Comment faire passer le chômage sous les 3 %

Le chômage en Suisse vient de passer sous les 3%. Quelles sont les raisons de ce miracle ?

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Comment faire passer le chômage sous les 3 %

Publié le 9 juillet 2013
- A +

 

Par Pierre Chappaz, depuis la Suisse.

 

 

— Première raison : un enseignement qui oriente très tôt une grande partie des élèves vers une formation professionnelle en alternance. Ce n’est pas en Suisse qu’on se fixerait pour objectif d’amener 80 % d’une classe d’âge à la Matu (équivalent du bac), pour fabriquer des cohortes de chômeurs « qualifiés » mais incapables de trouver leur place dans l’économie.

— Seconde raison : en Suisse, pays libéral, règne la liberté d’embauche et de licenciement. Le marché du travail fonctionne, il n’y a pas d’un côté les inclus et de l’autre les exclus. Quand on se fait licencier, on retrouve généralement un travail rapidement, ce n’est pas un drame, juste un changement.

— Troisième raison : les charges sociales sont raisonnables, soit 25 % du salaire net, à comparer aux niveaux délirants dont souffrent l’Italie ou la France, à savoir 80 %. Cela rend les entreprises suisses compétitives malgré le franc fort, et les salaires nets sont élevés, ce qui contribue à la bonne tenue de la consommation. Le salaire brut médian est de 6000 francs, soit 4761 francs net (4000 euros).

— Quatrième raison : il n’y a pas de salaire minimum en Suisse. Les citoyens vont bientôt se prononcer sur une initiative populaire soutenue par le PS qui vise à en créer un, à 4000 francs par mois, soit 3600 euros !… de quoi largement détrôner le Smic français qui détient actuellement le record mondial. Il faut espérer que cette initiative sera repoussée, car il est bien clair que l’existence d’un salaire minimum, a fortiori quand il est élevé, aboutit à priver la population la moins qualifiée de l’accès à l’emploi.

— Une dernière raison : le travail et la réussite y sont valorisés, ce qui explique le niveau très faible du chômage en Suisse. Les électeurs ont récemment refusé la proposition socialiste de faire passer les congés de 4 à 6 semaines par an.

La Suisse vient d’être classée numéro 1 mondial de l’innovation par l’Insead : elle dispose d’établissements d’enseignement prestigieux comme l’EPFL de Lausanne, des industries leader dans l’horlogerie bien sûr, mais aussi dans la machine-outil, la pharmacie, l’informatique, et même le spatial… et un écosystème de financement des entreprises performant. Mais contrairement à l’opinion répandue, l’industrie est bien plus puissante que la banque dans la confédération.

Les pays d’Europe du Sud devraient s’inspirer de la recette helvétique pour faire fondre leur chômage !


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  • Vous oubliez de mentionner un autre effet positif : Le Permis d’établissement.

    Un étranger ne peut pas s’établir en Suisse plus de deux mois sans avoir trouvé un travail.

    Les immigrants viennent, et ceux qui ne trouvent pas de travail rapidement doivent repartir. Cela ajoute à la dynamique et à la productivité.

    • En fait c’est trois mois (je m’y installe juste).
      Il faut aussi dire qu’au moindre écart, on est renvoyé à la maison. ie tu viens, tu suis les règles ou tu t’en vas. C’est normal et logique.
      Enfin, leur Pôle Emploi c’est 1 rdv hebdo et formations totalement financées (y compris à l’autre bout de l’Europe s’il le faut) pour se reconvertir dans à peu près ce que tu veux.

  • Ah mais oui, mais c’est mal la Suisse : la preuve, y a que des riches (exploiteurs de la misère humaine, fraudeurs de fisc, mafieux blanchisseurs), les gens votent pour n’importe qui et n’importe quoi : si on utilisait ce type de démocratie en France, la peine de mort ne serait pas abolie.
    Donc c’est mal, la Suisse, faut pas y regarder ce qui marche.
    Y a rien à voir, circulez !

  • Je vais vous raconter une anecdote pour que vous compreniez (en partie !) ce qu’est la Suisse. Y a de ca 15 ans, je suis partie du coté de Brienz me promener et j’ai dormi dans un B&B. Un superbe chalet avec des hôtes charmants et accueillants. Brienz est un petit village de 3000 habitants du canton de Berne qui fabrique, en autre, des boites à musique. Devant mon étonnement de voir des boites à musique en vitrine à 8000 francs (presque 7000 euros) et des Mercedes plein les rues, j’ai demandé à mon hôte comment était-ce possible ?!
    Il m’a répondu qu’à 15 kil de là, une entreprise fabriquait des moteurs électriques. Je ne voyais pas bien comment quelques spires de cuivre autour d’un rotor pouvaient payer des Merco et des boites à musique à 8000 francs !
    Il m’a répondu : Oui mais ses moteurs sont montés sur le robot qui va sur Mars !
    La Suisse, c’est ça !

    • @Libre

      Excellent!!! Et c’est absolument vrai. L’entreprise en question s’appelle « Maxon Motors ». Elle a fabriqué les moteurs électriques de « Pathfinder »

    • @ Libre

      Déjà ton témoignage, vieux de 15 ans, ne s’applique plus de nos jours.
      Ensuite je ne vois pas en quoi le fait de posséder une Mercédès serait la quintessence des aspirations de l’humanité.

      • « Ensuite je ne vois pas en quoi le fait de posséder une Mercédès serait la quintessence des aspirations de l’humanité. »

        Nan, la quintessence de l’humanité, selon harrisburg, c’est d’être au smic, de se déplacer en bicyclette, et de passer ses soirées dans son HLM devant arté à bouffer ce qu’on aura pu s’acheter avec ses tickets de rationnement. A égalité parfaite dans la merde avec tous ses compatriotes.

        • Merci K.

          @Harrisburg
          Ai-je écrit que la quintessence de l’humanité était de rouler en Mercedes ??
          Le but de mon propos était de vous expliquer qu’il y a, en Suisse, des milliers d’entreprises comme Maxon Motor encore aujourd’hui et pas des « salauds de banquiers » qui pillent la richesse mondiale. Des entreprises peu connues qui sont à la pointe de la technologie et qui ont leur usine au fin fond d’une vallée, c’est extrêmement fréquent (renseignez-vous et allez voir ce qui se passe ailleurs qu’en socialie). Et ça c’est toujours mieux que de concurrencer les chinois en fabriquant des slips à 1 euros.
          En tous cas je constate que les shadoks sont toujours prêt à trouver un bouc émissaire à leurs malheurs. Le banquier suisse, le juif, le riche, le chinois, l’allemand, etc. Et si il est juif, riche et allemand, il est bon pour le bucher.
          Les raisons de votre misère sont connues : 40 ans de socialisme.

        • Merci K, ca m’a fait beaucoup rire et c’est tellement vrai.

  • Il y a surtout une culture commune qui ne laisse guère d’air aux fainéants.

    Partout où j’ai rencontré ce contrôle social spontané, il y avait bizarrement énormément de gens qualifiés et actifs … Curieux 🙂

  • On peut probablement ajouter à cela la simplicité administrative:
    – vous n’avez pas comme ici dans l’Hexagone un code du travail de 3000 pages où même les avocats spécialisés ne parviennent pas à retrouver leurs petits…
    – en plus, honte à vous, vous n’avez pas des dizaines de milliers de fonctionnaires syndiqués de l’URSSAF à payer chaque mois, si c’est pas de la concurrence déloyale ça !

  • Ah un bon vieil antilibéral qui considère que sans un libre échange débridé, pas de libéralisme.
    Le libéralisme, ça a une échelle aussi. Dans l’article, il est question de travail. Pour ce qui est des produits de consommation, le protectionnisme suisse a de bonnes raisons d’exister : il ne consiste pas à faire ce que fait la France (ie se faire pigeonner en ouvrant des marchés à n’importe qui avec des régulations qui pénalisent la France et favorisent les autres) mais à maintenir un marché pour les producteurs dans le pays, sans se priver d’importer ce qu’il est possible d’importer.
    Mais bon, on a la lecture qu’on veut des choses!

  • … et si on supprime complètement le secret bancaire, je pense que le chomage suisse va bondir à environ 8% dans 2 ans.

  • @aloygah
    C’est pour ca que la Suisse est inférieure a Singapour et Hong Kong, a mon avis. Mais la Suisse reste un bon modèle pour la France.

  • http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201305/26/01-4654541-les-suisses-vont-voter-sur-le-principe-dune-allocation-mensuelle.php

    Ah mais oui, j’oubliais qu’ici on informai pas vraiment, s’cusez !

    Effectivement, la Suisse est un exemple à suivre, dans beaucoup de domaines.
    Toute les mesures libérales sont bonnes à prendre, lorsque l’Homme y est pleinement considéré, et aujourd’hui, en Suisse, il est en passe de l’être.

    Ceci dit,

    Osera-t-on accuser les suisses de vouloir soutirer de l’argent aux pauvres riches?

    Se permettra-t-on d’insulter de fainéants ces miséreux quémandeurs?

    Il ne fait nul doute que ce site se fera l’écho de tels propos.

    Bye.

    • @ LaReflexion

      La grande majorité des initiatives populaires sont rejetées par le peuple. Il y a fort à penser qu’il en sera de même pour celle-ci… D’autant plus, si elle est déjà combattue au sein même de la gauche…

  • L’effet positif c’est la dette de l’état français qui force la stabilité des intérêts en Suisse.

  • le protectionnisme peut être?

  • C’est en grande partie exacte comme information. Néanmoins, il faut voir aussi que la mentalité des entrepreneurs n’est pas la même. Ils ont le sens de la justice sociale.

  • Merci d’envoyer cela à notre premier ministre francais

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