Libre-échange : Frédéric Bastiat versus Karl Marx

Le débat sur le libre-échange à travers les Corn Laws permet de souligner les différences entre Karl Marx et Frédéric Bastiat.

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Karl Marx et Frédéric Bastiat

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Libre-échange : Frédéric Bastiat versus Karl Marx

Publié le 4 août 2013
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Le débat sur le libre-échange à travers les Corn Laws permet de souligner les différences entre Karl Marx et Frédéric Bastiat.

Par Francis Richard.

Karl Marx et Frédéric Bastiat

Au début du XIXe siècle, afin de protéger les producteurs de céréales britanniques, des barrières douanières, les Corn Laws, furent dressées contre les importations étrangères dont les prix étaient moins élevés que les prix domestiques. Ce protectionnisme fut introduit en 1815 et aboli en 1846. Il n’a jamais été réintroduit depuis. Et les Britanniques n’ont plus jamais connu de disette… Il avait revêtu plusieurs formes : celle de l’interdiction pure et simple quand le prix du quarter (un peu moins d’un quart de tonne) baissait en-dessous d’un certain seuil ou celle d’une échelle mobile de taxes en fonction du prix du quarter.

Deux auteurs ont pris position sur les Corn Laws, et leur abolition, Karl Marx et Frédéric Bastiat. Le premier dans son Discours sur le libre-échange, du 9 janvier 1848, le second dans des articles de 1846, 1847 et 1848, qui figurent dans son recueil sur Le libre-échange.

Honneur au barbu. Karl Marx écrit :

« Tant que le prix du blé était encore élevé, le salaire l’étant également, une petite épargne faite sur la consommation du pain suffisait pour lui procurer d’autres jouissances. Mais du moment que le pain et en conséquence le salaire est à très bon marché, il ne pourra presque rien économiser sur le pain pour l’achat d’autres objets ».

Frédéric Bastiat lui répond :

« Quand les objets de première nécessité sont à bas prix, chacun dépense pour vivre une moindre partie de ses profits. Il en reste plus pour se vêtir, pour se meubler, pour acheter des livres, des outils, etc. Ces choses sont devenues plus demandées, il en faut faire davantage ; cela ne se peut sans surcroît de travail, et tout surcroît de travail provoque une hausse des salaires ».

Karl Marx n’en reste pas moins convaincu qu’avec le libre-échange se confirment les lois exposées par les économistes, depuis Quesnay jusqu’à Ricardo, telles qu’il les interprète :

« La première de ces lois, c’est que la concurrence réduit le prix de toute marchandise au minimum de ses frais de production. Ainsi le minimum du salaire est le prix naturel du travail. Et qu’est-ce que le minimum du salaire ? C’est tout juste ce qu’il faut pour produire les objets indispensables à la sustentation de l’ouvrier, pour le mettre en état de se nourrir tant bien que mal et de propager tant soit peu sa race ».

Frédéric Bastiat convient qu’avec le libre-échange, il peut y avoir baisse de salaire, mais à une condition :

« La rareté des aliments est le plus grand des fléaux pour ceux qui n’ont que des bras. Nous croyons que les produits avec lesquels se paie le travail étant moindres, la masse du travail restant la même, il est inévitable qu’il reçoive une moindre rémunération ».

Mais, sinon, ce n’est qu’en cas de disette qu’il y a baisse de salaire :

« Quand le pain est cher, un nombre immense de familles est réduit à se priver d’objets manufacturés, et les gens aisés eux-mêmes sont bien forcés de réduire leurs dépenses. Il s’ensuit que les débouchés se ferment, que les ateliers chôment, que les ouvriers sont congédiés, qu’ils se font concurrence entre eux sous la double pression du chômage et de la faim, en un mot il s’ensuit que les salaires baissent ».

Pour Karl Marx, en résumé, le libre-échange, c’est la liberté du capital, quelle horreur.

« Admettez un instant qu’il n’y ait plus de lois céréales, plus de douane, plus d’octroi, enfin que toutes les circonstances accidentelles auxquelles l’ouvrier peut encore s’en prendre, comme étant les causes de sa situation misérable, aient entièrement disparu, et vous aurez déchiré autant de voiles, qui dérobent à ses yeux son véritable ennemi. Il verra que le capital devenu libre ne le rend pas moins esclave que le capital vexé par les douanes. Messieurs, ne vous laissez pas imposer par le mot abstrait de liberté. Liberté de qui ? Ce n’est pas la liberté d’un simple individu, en présence d’un simple individu. C’est la liberté qu’a le capital d’écraser le travailleur ».

Frédéric Bastiat dit au contraire :

« L’échange est un droit naturel comme la propriété. Tout citoyen, qui a créé ou acquis un produit, doit avoir l’option ou de l’appliquer immédiatement à son usage, ou de le céder à quiconque, sur la surface du globe, consent à lui donner en échange l’objet de ses désirs ».

Karl Marx est hostile à la mondialisation :

« Tous les phénomènes destructeurs que la libre concurrence fait naître dans l’intérieur d’un pays se reproduisent dans des proportions plus gigantesques sur le marché de l’univers […]. Si les libres-échangistes ne peuvent pas comprendre comment un pays peut s’enrichir aux dépens de l’autre, nous ne devrons pas en être étonnés, puisque ces mêmes messieurs ne veulent pas non plus comprendre comment, dans l’intérieur d’un pays, une classe peut s’enrichir aux dépens d’une autre classe ».

Frédéric Bastiat, quant à lui, distingue les peuples qui ont recours à la violence pour bâtir une prospérité éphémère, les peuples qui ne demandent rien qu’au travail et à l’échange, enfin les peuples qui s’efforcent d’imposer leurs produits à tous les autres sous le nom de régime prohibitif. Il se réjouit que l’Angleterre évolue de la troisième à la deuxième catégorie :

« Nous avons dit que l’Angleterre, instruite par l’expérience et obéissant à ses intérêts bien entendus, passe du régime prohibitif à la liberté des transactions ; et nous regardons cette révolution comme une des plus imposantes et des plus heureuses dont le monde ait été témoin ».

Karl Marx, ce faux prophète, fait enfin cette prédiction cynique, contredite par les faits :

« En général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l’extrême l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange ».

Frédéric Bastiat montre que le protectionnisme se traduit par un profit – pour une industrie – et par deux pertes – pour une autre industrie et pour le consommateur –, ou encore par deux pertes contre un profit pour une nation, tandis que l’échange libre fait deux heureux gagnants.

Avec Frédéric Bastiat, n’ayons donc pas peur du mot, ni de la chose :

— Dites- moi ce que c’est que le libre-échange.
— Mon ami, c’est l’échange libre.
— Ah ! bah ! rien que cela ?
— Pas autre chose ; le droit de troquer librement nos services entre nous.
— Ainsi, libre-échange et échange libre, c’est blanc bonnet et bonnet blanc ?
— Exactement.
— Eh bien ! tout de même, j’aime mieux échange libre. Je ne sais si c’est un effet de l’habitude, mais libre-échange me fait encore peur.

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  • Bonjour, ayant lu la première partie de « Das Kapital », Marx n’y va pas de main morte pour dénigrer Bastiat …

    • On peut même dire quÄil se livre à de la calomnie pure et simple. Il faut dire que l’humiliation publique infligée à Proudhon par Bastiat a pu refroidir les collectivistes. Il fallait répondre à cet « outrage » fait 20 ans avant la parution de l’instrument de torture litéraire qu’est Das Kapital.

    • Hors de ses commentaires sur la monnaie, la seule chose intelligente de cette « oeuvre », Das Kapital n’est qu’une longue tirade d’attaques ad hominem

  • Quel zozo, ce Marx…

  • En réalité, Marx fonde toute sa théorie sur une erreur de logique.

    Bastiat et Marx s’accordent pour dire que seul le travail donne de la valeur.

    La majeure du raisonnement est : Seul le travail donne de la valeur.
    La mineure est : le capital a de la valeur.
    Conclusion de Marx : Le système ne fonctionnement pas et va mourir.

    Alors que la seule conclusion qui s’impose est : Il y a de vrai morceau de travail dans le capital.

    Marx ne comprend pas que le capital est du travail sous forme de réserve. Qui détruit le capital, détruit le travail par la même occasion.

    • Je ne pense pas que Bastiat n’ait jamais dit que seul le travail donne de la valeur. Et si c’était le cas ce serait faux.

      • Si dans « sophisme économique ».

        Attention à ne pas confondre travail et effort.

        Extrait :

        « Dans tout produit, la nature et l’homme concourent. Mais la part d’utilité qu’y met la nature est toujours gratuite.

        Il n’y a que cette portion d’utilité qui est due au travail humain qui fait l’objet de l’échange et par conséquent de la rémunération.

        Celle-ci varie sans doute beaucoup à raison de l’intensité du travail, de son habileté, de sa promptitude, de son à-propos, du besoin qu’on en a, de l’absence momentanée de rivalité, etc., etc. Mais il n’en est pas moins vrai, en principe, que le concours des lois naturelles appartenant à tous, n’entre pour rien dans le prix du produit.

        Nous ne payons pas l’air respirable, quoiqu’il nous soit si utile que, sans lui, nous ne saurions vivre deux minutes. Nous ne le payons pas néanmoins, parce que la nature nous le fournit sans l’intervention d’aucun travail humain. Que si nous voulons séparer un des gaz qui le composent, par exemple, pour faire une expérience, il faut nous donner une peine, ou, si nous la faisons prendre à un autre, il faut lui sacrifier une peine équivalente que nous aurons mise dans un autre produit. Par où l’on voit que l’échange s’opère entre des peines, des efforts, des travaux. Ce n’est véritablement pas le gaz oxygène que je paie, puisqu’il est partout à ma disposition; mais le travail qu’il a fallu accomplir pour le dégager, travail qui m’a été épargné et qu’il faut bien que je restitue. Dira-t-on qu’il y a autre chose à payer, des dépenses, des matériaux, des appareils? mais encore, dans ces choses, c’est du travail que je paie. Le prix de la houille employée représente le travail qu’il a fallu faire pour l’extraire et la transporter. « 

        • Dans l’extrait que vous citez, Bastiat dit que c’est bien le travail que l’on paie. Mais il ne dit nullement que c’est ce travail qui créé de la valeur.
          Prenez deux ouvriers. Payer l’un pour creuser un trou et l’autre pour le reboucher. C’est bien leur travail que vous payez mais la valeur crée par leur travail est nulle.

          • Sans travail, la valeur = 0. Voilà ce que dit Bastiat.

            Dans l’exemple que vous prenez (les deux ouvriers qui creusent un trous), leur travail est utile puisque vous payez l’un pour creuser et l’autre pour reboucher. Donc leur travail a de la valeur (utilité pour celui qui paye).

            Que ce passe-t-il dans la réalité ? Creuser puis reboucher n’est pas utile. Donc personne ne paye pour cela. Les deux ouvriers ne travaillent pas. Donc il n’y a que le travail qui créer de la valeur.

  • Aussi génial soit-il, Bastiat reste un nain intellectuel a coté de Marx

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