Le collectif des “Dupés” poursuit son coup de gueule contre les dérives bureaucratiques de l’État : la sur-règlementation du travail, le paternalisme et l’excès de charges sociales. Interview d’un porte-parole du mouvement.
Propos recueillis par Arnaud Bichon.
— Comment le collectif des “Dupés” s’est-il constitué ?
Les Dupés sont, à l’origine, un groupe d’industriels du textile du bassin stéphanois. Dominique Jabouley, aujourd’hui porte-parole du collectif, a décidé d’agir lorsqu’au cours d’une discussion avec deux autres industriels, ceux-ci lui ont fait part de leur crainte de devoir recruter, pour faire face à la croissance de leur activité. En effet, le code du travail est tellement complexe et il est devenu tellement pénalisant de recruter que certains dirigeants n’osent pas franchir le pas. C’est sur la base de ce constat que ce groupe d’industriels du textile a décidé de peser le code du travail depuis 1978 pour mesurer sa “prise de poids”. Ce coup de gueule a donné naissance aux Dupés et au mouvement qui a suivi.
— Pourquoi ne pas chercher plutôt à agir au sein des syndicats patronaux, aguerris aux négociations avec les élus ?
Le collectif des Dupés – avant qu’il ne soit organisé, que le nom ne soit trouvé… – a sollicité les instances patronales représentatives de la Loire. Le MEDEF a simplement relayé son courrier, la CGPME n’y a pas répondu. Parmi les initiateurs des Dupés, certains sont membres d’organisations patronales et y ont même exercé des responsabilités. Mais, ici, l’objectif était surtout de faire connaitre le coup de gueule partout en France. Peu de chances que le MEDEF le relaie (en pleine campagne pour renouveler son président) ni la CGPME qui n’avait pas répondu au courrier. Toutefois, cela n’enlève rien à la légitimité de ces organisations mais elles ont tendance à s’institutionnaliser. Or, l’objectif des Dupés était de pousser un coup de gueule qui ne soit pas nécessairement politiquement correct.
— Quels sont vos moyens et modes d’action ?
Pour se faire connaitre, il a été décidé de nommer le collectif les DUPÉS (pour Dirigeants Ulcérés par la Politique Économique et Sociale), de lui donner un symbole (une poire) et de simplifier les messages avec des infographies. Ensuite, un site Internet www.les-dupes.fr a été mis en place pour recueillir des signatures et toucher un maximum de dirigeants partout en France. Au départ, le mouvement est parti de Rhône-Alpes et grâce aux réseaux de chaque signataire, à des emails et aux réseaux sociaux, un effet boule de neige a eu lieu pour atteindre aujourd’hui près de 4 000 signataires. Assez vite, la presse s’est intéressée au mouvement ce qui a permis de toucher encore davantage de dirigeants mais aussi les instances nationales du MEDEF.
— Quels sont vos objectifs, à quoi espérez-vous parvenir ?Â
Nous espérons arriver à ce que le code du travail soit simplifié et à ce que le financement de la protection sociale évolue. Bref, que l’on arrête de ponctionner sans cesse les entreprises, en charges mais aussi en paperasseries. Notre manifeste se focalise sur ce qui est le plus néfaste aux entreprises françaises et ce qui doit changer absolument. Arrêter de créer un impôt puis le crédit d’impôt qui va avec par exemple ! Autant baisser les charges. Nous ne sommes pas contre des mesures nécessaires en période de crise (un impôt pour un temps donné avant de baisser les charges) mais nous sommes pour qu’on lève la tête et qu’on mette un peu de bon sens dans les décisions qui régulent la vie des entreprises en France, et particulièrement les entreprises industrielles.
— Votre action nous rappelle celle des “Pigeons” dont les résultats peuvent paraître bien modestes au regard de l’écho médiatique qu’elle avait suscité…
Non, les Pigeons étaient des personnes beaucoup plus connectées que nous aux médias, aux décideurs politiques. Par ailleurs, ils dénonçaient une décision bien précise – l’augmentation de la fiscalité sur les plus-value de cessions, dans le cadre du PLF 2013 –, ce qui a maximisé leur audience. De notre côté, nous dénonçons plutôt une tendance qui perdure depuis 30 ans en France : complexifier sans cesse le code du travail, faire porter les dépenses sociales aux entreprises… Nous n’espérons pas forcément de changements immédiats mais plutôt une impulsion qui pourrait commencer à donner des résultats dans 2 ou 3 ans. Nous veillerons ensuite à ce qu’il n’y ait pas de retour en arrière…
Extrait du manifeste des Dupés
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Trop de charges en France… tue l’emploi !
Au lieu de suivre l’esprit du rapport Gallois en baissant les charges des entreprises, l’État a décidé de procéder avec paternalisme en créant la CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) soit une somme d’argent à verser aux entreprises qui va encore nécessiter de remplir des papiers et de respecter des règles !
- Nous demandons à ce que l’on arrête de nous faire des cadeaux sous forme de versement d’argent hypothétique et différé.
- Nous demandons que l’on baisse nos charges (directement en moins à payer à l’Urssaf en fin de mois) plutôt que de nous verser de l’argent contre des démarches administratives !
Trop de différence entre le salaire brut et le salaire net… ne motive pas nos salariés.
Depuis 30 ans, droite, gauche, syndicats patronaux et salariés n’ont cessé de baisser la part du salaire net au sein du salaire brut, accroissant toujours plus les dépenses sociales pour les entreprises et les salariés aux dépens de la liberté individuelle de dépenser.
- Nous demandons à ce que l’on redéfinisse complètement notre système d’assurance et de répartition, afin d’augmenter la part du salaire net de nos salariés
- Nous souhaitons qu’il subsiste une différence entre salaire net et salaire brut, mais pour assurer les besoins majeurs comme l’hospitalisation, les cotisations retraite ou une part d’assurance chômage sous condition.
Lire aussi : En finir avec la lourdeur du Code du travail
Salaires : ce que le capitalisme vous offre, ce que le socialisme vous laisse
Lettre ouverte aux Pigeons présents et futurs pour les convaincre de passer à l’action
Les Dupés me paraissent assez frileux….
-seraient ils prêts à abandonner toutes des niches fiscales dont les entreprises bénéficient, en échange d’une flat tax sur les bénéfices ?
– seraient ils prêts à une transparence totale sur le taux de turn over, l’ancienneté médiane, le taux d’absentéisme et le nb de salariés, et d’une flax tax sociale dont le taux serait bien évidement lié à l’absentéisme et le recours aux contrats courts, en échange d’une liberté d’embauche et de licenciement ?
PS : je suis pour l’application du droit européen et la libre adhésion de chaque personne au régime de sécurité sociale de son choix.
En gros vous demandez si les dupés sont près à échanger une usine à gaz contre une autre…
@Rocou
Un post est toujours trop court… mais je pense qu’il est possible de rester simple..; (pour peu que l’on évite la haute administration)
– une seule déclaration pour l’employeur via internet : la déclaration d’embauche et de licenciement ( l’administration possède déjà les information sur les employés existant et les organismes de sécu les arrêts de maladies)
– un portail WEB initialisé lors de la création de l’entreprise avec le nom de l’entreprise , du dirigeant et l’activité de l’employeur ( l’administration connait déjà tout cela pour les entreprises existantes)
– Et comme je suis pour responsabiliser les employeurs vertueux… ils sont nombreux … donc la flat tax “social” doit les valoriser, servir d’argument commercial auprès de consommateurs responsabilisés… Alors j’ai besoin d’un modèle mathématique assez basique, basé sur les statistiques que les administrations passent leur temps à calculer dans tous les sens… pour déterminer un taux d’absentéisme “attendu” en fonction du secteur d’activité et de l’age des salariés.
( bon d’accord, là on peut faire plus simple, mais il faut aussi donner des gages à la liberté d’entreprendre et d’embauche/licenciement)
– un taux unique de cotisation pour tout les actifs, avec un bonus pour les employeurs qui bichonnent leurs salariés et un malus pour ceux qui préfèrent pratiquer les contrats courts et se soucis peu de l’absentéisme.
Il existe un moyen simple de répandre ces idées que nos politiques cachent : les entreprises devraient donner chaque année à leurs salariés une augmentation brute et en déduire les ajouts d’impôts, de charge et de réglementation pour aboutir à une augmentation nette. Les salariés se rendraient alors compte que c’est eux qui paient au final.
Par exemple, à une augmentation brute de 2%, il faut déduire 0.1% de cotisation patronale supplémentaire, idem pour 0.1% de nouvelle cotisation salariale, X% d’augmentation de la CSG, etc pour aboutir à 1% d’augmentation net.
En faisant cela, les salariés seraient conscient des efforts des entreprises et qu’en réalité l’Etat et ses affiliés se “nourrissent sur la bête” sans vergogne.
Les entreprises devraient aussi mettre le total du salaire super-brut dans les fiches de paie (salaire brut + cotisation patronales) et mettre les pourcentage du salaire net par rapport au brut et au super-brut. le salarié serait alors capable de comparer ses feuilles de paie d’une année sur l’autre et de voir la diminution progressive de la part du salaire net.
Le CICE est un simple artifice comptable afin que la réduction des charges en 2013 ne soit payé par l’Etat en 2014 sans passer par du déficit publique supplémentaire en 2013 …
En effet, la hausse de TVA destiné à payé le CICE n’a lieu qu’en 2014, l’Etat n’a donc pas l’argent et aurait été obligé d’augmenter son déficit de 1% du PIB en plus. Mais pour cela, ce sont les entreprises qui s’endettent à hauteur de ce CICE et qui en payent les intérêts. Leur taux d’intérêt sur un an est plutôt de 3% au lieu de 1% pour l’Etat. En plus d’une augmentation de leur endettement, cela va coûter au pays ce taux d’intérêt et ce tous les ans et pas seulement en 2013. Donc pour économiser 1% de déficit en 2013 et donc 200 millions d’euros d’intérêt (1% de 20 milliards), ce gouvernement va faire payer aux entreprises 600 millions de charges financières tous les ans (3% de 20 milliards). le petit gain de compétitivité 2013 va donc se payer par une charge financière récurrente qui va elle même plombé la compétitivité.
Ce gouvernement marche sur la tête. Les seuls gagnants seront donc les banques, dirigés par des énarques copains de notre président, qui vont faire sans efforts 20 milliards de prêts avec peu de risques aux entreprises. Par ici la bonne soupe.
Les dupés devraient quand même se demander pourquoi la CGPME ne leur a pas répondu avant de poursuivre plus loin .
Merci pour cette très claire explication de l’entubage en cours.
Et on ne parle pas de la csg sur les dividendes augmentée et payée par avance cette année, pratique qui relève du même exercice.
Les socialistes sont de gros filous. Que même Sarko qui était un fin renard leur rend des points.
Une seule revendication logique: abrogation totale du Code du travail. Remplacement par 3 pages d’un contrat unique, simple dont le Code ne donne que les principes généraux, chaque entreprise se débrouillant pour le reste. Et surtout que l’état ferme sa g…le. Parallèlement suppression du corps des inspecteurs du travail, qu’on mettrait à travailler -pour une fois-. Et suppression évidente des Prud’hommes. Tout litige éventuel étant réglé par les tribunaux ordinaires.
JDe temps en temps, je fais des reves :
Attention il ne s’agit que d’utopies….
UTOPIE n°1 : ENTREPRENDRE
– liberté totale d’entreprendre là ou on veut, quand on veut, comme on veut ( sauf risque pour la santé des employés, clients, et voisinage) = une simple déclaration administrative et fiscale par internet et gratuite.
– liberté totale d’embaucher et de licencier des salariés, AVEC la publication en temps réel du nombre d’employés, de l’ancienneté médiane et du taux de turnover = une simple déclaration d’embauche/fin de contrat + accessibilité en ligne via internet
– un seul contrat de travail pour tous : pour les fonctionnaires, salarié, indépendant, avec les mêmes droits et même taux de cotisation : “flat tax sociale, avec un taux tenant compte de l’absentéisme, ancienneté médiane et du turn over”
– suppression du smic si associé au revenu de subsistance ( ou équivalent)
– suppression du code du travail si associé au revenu de subsistance ( l’employeur reste toujours responsable de la santé des clients, employés et environnementales
UTOPIE n° 2 : SECURITE SOCIALE
– revenu de subsistance de 800 à 1000 euro par personne de la naissance à la mort, sans condition de ressources ( 50% pour enfant moins de 16 ans, 150% pour personnes handicapés, dépendantes) = financé par la suppression de toutes les allocations, niches fiscales, chômage, retraite, etc…
– chaque salarié dispose de son revenu entier pour souscrire à l’assurance sociale minimale obligatoire (auprès de l’assureur de son choix comme l’impose l’europe) et s’il le souhaite des garanties supplémentaires ( perte d’emploi, amélioration de la retraite, etc)
UTOPIE n°3 : CONTRAT de TRAVAIL UNIQUE
– associé aux 2 premières utopies : liberté d’embauche/licenciement + revenu de subsistance
– suppression des statuts existants, de fonctionnaire ( hors régalien et contrôles), des CDI surprotégeant les incompétents et les fainéants , les CDD, l’intérim, intermittence si couteuses, etc…
– l’indépendant est celui qui signe les deux cotés du contrat
– un contrat simplifié contractualisé entre le salarié et l’employeur
– l’administration se débrouille à partir de la déclaration d’embauche/licenciement, pour calculer la “Flat Tax Sociale” et autre considérations statistiques, déclaratives, etc..
– l’inspection du travail renforcé pour s’assurer de la santé au travail celle des clients et les aspects environnementaux
Je trouve votre article intéressant et je suis assez d’accord avec le fait que les charges sociales sont beaucoup trop élevées dans notre pays.
On se retrouve avec des charges patronales aussi élevées que le salaire net. Bonne initiative des “Dupés”, attendons de voir la suite.
bonjour
je suis salarié je produits la richesse ou valeur économique, l’entreprise est une fiction un médian, qui permet à ses propriétaires de pomper une partie de ma valeur,
donc pourquoi pas aussi ajouter sur le bulletin de salaire le profit
les taux d’intérêts, les dividendes qui sont pris sur mon travail?