Hausse du chômage en juin et gestion politicienne de l’emploi

L’information a fait la une de la grande presse : les chiffres du chômage en juin sont moins catastrophiques que ce à quoi « on » s’attendait !

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Hausse du chômage en juin et gestion politicienne de l’emploi

Publié le 28 juillet 2013
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L’information a fait la une de la grande presse : les chiffres du chômage en juin sont moins catastrophiques que ce à quoi « on » s’attendait !

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Pôle emploiL’escroquerie à la « com »

Arrêtons nous sur l’aspect purement « com » de cette information qui n’en est pas une. C’est une nouvelle technique de communication pour faire passer les mauvaises nouvelles. On laisse fuiter un chiffre, des données, voire on publie même des chiffres partiels qui annoncent des lendemains noirs sans toutefois les confirmer, puis, lorsque les chiffres définitifs sont publiés, on les compare non pas aux chiffres définitifs précédents, mais aux estimations manipulées. Dès lors, 14 900 chômeurs de plus deviennent une bonne nouvelle, puisque les estimations étaient supérieures… Dormez en paix, braves gens, puisqu’on vous dit que tout va bien.

Remarquez que cette technique de communication nous vient des États-Unis où elle est très utilisée, en particulier depuis l’arrivée d’Obama. Notamment par les administrations qui, en plus, pratiquent la correction à posteriori. C’est-à-dire que les chiffres du chômage, de l’inflation ou de la consommation sont corrigés deux ou trois mois plus tard. Ce qui fait que lorsque vous prenez chacun de ces chiffres, que vous les mettez bout à bout et que vous les comparez aux chiffres annuels, cela n’a plus rien à voir… Gageons que cette technique sera bientôt mise en vigueur en France. Nous ne manquerons pas de vous en informer.

Cette méthode de communication est également très utilisée par les entreprises, comme Apple par exemple. Extrait d’un article des Échos du 24 juillet : « Les marchés sont rassurés : Apple ne va pas si mal que ça ! Déçus, il y a trois mois, par les résultats financiers et les prévisions qui les accompagnaient, les investisseurs redoutaient la publication de mardi soir. Les chiffres du troisième trimestre de l’exercice 2012-2013 (clos le 30 septembre) ont apaisé leurs craintes. Certes, le bénéfice net a encore reculé de 22 %, à 6,9 milliards de dollars, et les revenus sont restés stables à 35,3 milliards. Mais ces chiffres se révèlent supérieurs aux attentes de Wall Street. » Le bénéfice a chuté de 22%, mais comme « on » avait fait fuiter pire, Wall Street est content ! Nous vivons une époque formidable de relativisme général qui fait qu’on ne compare plus en rien des valeurs absolues à des valeurs absolues, mais que toujours on s’exprime en termes relatifs. Dès lors, en changeant la base de référence, on obtient le résultat que l’on veut… Du moins en termes de communication.

L’équivalent de la ville de Trappes au chômage le mois dernier

N’empêche, 14 900 chômeurs de plus, c’est, avec l’incidence sur les familles, une ville de la taille d’Alençon, de Périgueux ou de Trappes, tiens, pour rester dans l’actualité, qui se retrouve du jour au lendemain sans travail, c’est-à-dire qui passe du statut de producteur de richesses à celui de consommateur de richesses.

Évidemment, présenté comme cela, ça n’a pas tout à fait la même figure que ce que vous avez pu lire dans votre journal préféré. N’empêche, c’est la stricte vérité et la triste réalité.

Pourquoi ne pas tirer les enseignements de son aveu ?

14 900, c’est moins que les autres mois ! Avant de faire une marche arrière, lorsque vous conduisez une voiture, il faut commencer par la ralentir (Michel Sapin sur Europe 1), l’inversion de la courbe du chômage pour les jeunes, c’est maintenant (le même au même endroit). En fait, les contrats aidés commencent à se faire sentir, c’est pour cela que ce sont les jeunes qui sont les principaux bénéficiaires de cette relative accalmie dans les suppressions d’emplois.

Mais que sont les contrats aidés ? 75% de leur coût est pris en charge par la collectivité, c’est-à-dire par les prélèvements fiscaux. Il vaut mieux les payer à faire quelque chose qu’à ne rien faire, me direz-vous. Mais si on part du principe qu’en « aidant » les employeurs, ceux-ci peuvent embaucher, n’est-ce pas la reconnaissance d’un coût prohibitif du travail ? Je n’arrive toujours pas à comprendre, après plus de trente ans d’emplois aidés en tous genres, ce raisonnement qui consiste à augmenter en permanence le coût du travail pour ensuite « accorder » généreusement des dégrèvements afin de maintenir le nombre des chômeurs au dessous d’un seuil subjectif. Les jeunes ainsi « embauchés » (je mets entre guillemets car ils ne sont pas embauchés, ils sont occupés un certain temps) ne seront jamais nombreux, pas sortis de la galère, voire ne seront jamais considérés que comme ayant eu un emploi au rabais qui dévalorise leur profil (cf. la vidéo ci dessous).

Un coût aussi important pour un résultat aussi faible ? Je suis convaincu pour ma part qu’une baisse substantielle des charges permettrait l’embauche (réelle) de beaucoup plus de jeunes dans des emplois s’inscrivant vraiment dans des perspectives de carrière. Mais voilà, pour obtenir un tel résultat, il faudrait commencer par reconnaître que l’emploi, à moins de considérer que nous sommes dans une économie communiste, n’est pas du ressort de l’État. Et ça, au vu du profil de nos dirigeants, des livres d’économie distribués dans les lycées, ou des épreuves d’éco au bac, c’est pas demain la veille…


Sur le web.

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  • C’est sur qu’avec des socialistes, le marché noir progresse plus vite que le reste.

  • Pourquoi payer avec des taxes des gens qui ne remplissent aucun service utile sachant que leur avenir est encore plus compromis tout en bloquant la création d’entreprises, d’emplois réels et d’une vraie richesse ? Quel le premier mot qui vient à l’esprit pour qualifier des dirigeants qui sont convaincus que ce système est le bon ? Des millions de jeunes et de moins jeunes ont des idées, de l’énergie, des compétences mais rien ou presque ne bouge. Mais qu’est-ce on a dans ce pays contre la liberté de créer son propre emploi et d’en vivre sans dépendre des autres ?

    • Ils donnent mauvaise conscience à tous ceux qui ponctionnent leur tribut sur les ressources produites par ceux qui veulent rester autonomes, alors même que, sans ceux-là, ils disparaitront! (perspective très proche désormais). Plutôt mourir qu’affronter l’adversité du monde: c’est la logique du nihilisme.

    • @Eric Companie: « Mais qu’est-ce qu’on a dans ce pays contre la liberté de créer son propre emploi et d’en vivre sans dépendre des autres? » Mais c’est un état socialiste qui VEUT tout contrôler , tout diriger et faire des braves gens, en plus des fonctionnaires, des assistés. Ces pauvres ne « savent » pas gérer le pognon qu’ils gagnent, parce qu’ils n’ont pas fait l’ENA, voilà la raison!!!

    • @Eric Companie
      « Mais qu’est-ce on a dans ce pays contre la liberté de créer son propre emploi et d’en vivre sans dépendre des autres ? »

      Attention à ne pas tomber dans la démagogie à propos des compétences professionnelles.

      Tout comme le faisait Jospin avec les étudiants et le bac pour 80% de la population, il ne faut pas non plus promettre des emplois pour tous à n’importe quel prix.
      Sinon, vous risquez fort avec ces idées libérales sur l’emploi de provoquer l’adhésion d’un lot d’incompétents notoires qui n’ont pu accéder à un emploi convoité et par rancÅ“ur et simple intèrêt personnel vont penser trouver dans le liberalisme des solutions « toutes faites » résolvant leurs problèmes.
      Ce serait un grave malentendu.

  • « Gageons que cette technique sera bientôt mise en vigueur en France. Nous ne manquerons pas de vous en informer. »
    Mais il me semble qu’elle est déjà en vigueur puisque les données relatives au chômage, à la (dé)croissance et à l’accroissement de la dette sont toujours revues et corrigées quelques semaines ou mois plus tard.
    « Mais voilà, pour obtenir un tel résultat, il faudrait commencer par reconnaître que l’emploi, à moins de considérer que nous sommes dans une économie communiste, n’est pas du ressort de l’État. »
    J’aime beaucoup le « à moins » … Comme je l’ai dit dans un commentaire laissé sur Atlantico, il y a trois pays communistes dans le monde : Cuba, La Corée du Nord et la France. Même les Chinois ont compris que le libéralisme était la seule voie pour améliorer les conditions de vie des citoyens. Certes la corruption y est presque un devoir national pour les membres du parti, mais n’en est-il pas de même en France, citez-moi un seul politicien qui est plus blanc que blanc pour reprendre les termes de Coluche ? La France souffre d’une gangrène datant du diktat du Conseil National de la Résistance qui a imposé à l’issue de la guerre des principes de gouvernance issus du régime de Vichy et nous y sommes toujours ! Que ce soit le rôle des syndicats, la mission de l’EducNat, les divers corporatismes dont la notion a été établie et institutionnalisée par le régime de Vichy et le principe de la sécurité sociale directement inspirée du système national-socialiste allemand de l’époque. Mais relisez l’histoire, c’est tellement évident que plus personne ne remarque cet état de fait. A moins de retomber dans le totalitarisme, le système marxiste et dirigiste français va s’écrouler de lui-même à la faveur d’un grave crise financière et économique qui est paradoxalement souhaitable.

  • On a aussi de jolies manipulations de chiffres pour le recrutement des professeurs. On pavoise sur le retour des vocations, alors qu’il y a de nombreux postes non pourvus, en particulier en mathématiques, et ce malgré un deuxième concours exceptionnel cette année.

    La com du gouvernement: http://www.education.gouv.fr/cid73063/concours-enseignants-des-resultats-qui-attestent-d-un-regain-d-interet-des-etudiants.html

    Une analyse ici: http://www.laviemoderne.net/detox/51-piege-a-con-cours-suite

  • Sinon pour les chiffres du chômage, il ne faudrait pas oublier tous ceux qui sont en âge de travailler, qui ne travaillent pas et ne sont pas pour autant inscrits au chômage (je ne parle pas des mères au foyer).

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