre où s’abriter…

            @ ph11

            « On parle de quoi au fait ? Vous parlez de la voie publique ou d’endroits privés ouverts au public ? »

            Un endroit privé n’est pas par définition dans la sphère publique, même s’il est ouvert au public.

            public signifie « Qui appartient à tout un peuple »

            « Avant même de troller, il faudrait d’abord savoir si on parle le même langage. »

            Je parle celui du dictionnaire de l’académie française, et vous?

            « Tout comme Facebook. »

            C’est ce que je dis depuis le début, vous devriez me relire avant de m’accuser de troller.

            « En effet, cependant, les fumeurs doivent aussi aller en rue, sans compter que les fumeurs et les non fumeurs peuvent faire chacun un effort pour supporter l’autre. »

            Non, la sphère publique doit favoriser le souhait de la grande majorité. En l’occurrence, si la majorité ne supporte pas la cigarette, la sphère publique devrait être non-fumeuse. C’est donc une bonne chose que cela devienne de plus en plus le cas. Le problème c’est qu’à nouveau, les bonnes âmes profitent de cette tendance pour tenter de l’exporter dans la sphère privée, alors que dans celle-ci, il faudrait laisser la pleine liberté à l’individu.

            « Dans la vie en société, on n’a pas le choix de supporter les défauts des autres ou on ne sort pas. »

            Hé si, on a le choix, il suffit de mettre une loi et de la faire appliquer. Mais l’idée d’un effort est juste, il est simplement à remettre non sur la collectivité, mais sur l’individu: dans la sphère publique, chacun devrait faire un effort sur lui-même, afin de ne pas trop manifester ses défauts…

            « Dans la rue, il n’est pas difficile pour l’un d’éviter l’autre. »

            Le rapport n’est pas équitable, car dans la très grande majorité des cas, c’est aux non-fumeurs de devoir faire l’effort d’éviter les fumeurs, et même de devoir payer pour le nettoyage de leurs mégots. Si on ajoute à cela, la nuisance olfactive, l’obligation de changer de vêtement après avoir été trop proche d’un fumeur, et les risques pour la santé, il n’est pas étonnant que la majorité se soit enfin décidée à réagir.

            « Tout comme Facebook, tout comme les supermarchés. »

            Oui. Sauf que vous vous contredisez, puisqu’au-dessus vous laissiez entendre que la sphère publique pouvait être un endroit privé ouvert au public…

        • « Quand on est apte à fréquenter la sphère publique tout seul, c’est qu’on est plus un enfant. »
          Mais bien sûr…
          L’enfant dans la voiture qui regarde par la fenêtre, vous en faites quoi ? Et celui qui va à l’école à pied ? Et quid de l’école, d’ailleurs ? Des transports publics ? Des centres de vacances ? Des supermarchés ? Vous voulez qu’on leur mette des Å“illères, aux gosses ?
          Allons, un peu de réalisme…
          La liberté, c’est génial, mais la liberté de jeter des images porno à la face des bambins, pour moi, ça n’est pas just de la liberté. C’est aussi du foutage de gueule.
          Maintenant, comment gérer ça de manière libérale, je sais pas…

          • «La liberté, c’est génial, mais la liberté de jeter des images porno à la face des bambins, pour moi, ça n’est pas just de la liberté.»

            Vite, nationalisons les médias, sinon, ils vont passer du porno à toutes les heures de la journée ! Nationalisons les entreprises, sinon les patrons vont virer tous les employés et les exploiter ! Nationalisons l’épargne, sinon les gens vont dépenser leur argent n’importe comment !

            Le stéréotype du renard libre dans le poulailler libre semble persister.

          • Il y a des gens qui ne savent pas communiquer normalement… C’est fou. Pas de demi mesure… Je fais remarquer que la sphère publique n’est pas réservée aux adultes et on suggère que je souhaite le grand soir…
            Mon Dieu Mon Dieu Mon Dieu…

            La sphère publique accueille du public… de tous les âges… Et il faut être sacrément obnubilé par sa passion libérale pour le pas comprendre qu’il faut effectivement un peu d’ordre là-dedans sinon, oui, des annonceurs et publicitaires divers montrent n’importe quoi à n’importe quelle heure. Les provocateurs s’en donnent à coeur-joie aussi. Ya qu’à voir la Gay Pride.

            De là a nationaliser, hein, il y a du chemin… Mais quelques simples règles de bon sens évitent que mémé se ballade à poil dans le métro.

          • Diantre ! Seriez-vous en train de nous dire que sans la main de fer de l’État pour règlementer la voie publique, ce serait la gay pride tous les jours, tout le monde se promènerait nu, que ce serait Sodome et Gomorrhe, les chiens couchant avec les chats ?

            Il me semble que vous faites la confusion entre la sphère publique et la voie publique. Cette dernière est ouverte à tous et n’est pas privée. La sphère publique comporte aussi des lieux privés ouverts au public.

            Quant à votre exemple avec les supermarchés Il est certain que les supermarchés qui montrent de la pornographie attirent beaucoup de familles…

          • Mais on n’est pas obligé de tout gérer, justement. C’est un avantage du libéralisme : on peut tout à fait décréter que cette affaire se jugera progressivement, au cas par cas, par jurisprudence, de manière pointilliste. Le libéralisme est le contraire de l’urgence de légiférer globalement : il fait davantage confiance au réel qu’à ses propres théorèmes.

        • « Quand on est apte à fréquenter la sphère publique tout seul, c’est qu’on est plus un enfant. »

          Pardon ?

  • Comment passer le coup de peinture sur un tag ….

    Mais le préjudice pour une personne privée est faible, la notion de préjudice étant aussi difficile à estimer. A moins que ce soit un nouveau type de préjudice, un préjudice virtuel qui mérite une amende virtuelle.

    De toute façon il reste le problème des frontières, car un Chinois peu payé peut insulter depuis la Chine sans jamais être inquiéter par le droit français. Donc une loi trop stricte serait facilement contournable en déléguant certaines taches en zone de non-droit.

    Un injure passe parfois, mais l’on sait aussi que la répétition fait le larron. Donc à quoi bon condamner sans avertissement.

  • Pour amener de l’eau au moulin du débat, je vous propose ce texte lancé sur la Toile il y a quelques années par Anonymous. Qu’en pensez-vous ? Sachant qu’à l’époque, Anonymous était « anarchiste apolitique » (dans une vision libertaire américaine, non-marxiste). Le trouvez-vous naïf ? Banal ? Intéressant ?

    Communiqué de presse Anonymous – Les 10 piliers du combat pour la liberté d’expression.

    1. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION EST TA PRIORITÉ. La liberté d’expression est le plus fondamental de tes droits fondamentaux. Si tu la perds, tu n’auras plus les moyens de te plaindre, le jour où les politiciens reviendront détruire ta richesse, ta santé, ton âme, tes idéaux, tes espoirs, tes projets, ta vie entière. La liberté d’expression est la liberté qui protège toutes les libertés.

    2. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION, C’EST TOUT OU RIEN. La liberté d’expression n’est pas négociable. Tu ne dois pas décider de ce que les autres sont autorisés à dire, et les autres ne doivent pas décider ce que tu es autorisé à dire. La liberté d’expression est une réciprocité : même si tu détestes ce que je dis, et même si je déteste ce que tu dis, tu garantis ma liberté et je garantis la tienne. Nous n’avons l’obligation d’être d’accord sur rien, sauf sur ce point précis : nous avons le droit d’être en désaccord sur tout.

    3. SI TU NE PEUX PAS DIRE CE QUE TU PENSES, TU NE PEUX PAS ÊTRE CE QUE TU ES. Tes opinions sont pas des concepts : elles sont ta manière de réagir au monde qui t’entoure. Lorsque tu es totalement censuré, tes pensées les plus profondes, tes émotions, tes espoirs, tes idéaux, réagissent comme des fleurs sans soleil : ils meurent lentement. Ce processus vicieux met en danger le vrai sens de ton existence, et tu perds progressivement ton identité. La liberté d’expression, c’est l’air pur que doit respirer ta personnalité.

    4. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION EST CE QUE LES DICTATEURS DÉTESTENT LE PLUS. Certains d’entre eux te permettront de diriger une entreprise, ou de voyager à l’étranger, mais ils ne pourront jamais accepter le fait que tu as des pensées indépendantes, des avis critiques et des idées dissidentes. Chaque fois que tu te mobilises pour la liberté d’expression, tu déranges ces salopards. Et ça, c’est moral.

    5. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION EST LE SIGNE ULTIME DE LA DEMOCRATIE. Si tu n’es pas autorisé à chanter, la chorale n’existe pas. Ta propre liberté d’expression est l’épée, le bouclier et le drapeau de la démocratie. C’est pourquoi l’avenir de la démocratie te demande d’être aussi expressif que tu peux l’être, aussi souvent que possible. Le piège de la censure internationale tente désespérément d’avaler Internet : fais-lui recracher la liberté.

    6. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION EST VIVANTE SUR INTERNET. Aucun média dans toute l’histoire humaine n’est plus indépendant qu’Internet. C’est une fantastique victoire pour la liberté. Mais si la censure gagne la guerre, la liberté d’expression entrera dans un coma profond, ou sera exécutée d’une balle légale dans la nuque. Nous n’aimons pas cette idée.

    7. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION EST BELLE. Tout simplement parce que la liberté est le plus beau et le plus grand idéal que tu puisses trouver. Si tu ne comprends pas cela, peut-être devrais-tu travailler pour Bank of America, ou diriger une dictature.

    8. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION A BESOIN DE TON COURAGE. La lutte pour la liberté n’a jamais été un match facile, et elle ne le sera jamais. Tu dois être fort, organisé, informé, prudent et optimiste. Affiche tes valeurs, montre tes vertus, fais voir ton intelligence : mobilise toutes tes qualités.

    9. SI TU NE LE FAIS PAS POUR TA PROPRE LIBERTÉ, FAIS-LE AU MOINS POUR T’AMUSER. Le combat pour la liberté est passionnant. Avec Anonymous, cette excitation provoque beaucoup de rires, ce qui est excellent pour ta santé psychologique. Sois-en fier : les dictateurs détestent que l’on se moque d’eux. Et si tu ne le fais pas pour rire, fais-le parce que la plupart des êtres humains vivent aujourd’hui sous la censure – et tu es le prochain sur la liste, mon cher ami Anon.

    10. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION RESTERA SUR INTERNET. Nous ne renoncerons jamais. Nous sommes innombrables. Nous sommes un. Nous sommes toi. Tu es Anonymous. Bienvenue.

    • @ Pascal Avot

      Ce texte défend une liberté d’expression totale sur Internet, ce en quoi je le rejoins.

      Après il évoque toutes sortes d’idées auxquelles je n’adhère pas et d’autres que je trouve discutables, mais je vais m’abstenir de digresser.

      • Si vous avez le temps un jour, n’hésitez pas, votre avis m’intéresse.

        • @ Pascal Avot

          Alors, je le fais maintenant, car je ne suivrai pas ce post indéfiniment. Brièvement:

          1. Je pense que je préfèrerais être libre de me mouvoir et de consommer, plutôt que d’être libre de m’exprimer. D’autant qu’il est bien plus facile de contourner une censure, que de s’évader de prison ou de devoir consommer de manière illégale… Cela part aussi du constat que le fait d’exprimer une idée ne suffit pas pour convaincre les gens (en témoigne que malgré la relative liberté d’expression, le libéralisme reste anegdotique en France)

          2. La liberté d’expression peut être négociable dans la sphère publique (j’ai développé dans mes autres commentaires)

          3. Je me suis souvent abstenu de dire ce que je pensais, cela ne m’a jamais empêché d’être qui j’étais… Et le sens de mon existence ne repose pas sur ma capacité à m’exprimer…

          4. Je ne connais pas personnellement de dictateur pour connaître leurs hantises. Mais je pourrais facilement supposer que certains puissent s’énerver plus contre un moustique qui les empêche de dormir, que contre les murmures du bas peuple… L’adage dit bien que les chiens aboient, la caravane passe…

          5. Démocratie implique que le peuple a la souveraineté, rien de plus. Ni elle, ni la liberté d’expression ne suffisent d’ailleurs à garantir les droits naturels d’un individu.

          6. Assez d’accord.

          7. Je pense que l’Amour est un idéal encore plus grand que la liberté. D’autre part, un banquier ou même un dictateur pourraient tout-à-fait Å“uvrer pour la liberté. Ce n’est pas par définition incompatible.

          8. Oui, il faut se battre pour la liberté, mais à chacun de trouver sa manière de faire…

          9. La moquerie ne fait pas partie de mes plaisirs. Et je préfère me battre avec des personnes qui défendent une cause semblable à la mienne, qu’avec des mercenaires…

          10. Je ne me considère pas comme étant un Anonymous, même si je partage leur combat par rapport à la liberté d’expression sur le net.

    • Ça colle assez bien à ma façon de voir les choses…

    • très juste, et il défend aussi un aspect participatif qui n’est pas inintéressant quand on défend les libertés à titre plus général.

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