Le président italien Giorgio Napolitano a désigné le numéro deux du Parti démocrate pour former un gouvernement. Qui est-il ? Quelle est sa position à l’égard des politiques d’austérité ?
Brossons un rapide profil d’Enrico Letta, le nouveau Premier ministre qui vient d’être nommé en Italie. Avec le débat qui fait rage sur la sagesse ou non de maintenir au sein de la zone euro une discipline budgétaire à l’allemande, la grande question est : Letta est-il contre l’austérité ?
Voici une courte biographie :
- Letta est originaire de Toscane et aura 47 ans en Août. Cela signifie qu’il est en piste pour devenir le troisième plus jeune Premier ministre d’Italie.
- Il est titulaire d’un doctorat en droit européen, et a été nommé ministre des Affaires européennes en 1998. À l’époque, il n’avait que 32 ans – ce qui fit de lui le plus jeune ministre que l’Italie n’ait jamais eu. Il a également servi en tant que ministre de l’Industrie dans le gouvernement de Massimo D’Alema.
- Letta a été député européen entre 2004 et 2006.
- Il était le Vice-secrétaire du Parti démocrate de centre-gauche depuis 2009.
- Surtout, c’est un grand fan du Milan AC, ce qui pourrait l’aider à gagner le soutien de Silvio Berlusconi – peut-être aussi par le fait qu’Enrico Letta est le neveu de Gianni Letta, le plus proche collaborateur du Cavaliere.
Alors que dire à propos de ses opinions politiques et notamment en ce qui concerne l’austérité ?
Dans sa déclaration face à la presse après son entrevue avec le Président Giorgio Napolitano, Letta a estimé que l’Italie devait « fermement s’engager à modifier l’orientation des politiques [économiques] de l’UE, trop axées sur l’austérité, qui, comme le Président de la Commission européenne [José Manuel] Barroso l’a déclaré l’autre jour, ont atteint leurs limites. »
Allo, Angela ?
Et n’oubliez pas que lorsque l’UE a remporté le prix Nobel de la paix, Letta a tweeté que cette récompense devait être « un encouragement à être encore plus fiers, plus authentiques et plus efficaces dans notre position pro-européenne. Il n’y a pas d’avenir sans les États-Unis d’Europe ».
Cela montre qu’il est fortement en faveur d’une plus grande intégration de l’UE (comme la majorité des politiciens italiens, il est vrai). En d’autres termes, Napolitano a nommé un Premier ministre avec de solides références européennes, qui peut plaider de façon crédible pour un assouplissement de l’austérité au sein de l’Union européenne. Très intelligent.
Élément important, Letta a également souligné que la composition du nouveau gouvernement ne se fera pas « à n’importe quel prix ». Cela peut être vu comme un avertissement adressé à Silvio Berlusconi de ne pas fixer des conditions trop élevées pour accorder son soutien. Toutefois, il est bon de rappeler que l’alliance de centre-droit de Silvio Berlusconi est en avance dans tous les sondages d’opinion – ce qui signifie que Silvio est actuellement dans une position de force.
Letta s’entretiendra avec tous les autres partis politiques dès demain. Si les choses se passent en douceur, nous devrions avoir la liste des ministres d’ici la fin de la semaine.
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Sur le web.
Deux questions:
1. la majorité du peuple italien est-elle d’accord pour une Italie qui disparaisse au sein d’une Europe intégrée totalement comme le prône leur nouveau premier ministre?
2. que penser d’un premier ministre dont les seules compétences sont la politique et le droit européen? Ne serait-ce pas simplement le profil idéal, non pour être crédible vis à vis des instances européennes et de l’Allemagne, mais pour promouvoir une Europe totalement intégrée, quelle que soit l’opinion de ceux qu’il est censé représenter?
@simple citoyen
1. Il faudrait le demander au peuple pour en être certains. Le succès de Grillo, qui avait promis un référendum sur e sujet indique que beaucoup de monde se pose la question.
Je n’ai jamais vu un sentiment aussi anti-européen auparavant en Italie. Je suppose que quand, en moyenne et par jour, 50 PMI ferment en laissant tous leurs employé au chômage partiel, même un des pays parmi le plus “europhile” peut changer d’avis.
2. Les italiens ont vu pire. Berlusconi, par exemple. L’autre option contemplée par Napolitano était Amato, le même qu’en 1992 a taxé de 0.6% tous les comptes bancaire en créant un précédent pour Chypre.
A première vue, soit Letta a une certaine compétence, soit plus simplement il se vend bien comme l’indique sa carrière de météore.
Mais à part cela, c’est un second Hollande, n’imaginant même pas de restreindre le train de l’Etat, ni de revenir à une gestion du pays en bon père de famille …
Bref, il veut plus d’Europe, mais une Europe qui lui serve d’Oncle d’Amérique, et le laisse poursuivre la gabegie actuelle.
S’il réussit à faire songouvernement, il est à craindre qu’il ne devienne bientôt “Branletta Ir” !
il faudra un jour qu’il y ait un grand débat dans chaque pays de l’eurozone (et de l’UE) pour trancher une fois pour toute la question des Etats-Unis d’Europe. Quelle constitution, quelles institutions, quelles élections, quelle subsidiarité des souverainetés, avec qui etc..
Quant à l’austérité, je me méfie, selon les gens ce mot ne veut pas dire la même chose ! Certains définissent l’austérité comme la baisse des dépenses publiques, d’autres comme la baisse des dépenses publiques cumulée à une hausse d’impôts, d’autres uniquement les hausses d’impôts.
Les noms des ministres sont sortis hier.
Saccomanni est le nouveau Ministre de l’Economie. Dans son CV des années de collaborations avec Bankitalia, le FMI et la BCE. Bref, un autre Draghi 🙁
Bilan mitigé, ça aurait pu être pire. Ce n’est absolument pas un gouvernement Hollande, trop d’exposants de la droite italienne ont les rôles clé.