Jean-Louis Borloo et le proogramme économique rigoolo de l’UDI

Jean-Louis Borloo et son UDI nous proposent un programme économique tout en finesse. Et socialiste, bien sûr.

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Jean-Louis Borloo et le proogramme économique rigoolo de l’UDI

Publié le 19 juin 2013
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Et pendant que l’inestimable président français se pavane à la télé pour n’y rien dire de nouveau entre deux reflux gastriques, pendant que le pays réel s’enfonce, la vie politique continue, pépère et détachée, son chemin sur ce petit chemin qui sent la noisette et la servitude à plein nez. Ainsi, l’UDI, le parti du centre vague et vaporeux créé il y a huit mois sur une vague monstrueuse qui l’a porté dans toutes les têtes de France et de Navarre, tenait ainsi sa première grande réunion de famille. Émoi, palpitance et socialisme pastel.

Soyons bien clair : l’événement n’a, en lui-même, déclenché aucune espèce de ferveur de la part des foules, des journalistes ou même des politiciens présents sur place. L’UDI qui se rassemble, c’est l’équivalent, en charge émotionnelle, de la rencontre inopinée d’un escargot avec une coccinelle dans un carré de luzerne.

udi : des candidats flous, mous, et sans intérêt

Mais bon, après tout, comme ce parti se veut fédérateur, novateur, et offrir une vraie alternative aux mastodontes de droite et de gauche, et qu’il se paie même le luxe d’une petite opposition frontale avec le Modem, cet autre parti de l’extrême-centre socialiste dont le président, Bayrou, est jugé « tout seul » par un Hervé Morin goguenard, peut-être trouverons-nous quelques éléments intéressants dans les discours qui se sont tenus au CNIT de la Défense, à Paris, à l’occasion de cet événement ?

Borloo ne perd pas l'objectif de vue.
Si l’on s’en tient aux très peu nombreux articles de la presse, il sera difficile de savoir exactement ce qui s’est dit à ce Conseil National. En substance, les deux ou trois pigistes dépêchés sur place entre deux reportages locaux rapportent quelques petites phrases et quelques éléments de programme politique. Ils semblent retenir la petite saillie de Borloo qui estime que cette formation serait la troisième force politique du pays, avec un optimisme qu’on peut difficilement qualifier autrement que médicamenteux : déjà, qu’un tel parti soit une force dans ce pays représente en lui-même un véritable prodige, tant apparaît grande la faiblesse d’avoir des partis tous obstinément socialistes. Mais que l’ancien ministre de Sarkozy prétende occuper la troisième place, cela confine, effectivement, à l’hallucination dont une cause stupéfiante ne pourrait être écartée.

Et lorsque je dis que tous les partis français actuellement visibles dans les médias sont obstinément socialistes, c’est un simple constat. Certes, la dose d’allégeance à un interventionnisme étatique est plus ou moins forte et pas toujours dans les mêmes domaines selon les partis. Mais le constat est bien là : si on trouve quelques propositions vaguement centristes comme la remise à plat d’un paritarisme qui ne veut plus rien dire, plus de soixante années après le Conseil national de la Résistance, si, certes, on trouve bien l’idée générale qui consiste à baisser les charges sociales et à revoir un peu le nombre d’heures travaillées (en repassant à 39h par exemple), tout ceci n’est pas un gage de libéralisme, comme le claironne des pigistes de l’AFP en manque de repère politique évident. Loin s’en faut.

Et je ne parle même pas ici de la taille du râteau que l’Union des Démocrates et des Indépendants compte mettre en place dans les prochaines élections pour attirer le candidat et l’électeur français moyen : Borloo a récemment expliqué vouloir lancer une liste baptisée « Les Européens » (ça roxxe, comme nom, ça !) réunissant tous ceux qui, au centre, au milieu, à droite, à gauche, et chez les écologistes (de droite et de gauche), souhaitent un renouveau de l’Europe. Il ratisse large, le râteau politique, donc. Et on le sent puissant, le râteau électoral qui viendra ensuite…

Car lorsqu’on découvre le programme, économique notamment, intitulé gentiment « Les 10 décisions d’urgence pour combattre la crise », on sent déjà l’odeur du sang. On imagine déjà le vol plané incontrôlé dans un ciel azuréen, et l’éclatement de ratiches en premier sur le bitume inélastique de la réalité…

Lisez vous-même, c’est un festival !

jean-louis borlooL’UDI veut ainsi relancer la croissance et l’emploi ; pour cela, il envisage de créer un organisme de centralisation des achats pour acheter plus de « made in France » et de « made in Europe », un autre chargé de la rénovation thermique de bâtiments, plein de relance de grands travaux, de relancer la construction de bâtiments, de s’occuper du code de l’immobilier (pour y ajouter quelques clauses amusantes). Tout ceci n’est ni étatiste, ni keynésien, non non. Et ça ne se rapproche pas de ce que fait actuellement Duflot avec le résultat qu’on connaît. Du reste, le logement prend cher puisque l’UDI veut remettre le couvert des prêts à taux zéro, baisser la TVA … pour 2 ans seulement, et créer un établissement (un autre, en plus des organismes divers déjà cités) pour gérer le foncier national et les veaux sous la vache.

On ne sait pas si le bâtiment sera relancé, mais en tout cas, avec la création de ces organismes multiples, auxquels il faut ajouter la création d’une Agence Nationale de Formation Professionnelle, on sait déjà que la surface de bureaux occupée par des administrations ne va pas diminuer avec ce parti (qui est, je le rappelle, officiellement au centre, et normalement pas socialiste dans l’âme, voire plutôt libéral pour les pisse-copies dont la boussole interne marque toujours l’Est).

Ce n’est pas fini.

L’UDI s’improvise Papa Noël et propose de recruter des dizaines de milliers d’emplois (jeunes) dans la fonction publique (pour changer de la même idée soutenue par le Parti Socialiste – le mot « socialiste » dans ce nom de parti n’est pas un hasard : ils sont effectivement socialistes). Pour faire bonne mesure, l’UDI propose aussi que la BCE puisse prêter directement aux États, ce qui sera accepté par une Allemagne trop contente de renouer avec Weimar. Tout comme sera acceptée par Londres, le Luxembourg ou l’Autriche cette taxe européenne sur les transactions qui fleure bon ATTAC et les sites à gauche de la gauche. Rien de tel qu’instaurer un truc qui a foiré en Suède pour redonner ce côté anarcho-capitaliste à ce parti du centre extrême qui cogne du chaton capitaliste comme pas deux.

Mais l’UDI, ce n’est pas qu’une cataracte d’emplois publics. Ce n’est pas que le parti de la bulle immobilière joyeuse.

L’UDI, c’est aussi ce parti qui prend l’engagement (la promesse électorale, dont on connaît tous la valeur une fois au pouvoir) de geler les prélèvements obligatoires jusqu’en 2017. Ou 2027. Ou 2177. No limit. Ça ne coûte rien, autant y aller de bon cœur. Et surtout, l’UDI, c’est le parti qui a une paire de couilles en béton précontraint recouvert de titane puisqu’il propose, dans un élan qu’héroïque euphémise vraiment trop, de diminuer les effectifs de la fonction publique de 0.2% par an pendant 10 ans.

Putain ! Ça pique les yeux de voir autant de violence dans une aussi petite phrase : 0.2% par an, pendant 10 ans, de réduction d’effectifs. C’est, proprement, de la bombe atomique de psychopathe milliardaire dans sa base lunaire avec des missiles et des lasers. Au minimum. Parce que si on réfléchit bien, 0.2% de réduction d’effectifs sur 10 ans, ça nous fait (à la grosse louche, je vous l’accorde) un 2% de réduction. Je n’ai pas tous les chiffres (l’émotion, la douleur, le choc, que voulez-vous), mais je pense que les simples départs en retraite doivent être largement supérieurs à ça.

Le pays croule sous les fonctionnaires divers et variés, sous les échelons administratifs multiples, sous les organismes, les agences nationales, les commissions et les hautes autorités. Le pays déborde de relances courageuses avec l’argent des autres. Et que propose l’UDI ?

Tout, deux fois, avec beaucoup de sauce !

Pas de doute, lorsqu’on fait le bilan de toutes ces propositions, et notamment de cette dernière, on comprend tout : ce parti n’est décidément pas au centre. Il est à l’ouest. Complètement à l’ouest.
—-
Sur le web

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  • Quand je pense que le PLD (Parti Libéral Démocrate) s’est rallié à l’UDI !

    Adhérent du PLD, je n’avais déjà pas aimé le machiavélisme de bazar, qui avait consisté à se rallier à Bayrou à la présidentielle 2012.

    Je n’ai pas encore pris ma cotisation pour 2013, mais la tournure des événements n’incite pas à régulariser ma situation d’adhérent.
    Si des adhérents PLD lisent ce commentaire, qu’ils n’hésitent pas à me faire part de leur point de vue.

    • Je ne suis pas adhérent, mais je compte adhérer d’ici peu. Hier, Aurélien Véron a dit sur twitter:
      « Le « shadow cabinet » UDI, une armée mexicaine dont le PLD a été exclu. C’est peut-être mieux ainsi. En attendant,… http://fb.me/2chRy3EqO  »
      Je ne suis pas sur qu’il envisage de rester à l’UDI

      • En entier, ça donne « Le « shadow cabinet » UDI, une armée mexicaine dont le PLD a été exclu. C’est peut-être mieux ainsi. En attendant, le signal est clair pour la suite. »

        C’est pas faute d’avoir prévenu Aurélien que les libéraux seraient les « cocus systématiques » de ces étatistes politocards professionnels s’il essaie de s’allier avec eux… Nous sommes nombreux à l’avoir fait sur Contrepoints ou ailleurs.

        • « Nous sommes nombreux à l’avoir fait sur Contrepoints ou ailleurs. » -> l’avoir prévenu, bien entendu.

          • T’as pas tort, Mateo, mais ceci dit, justement, l’expérience est concluante : dans cette optique, le PLD a bien fait de tenter l’expérience du ralliement avec l’UDI.

            Maintenant, ils sont fixés et pourront dire : « au moins, on a essayé ».

          • C’est sûr mais ce qu’il faut bien comprendre c’est que ce sont des chiens, passez-moi l’expression, des requins, qui n’hésiteront pas à servir puis à bouffer plus petit que soi si ça sert leurs intérêts. L’idéalisme libéral ne peut que se faire manger tout cru au milieu de cette meute d’assoiffés du pouvoir. C’est comme lâcher un lièvre au milieu d’une meute de loups.

          • Bien sûr, Mateo, ce d’autant que je fais partie comme toi de ceux qui ne se faisaient strictement aucune illusion sur cette alliance. Je me faisais l’avocat du diable en quelque sorte.

    • Je comprends qu’on choisisse de faire de l’entrisme, mais alors il faut le faire dans quelque chose qui ait d’une part une petite chance de marcher et d’autre part pas trop de contradictions avec les idées qu’on défend…

    • Je ne suis adhérent d’aucun mouvement pour le moment
      Le PLD n’ayant peut-être de libéral que le nom, je cherche des alternatives; elle se trouve peut-être dans le R2F (en construction) , même si l’adjectif libéral ne figure pas d’emblée, l’habit ne faisant pas le moine…
      http://www.rassemblement-republicain-pour-la-france.fr/
      Vos avis m’intéressent

  • Désolant et inquiétant , ces partis sortent tous des mêmes écoles et aboutissent aux mêmes politiques … et ça continue encore et encore …
    il faut vraiment que nous mettions la clef sous la porte si on veut s’en sortir , autrement on y arrivera pas .

    • bientôt, il n’y aura plus d’argent gratuit à distribuer, du moins si on reste dans la zone euro.
      On peut bien sur trouver des centaines de défauts à cette bête immonde qu’est la monnaie unique, mais à mon sens, son principal avantage (éviter l’impression monétaire directe) est ce qui pourra, dans un avenir proche, nous éviter de voir notre pays devenir un nouveau vénézuela

      • L’UDI est très fort.
        Ils ont réussi à faire élire un député (Meyer Habib) représentant les français vivant à l’etranger avec un taux de votants de moins de 5% !

      • En effet, je n’ose penser aux délires auxquelles on aurait eu droit avec une BdF au main des politiques… l’euro a au moins cet avantage.

  • excellente saillie de H16…

    Surtout que tout ce cinéma, c’est pour rabattre le gogo vers l’UMP….

  • «Mais en se maintenant à un niveau élevé (8% d’intentions de vote), le Modem de François Bayrou garde toute sa légitimité européenne et pourrait même s’offrir le luxe d’écraser son rival au centre, l’UDI de Jean-Louis Borloo, qui n’est créditée que de 5% des suffrages.»
    http://www.huffingtonpost.fr/2013/06/13/europeennes-2014-fn-ps-ump-sondage-yougov_n_3428818.html

    On annonçait un tsunami, et… le naufrage… Le PLD doit quitter l’UDI.

  • Logique, l’UDI/MODEM n’est qu’un annexe vaporeuse de l’UMPS.

    Je ne suis pas adhérent du PLD (pas encore…)
    Si ils présentent des candidats en nom propre, je vote pour eux.
    Mais hors de question pour moi de voter UMPS ou assimilé sous pretexte que le PLD est dedans.

    Dans le cas contraire, je vote FN par default pour mettre le boxon, histoire que notre état obése explose plus vite.

  • 1) Le PLD n’aurait dû soutenir personne en 2012
    2) il n’aurait pas dû aller à l’UDI
    3) à la rigueur, devenir un courant libre de l’UMP, participer à sa primaire. stratégie Ron Paul. Possible maintenant que les courants sont reconnus et qu’il y a des primaires.
    4) maintenant il faut partir de l’UDI
    5) rester indépendant
    6) à la rigueur ne pas s’empêcher une alliance – sans s’intégrer à eux – avec Force Républicaine de Fillon qui a le discours le + libéral du paysage. Il ne sera pas Thatcher, je ne suis pas naîf, mais son discours est tout de même le moins pire et c’est à mon avis là qu’il faut peser pour incruster nos idées de libertés pour 2017 et son quinquennat s’il gagne. Tout en restant indépendant. Si le jeu des alliances est la stratégie PLD (ce qui n’est pas bête en France, sinon il faut 20, 30, 50 ans pour percer seul et encore, sans aide d’un adversaire comme le FN, aidé par Mitterrand pour affaiblir la droite.. tu sors jamais de l’ombre… le tout est de ne pas se tromper de groupe où faire de l’entrisme ou avec qui « s’allier »).

    Tout ça me paraît le plus logique.

    Par ailleurs le PLD a un problème a régler, il pourrait être un « UKIP français » mais la position sur l’Europe et l’euro n’est pas claire, il y a des pro-euro et des anti-euro, où en est-on aussi sur le fédéralisme, le confédéralisme, l’Europe des Nations souveraines ?

    Le PLD appelle a voter Romney puis va à l’UDI qui n’est d’autres que la création du Parti Democrate français, pro-Obama en immense majorité. L’UMP a déçu, énormément, mais c’est bien lui le possible Parti Républicain français, si les libéraux y faisaient un courant fort et audible lors de primaires. C’est un coche manqué pour le moment par le PLD, je n’en démordrai pas. Oui ça a déjà été essayé, mais avant la droite n’avait pas fait cette mutation de courants, c’est maintenant qu’il faut essayer, on voit la liberté de ton, chaque courant UMP peut dérouler sa ligne dans les médias, il y a les motions, les primaires, ça me paraît ideal pour l’entrisme sans concessions, encore une fois si la stratégie est l’entrisme et l’alliance.

    L’UDI a été capturé par Borloo et sa ligne Parti Radical, de centre-gauche quoi qu’il en dise, social-étatiste écolo, il a juste les positions des gauches nordiques, social-democrates. Alors même que le premier courant est le Nouveau Centre, il me semble plus liberal. Bref, l’UDI aurait pu être un parfait véhicule, s’il avait un autre leader que Borloo et si la majorité portait plus une ligne libérale plutôt que fédéraliste européenne, écolo et pseudo-keynesienne. Ce n’est pas le cas.

  • Étatisme à tous les étages il y en aura pour touts les ages…Décidément pas un pour rattraper l’autre!Que fait encore le PLD avec ces tocards?

    • Je l’ai déjà dis à H16, mais c’est dommage de ne pas avoir présenté le programme de l’UDI en matière d’économie.
      Ce qui est présenté ici, ce n’est rien d’autre que les « 10 propositions » qui avaient été faites il y a un ou deux mois. Elles sont effectivement très mauvaises.

      Mais entre temps, il y a eu un conseil national, et l’adoption d’un projet économique.
      Il est consultable ici : http://www.nouveaucentre.fr/sites/default/fck_files/file/docu_orientation_politique_UDI.pdf.

      Je vous invite à tous le lire. Certes, il pourrait être plus ambitieux, mais honnêtement, il est pas si mal.
      En tout cas le contraste avec les 10 propositions est frappant.

      • Bien d’accord avec vous, LibDem. L’UDI n’est pas le parti de mes rêves, mais où militer sinon? Au PS, à l’UMP? Ils sont encore plus étatistes.

        • C’est pas une réponse. A force de pousser des tièdes, des médiocres, des faisans et des gagne-petits dans les partis politiques, on finit par avoir des tièdes, des médiocres, des faisans et des gagne-petits au pouvoir.

      • Et je l’ai lu et commenté sur mon blog.
        A part deux ou trois propositions concrètes et valables, le reste est un catalogue de mesures au mieux timides, au pire carrément socialistes.

        Non seulement, l’ensemble ne va pas dans la bonne direction, mais en plus, il y va sans conviction.

  • Borloo est un instrument qui viendra voler des voix de gogos avec de belles promesses.il viendra alimenter le barrage contre Marine le pen avec l’indécrottable Bayrou et le mélanchon nouveau.il faut au moins 3 partis avec 3 hommes de pailles pour prendre suffisament de voix à Marine le Pen et porter le ps au pouvoir…pour 7 ans ??? La fin de la France et des Français n’est pas loin.

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