Croissance française du PIB à +0,5% sur le 2e trimestre : l’envers des chiffres

La croissance française du PIB a été légèrement moins mauvaise que prévue. Faut-il se réjouir comme Karine Berger ou rester prudent ?

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Croissance française du PIB à +0,5% sur le 2e trimestre : l’envers des chiffres

Publié le 14 août 2013
- A +

La croissance française du PIB a été légèrement moins mauvaise que prévue à +0,5% sur le 2e trimestre. Faut-il se réjouir comme Karine Berger ou rester prudent ?

Par Alexis Vintray.

La croissance française s’est, contre toute attente, inscrite à +0,5% au 2e trimestre selon les chiffres provisoires de l’INSEE. Après 2 trimestres consécutifs de baisse du PIB (et 4 trimestres négatifs ou nuls sur les 5 derniers), la France sort donc de la récession technique qui est définie par deux trimestres consécutifs de baisse du PIB.

Sans surprise, le gouvernement et le Parti Socialiste ont utilisé immédiatement ces chiffres moins mauvais que prévu (l’acquis de croissance 2013 s’élève à… 0,1%) comme une confirmation du bien-fondé de leur politique. Ainsi, pour Karine Berger, secrétaire nationale à l’économie du Parti Socialiste, c’est « grâce à la politique de l’emploi et à celle de déblocage du crédit que la France sort de récession au deuxième trimestre de cette année ». Et d’ajouter « la reprise est bien là et doit continuer d’être soutenue par la triple politique mise en œuvre par le gouvernement : soutien massif à l’emploi, protection du pouvoir d’achat des Français, et relance des mécanismes de financement de l’économie pour l’investissement ».

Des affirmations qui feront rire la France réelle qui a bien du mal à voir la croissance en question dans son portefeuille. Surtout, des affirmations fantaisistes si elles ne venaient pas d’une économiste dont on pourrait attendre un minimum de sérieux. Soyons sérieux à sa place et regardons la réalité des chiffres.

« Soutien massif à l’emploi »

Malgré (à cause de ?) la création massive d’emplois aidés (40 000 emplois « d’avenir » à fin juin) et l’absence de réduction du nombre de fonctionnaires, le nombre de chômeurs ne cesse de monter avec 26 mois consécutifs de hausse. En juin, ce sont 14 900 chômeurs de plus qui ont été recensés officiellement, et le nombre des chômeurs cachés ou découragés continue de monter encore plus vite. Le nombre de radiés de Pôle Emploi s’est ainsi envolé, à +8,4%, et les chômeurs découragés ont été 2,4% plus nombreux. Au temps pour le soutien massif à l’emploi.

« Protection du pouvoir d’achat des français »

Après des hausses d’impôts massives qui auront été contreproductives au point de faire baisser le rendement de l’impôt, la consommation des ménages en France reste encore largement inférieure à ce qu’elle était fin 2010 (voir tableau INSEE ci-dessous). Surtout, si la consommation des ménages a été bonne sur le deuxième trimestre, c’est en bonne partie grâce… au froid, qui a contraint les Français à dépenser pour se chauffer. Avec le retour des beaux jours en juin, la consommation s’est effondrée de -0,8%. Sauf à espérer que l’été vous fasse allumer votre chauffage, peu de bonnes nouvelles à attendre sur ce front et le rebond du PIB sera tout sauf durable, surtout quand l’emploi salarié continue à chuter nettement, de -0,2% sur le trimestre et -0,7% sur l’année.

Cliquez pour agrandir.

« Relance des mécanismes de financement de l’économie pour l’investissement »

Là encore, les affirmations politiciennes du PS et de Karine Berger sont démenties par les faits de manière cinglante. L’investissement des entreprises continue à chuter, certes moins rapidement, mais toujours de façon très sensible. « La relance du financement de l’économie » selon Karine Berger a causé une nouvelle chute de -0,5% de la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF, qui mesure l’investissement des entreprises) selon les chiffres de l’INSEE parus ce jour. Le taux d’investissement des entreprises non financières continue à chuter nettement (derniers chiffres : 1er trimestre 2013). De 19,4 en 2012 en moyenne, il tombe à 19,2 au dernier trimestre puis à 19% au 1er trimestre 2013. Et pour cause, le taux de marge des sociétés non financières se maintient à des niveaux historiquement bas, à 28,2% pour le 1er trimestre 2013, plombé par une fiscalité délirante qui ne cesse d’augmenter par manque de diminution franche de la dépense publique.

Autant de raisons de rester prudents face à des chiffres qui sont tout sauf roses, et de réécrire le discours de Karine Berger : « Grâce à la météo et en dépit de la politique du gouvernement, la France sort de récession au deuxième trimestre de cette année ». Voilà qui sera plus juste.

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  • Excellentes précisions. Merci, cependant, de veiller à l’othographe.

  • Je demeure surpris qu’on s’interresse ici à la croissance du PIB tel qu’il est calculé en occident.

    N’oublions pas que le PIB est calculer en additionnant le PIB marchand (ou autrichien) au PIB non marchand (ou marxiste).

    Le PIB non marchand se calcule en additionnant le traitement des fonctionnaires du pays.

    Et tout ça cela vous fait in PIB.

    Ces chiffres ne veulent rien dire d’un point de vue économique.

    • Les dépenses des uns sont les revenus des autres. L’argent du PIB non marchand finit vite dans le secteur marchand, donc d’un point de vue comptable ça revient au même.

      • Non ginette, ça ne revient pas du tout au même.
        Pour faire simple, prenons un couple dont l’époux travaille et gagne 2000 euros mensuel (pib marchand), on considère que l’épouse qui s’occupe des enfants et de la maison peut être évaluée à 500 euros mensuel.On évalue donc le pib (famillial) à 2500euros et pourtant quant vous payez vos factures vous n’avez toujours que 2000 euros de pouvoir d’achat.
        SJA a raison le pib non marchand ne veut rien dire…mais l’analyse d’alexis reste pertinente dans le débat pour une comparaison équivalente des allégations de berger une haute idiotes fonctionnaires.

        • Dans votre example, les 500€ ne sont pas versés à la femme, donc la comparaison ne tient pas. Les fonctionnaires sont réellement payés, et leurs salaires sont dépensés / investit dans l’économie et donc dans le secteur privé.

          • Eh bien nationalisons tout et on verra bien si ca revient au même

          • « Les fonctionnaires sont réellement payés »

            En échange de quels services rendus à leurs clients ? Je paie leur salaire et pourtant, je ne leur demande jamais de me rendre des services.

          • Ginette
            Mon exemple du couple tient la roure car si l’Etat était productif il n’aurait pas besoin de prélever des impôts pour payer ses fonctionnaires.
            Dans une entreprise vous avez une majorité de salaries qui ont pour charge de produire, les autres occupent d’autres fonctions, dites improductives mais nessaire (mais non hypertrophiées comme nos services publics).
            L’entreprise doit elle considerer cette charge comme valeur ajoutée dans son CA? Non bien sur.
            Autre question, partant du principe que les emoluements des fonctionnaires représentent le premier poste de dépenses du budget de l’Etat, donc quid des déficits pour financer tout ceci.
            Mais Ginette en tant que fonctionnaire vous même, je comprend que vous ayez du mal a accepter le conflit apparent entre l’inutilité de votre statut et les déficits abyssaux de notre budget national.

      • L’argent du pib non marchand provient du pib marchand, donc il y retourne après prélèvement d’une quantité nécessaire à faire marcher la pompe. Il serait évidemment mieux de le laisser au pib marchand, où il ne s’éroderait pas, mais il faudrait admettre qu’alors les gens profitent mieux avec un pib plus faible : un coup à virer les politiciens.

        •  » il y retourne après prélèvement d’une quantité nécessaire à faire marcher la pompe »

          ?!?!?!?
          Les ressources prises au secteur marchand sont consommées par l’administration, qui produit des services non valorisés.
          Il y a tout lieu de penser que, laissées au privé, elles auraient produit des biens et services de valeur supérieure – supériorité du marché sur la planification centralisée, maintes fois démontrée et observée.

          Une partie de l’argent est redistribuée, mais c’est aussi injuste et contreproductif: Si un secteur économique s’enrichit, mieux vaut le laisser croître en valeur et en effectifs que le spolier au bénéfice de secteurs qui ne marchent plus. Plus d’inégalités immédiatement, mais plus richesses pour tous in fine.

        • La pompe a Shadoks probablement.

      • Il y a bien des manières de démolir cette assertion.
        En voici deux.

        Primo:
        Il existe deux modes d’allocation des ressources, le marché et la planification centralisée. La dépense publique entre essentiellement dans la seconde catégorie. Or la planification centralisée est inefficace.

        Deuxio:
        Seul le marché connaît la valeur ajoutée, car il y faut des factures. L’administration ne peut pas connaître sa valeur ajoutée puisqu’elle impose ses soi-disant « services ». Donc la croissance du PIB non-marchand correspond exactement, sauf endettement, à une ponction du secteur marchand qui, lui, aurait pu lui ajouter de la valeur.
        Évidemment en réalité la croissance du PIB non-marchand est financée par la dette, c’est-à-dire que 1% de croissance du PIB non marchand signifie 0,57% de dette/PIB en plus.

        Pour conclure, l’État c’est la contrainte et le marché, l’absence de contrainte. Choisir le premier, c’est préférer la contrainte.

      • Quand je donne 3000€ a l’administration fiscale je n’ai pas l’impression qu’elle va m’enrichir d’autant… non je n’arrive pas a imaginer que ca revienne « aux mêmes!… »

      • Bien… Donc si on dépense de l’argent pour payer des gens à creuser des trous et les reboucher, ce sera pareil que de les payer pour construire de produire des ordinateurs, des outils, produire de la nourriture ou des vêtements ?

        Un euro dépensé ne vaut pas l’autre…

        Payer les gens pour creuser des trous et les reboucher crée de l’emploi, mais ne produit rien. Or, les gens, pour travailler, ils doivent être rémunérés, tout comme embaucher quelqu’un doit être rémunéré aussi par ce qu’on appelle le profit. Et cette rémunération doit être valorisée par de la production. Or, si les gens travaillent, mais sont rémunérés en monnaie de singe, car en fait il n’y a plus rien de produit pour valoriser celle-ci, qui voudra encore travailler ou engager quelqu’un ?

        Par la dépense publique, vous faites des dépenses qui ne créent pas de richesses, mais en consomment pour servir théoriquement à renforcer le cadre légal, structurel ou encore le niveau de connaissances permettant de créer des richesses. Mais le problème est que si cela monopolise toutes les ressources, il n’y aura plus rien ni personne qui pourra créer des richesses par manque de moyens…

        • Soit a la base il y avait des gens payant de bon gré pour service rendu. Soit il y avait l’extorsion pour créer des emplois idoits qui ne profitent a personne. Comme les déboucheurs / reboucheurs de trous en 3 / 8. Tiens, c’est d’ailleurs une breve définition qui colle assez bien a des pans entiers de notre millefeuille administratif…

          Apres ca t’es un politique; tu crées plein d’emplois de déboucheur / reboucheur; et tu te pose en grand défenseur des trous qu’ils faudra toujours reboucher : t’as ton matelas électoral en prime.

    • Merci du rappel.

      Il est vrai que comptabiliser 2 fois la même somme est une idiotie, comme celle de comptabiliser les emprunts comme étant du PIB.

  • Le quatrième trimestre va voir le dernier tiers provisionnel ajusté de hausses et aussi le mois d’octobre, dernier mois des « mensualisés » sérieusement grevé par les multiples hausses d’impôts. La chute n’en sera que plus brutale et comme il n’y a aucun espoir de voir le gouvernement décider d’allègements fiscaux, la fin de l’année 2013 et les années suivantes seront calamiteuses. Un hirondelle ne fait pas le printemps et certainement pas une feuille d’impôts pliée pour en faire un petit avion …

  • Il y a pas une histoire de dette qui gonflerait le PIB ?
    Je crois avoir lu ça qq part.

  • faut bien éssayer de regonfler le moral des français…..on en reprlera dans quelques semaines de la croissance française……aprés les vacances ……

  • La tendance de l’évolution du PIB (cad hors des aléas) est à la baisse. Je parie donc pour une baisse de 0.2 à 0.3% au troisième trimestre (correction de l’aléa du T2).

  • Ce sont même pas les chiffres finaux, l’INSEE revoit généralement ses chiffres à la hausse ou à la baisse (plutot à la baisse ces derniers mois d’ailleurs) presque à chaque fois. Encore une fois, Mme Berger a raté une bonne occasion de se taire.

  • le rattrapage des prix du gaz aurait-il une incidence significative ?

  • Tout ceci n’est que propagande. Quand Pépère 1er s’ inspire du Petit Père des Peuples. ?.

  • Brillante démonstration qu’un hiver rigoureux arrive à arracher l’argent des doigts crochus du peuple, bien mieux que ne le fait l’impôt!
    Tremblez qu’à la faveur d’un hiver plus clément, il vienne l’idée d’une taxe sur le beau temps 😉

  • J’ai entendu aujourd’hui Karine Berger dire sur france info qu’elle espérait que cette croissance se confirme au prochain trimestre « pour ne pas à avoir à augmenter les taxes et les impôts. »

    Sidérant…

  • Ces chiffres sont-ils avant ou après correction ?

    Sinon, je dis qu’il faut féliciter François Hollande pour le bel été qu’on a eu.

    • après bien sûr. l’insee ne publie pas de chiffres bruts, seulement des CVS
      http://www.insee.fr/fr/indicateurs/ind26/Comptes-m.pdf

      • Il est stupéfiant de voir que personne ne prend la peine d’analyser, même les chiffres bidons du PIB.

        Oui, le PIB est trop synthétique (agrégat d’agrégats), obscur pour le commun des mortels, mais surtout trop tributaires d’autres trucs synthétiques : exemple le déflateur.

        On calcule la « croissance » en PIB constant… Donc, le PIB avec le déflateur. Et le déflateur c’est grosso modo… le taux d’inflation.

        Moins il est élevé, plus la « croissance » paraît belle… Et comme le taux d’inflation est lui même hyper manipulé… Bref.

        Mais revenons aux composantes du PIB. Sur T2, le commerce extérieur n’a pas pesé. Rappel : exports moins imports.
        Pour une raison très simple : les imports se sont cassés la gueule; Signe de « rebond » ?

        Seconde composante : la consommation.
        Là aussi, T2 a été très froid, bilan on a tous chauffé (plus que T2 2012), bilan… ça « fait » du PIB.

        Les stocks : là vient l’autre partie du +0.5%… Très temporaire…

        Investissements ? En berne.

        Bref… ce +0.5 % est pathétique…. Mais surtout : très temporaire.

        T3 et T4 vont être des « trimestrius horribilis »…

        -le 3ème tiers + CSG et autres vont assommer la classe moyenne et sup : la conso va chuter

        -les entreprises vont continuer à souffrir, et à supprimer des emplois

        -investissements ? Personne dans le privé ne prendra de risques sur T3/T4.

        Bref… T3 et T4 marqueront… le retour -officiel- de la « récession ».

        Ce sera officialisé au printemps 2014…

        Et Moscovici et Hollande apparaitront pour ce qu’ils sont : des ânes.

        Mais ils auront gagné encore un an… La belle affaire.

        • Onprévoyait une hausse du PIB de 0% avec un déficit de 3% en 2013.
          Si l’on réalise une croissance de 0,5% ( très improbable) avec un déficit de 4% ( très probable) on creuse encore la tombe. Cela signifie juste que la part du PIB privé baissera d’au moins 0,5% par rapport à l’objectif initial.
          @ Golum : Oui la dette qui sert a payer des fonctionnaires valorisés dans le PIB gonfle ainsi le PIB.D’ou l’effet très pervers de la dette.

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