Montebourg nous présente Colbert 2.0 et ses dépenses++

Montebourg pense qu’en cramant encore de l’argent public et avec un beau logiciel web 2.0, il va relocaliser les entreprises en France.

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Montebourg nous présente Colbert 2.0 et ses dépenses++

Publié le 16 juin 2013
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Comme Cécile Duflot a fait parler d’elle cette semaine, Arnaud Montebourg ne pouvait pas rester sans rien faire. En plus, l’actualité, notamment économique, est propice à ses petits bonds de félin politique dodu. Le remuant Ministre du Dressement Reproductif a donc décidé de s’exprimer sur la réindustrialisation française et de s’improviser commercial pour produits informatiques…

Comme d’habitude, tout part d’une idée confuse enduite de bons sentiments mal canalisés, traduits de façon approximative et brouillonne dans une réalisation à l’utilité douteuse et dont la facture finale, adressée au contribuable, ne sera pas perdue pour tout le monde. Ici, comme nous parlons désindustrialisation, nous pensons tout de suite à des milliers d’individus qui s’en vont, des centaines d’entreprises qui ferment, des dizaines de patrons qui délocalisent, des emplois qui disparaissent ici et apparaissent en Chine, au Brésil ou en République Tchèque. On pense aussi charges sociales consternantes, impôts massacreurs, climat des affaires démoralisant, antienne politique du riche forcément coupable.

Immédiatement, Arnaud Montebourg pense, lui, qu’avec un peu de publicité et de communication gouvernementale, une dépense somptuaire et quelques petits fours habilement propulsés dans de tendres gosiers, toute cette affaire sera bien vite oubliée, que la réindustrialisation va s’installer grâce à lui et qu’il pourra en retirer un bénéfice politique évident.

Bien sûr, il comprend, même si c’est encore un peu obscur pour lui, que l’actuel mouvement de rapatriement des emplois et des industries en France provient surtout et avant toute autre chose de l’augmentation constante du niveau de vie des pays émergents, et, par voie de conséquence, du renchérissement des salaires sur place ; si l’on prend en compte les frais de transports et les myriades de petits coûts divers et variés qu’une production déportée entraîne, le différentiel avec la France devient alors moins fort. Devant ce constat, naissant, il lui semblait donc urgent de s’agiter, sans comprendre au passage que cette relocalisation passait aussi souvent par une « robotcalisation » : il devient de plus en plus rentable d’investir dans une robotisation ici que dans de la main-d’œuvre humaine là-bas. En termes d’emplois, évidemment, ça ne fait pas tout à fait l’affaire du frétillant ministre, mais c’est sans importance puisque ce genre de tendances de fond lui est totalement imperméable.

montebourg cccpMoyennant quoi et avec la logique impeccable qui l’anime, puisque l’Etat n’y est pour rien et que tout se déroule manifestement sans son aide (ou, devrait-on dire, malgré son « aide »), que le phénomène est « prometteur et en cours d’augmentation Â», il devient indispensable, impératif, impérieux, absolument nécessaire « d’appuyer sur l’accélérateur Â». Ce qui se traduit (bien malheureusement) par des actions parfaitement concrètes du ministre.

D’une part, et parce que l’action publique ne peut se satisfaire de gestes forts sans claquer un paquet mémorable de pognon, 50 millions d’euros (qui étaient jusqu’à présent brûlés dans une autre connerie étatique inefficace) seront à présent gaspillés dans les tentatives de relocalisation adoubées par l’État. Comme cette somme (représentant tout de même 2000 années de SMIC chargé) ne permet pas de faire suffisamment mousser le ministre, il est aussi question d’utiliser de façon « plus offensive Â» l’enveloppe de 160 millions annuels prévue pour la relocalisation. Par « plus offensif » vous pourrez comprendre ce que vous voulez, et vous pouvez intégrer du champagne, des petits fours, des dames accortes, des réceptions festives et de volumineux rapports sans intérêt : c’est vous qui payez, après tout. Enfin, toujours sur le plan Robinet À Pognon d’Une République Qui A De l’Argent Plein Ses Caisses, la Banque publique d’investissement (BPI) sera aussi censée jouer un rôle « d’accélérateur Â» de financement. Les sprinklers à billets seront ouverts en grand.

Tout va bien : business as usual.

le petit marteau playskool de montebourg

Mais bon, comme le souligne l’article du Monde, toutes ces dépenses, tous ces petits arroseurs industriels d’argent des autres ouverts à plein régime, tout ça reste un peu théorique pour les entreprises confrontées aux petites billevesées bureaucratiques douillettement lancées dans leurs pattes par l’administration française, jamais en retard d’une plaisanterie. Toutes ces PME n’ont pas toujours les moyens de s’offrir les services de consultants et de juristes pour épouser les positions fiscales et légales que l’Etat leur impose tendrement pour leur plus grand bien (et à coup de pelle dans la nuque s’il le faut).

Et donc, d’autre part, Arnaud Montebourg a décidé de déclencher un plan Informatique Pour Tous heu Relocalisation Pour Les Nuls hmh disons la mise en route d’un logiciel sur le web avec des pages qui demandent des choses, des paramètres, ici et là, et quand tu cliques tu sais si ton entreprise va carafer doit relocaliser ou pas en France. En substance, l’idée lumineuse serait un logiciel d’aide à la décision, appelé Colbert 2.0 parce qu’à Bercy, on sait être à la fois historique (Colbert) et trendy (2.0). Cette prouesse technologique se baserait sur ceux développés en Suède et aux États-Unis par Barack Obama (informaticien hors pair, surtout dans le oueb 2.0), dans le cadre de sa politique de relocalisation qui marche du feu de Dieu (notamment pour les données privées).

Normalement, il est prévu que ce logiciel, développé par El Mouhoub Mouhoud et Xavier Ragot à la demande du ministre, sera accessible au plus tard le 9 juillet. Il offre un « auto-diagnostic Â» qui permettra à un chef d’entreprise de faire une simulation pour évaluer les avantages (seulement les avantages ?) dont il pourrait bénéficier en produisant en France. C’est trop de la balle. Nul doute qu’on trouvera, dans les jours qui suivront sa mise en ligne, de fins analystes pour évaluer la pertinence du dit logiciel, mais avant même de regarder ce qu’il vaut, force est de constater que ses papas pardon parents-2 ont un brillant palmarès.

Ainsi, El Mouhoub Mouhoud est professeur d’économie, et a officié au sein de Terra Nova comme en atteste sa biographie. Terra Nova, think tank progressiste et parfaitement socialiste qui aura fourni un havre de paix aux croustillantes notes pondues par des sommités comme, en mars 2009, celle sur la gouvernance de campagne de Barack Obama (on n’en sort pas) écrite par nul autre que … Arnaud Montebourg.

Ainsi, Xavier Ragot, professeur associé d’économie à l’École d’économie de Paris, consultant auprès de la Banque de France, est aussi le conseiller économique au sein du cabinet… Montebourg.

Le monde est petit.

On comprend, certes, que le brave Arnaud ait pioché parmi ses proches pour réaliser un outil dont tout indique qu’il sera d’une impartialité redoutable, avec une finesse de calcul et des conclusions dont on se doute qu’elles permettront aux chefs d’entreprises de prendre les bonnes décisions, en toutes connaissances de cause. Mais on se prend à s’interroger sur l’éventuelle rémunération afférente à ce développement. On ne peut s’empêcher de se demander si ce beau logiciel a bénéficié d’une saine mise en concurrence, d’un appel d’offre public. Et s’il fut fait gracieusement, gratuitement, pourquoi fut-ce celui-ci qui fut retenu et pas un autre ? Le code source sera-t-il rendu public (pour rire) ?

deni de réalité - montebourg

Avec ces gadgets, ces effets d’annonce, ces dépenses dont on peine à voir vraiment l’utilité, on en arrive à la conclusion habituelle à la suite de ce genre d’exercices ministériels : tout ceci est plus destiné à occuper l’espace médiatique qu’à redynamiser quoi que ce soit. Apparemment, des entreprises ont fait le choix, toutes seules comme des grandes, de relocaliser, ce qui n’a pas coûté un rond au contribuable. La meilleure méthode et la plus efficace pour rendre la France attractive n’est pas de dilapider l’argent public, de pondre un logiciel 2.0 ou de créer 22 emplois (un par région) payés sur les deniers de la République, mais d’abaisser les coûts des entreprises sur place, d’arrêter de les massacrer d’impôts pour financer, justement, toute la kyrielles de bricolages ridicules de ce ministère et des autres.

Et bien évidemment, ce conseil (gratuit) étant soigneusement évité et oublié, ce gouvernement continuera sa route dans la mauvaise direction. Ce pays est foutu.
—-
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  • Les délocalisations se font en majorité vers des pays voisins, et non vers les pays émergents comme la Chine ou l’Inde. Entre 2009 et 2011, 4,2% des sociétés françaises ont délocalisé au moins une activité, mais elles se sont tournées d’abord vers des pays de l’Union

    Les entreprises qui délocalisent privilégient d’abord les quinze pays originels de l’Union européenne (destination de 38% des entreprises ayant délocalisé). Viennent ensuite l’Afrique (24%), les nouveaux États membres de l’Union (22%), puis la Chine (18%) et l’Inde (18%), selon l’enquête «Chaînes d’activité mondiales» de l’Insee.

    • Belle resucée de wikipedia ou de l’INSEE. Mais après ?

      Les arguments « ils reviennent parce que les coûts augmentent dans les pays émergents » sont ceux officiellement utilisés par Montebourg et sa clique. Qu’ils soient bidons n’a rien d’étonnant.

    • c’est en partie vraie. La raison trouve son fondement non pas dasn les institutions elles-meme, mais dans toute la caste dirigeante, PDG, conseiller en stratégie, séminariste en convergence, cohésion de groupe…

      Ce qui sort de ces commissions en général est un alourdissement stérile, l’ajout de strates supplémentaires, la modification de circuit de décisions pour les rendre plus longues et couteuse en ressource, directive et formulaire qualité…

      Tout ça pour au final un gain 0, un facteur de risque d’entrée d’erreur accrue par le nombre croissant d’intervenants, et de l’argent dépensé inutilement…

      Certaines pièces auto sont moins cheres à fabriquer en Suisse qu’en France pour ces raisons notamment. La qualité y est en plus meilleures car moins d’ouvriers désinvoltes.

      Autre exemple, EUROPCAR, location de voiture. Faite un devis en France à Mulhouse par exemple, et un autre à Frankfurt…le prix y est divisé de 2 à 4 selon la bagnole.

  • Stephane Geyres
    le candidat libéral pour la législative partielle du Lot
    celui qui veut la retraite par capitalisation

    il réalise ……0,09% à Villeneuve sur Lot SUD

  • Certes on pourra arguer que, l’évènement à retenir, c’est que plus de 54% des gens ne sont pas allés voter car ils ne voient aucun intérêt d’envoyer un nouveau guignol siéger et se goinfrer d’indemnités au milieu de 500 autres, alors que le pays pourrait se contenter de 100 représentants maximum.
    Vu sous cet angle, le fait que S.Geyres n’ait obtenu que 56 voix sur l’ensemble de la circonscription du Lot et Garonne est secondaire

    http://www.sudouest.fr/2013/06/17/le-front-national-elimine-le-ps-1087188-3643.php

  • Anecdote: les élus des communes de saint denis et environnantes et autres conseillers généraux et régionaux concernés par la construction du grand stade en 1996 (?) s’étaient réunis avec force petits fours pour décider la mise en place d’une structure pour aider le donneur d’ordre (Bouygues?) à trouver de la main d’oeuvre ! Ils ne devaient pas être au courant du chômage de masse depuis 1974, de l’existence d’une petite agence de l’état nommée ANPE, de l’existence d’une DRH chez Bouygues ainsi que des sociétés Manpower et autre Vedior Bis etc. Ils ont donc créé une structure, ils ont loué des bureaux, acheté une cinquantaine d’ordinateur et recruter du personnel pour aider Bouygues à trouver des ouvriers et des contremaitres. Tout cela bien entendu pour…. rien. Parmi les décideurs, Il y avait des communistes, des socialos et des UMP et toutes les tendance politiques françaises. Si nous pouvions interviewer ces gens la aujourd’hui, ils argueraient surement que finalement ils ont contribué à faire tourner la machine économique. Le problème c’est la croyance qu’un euro dépensé par l’état est un euro efficace… et comme il se trouve que c’est un euro facile à gagner, faut pas se priver…. de petits fours.

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