La mauvaise austérité européenne

Mais où diable se cache l'”austérité” européenne ? Pas dans les réductions de dépenses publiques !

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La mauvaise austérité européenne

Publié le 8 mai 2013
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Mais où diable se cache l'”austérité” européenne ? Pas dans les réductions de dépenses publiques !

Par Daniel J. Mitchell, depuis Washington D.C., États-Unis.

Paul Krugman a récemment tenté de proclamer la victoire des keynésiens sur la soi-disant austérité, mais tout ce qu’il a vraiment accompli est la démonstration que les dépenses publiques financées par l’impôt sont destructrices de richesses. Plus spécifiquement, il a présenté un bon dossier contre la version européenne/FMI de « l’austérité », qui a généré de grandes augmentations d’impôts. Mais que se passe-t-il si des nations adoptent une approche libérale, qui signifie alors que « l’austérité » est imposée à l’État, et non pas aux contribuables ? Par le passé, Krugman avait aussi tenté de faire croire que les nations européennes avaient commis une erreur en réduisant les dépenses publiques, ce qui l’avait évidemment mené à propager de grossières erreurs.

Ayant affirmé que la croissance britannique était au point mort en raison de la réduction des dépenses, il avait négligé le fait élémentaire que les dépenses publiques du Royaume-Uni progressaient deux fois plus vite que l’inflation. Et dans le cas de l’Estonie, qui a mis en place de vraies coupes budgétaires, il avait tenté de populariser l’idée que les réductions budgétaires effectuées en 2009 étaient responsables du ralentissement économique observé en 2008.

Nous avons désormais des preuves de l’absence d’austérité sur les dépenses en Europe. Un éminent économiste irlandais, spécialisé dans les finances publiques, Constantin Gurdgiev, a examiné les données du FMI et a eu bien du mal à trouver une quelconque réduction budgétaire :

… dans la célébration de ce grand jour férié socialiste (le 1er mai), en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Italie et en France, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer des emplois et la fin des années de serrage de ceinture. Sauf que personne ne leur a vraiment demandé ce qu’ils voulaient dire par « serrage de ceinture ». Vérifions du côté des dépenses  « l’austérité sauvage » de l’Europe : le graphique ne montre pas la moindre trace de coupes budgétaires.

Comme l’on peut voir sur le graphique, Constantin a comparé les montants des dépenses publiques de différents États de l’Union Européenne en 2012 avec celles relevées avant la crise. Le résultat permet d’apprécier l’évolution de la taille du secteur public sur une longue durée.

Voici quelques-unes de ses conclusions à partir de l’analyse des données.

Des trois pays qui ont subi une réduction des dépenses publiques en pourcentage du PIB, l’Allemagne a enregistré une diminution de 1,26% (de 46,261% du PIB pour la période moyenne 2003-2007 à 45,005% en 2012), Malte et la Suède ont respectivement reporté des baisses de 0,349% et de 1,37%. Aucun des pays en difficulté en Europe – là où le mécontentement est le plus marqué – ou la France n’ont enregistré une réduction. En France, les dépenses publiques ont grimpé de 3,44% par rapport à leur niveau antécédent à la crise. 4,76% d’augmentation pour la Grèce, 7,74% pour l’Irlande, 2,773% pour l’Italie, 0,562% pour le Portugal et 8% pour l’Espagne. Le montant moyen des dépenses publiques en Europe avant la crise était de 44,36% du PIB. Et ce montant s’était élevé à 48,05% du PIB en 2012. Les dépenses ont donc bel et bien augmenté, et non baissé. Il n’y a donc pas « d’austérité sauvage » en Europe, en euros constants ou en pourcentage du PIB.

J’ajouterai quelques observations.

La Suède et l’Allemagne font partie des trois pays ayant réduit leurs dépenses publiques en pourcentage du PIB, et ces pays sont dans de meilleures situations que leurs voisins européens. La Suisse n’appartient pas à l’Union Européenne et n’est donc pas inclue dans le graphique de Constantin, mais les dépenses de l’État suisse ont également été réduites pendant la période étudiée ; on constate aussi que son économie est en meilleur état que celle de ses voisins. La morale de cette histoire est simple : réduire le poids des dépenses publiques est la recette gagnante pour une croissance forte et durable. La croissance apparaît lorsque les politiciens se détournent d’une politique fiscale de « lutte des classes » et cherchent à prélever des impôts ayant un impact minimum sur l’économie.

Malheureusement, ce n’est pas ce qui arrive ni en Europe, ni aux États-Unis. Très peu de pays avancent dans la bonne direction ; on peut citer le Canada, même s’il a encore un long chemin à parcourir. Les modèles à suivre restent Hong-Kong et Singapour : ce n’est pas par hasard que ces deux régions dominent les deux premières places du classement des libertés économiques dans le monde (Index of Economic Freedom).


Sur le web. Traduction : Eriul/Contrepoints.

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  • Le mauvais argument de l’effet récessif d’une baisse des dépenses publiques vient à mon avis du fait que les économistes ont souvent une vision statique de l’économie alors que celle-ci est fortement dynamique. La baisse des dépenses publiques a un léger effet récessif à court terme le temps que l’économie s’adapte mais au final, l’effet permanent est favorable à la croissance …

  • Les dépenses publiques ont un effet récessif au-delà d’un niveau proche de 20% du PIB, comme cela est empiriquement démontré par la convergence des statistiques qui confirment systématiquement la théorie économique. L’affirmation du contraire relève du dogme idéologique ou d’un paresseux conformisme intellectuel de la part d’économistes qui y trouvent leur intérêt personnel égoïste, parce que les politiciens le leur rendent bien.

  • Dans dépense publiques, il y a la part d’investissement et les charges de type salariales. Donc je doute que les salaires impactent la croissance.
    En prenant les dépenses de façon globale, il est difficile voir impossible de tirer une conclusion correcte.

    • Les investissements publics représentent à peine 60 milliards, soit 5% des dépenses publiques. Tout le reste, 95% des dépenses publiques, est de la consommation courante. Dans ces conditions, prétendre qu’il est impossible de tirer une conclusion correcte relève de la sodomie de diptère.

  • on pourrait deja commencer par ” haustèrizer ” les cerealiers, qui continuent de toucher 40.000 euros en moyenne, pour compenser la ” baisse du prix des cereales ” alors que ces dernières, sont au contraire au plus haut depuis 2 ans !!

  • Sur “C dans l’air” émission d’Yves Calvi sur la 5, du 8/5, consacrée à la dette de la France, Bernard Maris a dit qu’il fallait définitivement annoncer que 60% de la dette ne sera jamais remboursée.
    Comment peut-il soutenir une telle position ?

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