BPI : Règlement de compte à OK Royal

Ségolène Royal fait encore du rififi à la BPI pendant que Hollande bidouille de l’innovation en Commission…

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BPI : Règlement de compte à OK Royal

Publié le 22 avril 2013
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L’histoire était destinée à la gaudriole dès le départ : créée pour des raisons purement politiques avec un but aussi vague que possible, la Banque Publique d’Investissement se sera en plus vue affublée d’une vice-présidente aussi médiatique qu’improbable en la personne de Ségolène Royal. Avec un tel attelage, la cascade dans le fossé était inévitable.

Depuis maintenant 40 ans, les gouvernements successifs s’emploient à intervenir dans l’économie française, de plus en plus fort, de plus en plus longtemps, et avec de plus en plus d’argent public. L’État, rapidement devenu un acteur majeur sur tous les marchés un peu importants, parvient à les déformer durablement. Et dans ces quatre décennies d’essais successifs, le constat est difficile à cacher : le tissu industriel français ne s’est jamais autant étiolé, les PME dépérissent, les grandes industries nous quittent, le chômage continue de grimper. La réaction des socialistes de gauche, arrivant au pouvoir, aura été d’une effrayante banalité : puisque toutes les tentatives précédentes d’interventionnisme massif ont échoué, remettons-en une nouvelle couche.

Le 31 décembre 2012, Ayrault créait la Banque Publique d’Investissement, énième avatar des ateliers nationaux. Le 20 février 2013, Ségolène Royal en était nommée vice-présidente et porte-parole. Le 21 février, elle loupait son train pour son premier conseil d’administration.

sego c'est plus fort que tot

L’histoire commençait fort.

Quelques semaines plus tard, c’est donc en l’absence de toute surprise qu’on apprend qu’une bordée de tacles s’échange entre le directeur de la nouvelle structure épandeuse de pognon républicain et sa vice-présidente / porte-parole, dont le rôle est devenu, semble-t-il, de contredire son patron. Il faut dire que ce dernier, un certain Nicolas Dufourcq, n’est pas à proprement parler un politicien pur beurre de moraline puisqu’au contraire de Royal, il a pas mal trempé dans le privé plusieurs années (pouah !) et s’est donc assez bêtement imaginé que la Banque Publique d’Investissement aurait pour but d’aider des projets porteurs d’avenir.

Il s’en était d’ailleurs ouvert la semaine dernière en expliquant à ce sujet que sauver l’aciérie de Florange n’aurait pas été un bon business, qu’on y aurait perdu beaucoup d’argent, et que l’étude du cas Pétroplus révélait qu’il ne rentrait pas dans la définition de la France de 2030 qu’entend façonner la BPI. Après tout, le directeur de la BPI ne faisait là que reprendre l’idée maîtresse de Jean-Pierre Jouyet lorsque le projet de la Banque n’était encore qu’à son début : « Nous financerons les bons projets, pas les canards boiteux. »

La réaction n’a pas tardé.

Dès le lendemain sur RTL, Sa Grande Frétillance Arnaud Montebourg, Ministre du Dressement Reproductif, a immédiatement expliqué qu’il avait remis Nicolas Dufourcq à sa place en lui rappelant que l’objectif de cette banque n’est pas de faire du business, hein, faut pas déconner non plus :

J’ai réprimandé le directeur général en lui faisant observer qu’il n’a pas à déclarer cela, que la banque est une œuvre collective, une banque pas comme les autres, qui doit justement essayer de financer là où le secteur financier ne veut pas financer.

Eh oui, mon brave Nicolas, ta banque machin-truc, là, c’est comme une grande fresque de maternelle, avec d’amusantes petites mains potelées peintes par appositions gluantes et colorées : c’est une « œuvre collective » et tout indique qu’il ne faudra surtout pas en attendre des résultats positifs sur le plan financier. On peut, au mieux, demander vaguement l’équilibre, mais si cette banque perd de gros wagons de pognon frais, ce serait assez chouette ! Une œuvre collective qui réalise des bénéfices, ce serait, comprends-tu mon brave Nicolas, une entreprise capitalistique. Et ça, ça ne se fait pas alors que le pays est en crise, enfin, voyons !

Sa Grande Frétillance ayant remis les choses au clair, on aurait pu s’attendre à ce que la pression retombe sur le pauvre directeur. C’était sans compter sur les désirs d’avenir de certaine qui n’a évidemment pas réussi à empêcher des sons de sortir de sa bouche : Ségolène Royal, porte-parlote officielle de la Banque, s’est donc directement exprimée contre son Nicolas de directeur en lui mettant une volée de points sur ses i :

« Les déclarations du directeur général de la BPI sont un grave dérapage, déjà condamné par le ministre du Redressement productif, qui n’ont aucune raison d’être et qui ne se reproduiront pas »

Voilà, c’est dit : demander à une institution publique d’examiner avec attention les dossiers dans lesquels le contribuable injectera son argent, afin d’en minimiser les pertes voire d’en maximiser les effets bénéfiques, c’est, de toute évidence, un « grave dérapage ». Et a contrario, le fait que s’exprime ainsi une vice-présidente et porte-parlote, dont le titre et la fonction laissent penser à la subordination au directeur de l’institution, ce n’est pas un dérapage. Le fait que cette même subordonnée indique à son Nicolas de directeur de se tenir à carreau est parfaitement normal, tout comme le fut sa propre nomination alors que notre Ségolène nationale n’a jamais eu la moindre compétence financière, bancaire ou même économique, et que les performances de la région actuellement sous sa responsabilité indiquent sans ambiguïté qu’une incompétente avec un pouvoir de coercition est largement suffisant pour déchaîner de graves dérapages budgétaires.

royal : la crisitude

Comme on le voit, la priorité de nos politiciens n’a finalement rien à voir avec un projet industriel ou financier : la BPI n’est qu’un nouvel instrument politique pour briller en société, ou, plus tristement, le prétexte pour des individus bouffis de suffisance et d’amour d’eux-mêmes à ramener leur fraise dans les médias, quitte à proférer des insanités économiques alors que tout le pays ploie sous les coups d’une crise économique sans précédent.

Et, ironie d’une actualité qui fournit au méchant chroniqueur que je suis plus de sujets par jour que je ne peux en traiter, pendant que Royal et Montebourg fustigeaient dans un beau duo d’incapables économiques les malheureuses tentatives du patron de la BPI à limiter la gabegie étatique, le président Hollande, toujours aussi pertinent et affûté dans ses décisions politiques, décidait d’ajouter une « Commission d’Innovation 2030«  aux bricolages publics déjà lancés.

Joie, bonheur et petites saucisses apéritives ! On va enfin avoir une Commission qui va se pencher sur l’innovation en France ! Et puis, ce n’est pas comme si ce genre de commission, on en trouvait dans chaque chambre de commerce et d’industrie régionale depuis des années ! Ce n’est pas non plus comme si la France avait tant de commissions que ça ! Et dans cette Nouvelle Commission Qui Fera Date, on trouve, au milieu d’une poignée de chefs d’entreprise, le nuage habituel de courtisans, de députés, de journalistes et de piposophes, d’économistes de combat et de fonctionnaires recasés dans des grandes sociétés d’état. La banalité de la sélection parmi l’éternel « vivier » des habituels grouillots républicains permet d’affirmer que cette Commission, après avoir lâché son petit prout livre blanc ou son rapport en 170 pages avec des graphiques en couleur, sera bien vite oubliée.

Mais le plus troublant est qu’une telle commission devrait être l’appendice obligé d’une banque d’investissement qui se veut tournée vers la France de 2030. Cette Commission n’aurait-elle pas, en effet, toute sa place dans le staff de la BPI, auquel cas, sa direction par Lauvergeon semble grotesquement empiéter sur les prérogatives du directeur de la BPI ? En mettant ce dernier parmi les membres de la première, n’a-t-on pas encore inversé les rôles (comme la Ségolène et son Nicolas de directeur) ?

Et surtout, comment imaginer sans sourire que ces inversions de rôle vont bénéficier aux Français ?

—-

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  • On sait très bien quel est l’objectif de la BPI (Bande de Pourris Invétérés), c’est de financer « royalement » les entreprises duement sélectionnées par les barons socialistes régionnaux, afin de renforcer l’implantation locale de nos sémillants collectivistes.
    La rentabilité, ils s’en foutent comme de l’an quarante, ce qui compte c’est d’élargir leur clientèle locale en emprisonnant dans les rêts de l’argent « public » les entreprises au bout du rouleau financier, celles qui sont destinées à devenir les relais de la « grande politique » néo-bolchevique de nos infatiguables « redistributeurs » de la République.

  • C’est certain que la BPI est conçue pour faire du clientélisme.

    Pour Dufourcq, c’est simple, si ce type est un être humain normal : ou il la vire, ou il part.
    Mais la place est trop bonne, il la fermera et restera. Un toutou.

  • Nicolas Doze est le seul dans la masse des médias à dire les choses comme elles le sont. Cela l’épuise, même les gens dans son équipe ont l’air de se foutre de sa gueule. Le crane chauve est passé à l’ennemi et est bien plus reposé. Une moralité à déduire ?! Il faut avoir du courage pour encore aimer la France et se battre pour sa liberté. Pour moi, le courant du fleuve est trop fort et je nage plus vite dans le bon sens pour regagner le rivage. Ce pays est bien foutu, et plus rien n’y changera.

  • Je présentais un gaspillage total des mes impôts.

    Un ersatz de « Quaero » à l’échelle industrielle…

    Ça se précise 🙁

  • Ségo, l’-ex de Hollande, catapultée à la BPI : ce n’est pas du népotisme, non…
    Un autre exemple dans l’article suivant sur le site Atlantico :

    http://www.atlantico.fr/decryptage/et-maintenant-zizanie-jean-marc-ayrault-et-principaux-collaborateurs-francois-hollande-ne-se-supportent-plus-704217.html

    Quand on sait que ce M. Aquilino est le conjoint de la numéro 2 du ministère de la culture…

    Une suggestion pour Contrepoints :
    Recenser les cas de népotisme dans l’actuelle administration Hollande. Je sais que la tâche est lourde et je ne sais pas comment le faire, mais cela donnerai un dossier intéressant pour les lecteurs de Contrepoints.

    • Exemple de népotisme (« normal » ?) gentiment pratiqué par chez nous. 🙁

      Madame Catherine Quéré (PS), député de la 3e circonscription de la Charente-Maritime (Saintes -St Jean d’Angély) et son mari, Jean-Yves Quéré (PS), conseiller général (canton Saintes-Est) dont elle a fait son attaché parlementaire.
      Madame Rouger, en charge de l’Office de tourisme de Saintes, avec son mari, Jean Rouger (PS), maire de Saintes.

  • On commence à vraiment comprendre les socialistes le jour où l’on comprend que réussir économiquement ne fait en aucune manière partie de leurs intentions.

    Il n’y a pas chez eux d’incompétence, parce que la compétence ne fait pas partie de leur univers mental. Dit-on d’un aveugle qu’il est incompétent à Tétris ?

    Il n’y a pas non plus chez eux de bêtise, car ils ont remplacé le sens commun par l’idéologie, forme d’intelligence dont le but est de détruire la raison. Dit-on d’un jivaro qu’il parle mal l’eskimo ?

    Il n’y a pas non plus de cynisme, car leurs fantasmes sont vraiment des fantasmes : ils les vivent à corps perdu – ce qui leur permet de ne pas regarder la réalité. Dit-on d’un autiste qu’il est est manipulateur ?

    Comme les psychopathes, ils sont absolument libres. Leur seule contrainte est de conserver le pouvoir. Or, la réussite économique n’est pas nécessaire à la conservation du pouvoir ; ce n’est pas le Mitterrand de 1988 qui me contredira.

    Ségolène incarne merveilleusement ce socialisme extra-terrestre, suspendu au-dessus de la vérité comme un funambule. Votre assertion, « la priorité de nos politiciens n’a finalement rien à voir avec un projet industriel ou financier », est donc scientifiquement juste.

    • Un psychopathe est il libre ? Non, je ne le crois pas :), ou alors j’en suis un…vite en prison ! Non, je déconne. On est tous dans une logique, un schema. Vous n’aimez pas le socialisme, il y a un lien, un vécu, des expériences, des lectures, des rencontres. L’humain est un être sociable, du coup c’est un peu dur de le définir correctement. Mais fou et libre, non. Libre à en devenir fou, oui : into the wild. Perso, je ne compte plus sur mes semblables, je fais pour moi et mes proches. Peut être que mon bonheur contaminera les autres…..soyons fou, soyons libre !

      • « Un psychopathe est il libre ? »

        D’un point de vue moral, j’entends. Comme il récuse les notions de Bien et de Mal, il a une marge de manœuvre infinie. Mais bien entendu, cette liberté-là ne lui apportera aucun bonheur, uniquement de la jouissance.

  • Je ne sais plus quoi penser de ce régime immonde….

  • Comme je me penche sur la communication en ce moment, je voudrais reprendre les arguments de sexy bird et remplacer le masque à gaz d’H16, par une jolie créature très attirante. Savez vous que seulement 7% de la communication passe avec les mots et 55% avec les mouvements du corps. Je crois que sexy bird à raison, pour attirer il faut être attirant. H16, mettez un masque plus sympa ! Bon, je déconne, mais red bull, était un très bon exemple de sexy bird : quand je pense red bull, je pense….ah ouai, vous aussi. Quand pense liberalisme, je pense….à contrepoints de trouver….

    • « Savez vous que seulement 7% de la communication passe avec les mots et 55% avec les mouvements du corps. »

      Le simple fait que l’auteur de l’étude dont sont tirés ces pourcentages ait voulu chiffrer de manière exacte les parts respectives du langage et des gestes dans la communication indique clairement que vous ne devez lui accorder aucune confiance.

      • Vous avez raison, il y a même une référence au mot/verbe dans la bible. Ceci dit, on communique plus aujourd’hui avec une belle poitrine qu’avec des mots…le mieux étant : une belle poitrine, puis des mots !

        • En attendant, l’homme politique le plus admiré du XXème siècle est gros, moche, alcoolique et fume comme un pompier. Comme quoi, Elle Déco n’a pas toujours raison.

          c

  • Tout cela est parfaitement intéressant et parfaitement vrai
    Mais ces échanges épistolaires ont la fâcheuse tendance de tourner en rond dans le cercle libéral; donc, à part se conforter en bonne et savante compagnie sur le bien-fondé de ces analyses, il n’en reste pas moins que je trouve cela de plus en plus stérile, quoique souvent très drôle…
    A quand la chute du mur du silence dans les plus grands médias sur les pratiques misérables et ruineuses pour le pays de cette caste parasitique?
    Rien, nada, peau de zob!
    N’y a t-il donc personne pour porter haut et fort ce combat?
    Car au point où nous en sommes, il s’agit bien d’une guerre de l’information

  • La BPI ne va-t-elle pas être la banque de développement des énergies renouvelables !
    Alors après le soutien de la Région Poitou-Charentes , auprès de deux entreprises qui ont essayé sans succès de percer sur le marché du véhicule électrique, ne va-t-on pas voir les investissements dans l’éolien et le photovoltaïque soutenus par la BPI ?
    C’est ce que certains parlementaires ont vivement appelés de leurs souhaits !

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