Il existe de solides raisons théoriques et empiriques pour considérer qu’une dette publique élevée réduit la future croissance réelle tendancielle.
Les économistes Reinhart et Rogoff avaient raison : à partir d’un certain niveau d’endettement public (qu’ils calculèrent à 90% du PIB), la croissance économique souffre. C’est ce qu’estime la Banque des règlements internationaux (BIS) – la « banque centrale des banques centrales » –, dans son dernier rapport annuel en approuvant leurs estimations.
Par ailleurs, la BIS s’appuie sur quatre études récentes qui arrivent aux mêmes conclusions. Ces études situent entre 77% et 90% du PIB le seuil d’endettement public à partir duquel la croissance économique commence à payer la facture. Dans ces cas, une augmentation du quotient de la dette publique sur le PIB de 10 points de base correspond à une chute située entre 13 et 17 points de base du taux de croissance du PIB par habitant.
La BIS rappelle que parallèlement à l’augmentation de la dette publique, les charges augmentent et une plus grande charge du service de la dette implique plus d’impôts et moins de dépenses publiques productives. Par ailleurs, quand une proportion considérable de la dette se trouve dans des mains étrangères, il y a moins de ressources disponibles pour l’investissement et la consommation internes. Et ce qui est encore plus négatif, les taux d’imposition plus élevés nécessaires pour faire face à un service de la dette plus élevé provoquent des distorsions, réduisant encore plus l’activité économique et la croissance. Il ne s’agit pas là d’approximation intuitive, mais bien d’une analyse scientifique de ce qui s’est passé dans de nombreux pays (sous-développés, émergents ou développés) tout au long des dernières décennies.
Les économistes de la BIS rappellent également que plus élevée est la prime de risque de la dette souveraine, plus élevé est le coût de la dette et moindre l’investissement privé et la croissance à long terme. Enfin, plus les émissions de dette publique augmentent, moins les gouvernements ont de marge pour employer des politiques anticycliques. Ce qui génère plus de volatilité, plus d’incertitude et, de nouveau, moins de croissance.
En résumé, la BIS conclut qu’il existe de solides raisons théoriques et empiriques pour considérer qu’une dette publique élevée réduit la future croissance réelle tendancielle et il est évident que l’impact est considérable et se fait nettement sentir à des niveaux proches de 80% du PIB. Ce qui signifie que pour alimenter une croissance forte et soutenue, les économies avancées doivent viser des niveaux inférieurs à ce seuil. Dans certains cas, cela ne requiert pas seulement une stabilisation de l’endettement, mais bien sa réduction.
Quel serait le niveau acceptable d’endettement public ? La BIS estime qu’il n’existe pas de règle exacte pour déterminer les objectifs d’endettement. Mais selon ses estimations, on ne devrait pas dépasser les 60% du PIB dans les économies avancées et 40% dans les émergentes. Cependant, pour la BIS, le problème ne se situe pas aujourd’hui, mais dans le futur si l’on ne progresse pas dans la diminution de l’endettement. Car les engagements actuels de dépenses futures en pensions et sécurité sociale qui ne sont pas reflétés dans les calculs actuels de la dette publique accentuent le besoin d’un ajustement fiscal.
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Lire aussi :
– Surendettement public : ce que nous dit l’Histoire
– Affaire Reinhart-Rogoff et éthique intellectuelle
– La dette publique nuit-elle à la croissance ?
– Reinhart et Rogoff : erreurs et abus
Et ça, bizarrement, on n’en parle pas dans la presse…
Non les merdias n’en parlent pas!C’est sinon c’est faire le jeu de « l’ultra-libéralisme « …
Excellent article