Oubliez l’argent : ce dont nous avons besoin, c’est de plus de producteurs et d’investisseurs pour améliorer notre croissance.
Par Guillaume Nicoulaud.
Oubliez l’argent. L’argent n’est pas la richesse mais juste un outil pratique qui permet de la transférer, de la mesurer et de la conserver dans le temps. Dans un monde sans argent, nous échangerions nos richesses grâce au troc, nous n’aurions sans doute pas d’échelle commune pour les mesurer (ce qui poserait surtout un problème à l’administration fiscale) et nous les conserverions en stockant des produits non périssables comme des métaux, des oeuvres d’art, des meubles etc. Être riche, dans un monde sans argent, cela signifie posséder une belle maison, une belle voiture, partir en vacances et pouvoir s’offrir de bons restaurants ; c’est-à-dire que cela signifie exactement la même chose que dans notre monde actuel. À l’inverse, dans un monde où l’argent existe en quantité illimitée mais où les magasins sont désespérément vides, la richesse n’aurait aucune signification : vous auriez beau posséder un hangar rempli de billets, vous ne mangeriez pas à votre faim et vous vivriez probablement sous un pont.
Oubliez donc l’argent et concentrez-vous sur ce qu’est vraiment la richesse : l’ensemble des biens et des services qui rendent nos vies plus agréables ; ces biens et ces services qui, avant que nous puissions en jouir, doivent pour la plupart être produits par la main et l’esprit de l’homme. C’est pour cette raison que, depuis l’aube de l’humanité, nous produisons des richesses : pour pouvoir les consommer – what else ?
Dans notre langage moderne, nous appelons Produit intérieur brut la somme des richesses produites dans une zone délimitée de l’espace (habituellement un pays) et du temps (typiquement une année civile). C’est la mesure de ce que nous avons produit et donc, de ce que nous allons pouvoir consommer. C’est, pour prendre une image, la quantité de cupcakes que nous avons préparé au cours d’une année et donc, la quantité de cupcakes que nous allons pouvoir manger. Or, depuis maintenant quelques siècles, depuis ce moment de notre histoire que nous appelons la révolution industrielle, la quantité de cupcakes que nous produisons augmente régulièrement ; nous avons donné un nom à ce phénomène : la croissance.
Bien sûr, ce que nous désirons, ce n’est pas une croissance du PIB mais une croissance du PIB par habitant : si notre production de cupcakes augmente proportionnellement au nombre de convives, la part potentielle de chacun reste constante. Ce que nous voulons, fondamentalement, c’est pouvoir consommer plus de cupcakes demain qu’hier : c’est-à-dire que nous voulons une croissance (du PIB) supérieure à celle de la population. C’est ce qui permet, depuis quelques siècles, de faire en sorte que les fils vivent mieux que leur père ; c’est un objectif hautement désirable et qui pose une question fondamentale : comment faire pour que ça continue ?
Le grain et l’ivraie
Mais avant de poursuivre, il est sans doute nécessaire de rappeler que, par définition, le PIB et donc la croissance n’ont de sens que dans une économie de marché, mesurés aux prix du marché. Ce que le Produit intérieur brut est supposé mesurer, ce n’est pas seulement la quantité de ce qui est produit mais aussi – et peut être même surtout – l’adéquation de cette production à nos préférences individuelles. Pour reprendre notre analogie, le PIB n’a de sens que si l’on mesure la production de cupcakes au prix auquel les producteurs gagnent de l’argent et les consommateurs acceptent de les acheter.
Il suit de ce qui précède que, dans une économie planifiée comme dans les secteurs socialisés de nos économies, le PIB n’a aucun sens : sa mesure est purement arbitraire. C’est typiquement ce que l’on observe dans une économie de guerre : du point de vue de la comptabilité nationale, la production industrielle explose (canons, bâtiments de guerre, avions de chasse, munition etc.), c’est le plein emploi et la croissance est extraordinairement élevée mais, en réalité, les gens manquent de tout : ils vivent de tickets de rationnement, subissent de graves pénuries sur les biens les plus essentiels et ce, sans parler des éventuelles destructions. C’est ce qui est arrivé aux États-Unis entre 1942 et 1945 : au plus fort de l’effort de guerre, la croissance annuelle atteignait presque 12% (net d’inflation) – un record historique – alors que la plupart des Américains vivaient de food stamps et manquaient d’à peu près tout.
De la même manière et pour les mêmes raisons, les politiques de contrôle des prix ou la création de monopoles non contestables reviennent à manipuler arbitrairement la mesure du PIB. Il est par exemple certain que la part de notre croissance due au secteur de la téléphonie mobile a été très largement exagérée par la politique protectionniste mise en place par le gouvernement Jospin : en cassant cet oligopole et, par la même occasion, les prix, Free Mobile a certainement eut un impact négatif sur la croissance officielle mais c’est d’une croissance purement fictive qu’il était question. Il en va de même lorsqu’un gouvernement augmente les taxes sur les produits de première nécessité ou fortement addictifs (le tabac) : ce n’est qu’une manipulation comptable et en aucun cas de la vraie croissance.
C’est précisément pour ces raisons que les services non marchands que nous fournissent les administrations publiques – comme l’Éducation nationale – sont comptabilisés par convention à leurs coûts de production : il est impossible de dire ce qu’ils valent réellement. Partant, les politiques qui consistent à gonfler les coûts de fonctionnement de ces services pour stimuler la croissance ne sont que pur artifice et il est très vraisemblable qu’une politique de réduction des dépenses publiques se traduira à court terme par un recul de la croissance : c’est la part fictive ou, du moins, non mesurable de notre PIB qui augmente ou disparaît.
Croissance 1.0
Supposons donc que nous vivions dans une économie de marché relativement pure et que nous nous demandions comment faire croître notre Produit intérieur brut par habitant. Une manière simple de représenter le problème consiste à décomposer le PIB par habitant comme suit :
Avec P la population totale et E la population employée ; c’est-à-dire la part de la population qui produit effectivement de la richesse (salariés, entrepreneurs…). Comme vous l’aurez sans doute noté, cette équation est une tautologie c’est-à-dire que vous pouvez remplacer E par n’importe quoi, y compris l’âge du capitaine, elle reste nécessairement vraie. Ce que nous dit cette égalité, c’est que le PIB par habitant peut être compris comme le produit du taux d’emploi de la population (e) – c’est-à-dire la part de la population totale effectivement occupée à produire des cupcakes – et de la productivité de la population employée (p) – la production de cupcake (en valeur) pour chaque personne employée.
Ce qui signifie qu’au premier abord, une manière simple de produire plus, c’est d’être plus nombreux à produire. Ça a l’air idiot dit comme ça mais c’est pourtant vrai : pour maximiser notre production de cupcakes, la première chose à faire c’est de faire en sorte que nous soyons le plus nombreux possibles à en préparer. Autrement dit, pour une population donnée, plus il y a de gens qui consomment des cupcakes sans en produire, plus la part de chacun – producteurs compris – est petite.
Naturellement, cette idée peut sembler paradoxale dans un monde où le chômage atteint des sommets et où l’on nous explique depuis quarante ans que nous avons besoin de croissance pour résorber ce fléau – avec le succès que l’on sait. La question que je vous invite à vous poser est toute simple : ne nous serions-nous pas trompé sur le sens de la causalité ? Ne serait-ce pas l’emploi qui créé de la croissance plutôt que l’inverse ? Au-delà des chapelles politiques et idéologiques, demandez-vous si ce n’est pas plutôt en incitant nos compatriotes à produire des richesses – en leur permettant de jouir du fruit de leur travail et en cessant de subventionner l’inactivité – que nous renouerons avec la croissance. La question mérite d’être posée ne serait-ce que parce qu’entre entrées tardives sur le marché du travail, départs prématurés à la retraite, chômage structurel et sans compter nos vacances et nos 35 heures hebdomadaires, le taux d’emploi des Français est un des plus faible du monde développé.
Bien sûr, l’exercice a une limite : une fois toute la population potentiellement active effectivement employée, il n’y aura plus grand chose à gagner de ce côté là – ce qui ce traduira, incidemment, par une hausse des salaires. Il sera alors temps de jouer sur le deuxième levier, le véritable moteur de la croissance à long terme : la hausse de la productivité.
Accroître notre productivité peut avoir deux significations qui sont, en réalité complémentaires : la première consiste à trouver un moyen de faire en sorte que chaque personne employée produise plus de cupcakes ; la seconde, parce que nous raisonnons en valeur, consiste à créer de meilleurs cupcakes, c’est-à-dire des cupcakes qui correspondent le mieux possible à la demande des consommateurs.
La méthode qui nous permet de produire plus de cupcakes aujourd’hui qu’hier et ce, en utilisant proportionnellement moins de ressources rares, c’est une combinaison de progrès technologique et d’accumulation de capital. C’est l’histoire de notre révolution industrielle, de ses machines à vapeur, de l’émergence de l’industrie textile et de la naissance du train : des avancées technologiques transformées à coup d’investissements privés en gigantesques gisements de gains de productivité.
J’insiste sur le caractère privé de ces investissements : des machines de Newcomen au développement des technologies sémantiques, toutes ces inventions qui nous ont permis de faire croître notre capacité de production plus vite que la population humaine sont nées et ont prospéré dans le secteur privé. Et ce n’est pas un hasard : lorsque le secteur privé investit, il le fait dans des investissements productifs et lorsqu’il se trompe, la sanction est immédiate ; lorsque la puissance publique consomme, elle le fait pour satisfaire des objectifs électoralistes et elle le fait toujours à fonds perdus.
Enfin, reste à adapter nos cupcakes à la demande des consommateurs pour qu’ils aient le plus de valeur possible. C’est là que nous avons besoin d’un marché libre où les producteurs adaptent leur production à la demande et du plus grand marché libre possible afin que même les amateurs de cupcakes à la betterave, aussi peu nombreux soient-ils, aient une chance de voir leur demande satisfaite.
Au moment où j’écris ces lignes, les vendeurs de rêves courent les plateaux de télévision pour y exposer leurs nouvelles recettes miracle. « Dévaluons la monnaie ! » disent les uns. « Empruntons plus encore ! » assurent les autres. « Taxons et redistribuons ! » concluent-ils tous en chœur. Avez-vous remarqué que tous, sans exception, ne parlent que d’argent ? Oubliez l’argent : ce dont nous avons besoin, c’est de plus de fabricants de cupcakes et d’investisseurs pour améliorer notre production de cupcakes.
—
Sur le web.
une société ne fonctionne, avec ou sans argent que si ces membres ont un appétit insatiable et qu’il n’y a pas distribution de ‘coupe-faim’ comme des impôt dissuasifs ou des aides ‘sociales’ non justifiées .par un handicap .
un riche doit toujours avoir envie d’être plus riche , un pauvre doit vouloir et pouvoir devenir riche…ce n’est pas vraiment ce qui est enseigné en France 😉
Le taux d’emploi français est le plus faible du monde et la productivité une des plus élevées. La situation est encore plus caricaturale si on considère uniquement le PIB marchand et les emplois privés productifs, les seuls qui importent vraiment pour créer de la richesse.
On se souvient d’ailleurs que le PIB marchand par habitant stagne depuis le début des années 90. Autrement dit, plus on travaille dur, moins la richesse augmente, d’abord pour ceux qui la créent. La France administre la preuve que le socialisme, c’est la forme modernisée de l’esclavagisme, où une minorité se tue à la tâche pour nourrir des cohortes de parasites.
Pas étonnant que les Français, piégés dans la trappe à pauvreté socialiste qui leur est imposée, aient le moral dans les chaussettes !
c’est normal, le socialisme, c’est le vol !!
c’est l’equivalent des peuples de la steppe pour la chine, et de la razzia pour le monde meditherranéen.
sauf que les hordes de mongols ne sont pas dans le desert, mais dans les administrations, et a la TV avec une cravate.
on n’arrete pas le progrés !
Bonjour
J’ai jamais très bien compris l’intérèt du PNB et de la croissance.
Pour un individu, ce qui compte du point de vue de la richesse c’est la jouissance de biens et services qu’il désire et qu’il peut obtenir par la création mais aussi par l’accumulation.
Un individu s’achète une maison c’est d’abord un flux (lors de sa création) puis le reste de sa vie il continue d’en profiter.
Evidemment du point de vue de l’état qui taxe principalement les flux, celui-ci préfère la séquence création-destruction.
Article très intéressant. Merci
Juste une petite remarque cependantJuste : vous dites
« entre 1942 et 1945 … alors que la plupart des Américains vivaient de food stamps et manquaient d’à peu près tout. »
D’après les infos que j’ai pu trouver (http://www.snaptohealth.org/snap/the-history-of-snap/, peut-être incomplètes ?) Le système des « food stamps » aux USA aurait été arrêté en 1943, en pleine guerre » … as World War II and the subsequent economic boom significantly decreased the number of people living in poverty in the United States. »
Les effets “bénéfiques” de l’effort de guerre se seraient donc probablement manifestés dès1942. Rappelons que les USA sont entrés en guerre en 1941.
Par ailleurs, contrairement aux « tickets de rationnement » qu’ont connus nos parents, et qui étaient une façon de répartir la pénurie, le système des « food stamps » américain (même source) serait apparu dès 1933, pour distribuer aux plus défavorisés les SURPLUS agricoles. Il aurait alors aurait été généralisé, en 1939 sous l’administration Roosevelt, dans le cadre du New Deal.
Mais tout cela n’enlève rien au goût des cupcakes 🙂
D’après les infos que j’ai pu trouver (http://www.snaptohealth.org/snap/the-history-of-snap/, peut-être incomplètes ?) Le système des « food stamps » aux USA aurait été arrêté en 1943, en pleine guerre » … as World War II and the subsequent economic boom significantly decreased the number of people living in poverty in the United States. »
Par ailleurs, contrairement aux « tickets de rationnement » qu’ont connu nos parents, et qui étaient une façon de répartir la pénurie, le système des « food stamps » américain (même source) serait apparu en 1933, pour distribuer aux plus défavorisés les SURPLUS agricoles. Il aurait alors aurait été généralisé, en 1939 sous l’adiministration Roosevelt.
« Ne serait-ce pas l’emploi qui créé de la croissance plutôt que l’inverse ? »
Bien vu .
Si l’argent tombe du ciel sous forme de subventions , point n’est besoin de produire de richesse. Le jour ou la source du ciel se tarira Il faudra produire (emploi) quelque chose d’échangeable (richesse) pour toucher de l’argent .Ce jour là , cela risque d’etre très,très dur pour certains.
Bravo pour cet article (et pour tous les précédents), enfin quelqu’un a le courage d’expliquer les bases de l’économie, la vraie !
Quelques remarques cependant:
Concernant l’équation « tautologique », quelques résidus de connaissances mathématiques me disent que ce n’est pas toujours exact. En effet si on fixe E comme égal au nombre de socialistes ou de journalistes généralistes qui comprennent l’économie, ou au QI cumulé des ministres du gouvernement, ou enfin à n’importe quelle valeur nulle alors l’équation ne « marche plus ».
-« une fois toute la population potentiellement active effectivement employée, il n’y aura plus grand chose à gagner de ce côté là – ce qui ce traduira, incidemment, par une hausse des salaires », même si l’argument est joli il n’y a aucune raison cause à effet qui permet d’affirmer que les salaires augmenteront automatiquement (toutefois le « niveau de vie » moyen augmentera – c’est là aussi qu’un socialiste viendra vous pleurnicher « et que les inégalités augmenteront »…)
-« lorsque le secteur privé investit, il le fait dans des investissements productifs et lorsqu’il se trompe, la sanction est immédiate ; lorsque la puissance publique consomme, elle le fait pour satisfaire des objectifs électoralistes et elle le fait toujours à fonds perdus ».
La première partie est totalement vraie: l’entrepreneur qui s’est trompé disparait « naturellement », la seconde n’est malheureusement pas toujours entièrement exacte.
En effet certains monopoles nationaux (SNCF, EDF, FTELECOM) ont été des avancées majeures à leur époque, qui plus est, relativement profitables (bien que minés par des parasites syndicalistes). S’il est fort probable que des entreprises privées en situation de concurrence auraient pu bien mieux faire, ces investissement de l’état n’étaient pas totalement inutiles (dans le cas d’EDF par exemple, nous sommes finalement mieux lotis que les allemands qui ont chacun un monopole de production électrique régional).
Dans tous les cas vous confirmez ce que je pensais déjà: tous ceux qui pensent qu’il suffit de « fabriquer des sous » (par l’impression ou par l’emprunt) pour créer de la richesse se fourrent sauvagement le doigt dans l’oeil.
Il y a fort à parier que le nombre de personnes qui se mettent à comprendre que les devises monopoly qu’on crée par milliards chaque mois (aussi bien aux US, qu’au Japon et probablement ici en Europe) n’auront bientôt plus la moindre valeur.
J’en veux pour preuve une news entendue récemment sur France Info où les journalistes (qui n’avaient visiblement rien compris) commentaient une vente record d’œuvres d’art chez Christie’s en claironnant joyeusement que le marché repart. Moi j’y vois plutôt le fait de quelques investisseurs avertis qui ont décidé que quand leurs dollars ne vaudront plus rien, mieux vaudra avoir des toiles de maître…
« Ces investissement de l’Etat n’étaient pas totalement inutiles »
On ne doit pas penser que le secteur public ne crée aucune richesse, ce qui serait contraire à la réalité. Le constat est plus nuancé : le secteur public détruit par ailleurs nécessairement plus de richesses que celles qu’il produit.
Par nature, par construction, par destination, le secteur public est incapable non pas de créer mais d’ajouter un supplément de richesse, incapable de participer à la création de richesse nette de l’humanité productive. L’histoire nous montre que les secteurs collectivisés, s’ils sont temporairement neutres, finissent inexorablement par avoir des effets négatifs désastreux (parasitisme, bureaucratie, faux prix, mal investissement, etc.) qui expliquent toutes les crises économiques systémiques dont on garde le souvenir.
La seule justification du secteur public est de fournir des services qu’on ne sait pas produire autrement, police, justice et armée pour simplifier. Ces services n’ont littéralement pas de prix, c’est-à-dire que le marché libre ne peut pas déterminer leur prix et leur quantité. Au-delà des quelques fonctions régaliennes limitées, le service public est illégitime, antidémocratique et intrinsèquement immoral car il s’impose forcément par la spoliation, le mensonge et le recours abusif à la force.
Cher Cavaignac,
Quoique partageant le fond de votre pensée, je ne suis pas un adepte des formules péremptoires assénées comme des vérités.
C’est ce dont la morale socialiste nous rabat les oreilles du matin au soir en nous disant quel est le « penser vrai » et qui me fait toujours sortir de mes gonds.
Permettez-moi d’essayer de vous contredire constructivement (je l’espère), afin que ce forum permette d’échanger et de faire avancer des idées fondées sur la logique et non le « feeling »:
– « le secteur public détruit par ailleurs nécessairement plus de richesses que celles qu’il produit »: si vous entendez par-là que pour effectuer ses missions « régaliennes » le secteur public coûte de l’argent, du temps de travail – qui pourrait être mieux ou autrement employé dans un service privé – et qu’il n’en rapporte pas, alors cela me semble logique (c’est même une évidence).
– « Par nature, par construction, par destination, le secteur public est incapable […] d’ajouter un supplément de richesse ».
Je ne suis pas d’accord:
– Certes la police et la justice ne « créent » pas de richesse, mais elles permettent (du moins en théorie) de préserver la richesse créée honnêtement par certain contre les « bandits » susceptibles de vouloir se l’accaparer malhonnêtement.
– L’éducation nationale crée assurément de la richesse.
Par « nature et par construction » ces services sont nécessaires et créent bien plus de richesse que leur absence (imaginez donc, il n’y a pas bien longtemps, que seuls les « riches » puissent s’instruire, ou qu’il faille payer pour la protection de sa boutique contre le vol…).
Si l’on doit s’en plaindre (et malheureusement c’est le cas), ce n’est ni pour leur nature, leur construction ou leur destination, mais pour ce que vous appelez correctement leur gestion « collectivisée », c’est à dire leur archaïsme, leur structure monstrueuse (je n’arrive pas à trouver d’équivalent pour l’adj. anglais « bloated ») et leur absence de capacité à évoluer… Ce qui en fait les boulets que vous décrivez.
– « police, justice et armée [..] Ces services n’ont littéralement pas de prix, c’est-à-dire que le marché libre ne peut pas déterminer leur prix et leur quantité ». Ce serait intéressant de se demander quels sont effectivement les services « minimum » d’un Etat.
Personnellement, je ne vois pas ce qui empêche de louer les services d’une « société de sécurité » privée pour effectuer les missions de police et ainsi mettre en concurrence plusieurs acteurs.
Concernant la justice, pourquoi pas des cabinets de juges (comme il existe des cabinets d’avocat), chargés d’appliquer la même loi à tous (et pas à la tête du client comme l’actuel syndicat de la magistrature) ?
Enfin il n’y a que pour l’armée qu’un semblant de patriotisme pourrait m’éviter de faire systématiquement recours à des milice privées, et encore…
« Au-delà de [ce]s quelques fonctions le service public est illégitime, antidémocratique et intrinsèquement immoral car il s’impose forcément par la spoliation, le mensonge et le recours abusif à la force »: C’est du grand n’importe quoi !.
Il n’est ni illégitime, ni anti-démocratique (puisque décidé par des gens ayant été démocratiquement élus), la question de sa moralité est une question de choix personnel. Et il ne s’impose ni par spoliation, ni par mensonge, ni par le recours à la force (personne ne vous met un fusil sur la tempe pour envoyer vos enfants à l’école que je sache…).
Ce qu’il est par contre réellement: il est noyauté par les politiques et les syndicalistes (excusez la redondance), terriblement mal organisé et monstrueusement inefficace. Ce qui a pour conséquence de parasiter jusqu’à l’asphyxie le système qu’il est supposé servir et c’est bien là qu’est le problème.
Les mêmes services effectués efficacement (entendez… par des acteurs pouvant être mis en concurrence) couteraient certainement 4 fois moins cher et seraient probablement 2 fois plus efficaces,
Toutefois connaissant le goût immodéré des hommes et femmes politiques pour l’argent et le pouvoir, le bénéfice obtenu risquerait d’être largement amoindri par les montants des dessous-de-table qui devraient immanquablement être versés pour obtenir tel ou tel marché.
Qu’ensuite la majorité des « services » publics, para-publics ou financés par l’argent du contribuable non régaliens n’aient aucune raison d’être, ça j’en suis intimement persuadé. Que ces derniers soient alors immoraux, c’est incontestable. Surtout depuis que certains ont prouvé qu’un euro dépensé dans le public crée autant de richesse que n centimes dans le privé (je n’ai pas les chiffres en tête mais n est largement inférieur à 100).
En fin de compte ce n’est pas la notion de service « public » qui est a revoir, c’est l’organisation même de « l’État »…et ça malheureusement, ce n’est pas près d’arriver…
Le service public : « Il n’est ni illégitime, ni anti-démocratique (puisque décidé par des gens ayant été démocratiquement élus), la question de sa moralité est une question de choix personnel. Et il ne s’impose ni par spoliation, ni par mensonge, ni par le recours à la force (personne ne vous met un fusil sur la tempe pour envoyer vos enfants à l’école que je sache…). »
Un service public décidé par des gens démocratiquement élus, signifie qu’une majorité relative d’individus vont imposer à tout le monde, par la force, la violence, ce qu’ils auront décidé.
Il est donc illégitime, et anti-démocratique : il s’impose effectivement par le mensonge (car nos élus, ont systématiquement recours à la démagogie et donc au mensonge – qu’il soit positif, par omission ou par ignorance – pour se faire élire). Une fois décidé, ce sera bien imposé par la force.
Pas besoin de fusil sur la tempe, essayez donc de ne pas payer l’extorsion de fonds (on l’appelle aussi impôt) que l’Etat vous impose, parce que vous n’êtes pas d’accord avec l’utilisation qui en sera fait. Vous comprendrez par vous-même, qu’il y a spoliation, et qu’il y a recours à la force, donc à la violence.
Les seuls services publics pouvant être légitimes sont ceux garantissant les droits naturels de chaque individu.
@peacefulJoe
Vous dites : « personne ne vous met un fusil sur la tempe pour envoyer vos enfants à l’école que je sache ». Eh bien, vous savez mal ! Auriez-vous oublié que l’école est obligatoire ? Mais ce n’est pas le sujet. Indubitablement, le fusil étatique est braqué sur ma tempe (et sans doute la vôtre) pour financer l’école socialiste. Comment parvenez-vous à nier ce qui est pourtant une évidence ?
Vous nous ressortez l’argument éculé du sentimentalisme scolaire, l’école des riches et toussa (le même sentimentalisme usé pour les aides sociales, la santé, les retraites, le logement…). On s’en fout ! Les impôts sont illégitimes dès l’affirmation du refus de les payer. Il est impossible de prétendre que ceux qui les refusent consentent à l’impôt. Point barre et peu importe les meilleurs sentiments du monde. Et puisque l’Etat et ses sbires prétendent quotidiennement que tout le monde consent à l’impôt, malgré les dénégations répétées de leurs victimes, ils ajoutent le crime de mensonge au crime de spoliation.
Vous dites : « Certes la police et la justice ne « créent » pas de richesse, mais elles permettent (du moins en théorie) de préserver la richesse créée honnêtement par certain contre les « bandits » ». Une nouvelle couche est visiblement utile : police, justice, armée créent de la richesse, c’est indéniable. Mais s’il n’y avait pas besoin de la police, le solde de la richesse créée par ailleurs serait incontestablement supérieur. Si vous avez encore un doute, relisez d’urgence la « vitre cassée » du génial Bastiat !
Vous évoquez la privatisation de la justice mais c’est un faux problème car il faudra bien des juges publics pour départager les conflits entre des jugements privés contradictoires. Même constat pour la police privée : il faudra bien une force publique pour départager les conflits entre polices privées. Les mécanismes du marché libre ne peuvent pas fonctionner pour ces services.
La richesse créée par les fonctions régalienne ne peut pas être mesurée car elle n’a pas de prix. Quel est le prix du sacrifice d’un soldat qui défend la nation ? Aucun ! C’est littéralement hors de prix ! Ne pas avoir de prix est la seule justification imaginable à la collectivisation de certains services très restreints. En revanche, dès que le prix d’un service (éducation, santé, retraite…) peut être donné par le marché libre, plus rien ne justifie sa collectivisation, sinon la volonté manifeste d’abuser du pouvoir avec violence.
Toute collectivisation au-delà des fonctions régaliennes est nécessairement illégitime. Il y en a qui se demandent si l’économie est une science. Eh bien, voilà une des lois universelles qui fonde cette science !
Arrivé à ce point, vous réfléchissez aux limites régaliennes de l’Etat. Bienvenue dans le libéralisme, au revoir le socialisme ! Rien n’est plus libéral que de débattre de ce sujet. Le libéralisme, espace naturel du débat puisqu’il repose sur l’adhésion volontaire en refusant le recours à la force, est l’exact contraire des idéologies, notamment du socialisme, qui nie tout débat avec une réponse arbitraire criminelle imposée par la force.
(PS : merci Steph pour votre message à propos des dérives de la démocratie qu’il conviendrait de corriger si on veut la préserver)
En vous lisant tous, on comprendra bien que ce n’est pas le fait que les services soient publics qui pose problème, seulement que l’État est mal organisé voire corrompu. Ce qui peut tout à fait se produire dans les structures privées.
D’autre part, il me semble qu’il n’y a pas moins démocratique que les structures privées, complètement hiérarchisées et généralement autoritaires (tout au plus y a-t-il des groupes de personnes ayant pouvoir de direction au lieu d’une seule).
Il faut donc revoir l’organisation de l’État, des structures publiques, revoir les modalités d’exercice de la démocratie. Car aujourd’hui, nos États ne sont pas démocratiques mais aristocratiques, ploutocratiques.
Quant à dire que les services publics ne sont pas créateurs de richesse, c’est péremptoire et généralisateur. Ils ne le sont pas par définition, je ne vois rien qui les empêche hormis une mauvaise gestion (qui est tout à fait possible en fonctionnement privé).
Pour conclure, je prends l’exemple des régies publique de l’eau, qui reprennent un peu partout le contrôle après une gestion laissée au privé qui a fait dans le catastrophique, que ce soit dans la gestion des infrastructures comme dans la tarification, le respect des usagers-clients. Pourquoi ? Parce que ces compagnies sont privées, qu’il n’y a pas de démocratie qui s’y exerce en son sein ou à son envers.
Contrairement aux régies municipales sur lesquels les citoyens par le biais de leurs élus locaux ont un bien meilleur contrôle (non pas que j’encense le modèle électoral 😉 ).
*en leur sein ou à leur envers.
« Revoir l’organisation de l’Etat » : inutile et vain puisque, du fait de son monopole, les prix des services dont l’Etat s’occupe sont définitivement INCONNUS. On ne peut donc JAMAIS savoir qu’elle organisation serait plus performante. Quoi qu’on fasse, l’Etat supposé le plus performant au monde, équipé des plus grands génies planificateurs sortis de la plus grande école d’administration, restera moins performant que les marchés concurrentiels libres.
En dernière analyse, l’Etat le plus performant est obligatoirement l’Etat le plus petit possible et l’Etat qui n’est pas le plus petit possible est nécessairement corrompu, puisqu’il se fonde sur la spoliation et le mensonge.
« Je ne vois rien qui les empêche hormis une mauvaise gestion » : eh bien maintenant, vous voyez ! Sympa, hein, Contrepoints ? N’hésitez pas à revenir !
En situation de monopole étatique, si les clients ne sont pas contents, ils voteront un temps pour l’un ou l’autre des courants du parti étatiste unique ou presque, comme on le voit en France avec la comédie de l’alternance. Mais les services publics qui ne fonctionnaient pas continueront à ne pas fonctionner après l’élection, figés dans leur inutilité crasse, jusqu’à ce que la belle machine politique à mystifier l’électeur gogo se grippe, lorsque la population ne cautionnera plus le système par son abstention massive (crise politique) ou lorsque l’argent de la spoliation viendra à manquer (crise économique).
Par contre, en situation de concurrence, si le service rendu ne convient pas, les clients « votent » en choisissant un autre fournisseur. Pour ainsi dire, le marché libre est la forme supérieure de la démocratie, pour ne pas dire la seule forme possible.
« pourquoi le prix » : parce qu’il n’y a rien d’autre qui soit objectif. Sans le critère du prix, la satisfaction des clients relève du hasard.
« c’est la valeur qui compte » : pour avoir une idée de ce qu’est la valeur, sa subjectivité, sa nature éminemment individuelle, et l’impossibilité de la définir autrement qu’avec le marché libre, lisez Menger, Mises…
« courir après les prix, c’est croire que le meilleur moteur est la compétition » : ah là là, toujours les mêmes fariboles comiques des socialistes ! La formation des prix n’est pas le fruit de la compétition mais celui de la coopération. Sur le marché, le prix n’apparaît que si on se met d’accord. La différence entre le marché libre et le monopole étatique, c’est que l’échange est volontaire dans le premier cas, contraint par la violence et le dol (spoliation et mensonge) dans le second.
On se souvient que la création de richesse est le fruit de l’échange volontaire (marché libre). L’échange contraint (Etat socialiste obèse, esclavagisme…) se contente de déplacer la richesse existante mais il n’en crée jamais. Finalement, l’Etat obèse, non régalien, provoque la compétition acharnée, obsessionnelle, de chacun aux dépens de chacun pour acquérir le plus possible des rentes publiques volées.
Damien, sous l’accumulation de prémisses fausses et d’erreurs logiques, votre raisonnement fait pschitt. Mais ce n’est pas grave, vous êtes sur le bon site pour apprendre à corriger vos erreurs et demain, peut-être, produire un raisonnement compatible avec le réel, non entaché d’idéologie.
« La formation des prix n’est pas le fruit de la compétition mais celui de la coopération. Sur le marché, le prix n’apparaît que si on se met d’accord. »
Vous parliez bien des prix comme indicateurs, je vous parle donc de la recherche du meilleur prix par les vendeurs. Cette recherche ne se fait certainement pas par coopération mais bien par concurrence, compétition avec les autres fournisseurs. Que je sache d’ailleurs, quand vous allez dans un magasin, il y a bien des prix qui sont affichés, il n’y a pas de négociation libre comme vous le prétendez.
La seule négociation qui existe est du fait de l’absence de vente et donc d’une part de la perte de revenus et d’autre part d’une forme de gaspillage, de perte d’efficacité du vendeur.
La seule coopération que l’on constate, concernant les prix, c’est la formation de cartels qui s’entendent sur un « monopole du prix » par l’ensemble ou la très grande majorité des vendeurs. Là encore, on voit bien qu’il n’y a pas de coopération avec les acheteurs, ceux-ci sont prisonniers : soit ils achètent soit ils s’en passent. Et ne venez pas me dire que l’on peut tout négocier en s’en passant.
« En situation de monopole étatique, si les clients ne sont pas contents, ils voteront un temps pour l’un ou l’autre des courants du parti étatiste unique ou presque, comme on le voit en France avec la comédie de l’alternance. »
Vous vous placez dans une situation idéale de marché libre, accordez-moi le droit de me placer dans une situation idéale où l’État fonctionne différemment de ce que l’on ose nous appeler démocratie. Je me répète mais dans cet État, les mandés sont responsables – vraiment – devant les mandants (les citoyens). Ils ne sont pas élus par carriérisme ou sur fond de promesse électoraliste, puisqu’ils peuvent être tirés au sort (puis éventuellement élus). Si ils manquaient à leur mission, ils en subiraient des conséquences qui ne sont pas de l’ordre de la non-réélection.
Donc encore une fois, votre prémisse étant que l’État est mauvais, vous ne pouvez trouver qu’en conclusion que l’État est mauvais, quelque soit ce que vous lui faites faire. Or je ne vois pas l’État composé d’autres personnes que les citoyens, ceux-là même qui composeraient ces entreprises qui seraient si vertueuses et enclines à agir efficacement et au meilleur prix. Pourquoi seraient-ils plus vertueux et moins corrompus dans une entreprise, que dans un État ? 😉
Au moins dans un État vraiment démocratique, ils ont un moyen de contrôle direct sur les acteurs, ceux qui rendent le service dont nous parlons.
@Cavaignac,#Stef
Merci beaucoup pour cette joute d’idées, sur laquelle je me vais encore une fois tenter de faire avancer le débat.
Concernant l’école:
– oui elle est obligatoire, mais vous pouvez encore (pour combien de temps, je ne sais pas), choisir de mettre vos enfants dans une école privée,
– ce qui n’est pas juste c’est que vous continuerez à payer pour tous ceux qui sont dans le public en plus de ce que vous versez à l’école privée,
– à l’école « socialiste » on n’apprendra à vos enfants que le strict minimum pour en faire de « bons socialistes » et on leur enseignera probablement une version revue de l’histoire où les « bons » sont forcément les gauchistes… Quand à l’économie et la philosophie, ils ne seront pas plus gâtés.
– l’éducation nationale est certainement le pire repaire de gauchistes et de bras-cassés du pays et elle coûte trop cher
Toujours est-il que vous me semblez en arriver à une conclusion qui dit: « Si je ne veux pas payer pour que tous puissent aller à l’école alors c’est qu’on me spolie » donc la conclusion logique c’est malheureusement que seuls ceux qui pourront se payer l’éducation l’auront.
Welcome back au moyen-age !
Sans l’éducation obligatoire, ni moi, ni vous ne serions probablement en mesure de lire (ni d’écrire) ces choses.
Est-ce trop demander que de concéder au moins que certaines des « inventions » de nos prédécesseurs puissent être considérées comme des avancées souhaitables ou faites vous vraiment partie de ceux qui considèrent que c’était obligatoirement mieux avant ?
Je passerai outre la remarque concernant la police (qu’on peut traduire assez facilement par « s’il y avait pas de méchants, tout le monde serait content et la police ne couterait rien »).
La prochaine fois évitez juste d’écrire dans la demi-heure qui suit la fin de votre épisode des bisounours.
Concernant la justice, je ne parviens pas à comprendre pourquoi un juge public serait plus « juste » qu’un ou plusieurs juges privés, qui pourraient être renvoyés sur le champ s’ils avaient commis des fautes.
Maintenant, concernant la justice, ce ne sont d’ailleurs pas tant les juges qui posent problème que les « lois » que ces derniers sont censés faire respecter.
Merci Stef pour ce morceau de choix:
« Un service public décidé par des gens démocratiquement élus, signifie qu’une majorité relative d’individus vont imposer à tout le monde, par la force, la violence, ce qu’ils auront décidé »
Ouais, bravo !! Et alors ??? Toute loi décidé par un gouvernement s’impose à tout le monde (et généralement par la force).
Dieu donne à Moïse ses 10 commandements. Pour qu’il les respecte:
– a) il lui file des carambars,
– b) il lui fout la pétoche avec des éclairs et la promesse d’une mort certaine
Préférez-vous réellement que la loi ne s’applique qu’à ceux qui l’acceptent (« vous comprenez monsieur le juge, mon voisin faisait un barbecue et de toute façon je suis contre la loi qui m’interdit de tuer mon voisin ») ?
Ou préférez-vous qu’elle soit le fait d’une minorité (« allez les gars, demain, c’est ramadan pour tout le monde ! »), ou même d’un individu (« Allez les copains, demain ou tue tous ceux qui sont pas des bons aryens ») ?
Tocqueville s’était déjà rendu compte à son époque que la démocratie avait ses limites, mais tant qu’on n’a pas trouvé mieux on va devoir faire avec…
« Quel est le prix du sacrifice d’un soldat qui défend la nation ? Aucun! ».
Las, tout a un prix !! C’est heureusement la loi de l’offre et de la demande.
Ce prix ce situe quelque part entre le prix de la balle qui aura eu raison de lui ou le prix que l’ennemi est prêt à payer pour le faire changer de bord ou, si l’on suppose qu’il existe encore un sens de l’honneur, le prix que l’ennemi devra payer pour former et équiper son soldat mieux que le notre.
« Toute collectivisation au-delà des fonctions régaliennes est nécessairement illégitime ». Même en supposant que nous parvenions à nous entendre sur l’étendue des fonctions « régaliennes », je ne vois pas en vertu de quelle « loi » ou de quelle « religion » cette collectivisation serait « illégitime ».
Elle est très certainement « inefficace », « improductive », « inutile », « inacceptable », mais certainement pas « illégitime ». Ou alors c’est que le libéralisme est une religion de fanatiques qui ne vaut pas mieux que tous les autres fanatismes.
@ PeacefulJoe
Je suis toujours partant pour faire avancer le débat, j’aime m’enrichir des idées des autres.
« Toujours est-il que vous me semblez en arriver à une conclusion qui dit: « Si je ne veux pas payer pour que tous puissent aller à l’école alors c’est qu’on me spolie » donc la conclusion logique c’est malheureusement que seuls ceux qui pourront se payer l’éducation l’auront.
Welcome back au moyen-age ! »
Vous confondez éducation (charge relevant de la famille), et instruction (peut être dispensée par un organisme de formation). Vous partez du principe que sans Etat, il ne peut pas y avoir d’instruction. Ce qui traduit votre manque de confiance dans l’être humain. Prenez l’exemple de Xavier Niel qui ouvre une école gratuite (en apparence) pourtant dans un pays totalitaire.
« Sans l’éducation obligatoire, ni moi, ni vous ne serions probablement en mesure de lire (ni d’écrire) ces choses. »
Ce que vous dites est vrai dans un pays pauvre. Parce que les besoins primaires de l’homme doivent être satisfaits. Plutôt que d’aller à l’école, on enverra les enfants travailler pour soutenir la famille. C’est ce que nos parents ont fait pour nous (les 2 mois de vacances servaient à envoyer les enfants travailler dans les champs…), c’est la raison pour laquelle nous n’en sommes plus là aujourd’hui. Depuis l’invention des machines les conditions de travails améliorées, les hommes peuvent se consacrer à autre chose que les besoins primaires (avec les socialistes, nous y reviendrons lorsque la bouteille de lait sera à 10 euros), essayez donc de lire ou d’écrire lorsque vous êtes affamé.
« Est-ce trop demander que de concéder au moins que certaines des « inventions » de nos prédécesseurs puissent être considérées comme des avancées souhaitables ou faites vous vraiment partie de ceux qui considèrent que c’était obligatoirement mieux avant ? »
Non, c’est mieux maintenant, on ne le doit pas grâce à l’école obligatoire, mais grâce à l’enrichissement du pays. Dans les familles pauvres des USA, ce sont souvent les familles qui instruisent les enfants, et je peux vous garantir qu’ils ne sont pas plus bêtes que nous. La course aux diplômes français touche à sa fin, je vois beaucoup d’avocats gagner autant qu’un smicar ou changer de métier. Je vois aussi des plombiers gagner plus qu’eux ! L’important n’est pas le prestige du diplôme, mais de pouvoir vivre de son travail, tout en ayant la possibilité de ne pas être privé des fruits de son travail.
« Merci Stef pour ce morceau de choix:
« Un service public décidé par des gens démocratiquement élus, signifie qu’une majorité relative d’individus vont imposer à tout le monde, par la force, la violence, ce qu’ils auront décidé »
Ouais, bravo !! Et alors ??? Toute loi décidé par un gouvernement s’impose à tout le monde (et généralement par la force). »
« bravo et alors » C’est ça que vous appelez « faire avancer le débat » ? C’est votre argumentation ?
C’est très drôle, en ce moment il y a un article très intéressant sur contrepoints :
http://www.contrepoints.org/2013/05/29/125917-arendt-versus-eichmann-la-banalite-du-mal
En gros, « Toute loi décidé par un gouvernement s’impose à tout le monde », est à peu près ce que disait Adolf Eichmann : « je ne faisais qu’obéir aux ordres et à mon devoir de soldat ».
Que toute loi s’applique à tout le monde n’est pas le problème, la question est : est-ce que la loi est juste au regard des libertés individuelles !
Pour répondre à vos questions, ce que je préfère est que la loi garantisse les libertés individuelles, et uniquement ça. Si vous l’entendez, vous comprendrez que la loi ne s’appliquerait pas qu’à ceux qui l’acceptent, qu’une minorité n’imposera pas sa vision de la société, ni même un individu.
« On a pas trouvé mieux que la démocratie », oui… encore faut-il qu’elle n’en ait pas seulement que le nom. Lorsqu’un lobby fait passer une loi qui s’applique à tout le monde, ce n’est pas le pouvoir au peuple, c’est une parodie de démocratie.
« « Toute collectivisation au-delà des fonctions régaliennes est nécessairement illégitime ». Même en supposant que nous parvenions à nous entendre sur l’étendue des fonctions « régaliennes », je ne vois pas en vertu de quelle « loi » ou de quelle « religion » cette collectivisation serait « illégitime ». »
La collectivisation implique une extorsion de fonds auprès des individus, pour des services que ces individus n’utiliseront parfois jamais, et en tout cas pour des services auxquels ils n’adhèrent pas forcément. C’est donc illégitime. (Par exemple, je ne suis pas d’accord pour financer par subventions les journaux de la propagande de l’Etat : l’humanité, libération, le monde, le figaro…). Je n’ai pas le choix, je dois payer, sinon on me saisit de force, plus amende, et dans certains cas, risque de prison pour que je paye quelque chose qui ne m’intéresse pas. Bien sûr, vous, vous trouvez ça légitime. Moi pas.
Le libéralisme n’est pas une religion, il n’est pas lié à la foi, et ses fondements (liberté, responsabilité, droit naturel, propriété) empêchent toute forme de fanatisme. Une liberté rendue aux individus est du libéralisme. Une liberté imposée par la violence n’est pas du libéralisme. Les fanatiques sont chez les collectivistes (cf. pol pot).
« Tocqueville s’était déjà rendu compte à son époque que la démocratie avait ses limites, mais tant qu’on n’a pas trouvé mieux on va devoir faire avec… »
Mais si, on a déjà trouvé mieux pour tout ce qui peut avoir un prix : le marché libre. Rien n’est plus démocratique et spontanément ordonné que ce dernier, où chacun vote à tout instant sur les sujets qui le concerne, dans une légitime combinaison de ses droits et devoirs. Pour ce qui ne peut relever du marché (ce qui ne peut avoir de prix), l’amélioration de la démocratie réside dans la stricte limitation constitutionnelle des moyens financiers collectivisés et dans le recours systématique, fréquent, de la démocratie directe et responsable (référendums de sanction réservés à ceux qui financent l’Etat) en vue de contrôler les moyens et leur usage par les fonctionnaires élus.
Malgré les mensonges récurrents et les argumentaires farfelus ou comiques des idéologues (cf l’exemple tartinesque plus haut), nous pouvons donc être optimistes car nous avons d’ores et déjà les moyens à notre disposition pour améliorer la démocratie ou, plus exactement, bâtir enfin une véritable démocratie. Il ne reste qu’à rendre impuissants et à bannir définitivement les criminels collectivistes encore en activité (comme on l’a déjà fait pour leurs cousins idéologiques fascistes ou nazis). C’est l’enjeu politique du XXIe siècle, fondé sur la crise terminale des Etats obèses que nous vivons actuellement. Ce sera passionnant !
@Stef
Je suis d’accord avec vous pour considérer que j’ai peu de foi en l’être humain… et je crains que l’accès à l’instruction s’il n’est pas obligatoire peut amener à des situations, bien trop courantes à l’époque (et parfois encore maintenant) ou l’on dit: « Papa est notaire, tu seras notaire mon fils… »…et ceci indépendamment de la richesse du pays ou même de la famille.
Combien de talents et de génies ont été gâchés par ce genre de comportement ? On ne le saura probablement jamais.
Sur le reste de l’argumentation je ne vois rien à redire et je déplore profondément ce nivellement par le bas qui consiste dans ce Pays à dévaloriser systématiquement tout travail « manuel », tout en abaissant le niveau des disciplines intellectuelles afin que plus personne ne rate le bac.
On voit bien à quel point la loi de l’offre et de la demande est à priori le plus sûr moyen de déterminer de quelles compétences on a le plus besoin. Du coup qu’un plombier gagne plus qu’un avocat n’est qu’un juste retour de bâton vis à vis de ceux qui planifiaient à l’époque que nous serions tous avocats et gagnerions tous des millions…
Concernant les lois:
« Que toute loi s’applique à tout le monde n’est pas le problème, la question est : est-ce que la loi est juste au regard des libertés individuelles ! », une fois encore, tout à fait d’accord avec vous ! (et si vous l’aviez écrit comme ça dans le premier post, je ne l’aurais pas relevé).
Concernant la démocratie:
« »On a pas trouvé mieux que la démocratie », oui… encore faut-il qu’elle n’en ait pas seulement que le nom. Tout à fait d’accord avec vous. Même dans une démocratie parfaite (l’idée de la Suisse et de ses « votations populaires » vient immédiatement à l’esprit) on n’est pas à l’abri de lois « injustes », doit-on alors faire ce que l’on veut ou simplement plier l’échine en attendant que celà passe ?
Permettez-moi, de vous donner ma tentative d’explication concernant les problèmes de « nos » démocraties: Encore un fois l’être humain, plus exactement : le politicien. Le politicien qui a réussi à se hisser aux plus hautes instances de son village, de son canton, de son parti ou de son pays, n’a pu le faire qu’au travers de ce qu’on appelle pudiquement de « manoeuvres » politiciennes (consistant au choix à acheter, s’allier à, ou faire disparaître… ses rivaux ou adversaires). Dès lors quand il arrive au sommet, il est non seulement dépourvu de toute considération envers ceux qu’ils s’était engagé à servir (ses concitoyens), mais en plus il est couvert de « dettes politiques » envers l’un ou l’autre…Et aussi ‘incorruptible’ il ait pu être à ses débuts, à l’arrivé il est forcément ‘pourri’… Comment peut-on dans ce cas s’attendre à ce qu’il fasse quoi que ce soit de positif (sauf à être un surhomme, comme le tant décrié Gorbatchev de Russie Soviétique).
Concernant la référence à Eichmann, elle est très instructive, mais aussi totalement en accord avec l’idée que je me fais de l’être humain (voir ci-dessus). L’être humain est très souvent « stupide » (contraction adroite qui permet de mélanger aux choix un manque d’intelligence et/ou une naïveté, ou une soumission à l’autorité dénouée de questions). Beaucoup d’entre nous ne sont pas prêts à jouer les héros pour bafouer une autorité – qui est autrement mieux armée que nous et autrement dénuée de scrupules, puisqu’elle se réclame, parfois à raison, investie du pouvoir « démocratique ».
Une des choses qui me sidère, c’est de voir combien on trouve sur ce site de personnes, comme vous et moi, qui condamnent intelligemment les pouvoirs en place et le peu qui « agissent ».J’en veux pour preuve le fait que dire qu’on est libéral est encore et toujours considéré comme la pire des insultes par nos compatriotes.(J’avoue bien honteusement faire partie de ceux qui se contentent de ne rien faire et comme Cavaignac d’attendre l’implosion avec une certaine excitation morbide).
Concernant le dernier point enfin, je me rends compte que nous nous battons sur une question d’étymologie. Bien que comme vous je condamne toute forme de collectivisation comme étant « injuste » et « inacceptable » (en plus d’être inutile et généralement inefficace), l’utilisation du terme « illégitime » (La légitimité est la qualité de ce qui est fondé en droit, en justice, ou en équité) me paraît excessive (puisqu’en général cette forme de collectivisation est voulue par le droit, qu’on s’est empressé d’adapter afin de pouvoir effectuer ladite collectivisation).
Payer pour financer « le Monde ou Libé » ne me plaît pas plus qu’à vous mais je dois me résoudre à considérer celà comme légitime puisque mon gouvernement (à priori démocratique) a choisi de le faire. Le fait de le considérer comme illégitime, m’imposerait de prendre les armes et donc de me prendre une balle pour empècher qu’on ne subventionne cet abruti de Laurent Joffrin qui a pourtant comme avantage d’être l’un des rares qui parviennent, par la débilité de leur propos, à me réveiller le matin quand je les entends…
@Cavaignac
Sans être 100% convaincu que le libéralisme est une forme de gouvernement (pour moi c’est plutôt un courant économique, qui peut guider l’action de gouvernements), je suis bien d’accord qu’on peut difficilement faire plus simple et plus efficace pour gérer une économie.
« C’est l’enjeu politique du XXIe siècle, fondé sur la crise terminale des Etats obèses que nous vivons actuellement. Ce sera passionnant ! »…
« Passionnant » n’est pas le terme que j’aurais employé, car la fameuse « crise de états obèses » risque à mon avis d’être bien plus dure et plus sanglante que ce que nous avons pu voir, lier ou entendre depuis notre naissance et qu’on n’est malheureusement mal parti (étant donné l’absence de tout parti non-collectiviste dans l’ensemble du spectre politique) pour que quiconque vienne nous sauver avec autre chose que des idées qui entravent encore plus la liberté que ce que l’on fait actuellement.
Cette facette de l’argent est bien décrite. Cependant la production de richesse doit intéresser un consommateur autrement ce n’est pas de la richesse et le choix du cupcake ne me paraît judicieux dans la mesure où c’est de la bouffe pour Anglais, Beurk ! l’argent est aussi une condition de la liberté tout comme la propriété.