Il serait temps que la France chasse de sa mémoire tout ce qu’elle a de ringard, de bêtement nostalgique, et de stupidement réactionnaire.
Par Jacques Garello.
Un article de l’aleps.
J’ai été inquiété et révolté par la récente commémoration du 8 mai. Elle devait normalement sceller la paix revenue, les retrouvailles des nations européennes, la réconciliation d’une France et d’une Allemagne meurtries par une guerre où les souffrances et les ruines n’avaient eu d’égales que les haines, les exactions et les génocides. Nos dirigeants en ont décidé autrement et se sont faits un devoir moral de raviver les plaies, mais plus encore de ressusciter une image de la France vieillie, repliée sur elle-même, arc-boutée sur ses fantasmes et ses drames.
Volonté politique incontestable, comme l’a souligné un commentateur dithyrambique : « le Président Hollande a progressivement repris en mains la mémoire historique de la France ». Formule ampoulée et prétentieuse pour dire que notre Président veut réécrire à sa manière l’histoire de la France, pour glorifier les « valeurs républicaines » et vanter les tares historiques qui aujourd’hui empêchent notre pays de se mettre à l’heure mondiale et veulent enfermer les Français dans les erreurs du passé.
Je pense qu’il serait temps que la France chasse de sa mémoire tout ce qu’elle a de ringard, de bêtement nostalgique, et de stupidement réactionnaire. Par exemple, qu’on en finisse enfin avec la Résistance et la Libération : était-ce bien le jour d’entonner le Chant des Partisans, comme si les massacres perpétrés par les FTPF communistes n’avaient jamais eu lieu ? Qu’on en finisse avec les « valeurs de la République », qui ont été portées à leur sommet par la Terreur, dans un pays que l’on croit saluer comme l’inventeur des Droits de l’Homme qui, comme nous l’apprend la véritable histoire, avaient déjà été proclamés depuis des années en Angleterre et aux États-Unis !
Mais où est la vraie histoire de France ? Est-ce celle que Hollande et les autres veulent garder en mémoire ? Est-ce celle de Michelet, « made in France », ou celle des vraies historiens ? Alfred Sauvy avait écrit un ouvrage au titre explicite, « De la Rumeur à l’Histoire », où il dénonçait toutes les fausses idées enseignées aux écoliers, toutes les croyances immatures et injustes.
La vraie histoire, c’est celle de gens divisés, ne cessant de se battre sous tous les prétextes, des plus élevés (guerres de religion) jusqu’aux plus vils (la Terreur encore). La vraie histoire, c’est celle de gens asservis, pliant l’échine devant les seigneurs, les rois et les préfets, parce qu’en France tout est politique, tout est puissance et respect de la puissance. La vraie histoire est celle de gens futiles, aimant faire la fête quand tout s’écroule, comme dans les années folles ou au lendemain de Munich. La vraie histoire est celle de gens jaloux, n’aimant pas la différence, le succès, comme le soulignait Tocqueville au XIXème siècle. La vraie histoire est celle de gens belliqueux, prompts à ouvrir les hostilités contre l’étranger et à mettre le feu à l’Europe au prétexte de porter un message de progrès et de liberté. La vraie histoire, c’est celle de gens indignes, abandonnant sans ménagement des millions de Français pour livrer les « colonies » à la barbarie.
Ces choses, François Hollande ne les garde pas en mémoire. Elles constituent pourtant un héritage lourd à assumer.
Plutôt que d’inscrire la France de 2013 dans la nostalgie d’une histoire ni glorieuse ni engageante, je crois qu’il faut impérativement aujourd’hui tourner la page de ce passé révolu, obsolète, mais tellement présent dans les discours officiels et dans les esprits faibles.
D’abord, qu’il soit bien établi qu’une nation civilisée n’est pas faite par les gens qui prétendent la diriger, mais par des hommes et des femmes de qualité, respectueux de la vie, de la liberté et de la propriété. Oui, la France peut être fière de beaucoup de Français qui ont été exemplaires dans leur vie professionnelle, artistique, scientifique, spirituelle, et des milliers de Français qui ont assumé avec conscience et foi leur mission de travail, de famille, de service.
Ensuite, que l’on sache ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure, au lieu de cultiver le nombrilisme et l’autosatisfaction. Ce monde n’est pas hostile, il demande simplement d’accepter la diversité et d’entrer dans le jeu concurrentiel avec ses exigences.
Que l’on cesse aussi de s’apitoyer et que l’on offre à tous ceux qui veulent aller de l’avant, aux jeunes en particulier, une raison d’espérer, de rester avec nous, alors qu’ils sont atterrés par le vieillissement et la rigidité des comportements actuels.
Enfin, qu’on en finisse avec la tyrannie du statu quo et les avocats des « droits acquis » et que l’on s’engage délibérément et passionnément dans la voie de la liberté. Qu’on en finisse avec la France ringarde, et qu’on entame une page nouvelle de notre histoire. Blanche. Libérale.
Je veux d’ailleurs conclure sur cet espoir ; en ce mois de mai, après la pluie vient le beau temps. Le beau temps, c’est la naissance d’un nouveau quotidien, L’Opinion, lancé par Nicolas Beytout mercredi dernier, qui se proclame dès ses premières lignes « libéral » et rappelle que « le libéralisme est un courant de pensée, pas un parti ». Le beau temps, c’est le discours tenu par les candidats à la présidence du Medef, qui affichent une volonté de rupture (ou de « rénovation ») avec la tradition qui place la libre entreprise sous le contrôle de l’État, la férule des syndicats et le poids des impôts et charges sociales.
Je pronostiquais l’an dernier que le libéralisme allait nécessairement renaître de ses cendres, parce que la France est allée au bout du collectivisme. Il nous appartient désormais d’accompagner le printemps et de veiller à ce qu’il tienne toutes ses promesses.
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Sur le web.
Superbe texte.
oui, beau texte
Très beau texte, en effet, juste entaché par
1- la désagréable impression qu’il n’y avait que Hollande pour réécrire l’histoire…
L’histoire n’est pas une science… ce n’est qu’une lecture avec nos yeux d’aujourd’hui, écrite et réécrite dans un but politique …
Hollande ne fait que s’inscrire dans la longue lignée des dirigeants… ni plus ni moins, et lui aussi victime comme tous les citoyens de l’information uniforme proposée depuis le plus jeune age…
2- votre appel à en finir avec une France ringarde et peureuse pour une France « blanche » , excluant nombre de familles en fonction de la sexualité des parents… cela donne une vision bien incompréhensible du libéralisme… débridé en économie et fortement bridé par l’état concernant le sociétal….
le libéralisme est un courant de pensée, qui doit aussi faire confiance aux individus dans leurs vies privées, sociales et familiales… qui doit veiller à limiter les diktats idéologiques que vous critiquez à juste titre dès qu’ils vous déplaisent.
A mon avis, vous faites un contresens.
si je lis bien, J. Garello parle de page blanche pas de France blanche.
En effet, possible méprise. J’ai associe blanche à histoire …
Excellent texte, merci.
Pour compléter ce point de vue, à lire de l’excellent historien récemment décédé Jacques Heers « le moyen âge une imposture » (Perrin, 1998, réédition poche) ou comment les historiens de la « République » ont réécrit l’histoire dans un sens politiquement correct et à contresens de la réalité.
l’auteur veut que la france arrète de regarder dans le retroviseur, pour allez de l’avant ?
et nous rappelle, pour preuve de nos erreur du passé, le passage de la terreur, comme un grand nombre de chroniqueurs et de commentateurs, sur ce site.
pourtant, la terreur a été, une courte periode de l’histoire de la france, ou un parti ultra-progressiste, a finit par liquidé, ou essayer, tous ce que le pays comptait de conservateurs absolus, comme les paysans vendéens ( on veut nos pretres, et notre roi ! ) ou les aristocrates reactionnaires, de l’emigration, ou de l’interieur.
il y a comme une contradiction !
A ichbinda
La Terreur, une courte période ?
Lisez « Le livre noir de la révolution française » entre autres pour apprendre quel a été le bilan de la Révolution française : des millions de morts en France et en Europe avec les invasions françaises, la destruction partielle du patrimoine français et de celui des pays envahis, le retard économique de la France, etc, etc
merci, mais je n’ai pas besoin de lire  » le livre noir de la revolution francaise  » , j’en ai eu 50 ou 60, des livres sur le sujet.
peut etre qu’un jour si  » le livre noir des livres noirs  » sort, je le lirai.
le retard economique sur l’angleterre existait deja avant la revolution.
les troubles dans l’europe entière existaient egalement avant la prise de la bastille. (  » la prise de la bastille  » de jacque Godechot 1961 ), mème s’ils furent souvent augmentés par l’arrivée des armées de la republique puis de l’empire.
dire que la revolution est responsable de tous cela, c’est comme se demander si c’est la poule qui fait l’oeuf, ou l’ oeuf qui fait la poule, ca n’a pas de sens.
Massacré des milliers de personnes n’est justifiable sous aucun prétexte fusse pour « imposer » la liberté. Le progressisme ne s’entend que par l’approbation volontaire sinon c’est un dictât comme un autre.
Pas étonnant cette référence aux soldats de l’an II. Pauvres français, qui fêtent le 14 juillet, dans l’allégresse ‘’ leur ‘’ révolution, sans vouloir comprendre, qu’ils ont remplacé les nobles, le clergé, par des myriades d’élus, de fonctionnaires ou assimilés, toujours aussi suceurs de sang, tout autant à leur charge et inutiles pour la plupart, ou du moins pouvant être avantageusement remplacé par le privé.
Il est effectivement plus que temps, d’arrêter la ringardise, surtout quand elle ne se sert à rien du tout.
Comme le disait un récent article (« logiciel français »): La gouvernance française, c’est le colbertisme, le jacobinisme et les ordonnances de 46…
3 grands piliers qui – je suis sûr – n’aurait pas été remis en cause par un des ex prétendants à la présidentielle de 2012…
« La vraie histoire, c’est celle de gens divisés, ne cessant de se battre sous tous les prétextes, des plus élevés (guerres de religion) jusqu’aux plus vils (la Terreur encore). La vraie histoire, c’est celle de gens asservis, pliant l’échine devant les seigneurs, les rois et les préfets, parce qu’en France tout est politique, tout est puissance et respect de la puissance. La vraie histoire est celle de gens futiles, aimant faire la fête quand tout s’écroule, comme dans les années folles ou au lendemain de Munich. La vraie histoire est celle de gens jaloux, n’aimant pas la différence, le succès, comme le soulignait Tocqueville au XIXème siècle. »
Belle idée que vous vous faites du pays où vosu vivez. Sans sombrer dans les commémorations socialistes et pénibles de la révolution et autres hauts faits d’armes perpétuelement encensés, je ne partage pas pour autant vos idées. Je suis toujours étonné de vois des gens se pâment devant le patriotisme américain ou devant l’Union Jack bravement affiché par les anglais, cracher ainsi sur leur propre pays.
Avec des gens comme vous nous n’avons plus besoin d’ennemis. Est-ce que se détester comme vous semblez le faire avec une détectation, n’est pas aussi un des plus grand travers français ? La haine de soi est décidément une valeur en hausse.
Sans pour autnt sombrer dans la bêtise ou l’aveuglement conduisant à un nationalisme idiot, il me semble que ce que vous exposez est sommaire et finalement très réducteur.
Ce genre de propos, dans lesquels tout est réduit à l’économisme est sans doute le barrage le plus important à la diffusion des valeurs libérales.
Personnellement, si j’ai conscience de vivre dans un pays parfois presque soviétique, c’est justement parce que l’on en nie l’histoire, ne retenant que ce qui est arrivé après 1789.
L’analyse que vous faites de notre histoire fonctionnerait de la même manière pour les USA que la GB.
Votre passion pour les idées libérales vous aura peut-être égaré ?
être lucide envers son pays est donc une tare? Que les américains ou les anglais soient tout aussi voire plus aveugler par un nationalisme idiot n’est pas une excuse pour faire de même. Personnellement je n’ai pas « d’amour » pour la France et n’ai que faire des bons ou des mauvais coté d’un pays qui siècle après siècles n’a fait que perpétuer l’oppression et glorifier le pouvoir absolu notamment à travers l’état. Non il faut effectivement en finir avec la patriotisme ou la nostalgie d’un autre temps. Personnellement je ne sens redevable de rien vis à vis de l’entité administrative géographique qu’est la france, mes relations sont d’ordre personnelle, apprécies mes proches, les gens que rencontres dans ma vie quelques soit leur nationalité ou leur lieu d’existence. J’aspire à un maximum de liberté, à la fin de l’état et donc à la fin de la France en tant qu’entité politique oppressive. quand à sont histoire son seul intérêt est de surtout, surtout ne pas la répéter….
Ringard aussi cet anticléricalisme primaire que certains nous brandissent à chaque occasion, soi-disant terrorisés par une Église catholique pourtant castrée depuis plus d’un siècle.
Si beau, si vrai qu’on s’extasie que ce soit écrit par un français !
La France est une république morfondue de ne pas être une monarchie absolue.
c’est le pays de la liberté (mais pas celle des autres), de l’égalité (mais uniquement du bas vers le haut) de la fraternité (mais uniquement avec ceux du clan).
C’est le pays des lumières, mais qui ne veut pas pédaler pour faire tourner la génératrice.
Le pays de la raison, mais surtout contre les autres (qui sont tous inférieurs et méchants)
Et le pays le plus progressiste du monde, même qu’il ne veut rien changer 🙂