La droite doit épouser une éthique politique en accord avec ses principes libéraux.
Par Marc Crapez.
Dans une interview à L’Express, François Baroin évoque une fracture au sein de l’UMP. Il récuse la ligne sarko-copéiste du ni Front national ni gauche qui a détaché la droite du mot d’ordre « faire battre le Front national » en cas de duel, au deuxième tour d’une élection, entre un candidat Front national et un candidat de gauche.
C’est son droit d’argumenter en ce sens.
Mais il est contestable, en revanche, d’user d’arguments erronés. Comme d’affirmer qu’il faut continuer à faire battre le Front national sauf « évidemment » en cas de duel avec un candidat d’extrême gauche ou corrompu. Cet « évidemment » est destiné à se donner bonne conscience et à faire oublier le passé. Le passé étant qu’à plusieurs reprises, lors d’élections locales, sous Jacques Chirac, la droite a appelé à voter pour des candidats communistes, ou soupçonnés de corruption, contre des candidats du Front national.
Cette soumission aux mots d’ordre de l’extrême gauche est d’autant plus regrettable qu’elle fut génératrice d’une situation favorisant les rentes de situation.
En effet, durant les années 2000, des élus locaux écologistes jouèrent un rôle de poil-à-gratter anti-gabegie et anti-corruption. Ailleurs en Europe, d’autres tendances politiques jouent ce rôle d’aiguillon face à la routine des rentes de situation des deux grands partis qui alternent au pouvoir. En France, quelques élus locaux de plus du Front national n’auraient pas du tout été un drame – Raymond Aron l’avait bien souligné – et auraient mécaniquement joué un rôle de contre-pouvoir face à la sclérose bureaucratique et clientéliste de la gauche, sur laquelle la droite a trop souvent fermé les yeux ou baissé les bras.
Outre les fonctionnaires territoriaux et les chevauchements de compétences, cela a généré toute une gamme d’emplois publics, parapublics ou subventionnés : permanents d’associations, carrières au sein de l’appareil du parti socialiste (pour ex-syndicalistes étudiants) et postes universitaires réservés à des « spécialistes » de l’extrême droite (la plupart ex-militants d’extrême gauche). Ces filières professionnelles permettent ainsi à l’extrême gauche de banqueter aux frais de la princesse, au mépris de la méritocratie et de l’égalité républicaines.
L’argument ultime du terrorisme intellectuel
La droite a renoncé à penser par elle-même son éthique, cédant à un chantage dicté par l’extrême gauche intellectuelle, dont les trois thématiques essentielles sont la droitisation, le mythe du gaullisme social et une prétendue dissymétrie entre extrémismes politiques. Cette dernière repose sur l’argument ultime : de Gaulle a gouverné avec des communistes et pas avec l’extrême droite, donc l’extrême gauche aurait une honorabilité que n’aurait pas l’extrême droite.
Cet argument fait allusion au contexte spécifique de l’après-guerre, où de Gaulle cohabita avec des ministres communistes notamment pour neutraliser la force insurrectionnelle qu’ils pouvaient représenter dans une situation troublée. Il s’agissait donc d’un contexte unique et d’autres situations furent aux antipodes.
À Londres en 1940, il n’y avait pas l’ombre d’un communiste du fait du pacte germano-soviétique, et ceux qui avaient rejoint de Gaulle étaient en grande majorité de droite classique, de droite de la droite (comme de Gaulle lui-même) et d’extrême droite. Dans sa France Libre de la première heure, de Gaulle eut ainsi des « ministres » d’extrême droite.
Par la suite, la grande majorité des soldats sous commandement anglo-américain qui nous ont délivré du nazisme combattaient les armées sous commandement allemand et l’oppression idéologique totalitaire qu’elles symbolisaient mais ils n’avaient pas du tout le sentiment de combattre l’extrême droite. Ils étaient de toutes les opinions politiques mais attachés aux préjugés de leur temps, c’est-à-dire suspects de xénophobie selon les canons du politiquement correct actuel.
À son retour en 1958, de Gaulle eut également plusieurs ministres que l’on trouverait aujourd’hui classés à l’extrême droite. D’ailleurs, lui-même subissait constamment les quolibets antifascistes d’extrême gauche et la gauche insinuait sans cesse qu’il incarnait la droite factieuse sinon l’extrême droite.
Actuellement, la majorité des citoyens se défie des partis extrémistes parce qu’elle redoute qu’ils ne s’emparent du pouvoir pour mettre fin aux libertés publiques et déclencher une chasse aux opposants. Comme le souligne l’historien André Sénik, la nostalgie historique susceptible de peser dans cette direction est aujourd’hui moins présente à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche.
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Elle en a au moins donné l’illusion de 1986 à 1988 avec monsieur Chirac qui disait « plus libéral que moi tu meurs ». C’est la seule période récente où le chômage structurel a baissé. Mais cela n’a pas duré !
Chirac, celui qui a été tour à tour proche des idées communistes, puis socialiste, puis gaulliste et qui a dit « le libéralisme est une perversion de la pensée humaine », « je ne crois pas au libéralisme qui est à mon avis une forme de déviance » ou encore « le libéralisme, ce serait aussi désastreux que le communisme » (fallait l’oser celle-là)? 😀
L’UMP est tout simplement socialiste et se positionne comme une concurrente du PS . Sarkosy et Coppé disent clairement qu’ils rejettent les principes libéraux d’organisation de la société au profit d’un vague gloubi glouba gaulliste , intelligible d’eux seulement et socialiste en fait ( voire l’énorme augmentation du budget entre 2007 et 2012 , l’augmentation de la dépense publique , de l’état providence , le maintien du mille feuille administratif !!!
Très bon article, je ne cesse de le dire ! De Gaulle n’était pas un bisounours centriste, il était très a droite et avait de mots bien + cru que Le Pen ! Aujourd’hui De Gaulle serait classé à la droite du FN et passerait sa vie au tribunal sous les plaintes des associations.
Sur le FN/extreme-gauche, c’est ce que je pense aussi, je suis favorable au Ni FN ni Gauche je reste chez moi, mais je préférerai voter pour le FN que pour le PCF.
Autre exemple, le jeune UMP qui s’est fait exclure parce qu’il voulait s’allier au FN pour battre un socialo-communiste : le projet n’était pas qu’il laisse sa place au candidat FN, au contraire c’était simplement de filer 6 sièges sur une trentaine au FN à la Mairie pour que lui, UMP, gagne. Il a été exclu, résultat, au lieu que l’UMP gagne la Mairie et ne laisse que 1/6 des sièges au FN, ils laissent le communiste gagner la Marie ! Incompréhensible.
Chirac a toujours été un homme de gauche. Quand à Sarkozy, il fut tout au plus centre-gaucxhe et en tout cas étatiste.
Or, c’est l’étatisme, en vigueur dans notre pays depuis au moins Richelieu et en tous cas Colbert, qui a ruiné ce pays. Nous sommes aujourd’hui dans la même situation qu’en 1788; des privilégiés ont capté toute la richesse du pays, au détriment du reste du pays: les énarques et autres fonctionnaires. Il est grand temps de passer à 1789 et à abroger tous ces privilèges.
La modernité leur fera tout juste éviter la guillotine, mais pas forcément la prison.
le problème c’est que le FN est anti-libéral à mort, étatiste en diable, pro-iranien, anti-US, pro-russe, …la seule différence avec le Front de gauche c’est que les uns brandissent des drapeaux français et les autres des drapeaux rouges…bonnet brun et rouge bonnet…
Je suis d’accord pour le FN
L’UMP est également un parti de gauche 🙁
Les libéraux sont inexistants au sens politique.
De toute façon, pas une formation politique en France n’est pas étatiste : l’état est leur pourvoyeur de richesses, ils font tous partis du sérail, usent et abusent de tous les étages du système, et nous plumerons jusqu’à l’os.
Bref, on ne peux voter pour personne en étant libéral.
Ça promet pour le futur…
On peut quand même voter pour des moins anti-libéraux ; parfois. Un maire / conseiller général / régional qui fait baisser les impôts locaux contre un qui veut les augmenter, par exemple. Les deux utiliseront la caisse commune à leur profit et celui de leurs amis, mais elle sera moins grosse dans un cas que dans l’autre.
Ne pas voter sous prétexte qu’il sont tous pourris c’est donner une prime au plus pourri
« On peut quand même voter pour des moins anti-libéraux »
On ne vote pas pour un type qui, même s’il le fait moins que ses congénères, vous crache dans la figure.
N’importe quoi! L’UMP est un parti de droite DONC anti-libéral. Sarkozy est très à droite dans ses discours (beaucoup moins dans les actes) DONC très anti-libéral. Le FN est bel et bien d’extrême droite DONC extrêmement anti-libéral.
La droite en France est *par nature* anti-libérale, depuis toujours (depuis que les Français ont inventé l’axe droite-gauche) mettez-vous bien ça dans la tête. Il n’y a absolument rien à attendre de la droite pour les libéraux.
Oh, bien sûr certains droitistes peuvent, sur un malentendu, être un peu libéraux sur le plan économique, tout comme certains gauchistes peuvent parfois être libéraux sur le plan « sociétal » ou sur les libertés individuelles « non économiques ». Mais ce ne sont à chaque fois que des gouttes de libéralisme dans un océan d’étatisme. Et ces gouttes ont tendance à disparaître, des deux cotés, depuis des années, voire des dizaines d’années.
L’axe droite-gauche et tout simplement inadapté pour positionner le libéralisme. Et de fait, plus on va vers les extrêmes, plus l’anti-libéralisme est marqué.
Je suis aussi toujours très perplexe sur ce rejet quasi-général du vote qui sévit chez nous, les libéraux.
Si vous prenez un petit parti qui ne pèse pas bien lourd comme les verts, vous vous apercevez qu’en s’acoquinant avec le PS, ils ont finis par exister, par avoir des élus, des sénateurs, des ministres, que leurs idées ont finalement percé et que maintenant tout le monde sait ce qu’ils sont et ce qu’ils représentent.
Il n’y a peut-être rien à attendre de la droite pour les libéraux, mais je ne suis absolument pas convaincu que l’absence de posture électorale des libéraux est la meilleure des stratégies même si je me l’applique aussi à moi-même, je le confesse.
Les idées écologiques ont perçés chez les socialistes parce qu’elles sont « soluble » dans l’étatiste. C’est à dire qu’elle demande plus d’intervention, plus de fonctionnaires, plus de budget, plus d’impôts ect…A contrario il est vain de croire que si les libéraux « s’acoquinaient » avec la droite il obtiendrais quoi que ce soit car leur demandent iraient totalement à l’encontre de la volonté du reste de la droite. les libéraux ne serviraient en fin de compte que d’idiots utiles.
Laurent: + 1 !
Il n’y a pas de place pour les libéraux dans le jeu politique français. Ceux qui espèrent faire de l’entrisme en s’alliant avec l’UDI se trompent lourdement.
Des responsables libéraux se sont alliés au Modem de Bayrou , d’autres à l’Udi de Borloo , d’autres à l’Ump …Je ne sais ce qu’ils espéraient car ces mouvements naviguent entre socialisme ( via l’état providence ) et la sociale démocratie ( beaucoup d’état , un peu de marché ) !!! Ils ont donc été rangés gentiment dans un petit coin de l’organigramme et on en a plus entendu parler !!!
L’axe droite-gauche en France est fortement changeant d’une periode historique a une autre. Effectivement aujourd’hui, le liberalisme a disparut des ecrans radar mais ce ne fut pas toujours la cas.
Au debut et lorsque la separation gauche/droite est apparu, les liberaux etaient clairement a gauche, en oppostion au pouvoir royal et clerical. Lorsque la monarchie est tombe, le curseur s’est deplace au sein de la gauche, les liberaux devenant lentement « de droite »car defendant la liberte religieuse que les plus extremistes des gauchistes voulaient detruire.
Suite a Napoleon et l’instauration de la laicite, la scission droite/gauche est devenue une scission sociale et des lors, les liberaux occuperent la partie droite des idees. Ils en ont ete ejecte progressivement par infiltration des idees gauchistes dans tout l’appareil politique francais apres 1917.
Depuis, ils n’ont jamais pu reapparaitre sur le devant de la scene. Culturellement et pendant tout ce temps, le peuple lui-meme a ete lobotomiser aux idees communistes. Autant dire que les idees liberales ont une chance quasi-nulle de pouvoir etre un jour ne serait-ce qu’entendu, Appliquees, je crois simplement qu’elle ne le seront plus jamais (a notre echelle de temps s’entend)
Mes excuses pour les nombreuses fautes, j’ai ecrit trop vite…
+1
En réalité le » combat » de nos jours en France est entre » maréchal ,nous voila! » et « l’internationale ».Donc entre national-catholisisme à la sauce Franco ou Salazar et le communisme à la sauce Cubaine ou Chaviste!Que des réjouissances en vue…Unis dans la misère!
Qu’importe les alliances, qui doivent être essentiellement pragmatiques, si le contenu s’est vaporisé ?
La France a cette curiosité supplémentaire d’avoir une « extrème-droite » à la gauche de Mélanchon, et une « droite » qui ne présente que par hasard on once de libéralisme.
Etat-mérule, protectionnisme larvé et conservatisme momifié sont les mamelles de ce microcosme fait de « diverses gauches ».
Les Français ont oublié Jules Moch. C’était un socialiste qui n’a jamais vécu d’illusions envers les communistes.
La construction d’un mythe français sur la Seconde guerre mondiale résiste mal à l’épreuve du livre « Un Paradoxe français » de Simon Epstein (Albin Michel, 2008). Quand on l’a lu on est en position de résister à l’intimidation gauchiste.
« Faudra me dire quand elle s’en est approché » : tout à fait d’accord.
De plus, je ne suis pas d’accord avec l’affirmation que la droite ou la gauche sont représentatives d’idées particulières (« La droite doit épouser une éthique politique en accord avec ses principes libéraux »). La droite et la gauche sont des qualificatifs de partis politiques, pas de systèmes de pensée. La situation actuelle est flagrante car il n’existe plus que des partis socialistes, différemment teintés et décorés. Mais cela ne change rien au canevas d’idées qui dirige la pensée politique actuelle : le socialisme.