Le « choc de simplification » souhaité par François Hollande soumis à un électrochoc de réalisme.
Un billet d’humeur d’Aster
« Choc de simplification » : c’était déjà il y a quelques semaines mais quel fou rire mes amis. François Hollande veut redresser la France par un choc de simplification. Un choc de simplification qu’il faut soumettre à un électrochoc de réalisme.
La France a-t-elle besoin de simplification ?
Si la réponse qui semble évidente est oui, je pense qu’il est cependant important de réfléchir au pourquoi cela semble si évident. À froid, quelques symptômes du problème qui nous occupe :
- Le nombre de règlements/codes/arrêtés/chartes différents : on pourrait attendre d’un citoyen éclairé qu’il connaisse le droit auquel il est censé se soumettre, chose aujourd’hui impossible même pour un professionnel.
- Le nombre de taxes, impôts, abattements, exonérations, aides, subventions qui sont plus ou moins liés au constat précédent. Ceci est symptomatique car le problème des flux financiers est un problème simple par nature. Ce système se résume pour chaque Français par : « on m’a pris/donné X% (ou X€) », cette phrase n’est même pas une approximation grossière du problème, c’est la seule réalité résultante d’un système redistributif/incitatif/fiscal (le nom importe peu).
- Le nombre d’instances publiques différentes, il famoso mille feuilles administratif, célèbre de l’Auvergne au Cotentin. État, ministère, région, département, canton, mairie, arrondissement, j’en oublie probablement encore. Toutes ces instances ont des sources de financement à peu près claires, des pouvoirs en matière d’interdiction/réglementation qui atteignent déjà des niveaux de nuisances impressionnants.
Cependant, je pense que le summum est atteint lorsque l’on commence à parler des politiques d’aides ou de subventions. Pour résumer, chaque couche du millefeuille est pourvue d’une crème bien dense de fonctionnaires occupés à gérer une paperasse colossale. Paperasse créée par eux-mêmes dont on se demande si c’est bien elle qui a besoin d’eux ou eux qui ont besoin d’elle. Chaque couche essaye d’être meilleure que la précédente, faisant un usage savant de sucre et de parfum de subventions censés relever le tout ; mais les individus, consommateurs finaux, se retrouvent bien finauds devant un met à la fois très cher et relativement infect. Un repas qui ressemble encore énormément à la merde servie aux touristes dans les mauvais restaurants de Paris. La vision française de la décentralisation a été de créer une armée de micro-États, de démultiplier les frais fixes, sans clairement définir de fonction ; ceci ne manquant pas de produire une valeur ajoutée nulle, voire négative, pour le citoyen. Si je dis négative c’est parce que chaque instance se sent obligée de se justifier d’exister, à la bonne dose de nationalisme, idée que nous voyons partout, il faut ajouter l’abrutissement créé par ces régions, villes et départements en quête d’une identité.
François Hollande est-il la bonne personne pour initier la chose ?
Quand notre ami joufflu vient proposer de changer le monde, il faut prendre un peu de recul quant à l’analyse de la chose. C’est un jovial, socialiste, énarque, persuadé que le monde l’a attendu, lui et les siens, pour commencer à tourner. Il a écumé les postes dans cette industrie du parasitage, et aujourd’hui le voici qui débarque, fleur au fusil, lâchant deux ou trois mots obscurs.
Bien chanceux ou naïfs sont ceux qui peuvent encore croire qu’il va venir sauver le pays d’un grand mal que nous avons tous sous les yeux. Les promesses n’engagent que ceux qui les croient et dans le sens qu’ils y mettent. Je ne suis pas sûr que M. Hollande ait l’humilité de voir la même réalité que moi tout simplement parce que selon celle-ci, le fond du problème c’est un peu son fond de commerce. Par ailleurs, est-il déjà bien conscient qu’il y a un problème ?
C’est que, voyez-vous, je suis persuadé que je rentrerais sans souci dans ses pantalons, mais je vais essayer de rentrer dans ses chaussures, étape plus délicate.
Son entourage est du même milieu que lui ; les plus diversifiés sont, meilleure des hypothèses, journalistes ou cadres dirigeants dans des entreprises publiques françaises (des administrations quoi)… Les contacts de ces gens avec la réalité se résument à des sondages BVA, des statistiques de l’INSEE et à deux poignées de main sur les marchés pendant les campagnes (rencontrer des vieux) et en visite spéciale quand une usine ferme (rencontrer des pauvres).
Disons-le, il est probable que cette vision du politique cynique et éclairé ne dissimule pas des gens aussi clairvoyants que l’on pourrait l’espérer. Théorie du complot mise à part, il ne serait pas non plus impossible qu’ils croient aux inepties qu’ils racontent.
Est-ce simple à mettre en place ?
En admettant que la démarche soit réelle et supportée par la caste politique, il y a deux gains possibles pour l’économie du pays : la diminution des freins à l’économie et la diminution de la charge de l’État. Si nous avions un État simplifié, il est clair qu’à moyen terme cela permettrait à beaucoup d’acteurs de l’économie d’avancer en environnement moins incertain avec des coûts d’actions plus faibles (moins de normes, moins de paperasses, moins de démarches). Ça ok. Mais – et c’est un grand mais – quid de la diminution de la charge de l’État ?
Ce temps disponible dans les administrations publiques, on en fait quoi ? Les règles de bonne gestion diraient de ré-allouer quelques ressources aux missions de l’État en manque de ressource, mais, dans une majorité des cas, il faudrait diminuer la masse des travailleurs administratifs. Et ça, statut bizarre du fonctionnaire oblige, on ne peut pas le faire. Ceci irait complètement à l’envers de la « stratégie » menée par le gouvernement autour de l’emploi, qui vise à horizon 2031 d’avoir plus de fonctionnaires que d’habitants sur le territoire.
Ayant résolu la question « Qu’est-ce que foutent les fonctionnaires ? », émergerait donc cette question trépidante : « Qu’est-ce qu’on fout des fonctionnaires ? » Cette question, je ne suis pas sûr que l’on ait envie d’y répondre dans le monde politique français.
La simplification est-elle souhaitée ?
Vous avez déjà vu ces poissons qui suivent les requins pour consommer les parasites qui gravitent autour d’eux ? Ces poissons existent dans l’économie, ils ont différentes formes. Vous êtes des consommateurs d’un grand show télé, quand une nouvelle réglementation bancaire visant « à pourfendre le trading haute fréquence », « écraser les abus de la finance », « faire disparaitre les paradis fiscaux » ou encore « sauver Willy » arrive sur vos écrans, il se passe plein de choses.
Premièrement, rassurez-vous, rien ne change, les acteurs ne sont pas vraiment morts. Les banques vont faire joujou dans un autre pays du monde, l’important c’est juste que Navarro ait encore brillamment vaincu le crime. Seulement, il faut le réaliser ce feuilleton, il faut que la fiction tienne un peu, alors on crée de nouvelles normes de contrôle, de la nouvelle paperasse à produire pour prouver qu’il n’y a plus de méchants. Cette paperasse incommensurable est gérée par des gens qui revêtent pour l’occasion le titre de consultants.
Et oui, gérer les problèmes créés de toute pièces par l’État c’est un secteur entier de notre économie. Ça occupe un grand nombre de juristes, de comptables, de RH, de conseillers consultants. Ces gens-là ne sont pas méchants ou malhonnêtes, ils gagnent juste leur vie sur la complexité. Supprimez la complexité, ils précéderont de très loin nos amis les fonctionnaires chez l’ami Paul Emploi.
Il existe aujourd’hui également énormément de professions qui se sont adaptées à cette complexité. Le taxi qui a payé sa licence le prix d’un logement, ne sera pas content de voir la valeur de celle-ci s’envoler. Le boulanger qui a pris un crédit sur 15 ans pour se mettre aux sacrosaintes normes ne sera pas forcément heureux de voir son concurrent s’installer en face de lui pour trois fois rien.
La complexité de l’État est un boulet pour l’économie, pour les entreprises, pour les individus et pour l’État lui-même ; mais aujourd’hui l’économie, les entreprises, les individus et l’État se sont adaptés à cette complexité et sont orientés pour vivre avec cette complexité. La supprimer serait une bonne chose à long terme, mais générerait énormément d’externalités négatives à cout terme, simple constat.
La commission Théodule chargée de la chose est-elle à même d’arriver à ses fins ?
On a dû nommer quelqu’un de très intelligent pour prendre en main le projet et lister les lois inutiles. Mais les lois inutiles au sens strict sont déjà ignorées par tous, elles n’apporteront rien. Pour celles qui sont contreproductives ou moyennement utiles, il y aura à chaque occasion de choix une armée de raisons de maintenir le statu quo et donc l’inefficience du système.
Il serait miraculeux de voir autant de politiques faire preuve de courage en allant à l’encontre de l’intérêt de tant de corporations.
Le « choc de simplification » n’est qu’une nouvelle expression marketing purement politicienne.
Pour qu’il y ait simplification il faudrait que les politiciens RENONCENT à certaines choses, comités théodules, lois untel, couche administrative trucmuche, etc.
Et là on y est à des kms, l’idée du « choc » n’est qu’une légère réorganisation du bordel ambiant. Ils vont regrouper 2, 3 normes, supprimer quelques parties qui se recouvrent, et ce sera tout.
Voila les différentes strates d' »administration » qu’ont créés des générations de despotes, et qui ne sont jamais remis en cause (Attali a remis en cause les départements, vite enterré par la droite) :
– Etat
– régions
– départements
– arrondissements
– cantons
– communes
– communautés urbaines
– communautés d’agglomération
– communautés de communes
– syndicats d’agglomération nouvelle
10 niveaux pour une seule fonction « aménager le territoire ».
article tres lucide.
certains fonctionnaires, ne vont mème pas au boulot, ou plutot, ils ont une activité privée, qui parfoi fonctionne tres bien, mais conservent la place pour les avantages procurés. d’autres, moins motivés, ne foutent pas grand choses et commencent a deprimés, d’autre encore, se complaisent dans la fainéantise. d’autre encore, doivent se taper le boulot du fainéant que l’on ne peut virer, statut oblige, la encore, souvent ils depriment. quel gaspillage d’energie pour le pays que tous cela !
la simplification ne sera jamais faites, car on a mouillé trop de monde la dedans. ou alors, par la force des choses, comme aurai dit st just, et ce jour la, ca risque de faire mal ( plus de sous dans la caisse ).
le plus triste, c’est que la plupart des francais croient dure comme fer, que cette complexité est la preuve que la société francaise est quelques chose de tres aboutie ( maintenant c’est comme ca, disent-ils ) ils n’ ont pas l’instruction ni le recul suffisant pour comprendre, que c’est au contraire le symptome d’une grande decadence.
 » ils faudrait qu’ils renoncent  »
bon courage, demandez aussi au ouvrier de renoncer a leurs payes, demandez au agriculteurs de renoncer aux DPU, etc, etc …
une solution, serai peut-etre au contraire, de payer les elus pour qu’ils ne fassent rien, un peu comme des monarques du 21ième siecle.au bout de quelques années, quand les gens auront compris qu’ils ne servaient a rien, le chemin pour reduire drastiquement leurs nombres, sera defriché.
tu oublie les « pays » et les divers syndicats inter-truc qui ont des compétences spécialisées (ordures ménagères, eau, assainissement, …), et qui ne se recouvrent pas.
simplification
optimiser n’est pas simple
à moins que le système ne s’effondre tout seul
dans notre village un des derniers petit commerce fermera, la commerçante a trouvé un emploi salarié avec moins de contrainte, il faudra faire 20 km ou surpayer au supermarché!
tout ce système décourage lorsqu’on veut se mettre à son compte!
et s’il n’y a pas de création de richesse, tout s’effondrera!
on a favorisé les emploi tertiaires au détriment de l’industrie et du commerce, le bateau prend l’eau
Les villageois…. ils y allaient souvent dans ce dernier commerce…. ou bien juste pour dépanner…. le gros des courses étant fait dans la grande surface de la ville la plus proche…
exactement:
je suis du monde agricole. depuis grosso-modo 30 ans, allez, depuis le 10 05 81, pour prendre une date precise, ca marche comme ca dans mon metier:
les independants ( agriculteurs, commercants, artisants ) subissent une pression fiscale et reglementariste croissante. alors que les emplois salariés ont été de mieux en mieux payés avec de plus en plus de protection et de moins en moins de travail ( 35 heures … )
alors ils abandonnent, ou vont jusqu’ a la ( petite ) retraite, en maugréant, leurs enfants se depèchent de prendre une place de salarié. les plus instruit vont dans l’administration, pour controler se qui reste d’independants , alors qu’ils auraient pu faire des technitiens ( par exemple pour adapter les techniques agro-ecologiques adaptées depuis 20 ans en amerique et en chine ), ils deviennent des parasites du système, jurant leur grand dieux, que jamais ils ne se mettront a leur compte: travailler 70 heures par semaine et se faire controler en permanence par des fonctionnaires bornés, pour donner tous ce que l’on gagne a la MSA. tres peu pour eux !!
voila comme on detruit une nation.
Superglubs :
Je suis convaincu que vous décrivez fidèlement la réalité. Cependant, je n’ai jamais entendu les agriculteurs réclamer une baisse des subventions et une diminution des pouvoirs de l’Etat. Et ce n’est pas faute de réclamer. Les agriculteurs sont des professionnels de la contestation, y compris violente.
Quand ont-ils déversé du fumier devant une préfecture pour réclamer, sinon l’abolition de la Sécurité sociale, du moins sa mise en concurrence avec des assureurs privés ?
J’ai peut-être raté un truc, mais toutes les revendications paysannes, à ma connaissance, ont toujours été pour davantage de subventions, davantage d’interventions étatiques en leur faveur, davantage d’obstacles au libre jeu du marché pour les avantager, eux.
Sauf erreur de ma part, la moitié du revenu des agriculteurs français est composé de subventions. Certes, c’est une moyenne qui recouvre des situations individuelles différentes, mais objectivement, cela veut bien dire que les agriculteurs sont des quasi-fonctionnaires de fait.
On ne peut pas se plaindre d’une situation que l’on a réclamée.
 » je suis du monde agricole. , allez, depuis le 10 05 81  »
10 mai 1981 ! ! !
Mouhahahahahaha
Surpayer au supermarché, Valette ? Vous êtes en train de nous dire que votre pitit commerçant de proximiti qui vient de fermer était moins cher que le supermarché du coin ? Vous nous prenez pour des jambons, ou quoi ?