Récession : ça frémit, les enfants, ça frémit !

Selon Pierre Moscovici, la France n’est pas en récession. Et François Hollande estime que ça frémit. On croit rêver.

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Récession : ça frémit, les enfants, ça frémit !

Publié le 11 août 2013
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On les avait prévenus, on le savait, mais le gouvernement n’en a pas tenu compte : à force de raconter des bêtises, des bobards et des âneries, les Dieux du FAIL allait finir par tomber amoureux de la France. Hollande et son équipe doivent maintenant composer avec une situation économique dont tout indique qu’ils ne sont pas équipés pour la comprendre.

Et il n’y a pas besoin de fouiller très loin pour trouver les traces des bavouseries enfantines laissées par nos truands en culotte courte. Comme une nappe de table encore tachée de Nutella, les articles de presse sont encore chauds dans les quotidiens et dans les flux RSS des lecteurs numériques, et ils ne laissent aucun doute sur l’impérieuse incompétence de nos dirigeants.

Ainsi, c’est presque de la joie ou, tout du moins, du soulagement lorsqu’on lit que le déficit commercial de la France vient de repasser sous la barre des 30 milliards d’euros ce mois-ci. Bien évidemment, on attendra sagement que les analystes nous expliquent si cette baisse provient d’une augmentation des exportations françaises (parce qu’ils le valent bien et tout ça) ou si c’est, de façon moins amusante, parce que la consommation de biens d’importation s’est un peu gamellée, laissant entrevoir une situation bien plus morose où la France exporterait toujours vaguement autant (c’est-à-dire, pas assez) et n’importerait plus parce que son peuple n’a plus une thune…

Ainsi, c’est presque avec de la gourmandise que le gouvernement reçoit les dernières déclarations du FMI, que leur interprétation très particulière permet de faire passer pour une bonne aubaine. Du reste, dans la vision délicieusement keynésienne de nos énarques et autres pisse-copies de journaux subventionnés, si le FMI demande une pause dans l’austérité, c’est parce que les « efforts » entrepris sont suffisants ; l’austérité, ça va bien, mais bon, tout de même, les enfants, calmez-vous. Dans les petits gribouillages maladroits que Libération fait passer pour des articles, cela se traduit par « la France devrait ralentir son rythme de réduction du déficit public ». Dès lors, on ne pourra s’étonner, devant cette vision presque caricaturale des recommandations réelles du FMI, que l’actuel minustre en charge de ce qui reste d’économie et de finances du pays, un certain Pierre Moscovici, soit justement en phase avec cette interprétation.

Lagarde, c'est youpi.Il ne sera pas fait mention (ou alors, à la marge, caché dans des formules rhétoriques stérilisantes) du fait qu’en pratique, le FMI dénonce la pluie d’impôts et de taxes qui s’est abattue sur les Français, et rappelle au gouvernement que la réduction des déficits publics passe aussi par les réformes structurelles et surtout par la baisse des dépenses de l’État. Je le redis : il n’y a pas d’austérité réelle et crédible tant qu’il n’y a pas de baisse effective et concrète des dépenses de l’État. Et le rapport est parfaitement clair à ce sujet :

« Adjustment should also be rebalanced toward expenditure containment » – « Les ajustements (économiques) doivent aussi porter sur la maîtrise des dépenses »

Or, actuellement, si la giboulée de vexations fiscales bat son plein, les réformes structurelles sont, dans le meilleur des cas, anémiques et en réalité, parfaitement absentes. Et la réduction des dépenses étatiques, elle, n’est même pas au programme. Que du contraire, même : les collectivités continuent grand train, et l’État vous pète au nez parce que les unes et l’autre n’ont, au fond, absolument rien à faire de vos jérémiades de contribuables meurtris.

Moyennant ces excellentes nouvelles, et l’aveu par contraste que le gouvernement tient la bonne piste (puisque le FMI le dit, voyons, suivez un peu !), Hollande peut se permettre quelques déclarations lénifiantes (comme à son habitude, en fait). Ponctuées de « heu… » fermes et assurés, dans un empilage de petits procédés rhétoriques faciles, il nous annonce donc qu’il y a un frémissement. Sans doute aura-t-il inspiré les pigistes des rédactions, seuls sur le pont alors que les seniors sont à la plage, puisqu’on trouve, immédiatement après l’introduction de ce joli terme, quelques articles relatant justement tout plein de frémissements rigolos : dans le marché de l’automobile française, celui de la construction de logements, et puis un peu dans le recrutement des cadres, par exemple. Youpi, youpi, quoi.

Tout ceci, en juillet/août, peut faire un peu sourire, mais pour Hollande, en tout cas, l’affaire est évidente : si nous fûmes dans une passe délicate, tout ceci est enfin terminé ! Cela frémit. On sent comme un début d’amorce d’un petit quelque chose qui pointerait le bout de son nez que je ne te dis que ça et quand il sera là, ça va dépoter sévère.

Enfin, sévère, sévère, c’est vite dit : pour chaque frémissement, on peut facilement trouver un petit réflexe glutéal correspondant qui relativise le premier. Et si ces frémissements n’étaient que les spasmes annonciateurs d’un truc moins rigolo ?

Parce qu’en fait de « reprise » et de frémissement, le chômage, lui, continue d’augmenter. Du côté des marchés, les taux concédés aux bons français à 10 ans (les emprunts d’État sans lesquels la France se retrouverait immédiatement en faillite générale) augmentent régulièrement depuis plusieurs mois. Ce n’est pas terrible non plus.

Du côté des comptes publics et des institutions sociales, on continue d’enregistrer des pertes record ; la sécurité sociale (depuis la maladie jusqu’au chômage, en passant par la retraite) ne montre aucun signe d’amélioration. Les atermoiements récents sur les retraites (et les énièmes bricolages pour tenter de sauver l’insauvable) n’autorisent aucun optimisme.

hollande la france morte

François Hollande est donc, encore une fois, dans le pipeau. C’est du pipeau posé, calme, presque pondéré, marqué de ces petites hésitations haletantes qui sont la marque de fabrique du président le plus indécis de la Vème République, et ce pipeau serait peut-être assumé si l’incompétence évidente de nos élites n’écartait cette possibilité : pas un mot n’a été lancé pour une réduction du train de vie de l’État, et ce, depuis qu’il est aux commandes. Pas un mot sur l’absolue nécessité de réduire le périmètre de l’intervention publique, partout, pour enfin redonner aux Français une petite latitude qui, sur un coup de bol, un malentendu, une folle espérance, que sais-je… pourrait se traduire par une vague création de richesse.

Mais autant François est dans le pipeau, autant les Français le savent. Ils ne croient pas à l’inversion de la courbe du chômage : 9 sur 10 voient plus le joueur de flutiau que le capitaine (fût-il de pédalo). Ils n’ont jamais été spécialement optimistes, mais actuellement, leur pessimisme râleur est à son maximum. Et pire que tout : les économistes doutent, eux aussi, de la reprise annoncée par un président indécis, confus et engoncé dans des certitudes de plus en plus ridicules. Quant au pays vu depuis l’étranger, il déclenche surtout la pitié, quelques articles sans fard, voire l’hilarité lorsqu’on le rebaptise « Frankrupt », signe que sa situation économique réelle est connue et ne trompe plus grand-monde.

Oui, les enfants, cela frémit : remontée des taux, chômage qui explose, rentrées fiscales qui baissent et tensions qui s’accumulent, vraiment, cela frémit. En septembre, tout indique que la Fed va nettement ralentir son injection de monnaie sur les marchés. Je ne serais pas surpris que cela fasse encore joliment frémir la planète.

Pas de doute : ce pays est frémissant.

Hollande : la grosse gamelle, c'est maintenant

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  • La lecture des articles économiques de H16 font inévitablement penser au livre « le désert des Tartares ». dans lequel un officier en poste dans une forteresse attend l’arrivée imminente (selon lui) d’un ennemi-envahisseur-destructeur.
    Chaque jour, son observation à la jumelle de la ligne d’horizon, le persiuade que c’est pour bientôt……. Et rien ne se passe
    Les Français sont partis par millions sur la route des vacances.
    Tout va bien.
    L’année prochaine H16 pourra refaire un copier/coller de sa littérature alarmiste

    • H16 est loi d’être irréprochable, mais cette attaque est purement rhétorique.

      La meilleur prévision météo pour demain, c’est le temps qu’il a fait aujourd’hui. Ca n’empêche pas les saisons de varier, le déclenchement d’orages, de tempêtes/tornades/cyclones de se produire.

    • @troduc

      Un tartare dans le désert c’est vite qui.

      Un peu familiarisé avec la métrologie et les mesurages, je me demande comment on peut dire + ou – 1% de quoi que ce soit, sauf à prétendre que l’instrument de mesure, dument étalonné, est lui même d’une précision du 1/10ème de l’écart mesuré.

      C’est de l’approxim hatif ou de l’approxim à tifs cosmétisé, teinturé à outrance, colorisé à fond la gamelle.

    • Ah ! Trabuc et ses commentaires tous aussi inutiles que polémiques me fait bien rire ! 🙂

    • @Trabuc
      c’ est sûr…des petits billets pour enquiquiner le monde, ça marche avec vous. Si vous vous laissez faire, peut-être apercevrez-vous qu’ il ne surveille pas l’ arrivée des zombies à l’ horizon, mais sans doute bien l’ arrivée d’ un sauveur. Ce con de gré. Alors par pitié, ne débarquez pas comme ça, brutalement, c’ est frustrant merdre!

    • le propre du Français, que Trabuc incarne à merveille, c’est que lui – il n’est pas comme les autres, pas comme les Grecs, pas comme les Espagnols, pas comme les Portugais, bref lui on ne la lui fait pas, 1800 milliards de dettes, des taux qui montent, une économie en ruine dévastée par la pression fiscal la plus élevée au monde, etc. les jeunes qui fuient aussi vite que les capitaux, et bien lui – on ne la lui fait pas – tout cela n’est pas bien grave on peut continuer tranquillement ! Peut être Trabuc aura-t-il raison et l’article pourra t-il resservir l’an prochain, mais une chose est sûre cinq minutes avant l’effondrement de l’Union Soviétique, cela faisait 70 ans que pour tous les Trabuc du PC Soviétique, tout allait pour le mieux.

  • Mais non ça va bien, la preuve en image: http://youtu.be/zgGYalqI63c
    Ne pas toucher au bouton du voisin….MDR en 2013 !
    Je crois que « pitié » est le bon mot. Alarmiste ne veut plus rien dire. Cette France c’est du mou pour chat.
    Ou alors c’est ça: http://youtu.be/qUbnpIL-DSg
    France/Russie.
    On peut faire un petit tri dans Youtube Institut Coppet, ContrepointsOrg, LibertarienTV 5, Contribuables Associés….des heures gratuites de franche rigolade (enfin de l’étranger bien sur !)

  • « gluteal »

    ! Il faut laissez l’effet se faire.

  •  » courbe du chômage  »

    Excusez mon écran, j’avais lu fourbe et faux mage. De le pays bas.

  • Exact, puisque ça frémit en Juillet/Août, ça ne devrait pas manquer de bouillonner en Sept/Octobre… à moins de baisser le gaz !

    • Et oui, Ac! Ça risque d’être bouillant. Le projet de loi de finances 2014 (encore plus de prélèvements obligatoires), la loi Florange (encore une censure de la liberté d’entreprendre) , la réforme des retraites (une fiscalité déguisée), peut-être un projet de décentralisation fiscale (encore plus d’impôts locaux pour compenser les baisses de subventions), etc. vont donner les nouvelles orientations colbertistes (plus d’impôts et l’Etat régent et interventionniste) qui seront l’amorce d’un autre tournant qu’en à la position des marchés et de l’Ue à l’égard de la France. Si jusqu’à présent, il fait mine de ne pas comprendre les messages envoyés tant par le Fmi que par les marchés avec une hausse des taux d’intérêts, en croyant que personne n’osera mettre au pied du mur le deuxième financier de l’Ue et que la France bénéficiera par ricochet de toute amélioration, aussi minime soit-elle, des autres pays. Il rêve!!!
      En fait, il est issu d’une partie de cette génération de diplômés du XXe siècle qui n’ont pas vu le terrain et ne sont pas sortis de leur bulle pour voir les applications dérivées, tant nationales qu’internationales. Le genre à considérer que les diplômes sont une fin en soi et non un point de départ. Il en est encore resté au fait que la croissance répond à des cycle prédéterminés alors que les paramètres de l’économie ont changé devenant plus complexes et sujets à des mutations rapides et pas toujours synchronisées, que l’industrie repose sur l’automobile et autres secteurs datant des précédentes révolutions industrielles sans voir que nous sommes à l’aube d’une autre révolution industrielle, etc. Le pire s’est qu’il s’entoure de gens tout aussi formatés au narcissisme des connaissances, prêts à mettre en application ce qu’ils ont appris et à entretenir, voire renforcer, ce qui existe déjà au lieu de s’en servir comme référence pour comprendre et innover avec d’autres composantes. De plus, il n’a toujours pas compris que bien des français ont changé de par l’accès à la connaissance et la mobilité géographique à l’international et il persiste à s’adresser à eux comme si il était à la tête d’un pays de demeurés et d’incultes. Il préfère croire que nous sommes trop bêtes pour comprendre et se sent investi d’une mission de «pédagogie» comme si nous étions à l’école et lui le maître. Il faut vraiment qu’il sorte de sa bulle et de sa carte postale datant de Léon Blum! Mais j’avoue que dans cette schizophrénie politique et économique, Moscow vici le devance d’une tête.
      Par tant de jeux sémantiques et d’illusions, les socialistes ont même adapté pour leur chef le concept de social-démocratie créé par Bernstein qui préconisait des réformes en passant par Marx, voire même font un parallèle avec Sarkozy, alors qu’il n’y a pas photo. Quant à lui, comme il connaît ses classiques, dont Bernstein, et qu’il est incapable (heureusement!) de mettre en place un vrai socialisme dont le fondement essentiel est la centralisation des ressources et surtout la redistribution, il préfère se la jouer réformiste à la Alexandre Millérand et Léon Blum alors que ses réformes ne sont que sociétales et fiscales. Bref, il a inventé une nouvelle politique: le prévôt-socialisme. Le prévôt au Moyen âge étant le collecteur d’impôts.
      Franchement, la promotion Voltaire devrait être rebaptisée car je doute fort que Voltaire lui-même aurait goûté à cette plaisanterie.

  • la grosse mamelle, c’ est gain de temps.

  • Digression : je ne peux résister à l’idée de vous communiquer cette déclaration de Laurent Blanc à propos de La clause libératoire de Ronaldo fixée a 1 milliard d’euros par le Réal Madrid : « Tous les économistes vous le diront, c’est basé sur n’importe quoi. C’est la loi de l’offre et la demande et c’est très dangereux. »

    Elle est pas belle celle-là, hein!

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