Le principal opposant d’Angela Merkel aux prochaines élections de septembre a dévoilé son projet de politique étrangère.
Un article d’Open Europe.
Peer Steinbrück, leader du parti de centre-gauche allemand SPD et principal opposant d’Angela Merkel aux prochaines élections de septembre a dévoilé son projet de politique étrangère à l’occasion d’un discours donné le 4 juin dernier. Cela aurait pu être un « non-événement ». On ne peut pas imaginer que la politique européenne de l’Allemagne puisse changer sur le fond, que Steinbrück remplace ou pas Merkel au poste de Chancelier en septembre prochain.
Bien que Steinbrück critique certains éléments de la vision de l’Europe de Merkel, il est plutôt d’accord sur l’ensemble du projet. Cela s’explique par le fait que le conservatisme de l’opinion publique allemande est plus profondément enraciné que son élan occasionnel pour les grandes réformes.
Dans ce contexte, nous nous attendions à beaucoup de rhétorique, mais pas de grande révélation. Et puis, Steinbrück a dit quelque chose d’intéressant.
Discutant du rôle de l’Europe dans le monde, il a appelé à un axe Paris-Berlin-Varsovie pour façonner son avenir. « Cette triade constituée de l’Allemagne, de la France et de la Pologne doit prendre l’initiative pour un nouveau départ des politiques étrangère et de sécurité européennes », a déclaré Steinbrück.
Le premier point à noter ici c’est que si l’alliance franco-allemande dans les affaires européennes n’est pas une nouveauté (même si ce partenariat connaît des tensions en ce moment), l’allusion à la Pologne en tant que leader européen sur la scène internationale en est une – et une nouveauté qui fera plaisir à un certain ministre polonais des affaires étrangères.
Cependant, le point le plus intéressant du discours de Steinbrück est à trouver dans le pays qu’il n’a pas mentionné quand il parlait du rôle de l’Europe dans le monde : le Royaume-Uni.
Alors qu’Angela Merkel souligne avec insistance qu’il est important que le Royaume-Uni joue un rôle de premier plan en Europe, Steinbrück dit que l’avenir réside dans un axe Berlin-Paris-Varsovie. Un signal adressé à Londres et David Cameron alors que les conservateurs cherchent de nouvelles conditions d’adhésion à l’UE ? Peut-être.
Comme nous l’avons dit précédemment, si Steinbrück devient le prochain chancelier allemand, l’orientation générale de la politique allemande concernant la zone euro ne changera probablement pas. Ce n’est pas un scoop. L’importance d’une coalition allemande de centre-gauche après les élections de septembre pour l’avenir de l’Europe pourrait bien être que l’Allemagne serait bien moins intéressée de trouver un nouveau terrain d’entente anglo-allemand.
Nous pensons deviner que le 10 Downing street n’est sûrement pas très content de la déclaration de Steinbrück.
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Sur le web. Traduction : Laurett pour Contrepoints.
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