Pour un pluralisme médiatique

Comment se forger une opinion si les médias répercutent unanimement une même pensée unique ?

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Kiosque à journaux à Paris (Crédits : Zoetnet, licence CC-BY 2.0), via Flickr

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Pour un pluralisme médiatique

Publié le 16 juillet 2013
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Comment se forger une opinion si les médias répercutent unanimement une même pensée unique ?

Par Vladimir Vodarevski.

Kiosque à journaux à Paris

Nous vivons dans un monde en apparence saturé d’informations, et de l’information gratuite. La France compte deux chaînes de télévision gratuites consacrées à l’information. Sur les ondes radios aussi l’information est abondante, entre les radios généralistes, la talk radio RMC, les chaînes d’information BFM et France Info. La presse est abondante, gratuite, payante, quotidienne et magazine. Internet en apporte une couche supplémentaire, accessible d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un mobile, sachant que tous les autres médias ont leur site, et en y ajoutant les pure players, qui ne sont présents que sur la toile.

Pourtant, sommes-nous informés ? D’abord, avons-nous facilement les différents avis sur un sujet donné ? Les différentes chaînes de télévision, les stations de radio, les journaux et magazines, ainsi que les sites internet, répercutent d’abord les dépêches des agences d’information, les déclarations ministérielles, les dossiers de presse ministériels, les dossiers de presse des différents organismes, associations, grosses entreprises, syndicats. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les articles aux dossiers, par exemple, de l’INSEE, qui est la référence socio-économique des médias. Ou aux dossiers de presse des sites ministériels. Tout est disponible sur le net.

Ce sont par ailleurs toujours les mêmes personnes qui sont interrogées dans les médias. Combien d’article citant Patrick Artus, un des frères Attali, Christian de Boissieu ? Je ne mets pas en cause ces personnes. Le constat est que, par exemple, quelqu’un qui a une opinion différente, comme Pascal Salin, est rarement cité. Les journalistes ne vont pas faire de recherches pour trouver différentes opinions sur un sujet, et solliciter différents professeurs en économie, professant différentes opinions. Je doute que quelqu’un comme Guido Hülsmann ait été beaucoup sollicité, alors qu’il est quand même en France un des rares senior fellow du Ludwig von Mises Institute.

Dans aucun domaine il n’y a la recherche du pour et du contre, à travers des figures reconnues. L’écologie en est un autre exemple. Seule est présentée la thèse du réchauffement climatique d’origine humaine, sérieusement ébranlée pourtant. L’irruption d’une opposition, argumentée, à l’union homosexuelle a surpris. Parce que, au final, émerge une sorte de pensée officielle, basée sur la com’. Ce sont ceux qui savent le mieux communiquer, qui jouent sur les sentiments plutôt que sur la rationalité, et sur le populisme, qui imposent leurs vues.

Ainsi en est-il en économie. Aujourd’hui, la théorie dominante en économie est une sorte de keynéso-monétarisme, décrit dans un précédent article. Cette théorie enseigne qu’il faut augmenter la dépense publique, et faire marcher la planche à billet pour retrouver la croissance. Face à l’échec de ce genre de politique, certains se demandent s’il ne faut pas une autre politique, plus pragmatique. Constatant les contraintes réglementaires, fiscales, sociales, auxquelles font face les entreprises, ils demandent un allègement de ces contraintes pour relancer la croissance et l’emploi. De même, ils s’inquiètent de la pression des prélèvements sur les forces productives, et demandent un allègement pour relancer la production. Ces mesures de relance demandent des efforts. Elles sont donc qualifiées d’austérité. Le paradoxe est que ce genre de politique est accusé « d’austérité », alors que les efforts demandés ne sont que la conséquence des politiques précédentes de dépenses publiques. Mais il est plus profitable politiquement, et commercialement pour un média, de dénoncer une politique qui demande des efforts, en omettant de signaler que les efforts demandés sont la conséquence des erreurs passées. Et les médias, relayant les informations de l’État, à travers notamment l’INSEE, n’ont plus aucun esprit critique.

Se faire sa propre opinion, pour le commun des mortels, une famille élevant deux ou trois enfants, n’ayant pas le temps de faire ses propres recherches, c’est quasi impossible. La télévision continue de dicter son idéologie, relayée par la presse et internet. Sans compter que le gouvernement contrôle l’éducation nationale. Personne ne s’interroge sur qui contrôle l’éducation dans notre pays, ce qui est proprement hallucinant.

La conclusion est que, paradoxalement, il est aujourd’hui très difficile de se faire une opinion à partir de faits, et d’arguments rationnels, dans un monde d’hyper communication. Avoir une opinion divergente, ne serait-ce que pour tester son opinion, selon le principe scientifique, oblige à sortir des sentiers battus. On ne saurait trop conseiller le site Contrepoints par exemple, pour sortir du politiquement correct.

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  • N’importe quoi tous les specialistes intervenant dans les médias ne cessent pas de repeter que la priorité c’est de rembourser la dette et diminuer les dépenses publiques et donc revenir au moins en partie sur les acquis sociaux .
    Contrepoints c’est dans la droite lignée de l’idéologie dominante, c’est juste moins hypocrite.

    • @ Makhno : « tous les specialistes intervenant dans les médias ne cessent pas de repeter et diminuer les dépenses publiques et donc revenir au moins en partie sur les acquis sociaux  »

      Ah bon ? pouvez vous les citer svp ? j’ai du mal à voir, sauf dans l’émission » les experts » de BFM.

      • Dominique Reynié et Pascal Perrineau par exemple.

        • Aucun des deux n’a jamais dit une chose pareille. Ils excluent totalement de « rembourser la dette », et plaident l’un et l’autre pour la défense du « modèle social » français.
          Par contre c’est vrai qu’ils commettent l’horrible crime-pensée d’admettre que certains prétendus acquis sociaux n’existent simplement pas, parce qu’il n’y a rien en face des « droits » généreusement distribués : la retraite par exemple représente une créance fictive de plusieurs milliers de milliards d’euros, que la réalité va faire disparaitre en rognant « l’acquis social » soit du coté dépense (retraite diminuée) soit du coté recette (impôts augmentés pour le peuple, les riches ne l’étant pas assez pour payer même si on les spoliait intégralement).

    • « tous les specialistes intervenant dans les médias ne cessent pas de repeter que la priorité c’est de rembourser la dette et diminuer les dépenses publiques » Factuellement faux

      Et combien défendent la retraite par capitalisatione et le libre choix d’assurance maladie?

    • t’as pas honte d’utiliser comme pseudo le nom d’un célèbre anarchiste anti-bolchevik pour débiter tes fadaises, frappées du coin du marxisme-léninisme ?

    • Ah ! Voilà le zozo du jour !

      (Probablement le même que les jours précédents, sous un pseudo différent…)

  • Vous écrivez « qui contrôle l’éducation dans notre pays ? », il faut savoir que 80% des journalistes ont au moins un parent enseignant. Par ce fait, celui qui contrôle l’éducation des « lettres », contrôle également les journalistes.

  • Le politiquement correct ? C’est ce que veulent les gens. Les médias s’adaptent à ce que nous voulons entendre.

    En outre, vous accusez les médias de ne pas avoir de sens critiques, pourtant ils ne cessent de taper sur Hollande, car c’est ce que veulent les citoyens. Descendre Hollande et sa politique, c’est ça qui est devenu le politiquement correct.

    Aujourd’hui, être politiquement incorrect, c’est défendre la politique du gouvernement. Osez dire qu’Hollande fait du bon boulot et vous vous attirez les foudres de tous. On vous traiterait d’idiot.

    Qui plus est, je n’aime pas le terme politiquement correct, qui est clairement péjoratif. Vous devriez remplacer cela par « ceux qui ne pensent pas comme nous ».

    • Vous comprenez de travers, il me semble.

      On dit que les médias n’ont pas de sens critique par rapport à l’idéologie socialiste, pas par rapport au fait qu’ils tapent sur Hollande parce qu’il ne réalise pas leur rêve socialiste.

      Apprendre à distinguer idéologie et parti, ce serait déjà un premier pas.

    • C’est à dire que, pour affirmer que Hollande fait du bon boulot …

  • Pour revenir au sujet, oui, j’ai l’impression que les médias dominants ne font aucune analyse originale et se contentent de reprendre les dépêches AFP et les commentaires des habituels beaux parleurs sans sens critique. Se poser simplement la question de pourquoi on en est là et à qui la faute serait parfois rafraîchissant …
    Merci à Contrepoints que je lis avec plaisir et interet même si je ne suis pas toujours d’accord

  • Dans une émission de radio j’ai entendu Serge JULY, qui au mois assume son appartenance, expliquer que le premier geste que fait, le matin, un journaliste, est de consulter internet pour s’informer de ce que disent les autres.
    Journaliste n’est pas un métier, c’est un statut.
    Heureusement les pensées iniques (sic) se suivent et ne se ressemblent pas.
    Aucune parenté entre le bug de l’an 2000 dont parlait les médias sans toutefois oser l’annoncer, mais en prétendant que pourraient être touchés : les ascenseurs, les vols aériens, et bien sur les ordinateurs,… et le RCA, dont l’échéance a la vertu ne n’être pas précisément daté que l’ensemble des médias nous diffuse en chœur, qui s’insinue jusque dans les écoles.
    Quand à la dette, si aujourd’hui la mode est à son remboursement, 40 ans durant elle a été au déni.

  • J’avoue que cela fait plus d’un an que j’attends de voir une personne faire le même constat que beaucoup d’entre nous faisons. Alors, merci pour votre édito.
    Pour ma part, j’ai souvent dénoncé le formatage des analyses, le manque de connaissance des faits, voire même le manque de connaissances tout court, un entre-soi parisien souvent déconnecté des réalités du reste de la France, de l’Europe et du reste du monde, la people politique au détriment de l’information, toujours les même intervenants avec les même arguments superficiels et politiques… du marketing idéologique, de la publicité. Internet est aussi un outil de recherche qui permet une meilleur appréhension des faits au travers de tous les documents officiels mis à notre disposition. Enrichir ses connaissances ce n’est pas qu’une question de temps, c’est avant tout une volonté de vouloir préserver la liberté de pensée, d’être libre de se positionner et de choisir. Cultiver les apparences sans prendre soin de ses neurones, c’est prendre le risque d’être manipulé puis forgé à la pensée unique et devenir un chiffre de sondage, un individu noyé dans la masse et étiqueté, une entité sans identité ni particularité.
    Au fond, c’est cette ignorance passive, ou entretenue par certaines élites (politique, journalistique et autres) qui permet à certains de pouvoir préserver leurs intérêts. Mais jusqu’à quand? Une démocratie ne repose pas sur une masse lobotomisée par des flashs info, des buzz, des hashtags, des rumeurs, des conjectures, des sondages, et des gens qui s’écoutent parler. Trop d’analyses erronées, trop d’interprétations, trop de manipulations. L’hyper communication a tué la communication et de plus en plus de gens cherchent à comprendre et même à débattre pour échanger leurs connaissances. Les ventes de journaux et revues baissent, de même que l’audimat des chaînes d’infos. Les experts et représentants politiques sont de plus en plus contestés. Des quatre coins de France, de tout âge et de toute classe socio-professionnelle, des esprits s’éveillent et refusent à présent le monopole de certains sur l’information, l’endoctrinement de l’esprit, la servitude neuronale.
    L’exemple du jour c’est l’émission de C dans l’air avec toujours les mêmes protagonistes pour débattre, les mêmes analyses rabâchées depuis deux jours et aucun expert en communication, ni même un économiste. Ce n’était pas du politiquement correct, c’était de la médiocrité politicienne.
    Merci à Contrepoints de stimuler nos neurones.

    • Sages propos, mais ici vous êtes sur contrepoints, et vous avez oublié de préciser que C dans l’air est une émission de propagande marxiste.Vos propos peuvent prêter à confusion et on pourrait vous prendre pour l’un des leurs. J’ose espérer que ce n’est pas le cas?

      • Heureusement, que l’émission citée en exemple de manipulation n’était pas sur Canal, sinon j’aurais dû en plus fournir un décodeur! Mauvaise écriture? Mauvaise interprétation? Peu importe, le fait est que cette émission a été pour moi aujourd’hui un vrai supplice neuronale. Par contre, il y a quelques jours, sur ce même plateau, les interventions de Christian Saint Etienne et Roquette n’avaient rien de « marxistes » et étaient d’une autre teneur.

  • Et tous ces journalistes et politiciens de gauche qui appellent les politiques d’austérité « des politiques libérales » voir « ultra-libérales » alors qu’elles sont à 80% des hausses d’impôts… le niveau zéro quoi.

  • Tandem classique : Monsieur ministre, Madame journaliste. Tout est là.

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