Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec.
Imaginez un moment que le taux d’intérêt de votre hypothèque soit de 21,75 %. Bon, OK, arrêtez d’y penser. Ça risque de gâcher votre journée. Mais c’est pourtant ce qu’ont payé nos parents en 1981 (avec des maisons beaucoup plus abordables, disons-le).
Quel contraste avec les prix de l’immobilier aujourd’hui! Depuis quelque temps, même si le ministre Jim Flaherty des Finances menace d’envoyer en pénitence les banques qui veulent nous faire un trop bon deal à son goût, il est relativement facile de trouver des prêts à 2,89% sur plusieurs années. Un creux historique au Canada. Et qui pourrait demeurer encore longtemps, soutient le magazine Canadian Business dans son dernier exemplaire.
Plus de dettes
Il se vend moins de maisons ces temps-ci au Canada, ce qui réduit la demande de nouveaux prêts hypothécaires. Économie 101 : la demande baisse, donc les prix aussi, souligne l’article. Nos banques ont beau être en situation d’oligopole au Canada — un petit nombre de vendeurs pour de nombreux acheteurs —, le peu de concurrence qui en découle fait quand même le boulot. Surtout que le coût d’emprunt des banques, largement déterminé par le taux des obligations canadiennes, est extrêmement bas.
Si Jim Flaherty et la Banque du Canada s’inquiètent des bas taux hypothécaires, c’est parce que les Canadiens continuent de s’endetter, même si on en parle un peu moins dans les médias. Le crédit à la consommation augmente toujours — quoiqu’à un moindre rythme —, tout comme le crédit hypothécaire. Résultat : le ratio d’endettement des ménages canadiens atteint aujourd’hui 166,7 % selon Statistique Canada. Un (autre) record…
Les grosses cabanes (vides de meubles) avec autos de luxe dans l’entrée, les deuxième et troisième chances au crédit pour une auto, les multiples cartes de crédit… Ces anecdotes nous faisaient encore sourciller il y a quelques années à peine. Aujourd’hui, on ne s’en surprend même plus.
Un automne chaud ?
Les resserrements successifs des règles entourant les prêts hypothécaires ont contribué à refroidir le marché immobilier. Ça, et le fait que les Canadiens ont peut-être frappé leur « mur » d’endettement. C’est une bonne nouvelle à long terme, mais qui risque de faire mal à plusieurs propriétaires à court terme.
Plusieurs questions demeurent : où s’en va le marché ? Va-t-il se « planter » solide et entraîner avec lui l’économie canadienne au grand complet? Va-t-il se dégonfler tranquillement, heurtant les plus irresponsables sans toutefois entraîner un effet domino sur le reste des industries ? Le Québec, que plusieurs croyaient immunisé contre une bulle immobilière, va-t-il au contraire souffrir plus qu’on pense du ralentissement immobilier ? Les ventes de maisons continuent de baisser dans la région de Montréal, et le prix des appartements a diminué légèrement. Plusieurs acheteurs sont en mode « attente », incertains de ce qui s’en vient.
Profitez de l’été. J’ai l’impression qu’un automne mouvementé nous attend…
Bonjour,
Concernant les 21,75 %, ne faudrait-il pas prendre en compte l’inflation de l’année 1981 (12,12% de que j’ai trouvé sur internet) afin d’obtenir le taux d’intérêt « net » ?
Bien à vous,