Il est peu pertinent d’expliquer l’écart de croissance entre les États-Unis et l’Europe par les différences entre les politiques de la Fed et de la BCE.
Par Vladimir Vodarevski.
Le quotidien Les Échos présentait dans son édition du 17 avril 2013 une comparaison des actions de la Fed et de la BCE. La Fed est présentée comme étant plus efficace, car la croissance est repartie aux États-Unis, tandis que la zone euro stagne. Pour faire bonne mesure, ce dossier dénonçait également les risques de ces politiques basées sur la création de monnaie, tant par la Fed que par la BCE. La création monétaire a provoqué une ruée sur différents actifs financiers, comme les obligations, les matières premières, les devises (le real brésilien par exemple). Ce qui fait craindre la formation de bulles financières, qui causeront des crises en se dégonflant.
Cependant, ce dossier n’explique pas en quoi la politique de la Fed serait plus efficace que celle de la BCE, et serait la responsable de la croissance aux États-Unis. La principale différence entre les banques centrales réside dans le fait que la Fed intervient plus directement sur les marchés financiers. Elle rachète directement des titres d’État, des titres hypothécaires. La politique de la BCE consiste plus à prêter des liquidités aux banques. Notons que les banques apportent en échange des titres, comme des titres d’État par exemple. Ce qui réduit un peu la différence.
L’explication des différences entre les deux politiques tient aux différences entre les modes de financement des entreprises de part et d’autre de l’Atlantique. L’économie des États-Unis se finance plus sur les marchés financiers. La stratégie de la Fed est donc de faire baisser les taux sur ces marchés. En achetant des obligations d’État, elle fait baisser les taux des obligations, entraînant les taux des obligations privées. En rachetant des titres hypothécaires, elle fait baisser les taux de ces titres, encourageant les prêts hypothécaires (et les restructurations de crédits hypothécaires).
En Europe, l’économie est plus financée par les banques. Logiquement, la BCE fournit à ces dernières des liquidités pour toujours éviter que les taux de crédits n’augmentent, et pour éviter un crédit crunch, c’est-à-dire une pénurie de crédit.
Les politiques des deux banques centrales semblent avoir les mêmes effets. Des deux côtés de l’Atlantique, les taux d’intérêt de crédit ou de financement obligataire sont très bas. En Europe, le financement par les marchés financiers est en croissance, profitant de taux bas. Par exemple, le groupe Auchan, qui ne passe pas pour aimer s’endetter, a effectué un emprunt obligataire pour se financer. Des deux côtés de l’Atlantique, les entreprises sont attentives à leur trésorerie, et quand elles en ont, en gardent une bonne partie plutôt que d’investir.
Il est donc difficile d’expliquer la croissance économique des États-Unis par les différences entre les politiques de la Fed et de la BCE. Les objectifs des deux banques sont largement les mêmes, les moyens diffèrent car les économies sont différentes.
Il faut donc regarder les autres différences entre la zone euro et les USA pour expliquer la croissance. Serait-ce la plus forte flexibilité de l’économie ? Les entreprises peuvent se restructurer plus rapidement, les salaires baisser, tandis que dans le même temps la productivité par tête augmente. Serait-ce le marché financier, plus développé, qui finance plus facilement de nouvelles entreprises ? Serait-ce les impôts sur les plus values, plus faibles qu’en France, même s’ils ont été augmentés début 2013, qui expliquent l’investissement dans de nouvelles entreprises ? Serait-ce le gaz de schiste, qui crée des emplois pour son exploitation, et permet un développement industriel grâce à la baisse des coûts de l’énergie qu’il induit ?
Mais ce sont là des sujets autrement plus polémiques que de disserter sur les politiques des banques centrales !
—
Sur le web.
Il faut supprimer l’une et l’autre.
Cet article des Echos, comme les agitations pathétiques de l’OFCE dans les médias français, également l’apparition d’une « nouvelle école » de pensée économique (rires) qui affirme sans honte que « la dette publique, c’est merveilleux, », « qu’il ne peut y avoir de croissance sans dette publique », etc., fait partie d’une campagne visant à créer un mouvement dans l’opinion dans l’espoir de contraindre les Allemands et la BCE à accepter de mutualiser les dettes des pays laxistes de la zone, sur le principe des eurobonds.
Mais les Allemands savent que la mutualisation vise à les traire sans merci, eux dont les comptes publics sont désormais équilibrés. De leur côté, les dirigeants de la BCE savent pertinemment que les dettes mutualisées ne seront jamais remboursées, les avantages à jouer au passager clandestin étant infiniment plus élevés que les risques de ne pas rembourser. Si les pays laxistes font défaut sur les dettes mutualisées, que risquent-ils ? Une guerre, une invasion, un procès, un « rappel à la loi » ? Rien, que dalle, nada !
Encore besoin d’une preuve, un doute subsiste ? Lorsque la BCE a proposé le programme OMT, aide presque miraculeuse mais assortie de conditions préalables fortes, elle savait ce qu’elle faisait. En toute logique, les dirigeants des pays au bord du gouffre auraient dû se précipiter pour en bénéficier. Or, à ce jour, aucun de ces pays n’a accepté l’alléchant programme OMT. Ceci prouve amplement que leurs politiciens n’ont jamais eu l’intention de rembourser quoi que ce soit. CQFD !
Les mauvais élèves de la classe Europe veulent obliger les bons élèves à faire leurs devoirs à leur place. Mais ça ne marchera pas. Pour l’instant, l’Allemagne temporise dans l’attente de ses élections. Ensuite, ça va swinguer.
Le Blog monétariste de Chevallier est plus tranché sur la différence entre les deux zones économiques…. et plus critique de l’inextricable m…r européen, tout en prenant un Obama pour ce qu’il est (certainement pas libéral).
http://chevallier.biz/2013/04/zone-e-hypertrophie-monetaire-fevrier/
Chevallier est trop partial et caricatural pour être crédible.
les allemands ne devraient pas se contenter de se cabrer quand les pays du sud veulent leur faire les poches, ils devraient profiter de leur bonne santé economique pour réarmer, dans un monde dangereux, on est jamais trop prudent.
« réarmer » : mais qu’est-ce que c’est que ce HS ? Une énième tentative désespérée d’assimiler l’Allemagne moderne avec le fascisme, comme le scandent les indiniais ou le laissent entendre les socialistes avides d’argent des autres ?